Aie aie aie. Là c’est du lourd. Là, ce n’est plus ce pantin de Chirac, qui n’a jamais cru à rien, et n’a dans le ventre qu’un appareil à digérer le pouvoir. Là, ce n’est plus le crâne d’oeuf de Giscard, avec sa belle machine à belle synthèses brillantes et manifestement invendables (on le voit bien aujourd’hui). Là, ce n’est plus une classe politico-médiatique qui a des places à conquérir ou à conserver. Là ce ne sont plus des Ockrent, des Bartolone, des Fabius, des Paoli, des Hollande, des Pasqua, des Dupont-Aignan, des Besancenot.
Là, c’est du lourd. Là, c’est Jacques et Simone. Jacques Delors et Simone Veil, ancien président de la Commission et ancienne présidente du Parlement, entrent en scène pour nous convaincre de voter oui. Deux Voix. Deux Consciences. Jacques et Simone. Deux voix qui me parlent. Une stereo qui m’assourdit. Je n’y peux rien. Je suis athée, athée jusqu’au trognon, ce n’est pas la question, mais la stereo judéo-chrétienne m’assourdit. C’est ainsi. Elle m’assourdit comme une symphonie millénaire d’outre-tombe. Elle m’assourdit comme la voix de l’Histoire. L’Histoire que l’on m’a racontée. La mienne. L’Histoire qui m’a bercé. Une histoire de charité et de persécutions, dont je suis le très lointain descendant, et l’héritier. Je vous raconterai un jour. Il y faudra du temps.
Et cette entrée en scène survient le jour où les bulletins de vote sont arrivés à la maison. Oui, ils sont arrivés, avec l’exemplaire bleu du traité. Le bulletin oui, le bulletin non. Je les prends en main, tous les deux. Oui. Non. Tout d’un coup, ça devient réel. L’heure tourne. C’est demain. Faudrait voir à te bousculer, coco.
Et le même jour, donc, entrée en scène des deux Vieilles charrues. Delors. La voix du oui de gauche, la voix qu’on attendait. "Ils vous mentent" nous crie Delors en couverture du Nouvel Obs, en parlant des noniens. Ah. Sur quoi nous mentent-ils donc ? D’abord, sur les services publics. Vous vous souvenez ? C’était ma question.
Delors, lui, détient une réponse claire, enfin, sur les postes des villages et sur les lignes secondaires de la SNCF. Je ne voudrais pas dire, les blogueurs, mais en quelques lignes, Delors m’apporte la réponse que je demandais. Oui, La Poste pourra continuer à maintenir des bureaux dans les villages, et l’Etat à la subventionner pour ça. "Si la subvention est transparente et justifiée, rien ne l’interdit". Après, elle pourra aussi continuer à les fermer comme aujourd’hui, les bureaux, mais celà n’aura rien à voir avec la constitution. Donc, la constitution n’est pas géniale, mais elle ne ferme aucune porte.
Et Delors, je le crois. Ce vieux misanthrope maugréant, il n’a rien à me vendre. A la différence de Jospin, il n’est pas taraudé par le prurit inconscient de l’éternel retour. Quand il parle, c’est lui qui parle, et pas un autre en lui. Donc je le crois. Voilà. Fin de mes angoisses sur les services publics à la française.
Ensuite, arrive Simone. C’est le Premier Mai, le début de son congé sabbatique : Simone entre dans la bataille.
Elle s’est mise en congé du Conseil Constitutionnel.
On le lui reproche. Certes, ç’aurait été mieux si elle en avait démissionné, du Conseil constitutionnel. Ca aurait eu davantage de panache. Mais qui je suis, moi, pour exiger du panache de Simone Veil ? Et qu’elle aