Allez, on va lui tordre le cou, à cet insupportable suspense. J’ai choisi. Enfin. Mais auparavant, encore un instant, Monsieur le lecteur. Il faut que je vous précise qui vous parle. Celui qui vous parle ici, depuis deux mois, ce n’est pas le type de la télé, ni l’auteur des chroniques de Libé.
C’est le citoyen. Le camarade de chambrée de Judith et de David. Celui qui parfois hésite jusque dans l’isoloir. Ce n’est pas Schneidermann. C’est Daniel. C’est le principe du Blog.
Donc, le citoyen, pour les raisons expliquées dans l’étape précédente, parce que dans ses priorités il place la poursuite de la construction européenne au-dessus de toutes les autres, va sans doute voter oui. Sauf si, comme à sa déplorable habitude, il change d’avis au dernier moment dans l’isoloir. Dans ce cas, soyez certain qu’il vous le dira.
Mais je ne suis pas homme politique, ni avocat. Je ne vais pas monter sur le toit, prendre un mégaphone, et crier : "j’ai tout compris, votez comme ci, ou votez comme ça". Ce n’est pas mon métier. Je vous révèle ce futur secret d’isoloir, ici, parce que c’est la règle du jeu implicite entre nous depuis le début. Mais je ne suis pas du tout certain d’avoir raison. Le vote est individuel. D’ailleurs, vous avez vu ce "peut-être", dans le titre, là-haut, entre parenthèses. C’est un truc. Un truc pour éviter les reprises sauvages (pour ceux que ça intéresserait) du genre : Schneidermann va voter oui. Il jette le masque, enfin ! On vous l’avait bien dit ! On le savait depuis le début ! Daniel va "peut-être" voter oui, c’est beaucoup moins sexy. Un peu pétard mouillé, j’admets. Tout ça pour ça ? Oui. Mais au moins, je suis tranquille.
Mon confrère Bernard Langlois, qui nous a fait l’honneur d’une visite, m’a traité de membre du "clergé médiatique". Bon. C’est la première fois qu’on me traite de curé. On m’a traité de procureur, de juge d’instruction, de boeuf-carottes, mais jamais encore de curé. Je ne sais pas très bien ce que ça veut dire. A partir de quand entre-t-on dans les ordres médiatiques ? Quand on publie son premier article ? Quand on reçoit sa première carte de presse ? Quand on devient chroniqueur dans un journal ? Mais à l’époque où je rédigeais la chronique télé du Monde, personne ne me traitait de membre du "clergé médiatique". Et encore aujourd’hui, à Libé comme à la télé, j’ai plutôt l’impression de jouer l’hérétique de service. Il suffirait donc que je laisse entrevoir que je pourrais voter oui, pour être affublé fissa de la soutane d’honneur des Noniens ? Ce serait ça la définition ? Les membres du clergé médiatique seraient les journalistes qui votent oui ? Le oui ne serait pas une opinion, une préférence, mais une croyance, une sorte de dogme, comme l’Immaculée Conception ? Seul le non serait une opinion ? OK. Passons.
Revenons au camarade de chambrée. Il a tenté sur ce Blog une expérience de réflexion collective, il a tout lu, il a validé une par une toutes vos contributions (enfin pas toutes, le succès a été tel que j’ai été obligé, passée la centaine, de faire du tri, par égard pour les lecteurs, et de ne retenir que celles qui faisaient avancer le débat, et restaient relativement dans le sujet. Que les autres me pardonnent). A l’issue de cette entreprise prométhéenne, je conclus...que le texte de la Constitution par lui-même ne me permet pas de conclure. A la fois parce que ce texte inclut des éléments qui me poussent au Oui, et d’autres qui me poussent au Non. Et aussi parce que certains éléments sont rigoureusement incompréhensibles, ambigus, indéchiffrables. Donc le citoyen, le pauvre citoyen, il va voter en fonction de critères dont il n’est pas particulièrement fier : ses priorités à lui, ses préjugés, son instinct.
Puis-je appeler celà ma "petite voix" ? Judith et David, le même jour (se sont-ils concertés ? Je n’ose l’imaginer. Mais je vais mener l’enquête dans le chalet à la nuit venue, je vais aller visionner les images de video-surveillance) ont appelé celà ainsi, leur petite voix. Bizarre coïncidence. Mais je n’ai pas envie de m’en moquer. Judith Alice Sarah, je n’ai pas envie de l’appeler Jeanne, par dessus le marché, avec retour à la case Domrémy. Quand on a la chance d’entendre une petite voix vous parler aussi nettement, le moins qu’on puisse faire est de l’écouter. D’ailleurs elles ne vous laissent pas le choix, les petites voix.
Mais attention : cette décision, probable, de Schneidermann, Daniel, Raphël, Léon, a voté, n’a rien à voir avec le travail du journaliste éponyme. Le journaliste, lui, son travail consiste à porter un regard critique sur les medias. Et si les grands medias du pays, aujourd’hui, sont scandaleusement partiaux et engagés en faveur du oui, s’ils donnent deux fois plus la parole aux partisans du oui qu’à ceux du non, si les journalouistes interrogent les Ouistes avec du miel dans la bouche, et les Noniens avec du fiel, le journaliste continuera à le dire dans ses chroniques, et à le montrer dans ses émissions. Celà n’a rien à voir. D’ailleurs une confidence (encore une) : celà m’amuse plutôt d’être du côté des Noniens au pays (plutôt Ouiste) des medias installés, et de me révéler Ouiste ici, dans les profondeurs noniennes. Pour tout dire, j’aime mieux celà que l’inverse.
De toutes manières, il n’y a même pas de conflit interne. Elle est très paisible, la cohabitation entre Daniel et Schneidermann. Le journaliste fait son boulot, le citoyen votera ce qu’il veut.
Parfois ils se parlent, tous deux. Le journaliste, goguenard, à l’électeur : "dis-donc tes Ouistes, là, ils en ont encore sorti une bonne. Tu as vu la dernière émission d’Ockrent ? Tu es sûr que tu vas vraiment voter oui ?" Le citoyen : "tu sais très bien que si je vote oui, je ne voterai pas avec les Ouistes, mais plutôt malgré eux. Je voterai oui, parce que je pense que c’est la meilleure solution." Voilà, ils se parlent, et ensuite tout va bien. D’ailleurs, je ne comprends pas bien pourquoi tous mes confrères, en ce moment, ne parviennent pas mieux à dégager leur travail de leurs opinions. Ce n’est même pas qu’ils n’y parviennent pas, mais on dirait qu’ils ne l’imaginent même pas. Christine Ockrent, par exemple. Elle a parfaitement le droit de voter oui. Mais pourquoi n’est-elle pas capable, quand la caméra tourne, de redevenir journaliste, et d’interroger aussi sévèrement les Ouistes que les Noniens ?
Certains, d’ailleurs, ne le font pas exprès. Prenons Benoit Duquesne, le présentateur du 13 Heures de France 2. L’autre semaine, il commentait ainsi un nouveau sondage : "mauvais sondages pour l’Europe, le non est en tête". Mauvais sondages pour l’Europe. Nous avons repassé l’extrait dans Arrêt sur images, vous l’avez peut-être vu. Avant l’émission, d’ailleurs, Christelle Ploquin l’a appelé, pour lui demander si cette formule était un dérapage. Eh bien pas du tout. Il ne voyait pas le problème. Juste un raccourci. Pour lui, un bon sondage pour l’Europe, c’est oui. Un mauvais, c’est non. Benoit Duquesne est un bon journaliste (à mon avis), ce n’est pas la question. Simplement, il ne sépare pas Benoit de Duquesne.
Prenons encore Thomas Hugues, de TF1, qui "remercie" Simone Veil de faire campagne pour le oui (avant Arrêt sur images, personne ne l’avait relevé). Ses chefs ne lui disent rien, après le plateau ? La chaine qui rend les cerveaux disponibles pour la pub a-t-elle oublié que les cerveaux des Noniens qui regardent TF1 risquent de sursauter en entendant celà, et d’avaler les pubs de travers ? Bien sûr moi aussi, dans l’article précédent, j’ai remercié les vieilles charrues, dont Simone Veil, d’avoir (même involontairement) éclairé ma décision. Mais c’est l’électeur qui parlait, là encore. Ou le citoyen. Ou le blogueur. Appelez-le comme vous voudrez. Jamais le présentateur d’Arrêt sur images n’aurait, comme Thomas Hugues, remercié un invité. Mais j’arrête de prendre ces exemples. Je me rends compte que je redeviens Schneidermann. Allez le journaliste, tais-toi. Pour une fois, laisse un peu parler le bonhomme.
Donc voilà. Je sais bien que je ne dissiperai pas tous les malentendus. Mais je voulais simplement vous rapppeler qui est qui. Ce que vote Schneidermann, allez donc tenter de le déduire de ses émissions et de ses chroniques. Et bonne chance ! Ce que Daniel va voter, je viens de vous le dire. Enfin, voter. Sauf retournement, bien entendu !
bonjour Daniel ,
votre blog est le premier qui m’intéresse... je pense voter oui à la constitution et ça me fait plaisir , de la part d’un journaliste que j’apprécie, de lire qu’en tant que citoyen il penche pour ce choix .J’aime votre ton et votre clairvoyance. En septembre je vais postuler pour un DESS de journalisme franco-allemand. J’espère qu’un jour je serai fière de mon travail comme j’imagine que vous l’êtes du votre ( ?) . n’hésitez pas trop dans l’isoloir ! ;)
Vilma
Monsieur Schneidermann
Après avoir visionné votre émission présentant Etienne Chouard et Nicolas Vanbremeersch, je me permets (après vous avoir remercié pour votre travail) de pointer du doigt l’élément suivant :
il n’y a pas symétrie (dans le sens égalité) entre Etienne Chouard et Nicolas Vanbremeersch.
Pourquoi ? Tous les deux sont effectivement des français peu connus du grand public. J’ai bien peur que les similarités s’arretent la.
Nicolas Vanbremeersch a mis en place un site web de type blog, où les gens QUI EN FONT LA DEMARCHE active, peuvent dialoguer de manière contradictoire. Le contenu des interventions de M. Vanbremeersch sont fortement analytiques. La contradiction est possible sur son site.
Etienne Chouard a écrit un texte qu’il a diffusé sur Internet. Le texte de M. Chouard est empathique, et utilise ce ressort pour toucher de nombreuses personnes passives. Etienne Chouard n’a pas fait l’effort d’ouvrir un forum pour rendre un dialogue sur ses arguments possible.
Il n’y a pas symétrie entre analyse et empathie, entre push et pull, entre dialogue et monologue, entre créer un espace de débat et s’approprier une audience, de la même manière qu’il n’y a pas symétrie entre activité et passivité.
Il n’y a donc pas symétrie entre Nicolas Vanbremeersch et Etienne Chouard. Je vous laisse deviner celui dont j’apprécie les méthodes, alors que j’estime que l’autre n’a aucune légitimité dans le tapage médiatique qu’il s’est habilement fabriqué. L’un est un citoyen constructif, l’autre est un citoyen narcissique.
Cordialement
Désolé de vous faire perdre du temps avec ma petite personne mais bon ... je m’explique :
J’étais depuis pas mal de temps dans le même état d’esprit décrit plus haut par DS. Je m’acheminais donc doucement vers un OUI résigné, un « OUI de raison » (voila bien une expression exécrable pour plus d’un nonien ... et je les comprends !).
Mais depuis quelque temps je sens que quelque chose est en train de se produire au plus profond ( ?) de ma conscience de citoyen. J’ai peut être été atteint du syndrome TDLH ... A moins que ce ne soit la prestation de plus en plus pitoyable des défenseurs officiels du oui (j’entends par là les principaux représentants des partis dits - autoproclamés ? - « gouvernement-ables ». Il y a par ailleurs des défenseurs - souvent anonymes - du oui infiniment respectables) qui me hérisse le poil chaque jour un peu plus. (*)
A propos je ne sais pas ce que vous en pensez mais la campagne du oui risque de rester dans les annales comme l’une des plus catastrophique jamais réalisée. A la limite du suicidaire en ce qui concerne le PS ; c’en est même suspect (**). Cela me préoccupe vraiment d’ailleurs, Au-delà de la question du référendum. On n’était loin de réaliser à quel points nos « élites » sont à ce point larguées (et pourtant je vous assure, je suis plutôt d’un naturel modéré, ce n’est pas mon genre d’alimenter le débat sur le thème « tous pourris »). « L’après non » ne risque t-il pas de consacrer dans le pays une situation d’insurrection virtuelle ?
Au secours !
Je suis preneur de tout conseil utile. Que faire en attendant le 29 mai ? Continuer à m’intoxiquer un peu plus ? Dois-je au contraire arrêter internet, la télé (post-it : mercredi prochain, y a la Champions League), bref ne plus penser à tout cela et arriver dans l’isoloir l’esprit léger pour voter selon l’inspiration du moment ?
Y a t-il des ouistes pour me repécher ? Y a-t-il des noniens pour finir de me convaincre ?
Y en a-t-il beaucoup qui sont comme moi ?
*****************
(*) Si je suis beaucoup moins sévère avec les défenseurs du NON, c’est qu’à quelques exceptions près leur discours ne m’a jamais paru crédible quand il n’est pas carrément abject. Cela est paradoxalement un avantage du camp du non sur lequel on est loin d’avoir pris la mesure.
(**) Pas si suspect en fait. Je vous livre ici mon analyse (de comptoir) : Pourquoi le PS officiel milite t’il en faveur du OUI ? C’est par ce qu’il en a été décidé ainsi lors du référendum interne pardi ! Pourquoi ce référendum ? Parce que Hollande l’a voulu. Pourquoi Hollande a-t-il voulu un référendum interne au PS ? En partie pour éviter que le Réferendum ne tourne au plébiscite de Chirac.... Pourquoi y a-t-il sur Terre des gens dépourvus de tout sens stratégique ? parce qu’il y a des tacticiens ...
[Europe s’est contruite autour de traités concoctés par des gens raisonnables, au nom d’un progrés unilatéralement décrété, qui tend en réalité à leur préserver un maximum de confort, sans demander l’avis forcément mal éclairé des citoyens, fussent-ils capables de réflexion et d’aspiration à autre chose.]
Citation d’ Alain MINC (le Figaro, 11 avril 2005)pour éclairer votre propos :
– Au regard des contraintes qui se sont exercées sur les constituants, le résultat de leurs travaux me semble excellent. Équilibrant les attentes des nouveaux membres et les exigences des anciens, pondérant l’influence des fédéralistes par celle des non-fédéralistes et s’arrangeant de la présence des Britanniques, Valéry Giscard d’Estaing n’a commis qu’une seule erreur : nommer le texte du traité « Constitution ». C’est précisément cette dénomination qui a empêché une ratification par la voie parlementaire4. Le référendum est pareil à une « vérole » antidémocratique que la France aurait propagée dans l’ensemble de l’Europe. Après tout, le référendum fut conçu comme une traduction en langage démocratique du plébiscite napoléonien. Aujourd’hui, il équivaut à la transcription institutionnelle du désaveu de la démocratie représentative. Avec l’affaiblissement des corps intermédiaire, il est périlleux d’y recourir. Je crains qu’en choisissant la voie référendaire, on ait accompli, sans le dire, un choix idéologique en faveur de la démocratie d’opinion. Même si Jacques Chirac s’emploie à déjouer la transformation du référendum du 29 mai en plébiscite, nous sommes dans une conjoncture qui évoque, par bien des aspects, et en pire, celle qui a précédé la ratification du traité de Maastricht. -
"Le référendum est pareil à une « vérole » antidémocratique que la France aurait propagée dans l’ensemble de l’Europe."
Hmm ... Ces "gens raisonnables " me semble être de grands démocrates comme cette citation nous le prouve de même que les agissements actuels d’une bonne partie de notre "élite".
Bonjour,
Je m’appelle Thibaud de La Hosseraye, j’ai 28 ans et une formation à la fois commerciale (HEC, spécialisation « Europe ») et philosophique (D.E.A). Sur les mérites supposés de ces diplômes (et, peut-être, d’un prix de l’Académie des Sciences morales et Politiques) (1), j’ai été recruté en décembre 2004 par le club Dialogue & Initiative pour participer bénévolement à leurs travaux. Laboratoire d’idées du courant de pensée de Jean-Pierre Raffarin, donc véritable « brain trust » du Premier Ministre, Dialogue & Initiative est structuré en Commissions chargées d’approfondir différentes thématiques en vue d’alimenter la réflexion des parlementaires se reconnaissant dans cette sensibilité politique (2).
Ainsi commence le texte d’un nouveau M. Chouard sur le net.
Faut-il vous préciser qui vous lit ?
Merci pour votre "Monsieur le lecteur" en début de spot, je dois dire qu’il m’a stoppée net ! Je veux bien être lecteur, docteur, pasteur, bonimenteur, être asexuée sous toutes les appellations possibles et inimaginables que les académiciens n’ont pas l’imagination de féminiser mais je refuse d’être appelée Monsieur ! Du coup je n’ai pas poursuivi la lecture de ce spot, parce que je n’y étais pas invitée ou plutôt parce que j’en ais été ipso facto exclue...
Pan sur le bec !
Le blogueur Daniel vient de faire une faute que jamais le présentateur Schneidermann n’aurait faite. Daniel est condamné à présenter des excuses ci-dessous, à éditer sa chronique parce que c’est dommage de faires du dégât comme ça, et aussi à philosopher sur les risques de la schizophrénie ;-)
Une lectrice, ou une imbécile ?
"Encore un instant, Monsieur le lecteur" fait évidemment référence à "encore un instant, M. le bourreau" qu’aurait lancé, sur l’échafaud, la comtesse du Barry à l’exécuteur de haute justice.
On peut reprocher à cette formule de DS sa discourtoisie à l’égard de ses lecteurs, assimilés à des bourreaux tapis dans l’ombre prêts à couper la tête du blogger imprudent ; mais si on lui reproche de n’être pas politiquement correcte on s’expose soi-même à un sérieux ridicule.
"[...]La faculté d’assimilation de la grande masse n’est que très restreinte, son entendement est petit, par contre, son manque de mémoire est grand. Donc, toute propagande efficace doit se limiter à des points forts peu nombreux et les faire valoir à coups de formules stéréotypées aussi longtemps qu’il le faudra, pour que le dernier des auditeurs soit à même de saisir l’idée."
Vous aurez peut-être reconnu l’auteur de ces lignes... Cherchez un peu, il s’est rendu (tristement) célèbre dans la première moitié du XXème siècle.
De nos jours, si les buts poursuivis sont fort heureusement différents, les moyens ne changent guère. Les ficelles sont certes un peu moins grosses, mais le principe de base reste identique : le bombardement idéologique. Celui qui permet de montrer la bonne direction à un peuple "qui s’égare".
L’asi de dimanche dernier était particulièrement édifiant sur le sujet.
Merci Jacques Delors, pour cette leçon d’honnêteté intellectuelle.
Mais hélas, « vieille charrue », cette attitude est d’un autre âge, âge où Pierre Mendès-France et Michel Debré débattaient à la radio (Europe I, Pierre Atschuller et Claude Terrien, je crois, comme animateurs) plusieurs soirs de suite. Où l’on échangeait des arguments, pas des slogans et encore moins des invectives.
Époque révolue. À peine aviez-vous avancé que bien sûr, en cas de refus français, il faudrait « tout recommencer », tout en précisant qu’“une solution rapide” serait impossible, qu’Emmanuelli, feignant de ne pas vous avoir lu se jetait sur la formule plan B pour essayer de vous faire dire autre chose que ce que vous disiez.
Vous êtes l’honneur de ceux qui prônent le OUI en leur rappelant qu’il ne faut pas se laisser entraîner dans ce manichéisme qu’affichent beaucoup de tenants du non.
Merci Jacques Delors.
J. F. Launay
Pourquoi faut il à toute fin que les tenants du oui qui nous disent quasiment détenir la pierre philosophale avec le TECE nous donne tant d’exemple de cette "honnêteté intellectuelle."
Ainsi pour corroborer ce qui a déjà été évoqué par ASI (j’espère ne pas me tromper d’emission), une amie qui bosse à la rédac du Nouvel-Obs me dit qu’une vague de désabonement d’une ampleur rarement atteinte submerge le journal. Et depuis l’entretien avec Delors celle-ci donne même lieu à des coups de fils peu amènes.
Le lien avec l’"honnêteté intellectuelle." ? Le comportement de L. Joffrin qui aurait réécrit l’entretien pour le rendre plus percutant ce qui donne une ambiance éxécrable dans la rédaction. C’est d’ailleurs corroboré par le Canard de cette semaine.
Il est vrai aussi que Delors est d’une "honnêteté intellectuelle." sans faille comme il a eu l’occasion de le prouver avec sa pirrouette lors des présidentielles qu’il a si brillament esquivée. Mais effectivement, cela ne l’empeche pas de manger son chapeau en prenant aujourd’hui des poses exactement inverses de celles adoptées un an plus tôt. Après tout il est en excellente compagnie avec un Barnier qui préfére éluder sur son soutient à la directive Bolkestein, ou un Moscovici (et de ancien ministres de Chirac) qui a voté contre (28-4 au PE) amendement déposé par les Verts à un rapport « anodin » d’une députée conservatrice polonaise sur « le marché intérieur dans les nouveaux États membres : situation, chances à saisir et enseignements à tirer ». Cet amendement proposait le rejet de la directive sur les Services dite Bolkestein.
honnêteté intellectuelle donc ? Merci pour la leçon... C’est drôle comme vous aimez en donner sur différents forums en vous posant comme un politique face au citoyen trop stupide pour avoir le droit de s’exprimer : http://forums.telerama.fr/forums/messages.asp ?forum=147&msgID=214157&parentmsgID=213405&threadID=62488&forumid=1431 "L’opération Chouard, de ce point de vue a été un chef d’œuvre : Schneidermann dans sa rubrique de Libération du 15/04 l’a en quelque sorte intronisé ! Voilà donc un professeur de BTS provençal, amateur de parapentes et de logiciels de bureautique (tout cela est sur son site personnel avec sa petite famille) qui, il y a quelques mois s’apprêtait tout uniment à voter Oui, en bon européen qu’il était, mais s’est repris en découvrant quel champ de turpitudes libérales était ce projet de traité constitutionnel. Un beau conte pour gogos car il ne fait que réciter, sur un ton très légèrement personnel, la vulgate d’ATTAC. Mais ça marche. Car ça ébranle des enseignants, des cadres. "
Merci encore pour la leçon....
M. Launay,
Vous qui regrettez l’époque "où l’on échangeait des arguments, pas des slogans et encore moins des invectives" (comme quand vous parlez d’ATTAChiennes, dans votre message "miracle" du 13 mai, dans cette même rubrique ?), je vous renvoie au lien ci-dessous, lorsque M. Delors signait fin mars 2004 "un vrai traité pour l’Europe sociale", en compagnie justement "d’ATTAChiens" comme José Bové, Susan George, René Passet, Dominique Plihon…, ou de moins "ATTAChiens" comme Albert Jacquart, Axel Kahn, Christiane Taubira…, ou encore de pas "ATTAChiens" du tout comme Michel Rocard, Julien Dray, Jean Daniel... : c’est une lecture édifiante, qui montre –entre autres- que l’honnêteté intellectuelle peut ne pas résister au temps. J’engage les lecteurs de ce blog à mesurer tout le chemin (de Canossa) parcouru par les partisans du « oui » en une année : c’est à se demander ce que devient le débat public !
Je ne résiste pas non plus à la tentation de vous titiller la nostalgie en vous rappelant cette citation de Pierre Mendès-France, qui disait, le 16 janvier 1957 :
" le projet du marché commun, tel qu’il nous est présenté, est basé sur le libéralisme classique du xxe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes. L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes ; soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel ; soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale "
Ces paroles sont d’une cruelle actualité, non ? Vive la mémoire ... et l’avenir !
Une précision sur mon message précédent : on peut trouver le "vrai traité pour une Europe sociale sur :
http://www.europesociale.com/pdf/argumentaire8p.pdf
Je ne résiste pas à l’envie d’en citer quelques extraits :
* "La construction de l’Union ne peut se faire par le marché seul. L’intérêt général ne peut être la somme des intérêts privés qu’exprime le marché. Le long terme, le développement durable, le respect des droits fondamentaux comme la cohésion des territoires ne peuvent être durablement assurés par les règles de la concurrence. Voilà pourquoi l’Union reconnaît, à égalité avec le principe de concurrence, le principe d’intérêt général et l’utilité des services publics."
* "les Services d’Intérêt Général doivent donc figurer parmi les objectifs de l’Union dans la future Constitution (...) L’Union veille au respect du principe d’égalité d’accès aux services d’intérêt général pour tous les citoyens et résidents. Elle s’attache, avec les Etats membres, chacun dans le cadre de ses compétences, à promouvoir les services d’intérêt général en tant que garants des droits fondamentaux, éléments du modèle social européen et liens d’appartenance à la société de l’ensemble des citoyens, citoyennes et résidents." ;
* "Quel impôt européen ? On peut envisager un impôt sur les entreprises puisque c’est l’impôt sur les entreprises qui a fortement diminué depuis 20 ans (...) sans impôt, pas de capacité commune à agir ; pas de véritable démocratie ! Il est temps d’en finir avec l’unanimité en matière fiscale. Il est temps d’ouvrir le débat sur la création d’un impôt européen. (Michel ROCARD et Pierre LARROUTUROU)"
J’arrête là, il y en a 6 pages comme ça !
Mais vous saviez déjà quoi voter !
Quand les médias font campagne de la doctrine du "oui", l’hésitation est un pêché. Même si vous venez vous confesser ici, dans le blog, vous restez toujours un subversif pêcheur.
Vous savez, à l’autre côté des pyrenées (d’où je viens, pour si vous ne l’avez pas encore remarqué par mon ortographe), on est très pieux vis-à-vis la Sainte Maire TVE et on n’a même pas eu droit à cette remise en question que l’on fait en France. On a fait aucun effort pour rendre le texte de la constitution accessible au publique, on a fait aucun débat sur le contenu de celle-ci, rien...
En effet, le sens critique, la reflexion sur un projet politique et l’exercise de la démocracie sont des choses culturelles, des chose qu’on apprends. Je me demande vraiement comment des pays comme la Pologne ou la république tchèque, qui viennent de sortir d’une dictature, vont faire pour éduquer leurs citoyens et leur aider à faire un choix pour leur referendum (un idée pour un sujet d’asi ??).
Cher Daniel, vous avez choisi ; moi pas. Et je vais vous dire ce qui me retient. Je passe sur le réflexe impulsif qui me pousserait à voter "non" sans plus y réfléchir parce que l’on nous prend vraiment pour des couillons. Alors je réfléchis (un peu) parce que j’aime l’Europe.
Plus sérieusement : pour faire vite, on peut considérer que l’idéologie dominante est libérale. on peut aussi la considérer comme une absence d’idéologie, au sens où le libéralisme économique est un mode de régulation "naturel" des relations entre les hommes : le gros mange le petit et devient encore plus gros (pour faire vite encore). Dans sa version "ultra", le libéralisme est catastrophique pour l’humanité ; je m’y oppose donc et attend du pouvoir politique qu’il mette en place des moyens de régulation : aider un peu le petit, empêcher le gros de le bouffer.
Je n’ai pas trouvé (mais je ne désespère pas), ces moyens de régulations dans le traité ; je ne vois pas ce qui empêcherai la version "ultra" de se développer encore plus, pente naturelle de l’évolution des relations humaines faute de régulations. Je ne sais pas si l’on doit attendre cela de cette chose assez inédite qu’est un traité constitutionnel qui lie 25 États mais quand même.
Je pense que l’on crève du réalisme (le nôtre ; d’ailleurs en parfaite adéquation avec le cynisme de certains politiques) ; ce que m’ont dit mes amis lorsque j’ai voté pour le facteur au premier tour de la présidentielle. "sois réaliste, ce gars-là vit dans un rêve". Je rêve d’une constitution ambitieuse là où tous les gens raisonnables me disent que c’est déjà pas si mal, que c’est un premier pas...
Pendant ce temps là, (et vous me direz que cela n’a rien à voir mais je crois que si) le patron de Carrefour se barre avec le magot pendant que les caissières et livreurs se demandent comment ils vont finir le mois, l’obésité gagne en France mais le lobby des vendeurs de sucrerie l’emporte face au gouvernement, et tous les jours le long de ma ligne de chemin de fer (très intéressant pour voir l’arrière du monde) les tentes et les baraques "sauvages" deviennent plus nombreuses.
Selon la lecture (fastidieuse) que j’ai faite du TCE, j’ai trouvé UN article très clair sur la "pente ultra-libérale" (et l’absence de toute régulation) : c’est l’article III-314 (dans le chapitre III sur la politique commerciale commune vis à vis des pays tiers) :
"...l’Union contribue, dans l’intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu’à la réduction des barrières douanières et autres."
la Constitution consacre ainsi la philosophie du libre-échange intégral à laquelle la Commission européenne se rallie systématiquement (et avec zèle) à chaque négociation de l’OMC : et c’est ce que fera M. MANDELSON à la prochaine négociation (ministérielle OMC de décembre à Hong-Kong), notamment pour l’agriculture, le textile et les services (AGCS).
l’UE devient l’Union douanière la plus ouverte du monde développé, quand d’autres puissances, comme les Etats-Unis ou le Japon par exemple, savent défendre un minimum leur base productive et leur souveraineté alimentaire (je vois mal l’UE vivre uniquement de services). Je trouve sidérant que l’on puisse dire que le TCE renforcera la puissance européenne face aux Etats-Unis ou servir de rempart à la mondialisation avec un article pareil !
Au passage, je tiens à faire remarquer à tous ceux qui qui nous expliquent que "la partie III n’est que la compilation des traités antérieurs" qu’ils se trompent : dans ce même article III-314, la suppression progressive des restrictions "aux investissements étrangers directs" a été RAJOUTEE ! Tous ceux qui avaient combattu en 1998 l’AMI (accord multilatéral sur l’investissement) comme M. JOSPIN, et qu’un collectif d’artistes canadiens décrivait comme le passage "du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes au droit des investisseurs à disposer des peuples", seront ravis d’apprendre qu’il revient par la grande porte du TCE (et pour longtemps si le oui passe).
Rien que pour cela, c’est à dire ce coup de force de certains lobbies comme l’UNICE, l’ERT, l’ESF... (se reporter au livre de RM JENNAR "Europe...la trahison des élites" chez Fayard), je voterai NON le 29 mai (en fait, j’ai d’autres dizaines de raisons de voter NON), et bien que je sois un européen convaincu, quoiqu’en dise M. CHIRAC.
Article III-314
Lisez cet article - il est court, il est clair. Il ne fait pas appel à d’autres dispositions, il fait référence uniquement à l’article III-151 qui ne l’amende en aucune manière.
J’attend un argumentaire sérieux de la part des défenseurs du oui pour m’expliquer :
que cet article est dans la constitution mais qu’il ne sera pas forcément appliqué
que si " l’Union contribue, dans l’intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial..." tous les européens (donc tous les Français) seront assurés de vivre correctement du fruit de leur travail
que les parties I et II de la constitution sont si belles et pleines d’espoir que l’on peut faire un sacrifice en acceptant cet article
que cet article est vraiment inquiétant mais qu’il est indispensable de l’accepter pour pouvoir ensuite le combattre
que si je refuse cet article cela ne changera rien car l’Europe en restera définitivement aux "mauvais" traités précédents
que je ne sais pas lire
Fmi1 (je suppose que la deuxième contribution est de vous aussi), je crois pouvoir apporter quelques réponses à vos interrogations.
Cependant, avant d’entrer dans le vif du sujet, je dois dire que j’aimerais bien que vous nous expliquiez également par la suite les raisons pratiques pour lesquelles vous considérez que les investissements étrangers directs menacent le fait que les européens puissent vivre correctement de leur travail. La liaison me semble pour le moins indirecte. Pourquoi par exemple le fait que Toyota puisse investir plus facilement en France (ou ailleurs) vous pose-t-il problème ? Cela me semble relever un peu de la pétition de principe.
Cela dit, vous (toujours si les deux mails sont de vous) mentionnez par la suite la négociation de l’AMI, et craigniez que le projet de constitution ne permette à ce type d’accord d’entrer en vigueur à notre insue.
A cet égard, je crois que je peux vous rassurer. Il y a même des raisons de dire que la Constitution est un bonne chose sur ce point (pour ceux qui n’aiment pas les accords de type AMI).
Tout d’abord, la négociation de ce type d’accord ne relève pas le l’article III-314 que vous citez. En effet, l’article III-314 concerne l’Union douanière. Pour ceux qui sont intéressés, le voici en entier cette fois. « Par l’établissement d’une union douanière conformément à l’article III-151, l’Union contribue, dans l’intérêt commun, au développement harmonieux du commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux et aux investissements étrangers directs, ainsi qu’à la réduction des barrières douanières et autres. »
La négociation d’accords internationaux, elle, est l’objet de l’article III-315. Lisons le point 4 de cet article :
« 4. Pour la négociation et la conclusion des accords visés au paragraphe 3, le Conseil statue à la majorité qualifiée . Pour la négociation et la conclusion d’un accord dans les domaines du commerce de services et des aspects commerciaux de la propriété intellectuelle, ainsi que des investissements étrangers directs, le Conseil statue à l’unanimité lorsque cet accord comprend des dispositions pour lesquelles l’unanimité est requise pour l’adoption de règles internes. Le Conseil statue également à l’unanimité pour la négociation et la conclusion d’accords :
a) dans le domaine du commerce des services culturels et audiovisuels, lorsque ces accords risquent de porter atteinte à la diversité culturelle et linguistique de l’Union ;
b) dans le domaine du commerce des services sociaux, d’éducation et de santé, lorsque ces accords risquent de perturber gravement l’organisation de ces services au niveau national et de porter atteinte à la responsabilité des États membres pour la fourniture de ces services. »
C’est là que se situe l’apport essentiel de la Constitution, en tout cas pour les vues françaises : ce que les français appellent « l’exception culturelle » y est consacrée. Pour tout accord concernant ce type de services, l’unanimité est nécessaire, c’est-à-dire que tout pays peut s’y opposer, fût il seul. Cela couvre précisément les cas qui étaient contestés dans l’AMI par exemple.
Je tiens à souligner que cette dérogation avait été introduite assez en douce par M. Giscard d’Estaing, tout à la fin de la Convention. Tous nos partenaires n’ont pas été ravis, car l’exception culturelle est un concept qui n’est pas prisé de tous. Si par hasard on devait renégocier, je n’en donnerais pas cher pour ma part. Gare donc à ne pas lâcher la proie pour l’ombre.
Burt Allibert, je vous remercie pour votre réponse argumentée et aussi, plus généralement, pour vos interventions qui nourrissent ce débat sur le BBB.
Le post "Ce qui me laisse aucun doute" n’est pas une contribution de fmi1, je l’ai fortuitement laissé s’échapper sans avoir eu le temps de signer. Mais cela n’a aucune importance. Mon intervention est simplement ironique, j’ai voulu faire une modeste caricature des différentes postures qu’adoptent des ouistes dans leur argumentation.
Il me semble, en lisant votre réponse que vous avez adopté la position n° 2 - cet article ne présente aucun risques pour l’emploi en Europe car l’article III-315 prévoit la négociation d’accords commerciaux internationaux forcement favorables aux européens (et surtout aux français).
Je n’y crois pas.
M. Burt Allibert,
Sauf votre respect, l’article III-314 est le premier des deux articles (avec le III-315) du chapitre 3 intitulé "la politique commerciale commune" figurant dans le titre V "l’action extérieure de l’Union", alors que le III-151 fait partie du titre III intitulé "politiques et actions internes".
Les articles III-314 et III-315 (ex 131 et 133 du Traité de Rome, modifiés par le Traité de Nice) doivent se comprendre (à mon avis) comme suit : le 314 énonce les objectifs des négociations entre l’UE (c’est à dire l’union douanière définie au III-151) et le reste du monde (le libre-échange y est érigé en dogme) ; le 315 donne la manière de mener ces négociations (à l’OMC ou dans un contexte bi- ou multi-latéral), leur cadre général et leur champ.
Vous avez raison de le souligner, le 315 prévoit des "gardes-fou" sur ce qui fait débat en France (et ailleurs ?) : la santé, l’éducation et la "diversité" culturelle (et non "l’exception" culturelle, mais je ne saisis pas la nuance, s’il y en a).
Ces exemptions (enseignement, santé et services sociaux, culture), qui figurent déjà depuis 1994 dans l’AGCS (accord général sur le commerce des services) ne durent que dix ans.
Imaginons donc que la Commission négocie au nom des Etats membres (compétence exclusive de l’Union au terme de l’article I-13 du projet de constitution) cet AGCS en décembre prochain à Hong-Kong, ces exclusions tomberont d’elles-mêmes, puisqu’elles ne figurent que temporairement dans l’AGCS.
Sur la rédaction des points 4-a et 4-b du 315 que vous citez, l’unanimité est requise si les accords passés risquent "de porter atteinte à la responsabilité des États membres pour la fourniture de ces services" : qui décide que tel est le cas, à partir de quel degré de "perturbation" ? Je suis preneur d’une explication de texte.
Par ailleurs, je reste très inquiet sur ce que recouvre la réduction progressive des restrictions aux "investissements étrangers directs" : des contraintes (ou conditions) environnementales et/ou sociales ne pourraient-elles pas être interprétées comme ces fameuses "restrictions" à supprimer ? Qu’en pensez-vous ?
Votre conclusion "gare donc à ne pas lâcher la proie pour l’ombre" est à mon avis inexacte : l’article 133 du Traité de Rome (modifié à Nice) prévoyait déjà ces exemptions (voir le site du Sénat, en lien ci-dessous) : rien de neuf sous le soleil, donc ! M’étonnerais pas que Giscard se soit fait mousser avec un truc qui existait déjà !
Je me rends compte qu’il y avait des questions assez précises dans votre première réponse. Je ne suis pas sûr d’avoir réponse à toutes celles-ci mais je voudrais tout de même les mentionner, ne serait-ce que pour ne pas avoir l’air d’être complètement à côté de la plaque.
Je ne connais pas l’AGCS, et ne connais donc les dates limites des exceptions concernant les services que vous citez. Mais en tout état de cause, je pense que la fin prévue de ces exceptions, et donc la necéssité de leur renégotiation rend encore plus nécessaire, pour ceux qui tiennent à ces exceptions, leur inclusion dans la constitution. Ainsi, nous serons sûr que le Conseil ne pourra donner à la Commission d’autre mandat de négotiation que leur reconduction (sauf si nous mêmes acceptons leur abandon, à l’unanimité). Cela devrait donc être à mon sens plutôt un bon point pour ce traité.
Je voudrais par ailleurs ajouter que la fin d’une exception au niveau OMC ne signifie nullement nécessairement la fin d’une exception équivalente au niveau européen. Par exemple, la "green box" qui autorisait les subventions à la R&D à l’OMC a cessé d’exister en 2000 à l’OMC. Les subventions à la recherche restent cependant autorisées à l’intérieur de l’Union.
Je serais bien incapable de vous expliquer ce que signifie "porter atteinte à la responsabilité des Etats membres". Je suppose que c’est en rapport avec les services publics, mais je n’en ai aucune preuve, tant cela sort de mon champ de compétence.
Pour les contraintes environnementales et/ou sociales, je pense que vous pouvez être tranquille : tant l’environnement (déjà depuis Amsterdam je crois) que le social (dans ce traité) sont maintenant des éléments à prendre en compte lors de la mise en oeuvre de l’ensemble des politiques de l’Union. A titre d’exemple, je vous invite à consulter le point 76 de cet arrêt de la Cour dans lequel la Cour fait appel précisément entre autres à cette prééminence générale de l’objectif environnemental pour justifier une exception au principe fondamental du marché intérieur qu’est l’interdiction des restrictions quantitatives.
Si un tel objectif environnemental peut être opposé au marché intérieur (lui même principe fondateur de la communauté depuis Rome), il ne fait donc aucun doute à mon sens qu’il serait facilement opposable à un objectif secondaire tel que l’augmentation des investissements étrangers.
M. Burt Allibert,
J’ai essayé de vous répondre samedi 14 dernier, ce n’est pas passé ; alors je recommence car je veux apporter une correction, à mes yeux importante, à l’une de vos analyses (pourtant si souvent justes) !
L’article III-314, avec le III-315, fait partie du chapitre III intitulé "la politique commerciale commune", situé dans le titre V "l’action extérieure de l’Union".
L’article III-151, auquel se réfère effectivement le III-314, fait quant à lui partie du chapitre I "marché intérieur", situé dans le titre III "politiques et actions internes".
L’article III-314 ne concerne pas l’Union douanière, contrairement à ce que vous affirmez en réponse à mon message, mais les rapport entre l’Union douanière et les pays tiers. L’analyse que j’y développe sur la soumission pure et simple de l’Union européenne aux objectifs de libre-échange de l’OMC reste donc valide, quelque soit d’ailleurs l’opinion que l’on porte sur l’OMC.
Personnellement, je ne voit pas dans ces conditions (celles de l’article III-314) comment on peut parler de l’UE comme un "rempart contre la mondialisation" alors qu’elle organise son désarmement douanier, quelques soient les évolutions futures du commerce mondial ou de l’économie européenne. Cela me préoccupe beaucoup.
En espérant que ce message de mise au point, certes fastidieux, passe dans tous les "tuyaux" jusqu’à vous. Bien cordialement et dans l’attente de vous lire.
Manifestement, vos deux messages sont passés, mais d’un seul coup.
Comme vous le faites remarquer à juste titre, le III-314 concerne le rapport entre l’Union douanière et les pays tiers. Je voulais juste attirer votre attention sur le fait que, comme base juridique, il ne peut servir eventuellement qu’à modifier l’union douanière -dans un objectif de politique commerciale en effet.
Or l’union est douanière est déjà totalement effectuée depuis bien longtemps, et les taux de douane vis à vis de l’extérieur sont également faibles depuis assez longtemps. Cela laisse donc peu de marge de manoeuvre pour lancer une politique quelconque à cet égard (qu’il s’agisse d’ailleurs d’une politique libérale ou d’une politique en faveur des pays du Sud...).
Vous faites également remarquer à juste titre que l’exception culturelle existe déjà dans le traité de Nice.
Si l’on vote non sans intention de renégocier, ou en tout cas sans intention de renégocier la partie III, l’exception culturelle restera donc intacte. C’est pourquoi l’attitude des souverainistes à cet égard est très cohérente.
Mais je crois comprendre justement que c’est cette partie III que l’on veut renégocier dans le camp du non socialiste, surtout pour y introduire plus d’aspect sociaux.
Et dans ce cas, il faut bien tenir compte de ce que, quand on négocie quelquechose, il faut forcément accepter de donner si l’on veut recevoir. Il y aura donc forcément des concessions à faire de notre côté.
Or l’exception culturelle est un des points sur lesquels nous sommes les plus susceptibles de devoir lacher, avec le régime linguistique de l’union et la PAC (ce n’est pas difficile de faire cette liste, c’est tout simplement la liste des sujets qui nous opposent avec la plupart de nos partenaires. Au moins, pour la pêche, pour les déficits internes, ou pour la radinerie communautaire, nous avons des alliés).
A mon avis, c’est sur l’exception culturelle que nous avons le plus de chance de devoir céder.
Ce n’est bien sûr que mon humble avis. Il est fondé
tout de même sur deux indices concordants :
la personalité de celui qui
renégociera éventuellement
le fait que les conventionels avait initialement
"accouché" d’un projet sans exception culturelle, ce qui avait
obligé le praesidium à la rajouter in extremis (voyez par exemple cet
article ).
C’est pour ça que je trouve la section sur la politique commerciale communce tout à fait acceptable, et même conforme à ce que la France peut obtenir de mieux à mon avis sur ce sujetOn pourrait peut-être obtenir mieux sur d’autres sujets, mais alors au prix d’une aggravation sur d’autres, et en particulier celui-ci.
Vous dites "les taux de douane vis à vis de l’extérieur sont également faibles depuis assez longtemps. Cela laisse donc peu de marge de manoeuvre pour lancer une politique quelconque à cet égard..." et je ne suis pas d’accord, pour trois raisons :
1) cela n’est pas vrai dans tous les secteurs : par exemple, les droits de douane agricoles pour les productions d’élevage, si importantes pour l’aménagement du territoire dans de vastes zones d’Europe, permettent d’assurer un prix à la production entre 30% et 50% supérieur aux cours mondiaux. Les supprimer ou les réduire "progressivement" pourrait donc avoir des conséquences incalculables dans les zones rurales (60% du territoire européen).
2) Les droits de douanes sont complétés (ou remplacés) par des limitations quantitatives ou qualitatives aux importations (le "et autres" de la fin de l’article III-314) : quotas, critères ou normes de qualité, aspects sanitaires comme la présence d’hormones de croissance dans la viande etc... Que l’on soit d’accord ou pas, ce sont des instruments de politique (européenne, pas nationale forcément) qui donnent la possibilité de définir un modèle de consommation (alimentaire ou autre), voire un modèle de société, démocratiquement consenti.
3) Sur un plan historique, le libre-échange tel que défini dans le TCE a des limites : si les USA avaient écouté les libéraux au XIXème siècle, et donc joué à l’époque de leur "avantage comparatif" en agriculture, ils n’en seraient pas beaucoup plus loin que l’Argentine aujourd’hui. Heureusement (pour eux), ils ont plutôt écouté des types comme Friedrich Litz (voir sur les avatars historiques du libre échange les travaux de Paul Bairoch par exemple).
Sur le fond, vous considérez que le projet de TCE est le meilleur des compromis possibles, dans l’état actuel de la construction européenne. Pour ma part, je considère qu’il ne porte strictement aucun projet pour les peuples européens, si ce n’est leur soumission à un ordre économique (financier plutôt) inique, et tellement en crise qu’il ne peut être durable au-delà d’une ou deux générations. Le plus tôt nous le remettrons (pacifiquement) en cause, le mieux ce sera, pour tout le monde. Et mon vote "non" s’inscrit dans cette perspective, certes utopique.
En fait, ce qui me semble étrange, c’est que nous sommes finalement assez d’accord sur le constat. A quelques précisions techniques près : par exemple, les restriction quantitatives ne me semblent nullement relever de l’union douanière, mais je suis bien d’accord pour dire qu’il s’agit tout de même d’un instrument de gestion de politique commerciale.
Il semble que nous soyons même d’accord sur un autre point crucial, savoir qu’il est utile pour notre propre territoire (national et aussi européen) de garantir, via des "limitations" diverses aux échanges avec le reste du monde, un revenu décent à nos agriculteurs. Notez que c’est déjà un choix, puisque, grosso modo, ce qu’eux gagnent est perdu par les paysans africains.
Reste que nous divergeons sur la conclusion par rapport au traité. Si je comprend bien, vous estimez qu’il contient de manière implicite une philosophie de libre échangisme sans limitation qui autodétruirait le reste de ses dispotisions à terme. Moi je pense au contraire que les autres dispositions l’emporteraient à terme sur le libre échangisme dans les domaines ou nous le jugerions nécessaires.
Je crois qu’à partir de là, c’est une question de conviction, liée à la façon dont on interprète le monde actuel.
C’est déjà bien d’avoir pu en discuter je trouve.
C’est toujours bien de pouvoir discuter ! Et effectivement, ce qui nous sépare est une affaire de conviction.
Deux petites précisions :
Les limitations quantitatives font bien partie de l’Union dounière ; l’exemple le plus connu actuellement sont les quotas d’importation de textiles, supprimés en janvier dernier dans le cadre du démantèlement de l’accord multifibre (AMF), décidé par les accords OMC de Marrakech (en 1994).
Vous dites "ce qu’eux [nos agriculteurs] gagnent est perdu par les paysans africains" : je ne suis pas d’accord. Divers mouvements paysans de tous les continents (via campesina) proposent de définir des unions douanières dans différentes zones du monde, sur la base d’une productivité du travail agricole similaire, ce qui empêcherait l’agriculture motorisée et chimisée des pays industrialisés de venir concurrencer sans entrave l’agriculture manuelle, qui est pratiquée par 80% des paysans de la planète (soit la moitié de la population mondiale). Par exemple, les excédents européens ne pourraient plus venir saccager les agricultures africaines, protégées par des droits de douane (tout ceci n’empêchant pas d’organiser des échanges commerciaux entre ces zones, mais sur la base du libre choix des peuples, et non sur le dogme du libre-échange résumé dans l’article III-314, que décidément je déteste !)
Si cette question vous intéresse, je vous renvoie aux propositions de la confédération paysanne (voir leur site), appuyées sur des travaux d’économistes comme Jacques Berthelot, Marcel Mazoyer ou Marc Dufumier (voir google).
Miracle : une assertion juste ; de fait « les investissements étrangers directs » n’existaient pas dans les textes précédents.
Et aussitôt surgi le grand méchant loup de la mondialisation sauvage, l’OMC : rappelons que l’OMC est une organisation multilatérale où peuvent s’exprimer les pays qui en sont membres (la presque totalité du monde) et que des coalitions s’y nouent (notamment entre les pays du Sud) et qu’en aucun cas l’UE ne s’aligne systématiquement sur les positions des Etats-Unis. Ces derniers préfèreraient de loin les relations bilatérales où la loi du plus fort peut beaucoup mieux s’appliquer. Il existe également un tribunal des différends commerciaux qui jugent des pratiques contraires à une concurrence loyale dans le commerce international et les Etats Unis en particulier y ont été condamnés à plusieurs reprises notamment pour leurs aides à leur secteur cotonnier, jugement attendu et applaudi par des pays producteurs pauvres comme le Mali et le Burkina Faso. (source Quelques éléments du débat en réponse à ATTAC E. et M. Parodi)
Dans la pure rhétorique ATTAChienne on nous ressort l’AMI qui ne nous veut pas du bien. Les négociations sur l’AMI ont été entamées par les gouvernements lors de la réunion annuelle du Conseil de l’OCDE au niveau des Ministres en mai 1995. Les participants étaient les gouvernements de tous les pays de l’OCDE à l’époque - Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Corée, Danemark, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Japon, Luxembourg, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Royaume-Uni, Suède, Suisse et Turquie - ainsi que les Communautés européennes. L’Argentine, le Brésil, le Chili et Hong-Kong, Chine ont participé en qualité d’observateurs dès le départ. La Lettonie, la Lituanie et la République slovaque ont été également invitées ultérieurement en qualité d’observateurs. Suite à des négociations intenses pendant une période de trois ans jusqu’en mai 1998 et une pause de six mois pendant laquelle aucune réunion officielle de négociateurs n’a eu lieu, les négociations ont cessé en décembre 1998. (source OCDE) Donc se sont conclues par un échec il y a 7 ans.
De fait l’UE s’inscrit dans la logique de l’OMC, comme l’Inde* ou le Brésil. Mais les objectifs généraux énoncés dans le III.314 ne pourraient entrer en vigueur que dans le cadre d’accords internationaux. L’UE a su se défendre quand les US ne respectaient pas les règles.
J. F. Launay
* Inde qui soutient la candidature de Pascal Lamy, bête noire d’ATTAC !
Jean-Luc Hess a expliqué, hier soir, dans ’On refait le monde’ sur RTL, que l’élite avait elle-même conclu que ce sont les gens intelligents et cultivés qui étaient naturellement pour la constitution et l’Europe, alors que les gens, comment dire ... Plus limités, comme les chauffeurs de bus, étaient plus enclin à voter non.
En résumé, si tu es intelligent alors c’est que tu votes oui, mais si tu votes non c’est que probablement t’es un [peu] con !
C’est si simple, et tellement subtile !
Il faut bien une élite hyper cultivée pour pondre ce genre d’explication. Cela permet de flatter son propre ego tout en décrivant une société de caste où l’on peut insulter et mépriser ceux qui ne sont pas de votre avis, de votre milieu. Car évidemment pour ces esprits développés, quand on est du même milieu on pense forcément pareil ! Evidemment ...
Pour ma part, cela démontre ce que je soupçonne depuis des années.
L’élite n’en a que faire de l’idée de représenter au sein du pouvoir la volonté du peuple. D’ailleurs, comment vouloir représenter des gens que l’on méprise avec autant de dédain et aussi peu de retenue ? Non, son but est de conserver le pouvoir en ne permettant l’alternance qu’entre des individus de ses propres rangs, pour que le peuple n’y accède surtout pas. C’est dans ce but que des usines à formater les esprits, comme l’ENA, ont été créées. Il suffit de voir comment sont traités les ministres qui viennent parfois de la société civile, pour s’en convaincre.
L’ENA et les écoles de journalisme sont les deux pierres entre lesquelles toute volonté de rébellion ou de soulèvement se retrouve inéluctablement laminée et broyée. De temps en temps il y a bien un peu de dissension entre elles, les très vieux journalistes comme Duhamel ou Elkabbach dénonçant le fait que certains politiques sont au pouvoir depuis trop longtemps, oubliant peut-être qu’ils ont commencé leur carrière en même temps qu’eux, mais en général ils s’entendent comme cochons en foire.
Chirac a expliqué que cette constitution tenait de l’esprit de 1789 en France. Je crois qu’il avait raison, mais non pas en comparant le contenu de ce traité avec l’esprit des révolutionnaires de l’époque, comme il a osé le faire, mais plutôt en l’assimilant à une ultime volonté des rois à vouloir asseoir une forme de régence par décret dans les textes afin de se protéger contre tout changement de régime ultérieur qui pourrait survenir dans tel ou tel pays.
En effet, la couleur politique des gouvernants en place dans les prochaines années dans les pays constituant l’Europe aura de moins en moins d’importance, car ce seront la loi européenne et la loi du marché décrites avec beaucoup de soin dans la constitution qui seront prioritaires sur toutes les mesures importantes prises nationalement. Dès que cela touchera la finance et les budgets, le contrôle et les règles seront imposés comme jamais, parce que jusqu’ici il fallait l’unanimité pour la validation des choix européens, alors que si la ratification se fait, la majorité qualifiée suffira. Un pays seul pourra donc être contraint d’appliquer des mesures, ou pourra être empêché d’en appliquer d’autres, par la volonté non pas de son propre peuple mais des autres nations.
Un dirigent sera un vrai lèche cul européen, et les commissions pourront être magnanimes et généreuses avec lui, mais s’il lui prendra l’envie de faire la forte tête, alors attention ! Comme dans la commission réduite certains pays se retrouveront sans commissaire pendant 5 ans, il vaudra mieux pour eux qu’ils se fassent oublier !
Là aussi, pour s’en convaincre, il suffit de voir ce qu’est déjà devenue cette Europe centralisée et technocratique : la pauvre petite mesure qui consiste à faire diminuer la TVA sur les restaurateurs n’est même plus du ressort de notre président, alors qu’il a le contrôle de l’arme atomique ! Voyez comment la commission fait miroiter le fait qu’elle pourrait accepter la requête, bloquée totalement depuis 3 ans, mais seulement si la France (en l’occurence, les restaurateurs) promet sagement de ratifier le TCE qui donnera encore plus de pouvoir ... à la commission !
Et pour notre élite, apparemment, c’est super génial tout ça ! Un progrès ! Un espoir ! Et ne parlez surtout pas des intérêts de la France, concept complètement dépassé, à moins que vous ne vouliez vous faire assimiler à Le Pen et vous faire traité automatiquement de chauvin raciste et xénophobe ! Vous êtes autorisé à aimer votre ville, votre région, mais pas la France (vous voulez vous retrouver seul ???) pour, en fait, au niveau au-dessus aimer à nouveau l’Europe ! Dans quel esprit de littéraire fiévreux cela peut-il être considéré comme logique ?
A propos, j’ai vu Sarkozy dans le débat sur TF1 défendre avec conviction et fougue l’idée qu’il ne fallait surtout pas que la France vote autrement que l’Allemagne en ce qui concerne la constitution, sous peine de risquer un conflit !
Vertigineux !
C’est exactement ce qu’avait avancé comme argument Pétain pour justifier la collaboration de Vichy pendant la 2nd guerre mondiale : il valait mieux collaborer plutôt que de risquer le conflit avec Hitler.
Imaginez, une seconde, Le Pen tenant ce discours ! Mais le lendemain il se retrouverait sur un canot pneumatique au large de la Bretagne, banni à vie du territoire français !!! Mme Veil viendrait se répandre et pleurer dans le JT de TF1, rappelant à quel point ces propos abjectes la replonge dans des souvenirs douloureux.
Mais là, rien ! C’est pour le ’oui’ ! Comprenez que tout est bon et permis quand vous êtes dans le bon camp ! L’élite se serre les coudes, s’amnistie, se pardonne, et sait raconter n’importe quoi au peuple imbécile qu’elle méprise, pouvant l’asséner d’autant plus fortement qu’elle se bouche en même temps ses petites oreilles fragiles et sensibles ! De toute façon, ce qu’elle raconte n’est pas destiné à faire réfléchir, mais à convaincre ... Alors ...
Pour conclure, ce projet de constitution est bien l’un des aboutissements logiques de la constriction européenne.
J’espère avoir réussi à faire comprendre à quel point le NON me paraît salutaire.
Les compagnons d’Emmaüs pour le oui voilà qui contredit ce que vous faites dire à Hess !
Mais ça faisait longtemps qu’on nous avait pas ressorti Pétain (ou Laval, cher à Henri E. qui le confond avec Pétain justement) : Maréchal, le revoilà !
JF Launay
L’article que vous citez est un exemple flagrant de manipulation. Mais vous ne pouviez pas vous en douter.
Je m’explique.
J’avais déjà lu un article à propos de l’action d’Emmaüs à ce sujet (du 3 mai) :
http://www.fenetreeurope.com/file/2005/file152.htm
En fait, ce qui constitue le plus clair de la présentation faite par Julie Vallat, en une journée à chaque fois, aux personnes de la communauté, c’est essentiellement deux points :
1. L’histoire de la construction européenne et son fonctionnement, 2. La charte des droits fondamentaux
Que le public ait été passionné par cette présentation, c’est clair !
Mais croyez-vous réellement que le fait qu’ils apprécient le cours d’histoire et la charte permet d’en déduire qu’ils sont pour le ’oui’ au projet de constitution ?
Intéressés vivement par la présentation : oui ! Pour le projet de constitution : ... !
Ce n’est pas avec l’approbation de prêches du genre ’la démocratie et le respect des droits de l’humain sont et resteront des valeurs essentielles de l’Union’ qu’on peut objectivement dire que la communauté d’Emmaüs approuve le projet et, par exemple, l’article III-188 qui garantit l’indépendance de la banque centrale européenne !
Mais la nuance n’apporterait rien au moulin du Nouvel Obs, n’est-ce pas ?
Au passage, dans l’article que vous citez M. Hirsch reprend ce que Hess avait dit sur le point de vue de l’élite, pour le contester comme moi !
N’oubliez pas que cette année on fête les 60 ans de armistice de 45. Cela peut peut-être répondre à certaines de vos interrogations ...
Un passage de l’article vous a semble-t-il échappé, et ce, malgré les deux lectures que vous affirmez en avoir fait. C’est celui qui parle de la lecture du "Monde Diplomatique" qui est, comme chacun sait, un organe de presse à la "solde du grand capital" et soutien "indéfectible" de la Banque Centrale Européenne.
Il est donc "clair" que les compagnons d’Emmaüs ont été victime d’une "odieuse manipulation", à moins que vos propres opinions ne rendent votre lecture pour le moins sélective.
Merci à Cédric d’abord.
Ensuite, cette histoire d’élites opposées... à qui, à quoi d’ailleurs ? sent fortement son néo-poujadisme. Et que je sache Cassen, Nikotoff et même Bové font partie de ces élites !
Quant au N’oubliez pas que cette année on fête les 60 ans de armistice de 45. Cela peut peut-être répondre à certaines de vos interrogations ... permettez-moi de dire
1° que je n’ignore pas que entre 1945 (armistice) et 2005, 60 ans se sont écoulés
2° je ne vois pas en quoi cela répond à de prétendues interrogations
3° que ce genre d’allégations sybillines me semblent tout-à-fait incongrues !
J. F. Launay
PS Ce "Nohope" heurte ma fibre de défenseur inconditionnel - même s’il m’arrive de l’écorcher, mêm si elle pourrait simplifier un peu son "ortografe" - de la langue française. Mais il traduit le négativisme des nonistes...
Voici à très peu de chose près, ce que j’ai pu entendre sur Europe 1 mercredi matin, de la bouche d’un nommé Christophe Barbier... J’ai trouvé ça assez amusant et très représentatif du ton de la station sur le sujet.
"[...] Danièle Mitterand qui est pour le NON, c’est normal, c’est la gauche contestataire, contestataire jusqu’à l’excès, par exemple dans le soutien à Fidel Castro ; et avec Gilbert Mitterrand, on a la gauche du OUI, c’est à dire la gauche gestionnaire : c’est un maire, le maire de Libournes, il sait qu’il doit composer avec la réalité, parfois à l’excès, parfois on est pas vraiment socialiste quand on est gestionnaire.
Et Mazarine [qui ne dit rien] c’est la France assez importante des indécis, ceux qui cachent leur vote. Ils râlent, ils veulent voter NON.. mais dans l’urne, ils voteront OUI parcequ’ils sont européens ; ils sont CSP+, ils vont voter NON malgré ce coté bobo parcequ’ils en ont marre. Ou alors ils ne savent vraiment pas, et ça c’est très français ! "
En attendant un éventuel coup de théatre, l’étape 14 de votre chemin de croix tend à fermer le débat. Vous mettez le texte (j’ai failli dire le verbe) de côté et vous affirmez votre foi (d’où peut-être le clergé ?) : foi en la construction européenne et foi dans le fait que le TCE est le passage obligatoire pour pouvoir continuer cette aventure. Comment débattre contre la foi ? A mes yeux, votre foi ne tient sur rien de tangible, mais je ne vois pas comment vous en convaincre si vous donnez plus d’importance à cette petite voix que vous entendez.
J’aimerais quand même bien savoir pourquoi vous pensez qu’il est absolument nécessaire d’accepter le TCE pour faire "avancer" l’Europe. Si vous pouviez aussi me dire, par la même occasion, où va l’Europe, puisqu’on avance....
Ça me fait penser à ces pubs qui déclament que leur produit est un progrés et qu’il faut donc l’acheter, puisque personne ne saurait être contre le progrés, bien sûr.
Vous avez peut-être entendu parler des puces RFID (j’espère !). C’est un progrés, c’est le futur. Vous en voulez-une sous la peau ?
Le TCE c’est le futur (et le futur ne manque pas d’avenir) ; les puces RFID dont on est sensé avoir entendu parler (je suppose qu’il s’agit des puces électroniques sous-cutanées) c’est le futur (et le progrès fait vraiment rage).
Donc, si vous êtes pour le TCE, vous êtes pour les fameuses puces.
CQ FD
JF Launay
Donc, si vous êtes pour le TCE, vous êtes pour les fameuses puces.
Vous devriez reprendre des cours de maths et revoir la signification de l’implication, avant d’essayer de faire un semblant de logique. Merci pour elle.
Je n’ai quant à moi émis aucune implication entre les deux
proposition "être pour le TCE" et "être pour les puces". Je brocardais
l’argument suivant :
le TCE est nouveau donc c’est un progrés (en gros,
c’est ce qu’on nous explique)
on ne peut donc être que pour, puisque que c’est un
progrés, et qu’il n’y a bien que les méchants conservateurs pour s’opposer
au progrés.
Les deux point ne tiennent sur rien, et il s’agit de fausse logique. Il ne suffit pas d’employer le mot "donc" pour être logique, on l’a bien vu dans votre message.
Je faisais remarquer qu’il s’agit exactement de l’argumentaire utilisé pour nous vendre les nouveaux produits, et qui sera utilisé, n’en doutons pas, quand on voudra nous faire accepter une puce sous la peau.
Est-ce plus clair pour vous ?
Enfin, je dois dire que vous vous élevez régulièrement pour soi-disant remettre les nonistes dans le droit chemin et éviter que le débat tombe. En réalité, vous ne faites que caricaturer les arguments des nonistes, et c’est vous qui contribuez à plomber le débat. C’est une stratégie et c’est de bonne guerre. Je vous l’accorde.
Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris dans cette histoire d’implications et de conclusions, mais j’ai l’impression que votre post initial, Christophe, était lui même basé sur la confusion de deux sens du mot "progrès".
Il y a "progrès" dans le sens "avancée vers l’objectif visé". Quand on vise à avoir la bac mais qu’on a que 5 de moyenne au premier trimestre et puis qu’on passe à 9 au deuxième, c’est un "progrès" dans ce sens.
Et puis il y a "le progrès" dans le sens de l’avancée vers le monde et les technologies du futur. La tourniquette pour faire la vinaigrette c’est le "progrès" dans ce sens.
Certes les deux acceptions étaient sans doute les mêmes au XIXième siècle où il y avait une sorte d’accord général que le futur serait meilleur. Maintenant, il est clair qu’elles ont divergé.
Quand les défenseurs du oui utilisent le mot "progrès" pourle TCE, c’est dans le premier sens. Quand vous l’utilisez pour les puces, c’est dans le deuxième sens (si j’ai bien compris ce que vous pensez de ces puces).
C’est pourquoi votre parodie de raisonnement ouiste est un peu abusive.
C’est pourquoi votre parodie de raisonnement ouiste est un peu abusive.
Ce n’est pas abusif, étant donné que le mot "progrés" n’est jamais discuté. Vous commencez une discussion, tant mieux.
La chose commune dans la manière contemporaine d’utiliser ce mot et dans les deux sens que vous distinguez, c’est cette façon de dire "c’est nouveau donc c’est un progrés".
A partir du moment où on ne discute pas (plus) du texte et où on se met à sortir de vagues affirmations (les deux camps ne s’en privent pas), le raisonnement a tendance à devenir creux et à en appeler à nos inconscients (éventuellement factices, cf le texte de David Abiker) et nos petites voix. C’est en partie cela que je critiquais.
Maintenant, certains ouistes font aussi le même genre de raisonnement en parlant du texte, par exemple le droit de pétition d’un million de signatures, comme progrés démocratique. De qui se moque-t-on !
Takeo, vivez-vous à Bruxelles ? Et si oui, si je puis me permettre de vous demander, dans quelle commune ?
S’il est vrai que la ville a eu son côté "Défense" dans les années 60-70 (franchement Paris aussi, voir le magnifique front de Seine et le splendide quartier des Olympiades par exemple), elle reste tout de même largement moins hausmanisée que Paris dans l’ensemble.
Depuis 15 ans, en revanche, bien peu de chose y ont changé. Quant à votre appréciation sur son côté peu convivial ou peu humain, elle n’est pas partagé par tous. J’entendais d’ailleurs récemment dire sur Radio Nova que Bruxelles était redevenu (depuis peu certes) un endroit beaucoup plus vivant que Paris la nuit.
Ce référendum révèle qu’il y a 4 catégories de personnes en France.
1. Les "indécis" qui ne savent jamais ou est leur place.
2. Les "infantiles" qui ont besoin d’être rassurés en permanence et se sentir dans la majorité, dans un environnement connu.
3. Les "rebelles" qui sont contre toute forme de structure et d’organisation (société, loi, idéologie, etc.).
4. Les "adultes" qui prennent leur responsabilités, qui s’informent suffisamment pour prendre leurs décision et qui l’assument (quit à se retrouver dans la minorité).
Dans quelle catégorie vous retrouvez-vous ?
geabel
Euh, non, pas ces 4 catégories-là, mais plutôt
celles-ci :
ceux qui
vont voter oui,
ceux qui
vont voter non,
ceux qui
ne savent pas encore,
ceux
qui s’en foutent.
Les catégories que tu as décrites plus haut ne sont pas exactes, en ce qu’elles identifient les êtres humains par ce qu’ils sont, et non par ce qu’ils font. Et comme même moi, je ne sais pas vraiment qui je suis, comment veux-tu, geabel, que je m’y retrouve, dans ta liste ?
A bientôt,
Jean Millemann
Daniel : vous avez fait votre choix. Bien.
Schneidermann : si par hasard le non gagne, j’ose espérer que vous serez capable d’expliquez à vos confrères (et à leurs mécènes) qu’on peut avoir voté non en toute conscience, et ne pas se sentir concerné par les propos de Jean Marie, ni de Philippe, ni d’Arlette, ni de Marie Georges, ... ni même de Laurent.
Qu’on peut avoir voté non juste pour dire stop, pas maintenant, et pas comme ça.
Merci.
Emmanuel nous le rappelait, "il y a 15 stations dans le "vrai" chemin de croix et nous n’en sommes qu’à 14.... ce qui nous laisse - "peut-être", disiez-vous - attendre un coup de théâtre cathodique (j’ai failli écrire catholique)."
Madame Mitterand en commandeur de l’ordre du non ne pourrait-elle vous faire changer d’avis, vous qui êtes si sensible à la personnalité des gens qui s’expriment pour le oui ?
Cela ne justifierait-il pas une quinzième station ?
Et pour continuer sur le même chemin, le revirement de Delors qui admet qu’une renégociation est possible, même si, dit-il, elle serait difficile, devrait vous inciter à faire cette quinzième station... C’est le Nouvel Observateur qui est bien embêté...
Delors, un de vos mentors dans la réflexion ouiiène...
Pour être sûr que je n’ai pas rêvé (j’avoue avoir des doutes à ce sujet)...
Ce soir (11 Mai) tf1 : "Les 40 arnaques blablabla..." : arnaque 31 - le distributeur piègé.
Pour montrer que tous les journaux ont parlé de la terrible affaire du distributeur piégé, gros plan sur un canard avec un minuscule article sur la question et... 75% de la page occupé par une photo de Hollande avec, au dessus, en gros titre : "...le oui socialiste". Le plan a duré 1/2 seconde, en fondu, et j’accumule pas mal de retard de sommeil d’où mes doutes...
Quelqu’un aurait-il partagé avec moi cette vision fugace ?
J’ai cru voir la même chose... et puis je me suis dit qu’une telle manipulation ne pouvait venir que de mon esprit paranoïaque...
Maintenant que vous le signalez aussi, je recommence à avoir peur !
Après les phases contre-vérités (IVG, divorce, laïcité...), amalgames (Bokelstein, délocalisations), les nonistes sont en plein dans la phase victimisation.
La campagne des présentes élections ne serait en fait qu’une immense propagande qui abreuve la France de la capitale au fond de la Creuse.
Si cet aspect prend le devant de la scène, il était sous-jacent depuis le début. Et mensonges et amalgames n’ont pas cessé : n’a-t-on pas entendu Fabius dire, tout uniment que deux délocalisations qu’il venait de citer étaient dues à la Constitution ? et son affidée, Pervenche Berès, après un virage à 180° quand son patron est passé du p’têt ben qu’non, p’têt ben qu’oui, au non franc et massif, de nous ressortir le Bokelstein (Libé 11/05/05).
Petite séquence comique sur FR2, journal de 13 h, rubrique élections : avant un face à face, Dupont Daignan-Duhamel, un journaliste présente les articles objets du débat ; il n’a pas le temps de terminer que le député UMP vocifère que c’est un scandââââle, de la propagande pure, mais quand son adversaire lui demande de dire où le journaliste a menti, silence ! Séquence cousine sur ASI : un journaliste de la 3, très maître d’école à l’ancienne, paraphrase quelques articles du TCE : aussitôt, M. Zemmour de dire que le « professeur » vante la constitution ; en effet, il se contente de dire le texte sans dire ce qu’il sous-entend, ce qu’il cache (là perce une autre ficelle, celle du complot : ce que le texte dit, n’est pas ce qu’il dit vraiment et ce qu’il ne dit pas, en fait il le dit ou il le dénie).
Dans la presse ceux qui crient le plus fort à la propagande sont ceux qui ne tolèrent aucune divergence. Essayez donc de trouver dans l’Humanité ou le Monde diplomatique une opinion non noniste. Alors que Libé et son horrible patron, July, qui se commet avec la diablesse Christine O., Le Monde, le Nouvel Obs, etc. ouvrent leurs colonnes aux opinions de tout bord.
« Je crois que c’est clair » dirait justement July. Au fur et à mesure que la campagne avance contre-vérités et amalgames sont dévoilés, l’hétérogénéité - pour rester dans l’euphémisation - des nonistes devient de plus en plus évidente pour les électeurs, la contradiction entre l’affirmation répétée que le TCE sera gravé dans le marbre et l’annonce d’une renégociation possible est avérée.
Le non victime des « puissants », de la « pensée unique », de la « classe médiatique » : une belle thèse qui séduit même D. S. (ou au moins S.). Mais les nonistes arriveront-ils à nous faire croire que la France nécessite l’envoi d’observateurs internationaux pour garantir la régularité du vote ?
À voir.
J. F. Launay
Tiens, une nouveauté dans la campagne des ouistes : l’étude entomologiste à tendance freudienne des nonistes. C’est intéressant. Nous allons peut-être avoir droit à une psychanalyse gratuite et collective.
Et vous pensez réussir à disqualifier les arguments des nonistes en les caricaturant ?
Pour l’instant, je vois surtout une caricature de débat, et je ne suis pas sur que cela grandisse le camp du "oui" (même Joffrin du Nouvel Obs’ vous l’a expliqué).
Diantre, mon innocente contribution aurait une "tendance freudienne" et relèverait de la "psychanalyse collective" (gratuite et laique).
Vous auriez pu y voir - si l’esprit de sérieux n’aveuglait pas votre lecture - quelques éléments revélateurs d’un esprit libidineux.
Et le tout de mon cru,
J. F. Launay
Une manie de journaliste
Moi j’ai pris l’habitude
D’agrementer mes platitudes
De ce beau refrain ouiouiste
.
Quand je pense a Hollande,
je bande, je bande.
Quand j’pense a Zarkozy,
je bande aussi.
Quand j’pense a Jacqu’s Delors,
mon dieu je bande encore.
Mais quand j’pense a Emmanu-
elli je n’ bande plus.
La bandaison papa ca n’se commande pas.
.
C’est cette male ritournelle
Ce superbe adaggio
Qui rententit a la radio
Ou veillent les sentinelles
.
Afin de tromper son emoi
De voir s’eloigner Fabius
Tout en veillant sur ses Airbus
Ainsi chante le patronat
.
Apres la priere du soir
Comme il est un peu mou
Chante ainsi le Francois Bayrou
A genou sur son reposoir
.
A la tele j’etais venu
Pour y vendre mes charmes
J’entendis emu jusqu’aux larmes
La voix de l’expert inconnu
.
Et je vais mettre un point final
A ce chant heroique
En suggerant aux politiques
D’en faire un hymme national.
Bonjour Daniel
J’ai toujours aimé la manière dont vous dirigez les interventions dans ASI : merci de faire votre métier avec conscience. Peu d’émissions aujourd’hui nous donnent cette satisfaction de ne pas être trop pris pour des c... Je suis partisanne du NON et moi non plus je ne suis pas sûre du tout que ce soit le choix le meilleur pour l’Europe.
Je pense pourtant que le OUI c’est positif donc c’est facile et que le NON c’est négatif donc courageux !
J’ai envie que les Français soient courageux pour tenter une renégociation de ce TCE trop imparfait et si mal servi par le matraquage médiatique un peu louche quand même.
Imaginez que nous ne soyons pas les seuls à refuser ce mauvais compromis ... Quelle fierté d’avoir été les premiers à voter NON ! La même fierté que celle d’avoir refusé la guerre contre l’IRAK.
La grandeur de la France .... il n’y a rien à faire ... ça me fait toujours rêver ! On ne peut pas s’abaisser à voter un tel texte qui renforce le pouvoir des puissants contre les démunis, nous, les français !
Cher Daniel,
Je voudrais revenir sur le dernier numéro d’ASI au cours duquel vous avez diffusé des extraits dans lesquels, par exemple, un journaliste remerciait Simone Veil de faire campagne pour le oui. Je ne suis pas journaliste et encore moins habitué aux plateaux de télévision. Je suppose que, dans les conditions du direct, un présentateur, aussi expérimenté soit-il, peut commettre des maladresses ou des lapsus qui trahissent ses convictions intimes. Personne n’est à l’abri de bourdes. Qu’on puisse le relever est une chose. Qu’on en déduise je ne sais quelle action délibérée du "clergé médiatique" en est une autre. Je crois qu’il ne faut pas exagérer sur ce plan, quitte à donner du grain à moudre aux adeptes des théories conspirationnistes qui, bien entendu, se délectent de ce genre de détails pour y trouver la justification de leur paranoïa. Que dire alors de la dernière émission de TF1 où l’on voyait la secrétaire nationale du PCF entourée de Le Pen et Villiers ? S’agit-il d’une intention délibérée ou d’une maladresse de madame Buffet ? Et pourtant, il y a des fois où l’image restitue bien mieux la réalité que de savants discours. Ce que cette émission a montré, c’est tout simplement l’alliance des extrêmes sur la question européenne. C’est aussi la vacuité du slogan de l’autre Europe défendu par les leaders du non. En effet, à supposer que le non l’emporte, ce qui devient aujourd’hui de plus en plus improbable, ce sont ces parties extrêmes qui s’engageront à proposer des alternatives politiques au sujet de la construction européenne. Or, comment cela se fera ? Embarqués dans une condamnation sans nuances du projet de Constitution européenne, pour diverses raisons, aucun d’entre eux n’est en mesure de parvenir au pouvoir pour justement infléchir la construction européenne dans le sens qu’ils préconisent. La politique, c’est certes des idées (et heureusement), mais c’est aussi, à mon avis, de l’action et du pragmatisme. Les leaders du non ont sans doute des idées mais de celles qui n’engagent à rien. Les idées des éternels opposants à tout.
C’est amusant d’essayer de comprendre tout le monde. C’est amusant au début. Puis, au fur et à mesure que l’échéance arrive, cela devient fatigant. Puis pénible. Pour faire réellement le tour de la question, mais j’ai dû en faire que quelques radians, je me suis inscrit sur les listes de diffusion d’Attac. Mes aïeux, LA faute ! Le sectarisme, la méchanceté, l’alacrité des membres d’Attac qui s’y expriment révèlent un mouvement d’une extraordinaire faiblesse idéologique. Ils n’ont jamais rien obtenu, et ne se sont jamais engagé en politique, le seul moyen démocratique jusqu’à maintenant, de faire appliquer ses idées.
Au delà de cette plongée dans l’univers underground du non, je m’aperçois que je suis saoûlé de coups. La France est en campagne éléctorale depuis septembre 2004, où je perdais celle que je considérai comme ma deuxième Maman, et on va voter fin mai, où je vais perdre mon père. J’aurai erré, tel un fantôme, entre deux éléctrodes, comme un atome de césium 135 dont on aurait accéléré la vitesse dans une sorte de vieil Iter, entre Cadarache et Hokaïdo.
Est-ce une faiblesse que de dire aujourd’hui que je ne sais plus ? Vous, vous avez (peut-être) décidé. Au bout d’un long chemin. Moi, j’étais une boule de fer entre deux aimants, constamment attiré par l’un et par l’autre, suivant les intensités éléctro-magnétiques desdits aimants. Ouais, vive la Révolution, et puis bon allez, soyons sérieux, voter oui va dans le sens de l’Histoire. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce digne d’un citoyen qui se dit européen, que de se laisser ainsi balloter par les déferlantes, sans pouvoir accrocher la bouée de sauvetage ? Je ne sais plus, voilà la vérité.
On ne nous avait jamais parlé d’Europe, et depuis dix mois, c’est du soir au matin, du matin au soir, de la Commission au petit-déj’, du Parlement au déjeuner, de la subsidiarité au goûter, du Pacte de stabilité au dîner, de la majorité qualifiée au souper... On me gave comme une oie. Comme me l’a dit très justement un grand cuisinier qui officie dans un endroit dont je tairai le nom, le foie gras, c’est bon. Mais il faut qu’il pèse 600 grammes, pas plus. Pas 800. 800, c’est huileux, spongieux, ce n’est pas bon. Mon foie pèse bien dans les cinq ou six kilos.
Ce que je demande maintenant, c’est que la campagne cesse. Qu’on se repose, tous. Parce qu’on en a besoin. Certains ont besoin de se faire soigner pour indigestion. Je suis de ceux-là. Avaler des poudres qui font office de pansements pour l’estomac. J’ai regardé ce soir France Europe Express. Par rapport aux images très cruelles où vous montrez Christine Ockrent comme une imprécatrice terrible du oui, elle s’est assagie. Jacques Nikonoff le lui a d’ailleurs fait remarquer, de façon assez sournoise, mais amusante. Mais elle aussi est épuisée, d’avoir tant luttée, au milieu de l’aliénation collective dont parle Eric Zemmour, un des seuls journalistes avec vous, David et Judith, Jean-Michel Apathie, à sauver un peu cette profession qui révèle à l’occasion de cette folle campagne, sa profonde maladie maniaco-dépressive (et j’utilise le terme à dessein, ayant vécu moi-même sous le joug d’un père maniaco-dépressif violent.)
Le souhait que j’émets ce soir, c’est que les hostilités cessent. J’ai reçu mon Traité, comme tous les Français. J’avais pris soin de le lire auparavant, mais aujourd’hui, c’est officiel, mon matériel de vote est prêt. Profitons de la vingtaine de jours qui nous restent pour nous reposer, et pour voter l’esprit frais et joyeux le 29 mai.
Didier Rous est un coureur cycliste. Il s’est aligné au départ du Tour d’italie cycliste samedi soir. Il a dû abandonner dimanche matin, victime d’ennuis gastriques. Je suis sûr et certain que c’est une chance supplémentaire qui lui est donnée de bien figurer dans le Tour de France au mois de juillet prochain. il aura pu profiter de jours de repos qui n’étaient pas programmés, il aura pu voir sa famille, se ressourcer, penser à autre chose qu’au vélo. On le verra conquérant comme jamais dans les cols du Tour, je vous en fiche mon billet de dix euros. Eh bien, avouons-nous la vérité, nous aussi, nous sommes malades. Arrêtons. Et le 29 mai, au lieu de voter d’un air ronchon, en râlant comme nous savons si bien faire, nous glisserons un oui dans l’urne, un oui franc, massif, heureux, rigolard, paillard, plein d’allant et d’enthousiasme. Chiche ?
J’ai reçu mon Traité, comme tous les Français.
Juste pour dire que ce n’est toujours pas mon cas. Je ne crois pas être le seul. Pour info, j’habite Aix en Provence.
Les débats actuels sur l’objectivité des médias, et le récent numéro d’ASI, me font souscrire, sourire et bondire. Depuis les travaux de Raymond Aron (année 1970), l’objectivité a fait long feu. Relisez Michel de Certeau (*L’écriture de l’histoire*) : tout locuteur produit, par son discours, le lieu de son élocution. Il n’est pas d’objet dans lequel le sujet n’inscrive son empreinte. Ne serait-ce qu’affirmer que 2+2=4. C’est en effet déjà entériner l’hypothèse qu’il y a d’un côté deux éléments, de l’autre deux (en vertu de quels critères se regroupent-ils ? pourquoi peut-on les considérer comme 2 et non 1 et 1 ?), et que ces deux ensembles disctints peuvent s’additionner pour faire un nouvel ensemble homogène de 4 éléments. C’est certes ce que que fait un référendum, avec les "nons" et les "ouis" ; on voit bien quels problèmes cela pose. Donc : tout locuteur, produisant un discours sur le TCE ou sur la culture du Maronsuis’, griffe son objet de son sujet. La subjectivité ne me choque pas. Mieux : je trouve bien plus dangereux la fausse virginité des ténors de l’objectivité, que la subjectivité assumée de fait.
Les débats ont néanmoins leur pertinence - et surtout, tels que finement posés par ASI, qui contraste à juste titre l’intervenent politique, l’expert, l’interviewer, l’éditorialiste et le journaliste qui lance un sujet ou donne un résultat de sondages. Ce dernier cas est le plus empathique : la subjectivité s’immerge dans le bain lustral de l’objectif, qui l’innocente, et transforme en nature ce qui n’est que culture (cf. Barthes, puis Derrida). La subjectivité n’est pas scandaleuse quand elle s’affiche comme telle. A moins d’imaginer que chaque téléspectateur est apte à déconstruire un discours dans le temps où il le reçoit (ce dont je doute, dans une lucarne à cerveaux disponibles), il faudrait un bandeau posant le "lieu" d’où parle Benoît Duquesnes ou l’expert. La critique ne peut pas porter sur l’éditorialiste (tel Bernard Guetta), dont le "lieu" d’élocution est, sinon connu, du moins très rapidement identifiaible (et je trouverais bien plus dangereux qu’il feigne de parler du lieu du "non", car on retomberait là dans le cas de figure d’un discours voilé). Idem pour l’homme politique, résumé par sa bannière partisane. Le cas de l’interviewer (Ockrent) est plus complexe, car entre deux chaises : si son lieu est connu ou connaissable, elle produit moins un discours qu’elle est appelé à en susciter. Son rôle est de faire parler les lieux des autres. Qu’il le fasse de manière désiquilibrée n’est pas une faute déonotologique (éthique) ; mais une erreur professionnelle (technique).
Il reste encore un bout de chemin à parcourir à Schneidermann pour être ordonné membre du clergé médiatique.
Il lui faudra perdre l’habitude d’en appeler au jugement des
fidèles pendant la messe l’émission dominicale, après avoir confessé le
pêcheur de la semaine. Bref, apprendre à distribuer l’absolution par lui même.
Peut-être qu’Elisabeth Levy donne des cours.
Alala mais c’est terrible ça. N’as-tu pas compris, Daniel, que beaucoup des commentateurs de ce blog voulaient en découdre avec Scheidermann, pas avec Daniel. Ces sans-voix, qui n’ont ni chronique ni éditorial dans les grands journaux, mais qui disposent de quelques maigres tribunes sur internet, se sont dit : « on va se le faire ». Ou plutôt : en répondant à D.S., on rentre dans la cour des grands, on se mesure à ces gens qu’on paie pour donner leur (pas si) humble avis, à ces gens dont les mots sont répétés à l’infini sur des rotatives industrielles, en un mot, aux leaders d’opinion.
Quelle déception, nous n’avons affaire qu’au citoyen Daniel qui, comme tout le monde, poste quelques billets d’humeur sur internet. Et en plus, c’est vrai que même Schneidermann ne fait pas exactement partie de la cléricature journalistique. Il ne l’offusque pas trop, cela dit : juste ce qu’il faut pour servir de caution à ceux qui le paient (je force le trait, n’y voyez pas autre chose que du sarcasme mesquin). Ce qui est drôle, c’est que ceux qui sont près à le faire sont de moins en moins nombreux. Schneidermann se sent un peu isolé, et sans doute limité dans ses humeurs ; alors il se réfugie sur internet...
Finalement, c’est à l’outsider qu’on a affaire. Il est trop sympathique. Donnez-nous un vrai éditorialiste à massacrer ! Pourquoi Bernard Guetta n’ouvrirait-il pas son blog ?
1. Le texte constitutionnel, tout le monde le reconnait est d’une rare ambiguité. On sent que chaque phrase est le résultat de longues négociations entre technocrates subtils, qui tentent de laisser une place aux différentes sensibilités. Bref, ouiiste ou noniste, on lit ce que l’on veut dans ce texte. 2. On comprend donc que ce qui comptera, c’est l’interpétation à en donner. Or, l’interprétation de ce texte comme les autres, reviendra finalement à la Cour de justice. 3. On sait que la tradition anglo saxonne est plutôt jurisprudentielle (la loi vient d’en bas, cf Locke, et protège du Leviathan, cf. Hobbes) au contraire de la tradition continentale où la loi est l’expression du peuple constitué en assemblée. 4. C’est là qu’est le véritable scandale. Ce traité ne tranche pas sur cette question fondamentale, et aborde en diversion un milliard d’autres thèmes. Or, la Cour de justice ne change pas dans ce traité. Voila le fait massif qui est masqué. 5. L’objectif est clair. Le pouvoir législatif est transféré incognito à la Cour de justice (qui on le sait à une conception bien particulière et bien libérale de son rôle). En créant l’embrouillami des institutions, on renforce le pouvoir des juges, la ligne anglo-saxonne triomphe. Si on souhaite une ligne de conduite de tradition européenne, il faut donc voter non....et Schneiderman doit d’urgence réveiller Daniel Amicalement,
Laurent, expert d’en bas (première et dernière intervention).
J’avoue avoir compris la même chose que toi : si ce texte laisse libre son interpretation, les cas de conflits vont se multiplier suite à son application.
Et qui va trancher ?? La cours de justice européenne il me semble (dites moi si je me trompe).
Mais moi j’ai jamais voter pour ses membres !!! Et ce sont eux qui vont décider de ce que contient réellement cette Constituion ??
Daniel, demande à Schneiderman d’appronfondir cette question !!
Voila donc l’argument de la peur de la Cour. Un argument relativement récent dans le camp nonnien, en tout cas par rapport aux arguments plus anciens comme l’argument social c/ libéral.
Je dois dire que voir cet argument prendre de l’ampleur m’aterre proprement. Je trouve qu’il s’agit là d’un symptôme inquiétant de la diffusion des idées souverainistes à gauche.
Tout d’abord, il me semble étrange de dire que les juges de la CJCE seraient partiaux parce qu’ils ne sont pas élus. Les juges constitutionnels ne sont pas élus en France, mais désignés tout pareillement. De même pour le Conseil d’Etat, où l’on entre par concours après l’ENA (sauf tour extérieur). De la même façon, les membres du CSM sont désignés. Et heureusement ! Je vous laisse imaginer le potentiel qu’aurait une élection des juges. "Votez pour le juge Dupond, le juge qui en fera baver aux délinquants et autres pervers !". "Votez pour le juge Dupont, plus débonnaire que lui tu meurs, avec lui, fini les PV et autres tracasseries !". Franchement, même caricature (et encore) mise à part, l’élection des juges, réfléchissons y à deux ou trois fois.
L’argument de la peur de la Cour est aussi plus sérieux et plus profond parfois. Et que dit- il au fond ?
Il dit que nous, français, devrions avoir peur de ce que la justice puisse -parfois, dans des cas limités d’ailleurs- être rendue par un organe supranational européen. Et ce surtout lorsque cette justice concerne les droits fondamentaux. Il dit que cela conduirait à des résultats arbitraires, sur des sujets de la plus grande importance.
Je ne comprends pas cette peur. Elle me semble profondément incohérente avec l’engagement de la France pour plus de multilatéralisme et plus de justice internationale.
Pour moi, à chaque fois qu’un litige est tranché par un Juge, c’est le droit qui triomphe. Il triomphe précisément de l’arbitraire. De l’arbitraire des compromis entre Etats, des marchandages de tapis, des intérêts à courts termes des gouvernements, etc etc.
Bref : qu’une Cour européenne se voit attribuer plus de compétences, et surtout en matière de droits fondamentaux via la partie II, cela devrait nous faire rêver et pas nous faire peur.
A moins que précisément nous n’ayons peur que cette Cour ne soit pas toujours d’accord avec les positions françaises.
Mais, là encore, pourquoi avoir peur de ça ?
Cette Cour comprend des juges d’Etats qui sont amis, qui partagent avec nous les racines les plus profondes de leurs cultures.
Il suffit de voir les lois en place dans les Etats Membres au niveau national, qui reflètent assez bien le type de mentalité qu’aura chaque juge, pour se rendre compte que des droits tels que le droit à l’avortement dans les premiers mois de grossesse font partie du fonds culturel commun à l’immense majorité des Etats, qui ne sera jamais remis en cause.
Cela dit, bien sûr, il y a des sensibilités différentes ! Au nom de quel absolu peut-on dire qu’un juge constitutionnel français serait plus forcément dans le vrai qu’un juge polonais, par exemple. Au contraire, la diversité des cultures devrait être vue comme un atout. Pour poursuivre mon exemple, un juge polonais est peut-être moins baigné de l’idéal laïque qu’un juge français, mais, lui au moins a connu la réalité des régimes niant les droits fondamentaux. Cette expérience là, on devrait être précisément heureux de pouvoir en profiter nous mêmes.
La vie en communauté, c’est admettre que, parfois, d’autres peuvent aussi avoir raison même s’ils ne sont pas d’accord avec nous. C’est admettre que si l’on est seul contre tous, peut-être bien qu’on n’a pas raison. C’est admettre que, dans de tels cas, on a peut-être à gagner à renoncer à ses a priori.
Alors oui, c’est vrai, peut-être que la Cour n’aurait pas le même point de vue que nous sur le port du voile (d’ailleurs les français sont divisés eux-mêmes). Et aussi, peut-être qu’elle aurait l’audace d’avoir des points du vue différents de notre point de vue hyper jacobin sur le statut des langues régionales. Peut-être aussi que la Cour adopterait le point de vue scandinave sur la nécessaire transparence des institutions publiques, peut prisé de nos propres institutions.
Peut-être et peut-être pas. On n’en est pas sûr. Mais cette incertitude, ce n’est pas plus de l’arbitraire qu’un credo français. Au contraire, quelle que soit la décision, elle serait soupesée, passée au crible des différentes sensibilités qui se complètent les unes les autres, et dont j’ai la faiblesse de croire qu’aucune n’est supérieure par nature aux autres. Bref : la décision serait motivée.
A mon avis, ne pas admettre ça, ça veut tout simplement dire qu’on pense que les français ont toujours par définition raison et puis c’est tout. Dans ce cas là, c’est vrai qu’on a tout à perdre à une justice communautaire. Cette vision est respectable. Simplement, ça s’appelle le souverainisme.
PS : attention j’ai bien dit souverainisme et pas nationalisme. Je fais bien la distinction entre les deux.
Je suis d’accord avec ce que tu dis. Mais le problème que je veux soulever n’est pas l’impartialité des juges.
Ce que je veux dire c’est que si le texte est aussi ouvert que ce qu’on nous dit, les possibilités de conflits judiciaires sont tres nombreuses (surtout que n’importe quel citoyen europeen peut se presenter devant la Cours Europeenne).
Est-ce normal qu’une Consitution censée fixer le cas général laisse sa definition à la Justice ?
La Constitution francaise ou americaine ont-elles les même travers ? Ont-elles générées beaucoup de conflits judiciaires ?
Ah, je vois. En fait, je ne suis pas si sûr que le texte soit aussi ouvert que ça. Pour être plus clair, je pense que les points ouverts sont principalement sur la partie II.
Je m’explique :
La partie I, c’est à dire la partie "institutionnelle", elle, contient -à ma connaissance, mais je peux me tromper, très peu de dispositions dont l’interprétation est controversée. C’est surtout une partie "procédure". Cela m’étonnerait que de nombreux problèmes soient posés à la Cour pour l’interprétation de cette partie, hors les problèmes procéduraux typiques que l’on trouve dans toutes les juridictions, du genre que se passe-t-il en période intérimaire ou si quelqu’un se fait porter pale.
La partie III, c’est vrai qu’elle peut donner lieu à des conflits éventuels d’interprétation, mais à mon avis surtout des conflits d’interprétation du droit dérivé (directives, règlements, etc etc). D’ailleurs, cette partie III existant déjà, ce type de conflit existe déjà, sans que cela pose de problème majeur de fonctionnement de la Communauté ni d’insécurité juridique.
Reste la partie II. Elle, c’est vrai qu’elle contient de très nombreuses zones ou la marge de manoeuvre pour l’interprétation des juges est grande. A commencer par sa portée exacte (en gros, pour caricaturer, va-t-elle s’appliquer strictement seulement aux institutions ou va-t-elle s’étendre plus largement dans la vie de tous les jours). Mais je dirais que de ce point de vue là, qui concerne les droits fondamentaux, pour le coup, la situation n’est guère différente de ce qui se passe dans nos états nationaux. En France, on entend très régulièrement parler de conflits concernant ce type de droits fondamentaux tranchés par la jurisprudence (pénale ou administrative).
Pour n’en citer que quelques uns : les limites du droit à l’image, le délit ou non de meurtre de l’ "enfant" d’une femme enceinte, les limitations à apporter aux utilisations des fichiers, et même plus récemment la question du droit à la copie privée.
Aux Etats-Unis, on sait que de nombreuses questions fondamentales ont été tranchées par la (même les) Cour(s) Suprème(s) : application de la peine de mort, droit à l’avortement par exemple. L’abolition de l’esclavage aussi. (à ce propos, je me suis laissé dire que l’esclavage avait été aboli par la Cour Suprème fédérale US sur la base d’une disposition sur la libre circulation des personnes, quelqu’un peut-il confirmer ou infirmer ? Je trouve cette idée très intéressante).
Pour finir, à propos de la question de l’étendue de l’application de la partie II (mais aussi plus marginalement de certaines questions de répartitions des pouvoirs dans les parties I et III), il est vrai qu’en France nous n’avons pas l’habitude qu’une Cour tranche ce type de questions. Il faut savoir que ce genre de conflit est très courant dans les Etats fédéraux, où les différents niveaux ne cessent de tester les limites de leurs pouvoirs. Un exemple typique est celui des normes anti bruit imposées par la Région de Bruxelles aux avions qui la survolent. Les avions survolent la région, mais ne s’y arrêtent pas. Ils viennent de l’aéroport fédéral, mais un aéroport qui dessert principalement Bruxelles. Alors, compétence fédérale ou régionale ??? Les tribunaux ont tranché.
Et puis, même en France nous commençons à vivre ça. Voir par exemple la question de la validité des arrêtés anti mendicité pris par les Maires des communes du littoral. Ou la question de la validité du marriage gay célébré par Noël Mamère. Tout ça est tranché par des tribunaux.
Bref : à mon avis, il n’y a rien de vraiment nouveau dans cette histoire. Peut-être que c’est un peu plus atypique pour les français, mais je pense que l’evolution n’est pas mauvaise en soi.
"à ce propos, je me suis laissé dire que l’esclavage avait été aboli par la Cour Suprème fédérale US sur la base d’une disposition sur la libre circulation des personnes, quelqu’un peut-il confirmer ou infirmer ? Je trouve cette idée très intéressante"
L’esclavage a été aboli avec la ratification, en 1865, du 13e amendement à la Constitution américaine. Je crois que la confusion vient du célèbre arrêt Dred Scott (1857) de la Cour Suprême, qui confirmait la légalité de l’esclavage et à propos duquel l’argument de la libre circulation a été évoqué (mais contre Dred Scott).
"Pour finir, à propos de la question de l’étendue de l’application de la partie II (mais aussi plus marginalement de certaines questions de répartitions des pouvoirs dans les parties I et III), il est vrai qu’en France nous n’avons pas l’habitude qu’une Cour tranche ce type de questions."
C’est à nuancer, quand même. La jurisprudence du Conseil constitutionnel est très riche à propos des libertés fondamentales : le préambule de 1946 et la DDHC s’appliquent aux lois au travers de l’interprétation du Conseil. De même, une bonne partie du droit de la responsabilité de la puissance publique et du droit de recours face aux décisions administratives a été élaborée depuis plus d’un siècle par le Conseil d’Etat.
Merci beaucoup Emmanuel pour la précision sur l’abolition de l’esclavage. Un mythe à ranger au placard donc.
Pour mon discours sur la portée de la partie II, je me rends compte que je n’ai pas été clair : je ne voulais pas du tout dire que la jurisprudence du Conseil constitutionel ne visait pas les libertés fondamentales (au contraire ! Je me souviens même de l’épisode ou des députés avaient fait un recours contre le délit de récidive d’excès de grande vitesse en invoquant des droits fondamentaux, c’était assez culoté à mon sens).
Ce que je voulais dire en fait c’est que la France n’est pas très habituée aux conflits de répartitions de compétences entre niveaux de pouvoirs. Mais là aussi, c’est vrai que c’est à nuancer, et je suis bien conscient en particulier de ce qu’il fallu assez longtemps au Conseil d’Etat pour "admettre" la prévalence du droit communautaire sur le droit national, et encore ...
"Reste la partie II. Elle, c’est vrai qu’elle contient de très nombreuses zones ou la marge de manoeuvre pour l’interprétation des juges est grande. A commencer par sa portée exacte (en gros, pour caricaturer, va-t-elle s’appliquer strictement seulement aux institutions ou va-t-elle s’étendre plus largement dans la vie de tous les jours). Mais je dirais que de ce point de vue là, qui concerne les droits fondamentaux, pour le coup, la situation n’est guère différente de ce qui se passe dans nos états nationaux. En France, on entend très régulièrement parler de conflits concernant ce type de droits fondamentaux tranchés par la jurisprudence (pénale ou administrative)."
A priori, pas exactement.
Si nous regardons ce qui est exprimé formellement dans l’article II-112-1 intitulé Portée et interprétation des droits et des principes
1. Toute limitation de l’exercice des droits et libertés reconnus par la présente Charte doit être prévue par la loi et respecter le contenu essentiel desdits droits et libertés. Dans le respect du principe de proportionnalité, des limitations ne peuvent être apportées que si elles sont nécessaires et répondent effectivement à des objectifs d’intérêt général reconnus par l’Union ou au besoin de protection des droits et libertés d’autrui.
Les valeurs fondamentales sont, par principe inaliénables ; aucune législation ne peut aller à l’encontre, ni limiter les valeurs du libéralisme sociologique sauf pour un besoin de protection des droits et libertés d’autrui ; cas prévu dans le TCE.
Cependant, nous avons un autre cas prévu dans ce même alinéa (séparés par un ’ou’) : à des objectifs d’intérêt général reconnus par l’Union. Donc pour un objectif d’intérêt général reconnu par l’Union, les droits fondamentaux peuvent être limités dans leur portée et leur interpréttion.
Qu’est-ce qu’un objectif d’intérêt général ? Les objectifs d’intérêt général de l’Union doivent correspondre aux objectifs de l’Union (I-3) ; mais l’Union ne peut pouvoir le justifier que si cet objectif et défini dans le cadre de ses compétences exclusives à forte connotation économique.
Quoiqu’il en soit, en cas de jugement sur cette partie II par la cours européenne, si l’Union justifie qu’elle a un objectif d’intérêt général (ce qui reste assez subjectif), une limitation des valeurs fondamentales des citoyens européens ne peut être traitée que par une fin de non recevoir de la plainte ; sauf si le problème repose sur l’essence même des valeurs !
Les juges ne devraient avoir à interpréter la loi que lorsque celle-ci n’a pas prévu un aspect du sujet qu’elle couvre, ça devrait rester assez peu courant.
La situation crainte par l’auteur d’un "argument massue pour le non" est un peu différente : c’est celle d’un TCE (partie I et II) tellement mal défini que son contenu resulterait in fine de l’interprétation de la CJE, ce qui ne serait pas très normal (quelque soit le mode de désignation des juges qui la composent et quoi qu’on puisse penser de leur attachement aux mêmes valeurs que nous).
Indépendamment de toute position en faveur du oui ou du non (j’hésite encore un peu), c’est un point qui m’interpelle : pourquoi n’a t-on pas rédigé un texte clair (à défaut d’être exhaustif) et qui ne reposerait sur l’interprétation de la CJE que pour les cas "aux limites" non prévus ?
Compromis et clarté n’ont rien d’antinomique, que je sache.
S’agit-il vraiment de maladresse ? J’ai un doute qui retient mon oui.
Un rapide coup d’œil sur les « signatures » (quelques réponses aux messages de David et surtout les innombrables réponses au chapitre 13 de Daniel vs Schneidermann) permet d’esquisser une typologie des signatures.
Jetons d’abord l’opprobre sur ceux qui, faisant fi des beautés de la langue de Molière et de Voltaire, véritables chevaux de Troie de l’invasion anglo-saxonne, puisent leurs pseudos dans le basic english : Electricfighter et Nohope !
Opprobre aussi aux rares anonymes absolus.
Quelques signatures classiques apparaissent : Prénom+Nom, par exemple le célèbre Burt Allibert ou le connu Bernard Langlois. On peut avoir des doutes s’agissant de Pierre Tournevis. Doutes aussi pour Jacques de la Sueur.
Emmanuel, Antoine, Achille, Léa, Gloria et autres Aymeric : les prénoms sont nombreux. On peut y ajouter, sans doute, les diminutifs Jo, Fab, Ben, Gus et des initiales JP ou B. Plus mystérieux un Uj. Parfois le prénom est assorti d’une précision : Gérard l’étudiant ou Claude, Genève. Prénoms d’origine étrangères que Kara, Zangra ou Myrddin ?
La gent animalière est assez peu présente : un hibou, un renard, un aiglon, auquel on peut ajouter poflechat. Un outil qui se veut sans doute utile au débat : ouvre boîte. Deux se qualifient de menteurs : Nardoel et Zorglub.
Quelques pseudos veulent sans doute exprimer les sentiments ou la position de celui ou celle qui l’a choisi : blop désenchanté, phaz (en) avec le débat, Eviv le oui ou le non. Un (ou une) mystérieux(se) lolann-sou.
Et quelques mots valises comme Blafafoire, Kochfo et surtout, mon préféré, ce romain Actustragicus.
Tiens, j’emprunterais bien le concombre masqué à l’Écho des Savanes. Ça manque de légumes et surtout de cucurbitacées. Et qu’un spécialiste du II.70 ou du III.163 ne vienne pas me dire que le concombre, même masqué, n’est pas une cucurbitacée.
Le concombre masqué
Plaisante typologie. Je dois préciser que j’ai emprunté le qualificatif (l’hypochoristique ?) de ’menteur’ à ’Zorglub’ - j’espère qu’il ne m’en veut pas - et je suppose qu’en définitive le mérite de cette trouvaille revient à ’Jacques Delors’ (improbable pseudonyme qui dissimule malhabilement Nyarlatothep ou je ne sais quel autre Grand Ancien.).
Par ailleurs, je crois avoir percé l’identité du latin (mais non romain) Actustragicus : il s’agirait de Mme BWV 106. Qu’elle m’excuse d’avoir dévoilé publiquement son identité...
Enfin, il m’est arrivé d’envoyer un post anonyme, simplement pour avoir oublié, dans ma hâte, de remplir le formulaire.
l’Europe est confrontée à un double défi : l’un en son sein, l’autre en dehors de ses frontières.
À l’intérieur de l’Union, il faut rapprocher les institutions européennes du citoyen. Certes, les citoyens se rallient aux grands objectifs de l’Union, mais ils ne voient pas toujours le lien entre ces objectifs et l’action quotidienne de l’Union. Ils demandent aux institutions européennes moins de lourdeur et de rigidité et surtout plus d’efficacité et de transparence. Beaucoup trouvent aussi que l’Union doit s’occuper davantage de leurs préoccupations concrètes, plutôt que s’immiscer jusque dans les détails dans des affaires qu’il vaudrait mieux, compte tenu de leur nature, confier aux élus des États membres et des régions. Certains ressentent même cette attitude comme une menace pour leur identité. Mais, ce qui est peut-être plus important encore, les citoyens trouvent que tout se règle bien trop souvent à leur insu et veulent un meilleur contrôle démocratique.
Les amateurs reconnaitront ici un extrait de la déclaration de Laeken ( http://www.eleves.ens.fr/pollens/seminaire/seances/constitutioneurope/LAEKEN.htm ), c’est à dire, de la déclaration qui fût à l’origine des travaux de la Convention de rédaction de ce qui allait devenir le texte soumis à référendum dans 19 jours.
Chacun comparera le résultat des travaux menés face à l’ambition qui était leur seule raison d’être.
Je me souviens d’un dessin de Gébé, en 1970 ou 1972, paru dans "Politique Hebdo" ou dans "Charlie Mensuel", je ne sais plus, puis sous la forme d’une bande dessinée, republiée en 2000. Ce truc se nommait "l’an 01".
L’une des bandes dessinnées publiées contenait une case qui disait "nous ne voulons plus personne.". Ceux qui lurent cette bande dessinée à cette époque sont désormais retraités ou presque, et coulent des jours heureux tandis que nous trimons pour payer leurs retraites "si faiblement réformées" disait pas plus tard qu’hier le Financial Times.
Que nous ont-ils légué, ceux-là ? Les mêmes peurs et les mêmes angoisses qu’en 1970. Cette BD me hante, non pas pour ce qu’elle promet (que les grands idéaux vieillissent mal, qu’ils s’agissent d’utopies dessinées ou de "l’économie sociale de marché", théorie économique allemande moderne de 1947).
"Parler ne fait pas cuire le riz" nous affirme quelque sagesse plurimillénaire. Parler aux sourds moins encore. L’Union Européenne, cette institution qui usurpa en son temps le nom d’Europe (au point que ne saurait être désormais qualifiée de "construction européenne" que l’expansion de l’Union Européenne), a, elle aussi, l’âge de la préretraite, et n’a guère évolué depuis le premier traité de Rome, au point qu’il faut désormais expliquer qu’un très grand nombre d’articles troublants du "machin à prétention constitutionnelle" sortent tout droit de ce premier traité. Voir l’Union Européenne contrainte de faire revenir des octogénaires pour parler d’avenir me fait rire. Voir ces mêmes octogénaires incapables de porter ne serait-ce qu’un regard légèrement critique sur leur action "européenne" (c’est à dire, au sein de l’Union Européenne) me fait pleurer.
Mais, par chance, les rendez-vous électoraux, aux enjeux certes de moins en moins importants, continueront à rythmer cette fraction de nos existences individuelles qui se dit collective. Et, après tout, ceux qui triment ou errent aujourd’hui ont encore tout le temps d’espérer mieux : même si le temps perdu ne se rattrappe jamais. Alors, pourquoi encore attendre ?
Le riz froid mouillé, c’est gluant, et c’est pas bon. Puisque tous les aspirants-cuisiniers ne parviennent semble-t-il même pas à craquer une allumette, passons à autre chose.
Ainsi ni les experts d’en bas, ni les experts d’en haut ne vous ont convaincu au final. Vous allez voter en fonction de vos priorités et de vos instincts. Comme l’immense majorité de nos concitoyens en fait ... Mais vous n’avez pas encore précisé tout à fait quelles sont ces priorités et ces instincts. Je suis curieux peut-être, mais ça m’intrigue la nature du combat entre Daniel et Schneidermann, ainsi que le pourquoi des Oui de DA et JB. Ce n’est pas la démarche people d’un fan d’ASI. Juste de la curiosité intellectuelle.
Et pourtant le débat est riche et intense, nourri des arguments et des autres, la classe politique se félicitant de la qualité et de l’intensité du débat, qui fait l’admiration de l’Europe parait-il (on a bien fait de choisir le coq comme emblême de la nation ...).
Concernant cette histoire de curé médiatique, ce blog vaut bien une messe. Allez en paix mon fils, vous êtes absous de votre péché d’orgueil qui consistait à croire qu’on peut rationaliser une décision qui n’est pour la plupart d’entre nous qu’une affaire de conscience citoyenne. Les raisons d’un choix justes ou fausses, on se les donne souvent après ...
Juste une citation pour finir : "Si tu as du mal à choisir entre deux chemins, choisis le plus difficile." Avez vous le sentiment d’avoir choisi le plus difficile ?
Je me risquerais très prudemment à me faire l’avocat de la diablesse Christine O.. Son émission - Trans Europe Express, sauf erreur le titre d’un film d’un tout nouvel académicien, A. Robbe-Grillet - avait pour but déclaré de mieux faire comprendre les enjeux européens et cela bien avant le projet de TCE. L’angle d’attaque, dès le départ, était pro-européen. Cette émission reste fidèle à son projet initial.
Et, dans les extraits montrés (et montés) ce qui était condamnable ce n’était pas l’alacrité des questions aux partisans du non, mais la complaisance à l’égard de ceux du oui.
JF Launay
PS Il ne faudrait pas que pour faire contre-poids aux penchants "coupables" pour le OUI du citoyen Daniel, le journaliste Schneidermann en fasse un peu trop dans l’autre sens : Guetta, dans la version intégrale d’ASI, avait quelques raisons d’être un peu irrité...
L’angle d’attaque, dès le départ, était pro-européen. Cette émission reste fidèle à son projet initial.
Une fois de plus, vous confondez pro-européen et pro-TCE. C’est justement ce genre de glissements que pointait ASI.
Guetta, dans la version intégrale d’ASI, avait quelques raisons d’être un peu irrité...
Ah bon ? Pourquoi ? Je l’ai plutôt trouvé insupportable. Je comprends les soupirs de DS. Il ne répondait pas aux questions et étalait sa belle langue de bois. Il a dû faire une erreur d’aiguillage : c’est politique qu’il aurait dû faire.
Pro quoi ?
La plus grande partie des pro-UE semble être pro-TCE, non ?
L’émission de C. O. est pro-UE. Depuis son origine. Ca n’empêche pas l’omniprésent B. Cassen d’y participer, non ? Où alors il faut une télé aseptisée, sans prise de position ? Compte on les 100% du Non dans Groland ?
Après il y a les tenants de l’Autre Europe. Bien. Mais on parle alors d’autre chose. Par définition :-))
C’est quoi les différences entre la pleine version d’ASI et celle diffusée ? Pas envie de me retaper cet ASI, moins intéressant que d’hab...
Et voilà, on prend la défense de Christine O. et avec quel argument ? Son "angle d’attaque, dès le départ, était pro-européen. " donc elle ne peut être que pour le OUI.. NON NON et NON !!!!
Parmi les nombreux arguments pour le NON il n’y a pas que ceux des ultra nationalistes frileux et rances.
L’Europe CE N’EST PAS NECESSAIREMENT celle de cette constitution !
Ou alors n’importe quel bocal/emission/directive/loi de M... etiquettée EUROPE est obligatoirement savoureuse à vos papilles, et donc, effectivement, autant ne pas demander l’avis du peuple.
L’important, selon moi, est que votre choix soit basé sur une réflexion réelle et personnelle.
Pour le reste, comment dit-on déjà ? Ah oui ... Cela ne nous regarde pas !
Les isoloirs ne sont pas là par hasard.
Rassurez-vous, cependant, pour ma part il n’y a rien de vraiment neuf sous le soleil :
http://forum.france5.fr/asi/forum/fil.cfm ?idfil=107085 (3ème réponse intitulée ’M. Zemmour’)
Pas du tout, mon cher Voisin dont je réalise qu’il porte à la fois le nom d’un des mes oncles et celui de ma fille ainée. Raphaël source de joie disent les écritures. Donc pas du tout, on s’est pas concertés avec JB, pour sortir du bois et faire entendre une petit voix. @+
DA
D’abord j’apprends qu’il y a des caméras de surveillance dans le chalet : alors on m’invite dans une jolie bicoque avec cris de bouquetins, et je découvre en cours de route que c’est le Loft !? En tant que (seul) membre féminin de cet auguste triumvirat pas si exclusivement vir que ça, donc, permettez-moi de m’insurger, et de réclamer le droit à un peu d’intimité, ou au moins de savoir où sont exactement les caméras. D’autant qu’en matière d’intimité, il va y avoir quelques embrouilles, avec nos histoires de prénoms, vu que mon homme à moi s’appelle aussi source de joie, et que son nom de famille, c’est le même que celui de Daniel, avec un bout en moins, et qu’en plus ma mère s’appelle comme celle de Domrémy, enfin bref, on n’en finit pas...
Ceci dit, je confirme (confrontation de témoignages, clef des méthodes policières qu’on n’a peut-être pas tort, finalement, de reprocher au chef) qu’on ne s’est pas concertés avec David, et qu’on n’y peut rien si la même petite voix est passée cette nuit sur nos têtes endormies - mais c’est un magnétophone, qu’il eût fallu, pour le prouver, et non des caméras.
Daniel, bravo pour votre honneteté.
M. Schneidermann, bravo pour l’excellence de vos émissions et chroniques.
(au fait, et pour le blog, faut il féliciter Daniel ou M. Schneidermann ?)
Je vous laisse a votre choix, qui ne sera "peut être" pas le mien, mais merci pour votre derniere emission. D’ailleurs cette emission ne risque t elle pas de déplaire à Daniel ? Le fait de télé-diffuser l’idée que les ouiistes sont sur-representés dans les médias par rapport aux nonistes, et que la population est plutôt partagée, me renforce dans l’idée que nous avons a faire aujourd’hui a de la propagande.
Je renvoie d’ailleurs les personnes qui me liront a cet article de l’Humanité du 4 mai 2005 concernant le projet Bolkestein qui est bien sur les rails, qui montre a mon sens à quel point nous faisons fausse route avec le oui.
cdlt
L
J’apprécie beaucoup ce que je viens de lire car j’ai l’impression que l’on touche au véritable problème de ce débat.
Ne vous croyez pas seuls dans ce même dilemme, à pencher un jour pour le oui et l’autre pour le non. De mon côté, j’avoue avoir pris part au début à la cacophonie ambiante des ouistes et des noniens. Mais je me suis rendu à l’évidence et plus le jour « fatidique » arrive, plus je suis persuadé d’une chose : ni les uns ni les autres ne pourront m’aider à prendre la bonne décision. Peut être même n’y a t’il pas de bonne décision et peut être seront nous perdant dans les deux cas. Désolé mon cher Daniel, je sais que ce genre de phrase « dépitée » ne peut pas vous aider. De débat en débat, après le commentaire du 192 ème sondage... je me rends compte que d’un côté comme de l’autre il y a des arguments valables. Un exemple où je ne sais que croire : En ce qui concerne les emplois et les délocalisation, les partisans du non affirment que beaucoup d’emplois seront délocalisés dans les pays où la main d’œuvre est moins chère. Leurs opposants affirment de leur côté qu’avec l’impulsion européenne, le niveau de vie et l’économie de ces pays seront poussés vers le haut et nous serons les fournisseurs (en produits à forte valeur ajoutée) de leur besoins nouveaux.
Je suis dans l’impasse, qui a raison ? Moi qui ne suis ni journaliste, ni économiste, ni politicien, j’ai encore moins d’éléments de réponse. De plus je sais que les uns comme les autres peuvent masquer certaines vérités. Donc pour moi ce sera ni oui ni non.
Je suis dans l’impasse, qui a raison ?
Je crois bien que les 2 ont raison...
En effet, l’ouverture des frontières va quasi surement entrainer certaines délocalisations, cela n’aurait vraiment rien de surprenant, d’autant qu’en Europe de l’Est, on trouve des personnes très bien formées. En parallèle, la production de ces pays où l’on aura délocalisé va augmenter ainsi donc que leur richesse et par là même, leur consommation, nous créant ainsi des opportunités donc des emplois potentiels.
Le seul hic dans cette histoire, c’est que les emplois perdus (les délocalisés) et les emplois créés (par le nouvelle richesse des nouveaux entrants) ne correspondent pas aux mêmes populations : un ouvrier dans un atelier mécanique délocalisé ne deviendra pas d’un coup de baguette magique concepteur de réseau GSM de 3ème génération.
En revanche, je reste perplexe sur la culpabilité du TCE dans tout ça : déjà, TCE ou pas, il me semble que les frontières avec les nouveaux entrants seront ouvertes de toutes façons. De plus, la délocalisation, ça n’est pas seulement à l’intérieur de l’Europe mais aussi en Chine, en Inde, au Brésil etc. (où le TCE est bien entendu sans effet). Enfin, il me semble que l’amortissement des effets néfastes des délocalisations (ie, former l’ouvrier mécano à devenir installateur d’antennes GSM poru reprendre mon exemple) est du ressort des politiques et pas d’un texte à portée constitutionelle.
Donc à mon sens, puisque les délocalisations font maintenant partie de la marche du monde, il me semblerait plutôt préférable d’avoir un grand marché intérieur ouvert afin d’avoir toutes les cartes en main pour en aténuer les effets. Aux hommes politiques et acteurs de terrain de travailler pour que tout se passe au mieux.
DS : la prochaine fois qu’il y aura une election ou un referendum gardez votre choix de vote pour vous même ou pour votre cercle privé,
vous avez peut-être eu raison de lancer un débat ici sur la constitution ; les pour, les contre, mais j’aurais aimé que vous gardiez secret votre choix final, que vous nous disiez ceci :
"Ok je vous remercie tous chaleureusement de votre participation, vous m’avez aidé à y voir plus clair, vous m’avez rendu un fier service avec ce formidable travail d’argumentation, de recherches, grâce à vous j’ai rencontré des gens formidables comme M. Chouard et Versac, mais je ne vous dirais pas mon vote, secret de l’isoloir et puis je ne veux pas vous decevoir ou influencer qui que ce soit ou bien pire servir indirectement de porte drapeau ou d’épouvantail pour tel camp blabla..."
Judith aurait du aussi garder secret son vote final ( cela lui aurait évité bien des désagrements ), si elle avait des doutes elle pouvait toujours demander de l’aide aux forumeurs d’ASI ou les lecteurs de ce blog mais en évitant de dévoiler son vote final par respect envers ceux qui l’ont aidé
Moi je ne suis pas d’accord avec Antiblog. Je pense que le fait que nos trois blogueurs aient dit quelles étaient leurs intentions de vote (ou de non vote) est tout à fait dans la nature de l’évolution de la démocratie suite à l’introduction d’internet.
Cela est même à mon avis nécessaire, pour des raisons d’équilibre démocratique.
Je m’explique : Nul ne peut contester je crois que, par rapport au type de campagne que nous connaissions habituellement, en particulier celle de Maastricht, cette campagne s’est illustrée par l’irruption d’internet. Je crois qu’il n’est pas malhonnête de dire que, par sa structure même, internet est propice à la diffusion des opinions les plus tranchées, ou les plus revendicatives.
Ainsi, si la campagne "officielle", disons dans les médias classiques, a été assez clairement dominée par le "oui", le web a, lui, été dominé par le "non".
C’est bien, car cela permet à tout un chacun d’exprimer ses points de vue, mêmes s’ils sont radicaux. La radicalité n’est pas un défaut en soi.
D’un autre côté, ce qui est moins bien, c’est que cela porte un coup au coeur même de la démocratie représentative, qui consiste à dire que la représentation est un intermédiaire nécessaire entre le peuple sujet et le peuple souverain, fût-ce pour préserver ce même peuple de ses instincts pas toujours bon pour ses propres intérêts. L’exemple de la peine de mort est un classique à cet égard.
S’il n’y avait que ça, je trouverais pour ma part cette évolution globalement négative (je sais que l’on peut m’accuser de dire ça uniquement parce que je suis pour le oui. Peut-être. Mais je ne peux pas changer mon avis juste pour le bénéfice de la démonstration).
Mais ce qui est intéressant, c’est que, justement, il me semble que la société commence à générer des anticorps contre cette dérive.
L’expression des intentions de votes de nos trois blogueurs est précisément un de ces anticorps. Certes, ces trois là se présentent comme de simples citoyens, mais nous savons bien qu’il n’en est rien pour nous, lecteurs lambdas.
Pour nous, même si la grâce d’internet les a rapproché un peu, ils restent Daniel-de-la-télé, David-de-la-télé et Judith-de-la-télé. Et précisément pas de n’importe quelle télé (Ce n’est pas comme Jean-Pierre-de-la-télé par exemple).
Ils conservent un statut de référence, de neutralité bienveillante. Ce statut même que l’on accordait autrefois aux notables politiques, et que, à tort ou à raison, on attribue de moins en moins à ces derniers.
Alors, leurs expression d’intentions de vote, j’ai bien l’impression qu’elles sont finalement la réintroduction dans ce web anarchique d’une forme de représentativité dont notre démocratie a besoin.
Donc, ne leur en tenons pas rigueur. Félicitons les même.
Bravo les 3 !
(je poste ça dans le blog de Daniel-de-la-télé parce que c’est le chef si j’ai bien compris, et puis les autres sont déjà trop encombrés).
le fait de savoir que DS, Judith vont voter "oui" à mon sens n’apporte strictement rien de bénéfique ou de nouveau sur le débat démocratique
cette démarche pour un "people", une personnalité publique d’affirmer son choix n’est valable que si il y a vraiment un cadre et une démarche cohérente, militante, c’est à dire la participation volontaire à un comité de soutien, à une pétition, un investissement de nos 3 blogueurs dans des réunions publiques destinées à promouvoir le "oui" ou le "non",
DS et Judith eux n’ont pas engagé publiquement ces démarches cohérentes, ils se sont contentés d’un outil aux contours flous tel que le blog ( le SOS de DS, la vrai-fausse entrée en campagne de Judith qui maintenant commence à douter )
DS et Judith peuvent sans problèmes avouer leurs votes à leurs proches, leur cercle privé, mais cela a une autre portée lorsqu’on le fait publiquement sur internet, je cherche la finalité, l’utilité, je n’en voit pas à part peut-être un amusement ?
Bien entendu, si les "confessions" de Daniel et Judith sont du pipeau, ou juste faites pour entretenir l’audience du blog comme un feuilleton, vous avez raison, Antiblog.
Dans le cas contraire, j’ai bien peur que vous ne passiez à côté d’un élément totalement nouveau dans la vie démocratique.
Il semble que le simple concept de "militantisme" soit déjà sur le point d’être dépassé.
Comment définiriez vous les contributions de M. Chouard, par exemple ? Est-ce du militantisme ? A part son intervention dans ASI, il ne me semble pas qu’il ait participé à aucune intervention publique ni comité de soutien ni pétition ou autre.
Pourtant, quelle influence !
Les contours des prises d’opinions sont de plus en plus flous. Je le déplore moi aussi, croyez bien, mais il va falloir vivre avec. A tout prendre, les blogs ont au moins l’avantage de permettre une certaine structuration du discours, une "discussion raisonnée", et surtout une identification de celui qui tient le blog. C’est une certaine minimalisation du flou donc et c’est ça que j’aime.
Attention : je ne nie pas du tout le côté narcissique des contributions des 3 blogueurs. Bien sûr, ils aiment se voir écrire, ils aiment savoir qu’on les lit, et ils aiment l’idée d’avoir une influence, même si cette influence est exercée de manière plus ou moins directe. Peut être aussi qu’ils aiment se jouer de nous. Mais, si nous intervenons nous aussi dans ce blog c’est précisément pour les mêmes raisons, inutile de se faire des idées.
Simplement, à mon avis, tout celà n’enlève rien au fait que leurs contributions soit d’un type nouveau et utile.
Je suis d’accord que le fait de savoir ce qu’ils voteront ou pas n’apporte rien au débat. En revanche, ce qui est interessant, c’est de connaître le cheminement de leur pensée, leurs hésitations. Et cela donne au lecteur d’un part, des informations supplémentaires, et d’autre part un regard plus critique sur le débat.
Mais comme le dit Mr Alibert, il est possible également qu’ils se jouent de nous afin de provoquer des réactions. Je n’irai pas plus loin sur ce sujet car je me sens devenir paranoïaque...
Et puis de toute façon c’est leur blog, ils font ce qu’ils veulent... ;-)
Ainsi, si la campagne "officielle", disons dans les médias classiques, a été assez clairement dominée par le "oui", le web a, lui, été dominé par le "non".
Vous oubliez, Burt, que l’information se réduit à la télé pour de nombreuses personnes. Ça ne me paraît pas du tout être un ré-équilibrage.
Pour le reste, je n’ai pas d’opinion sur le fait que nos 3 bloggueurs se soient déclarés. Pourquoi pas après tout ? Ils sont honnêtes dans leur façon de défendre leur choix, et ne procèdent pas par petites insinuations et méthodes détournées, comme on peut voir ailleurs. (je salue notamment le travail fait dans ASI et les chroniques de DS dans Libé)
Et puis, comme ça, on sait sur quel pied danser : il nous reste un peu moins de 20 jours pour les convaincre de voter dans l’autre sens (bon, DA ne compte pas : il ne peut pas voter, hé hé hé ;)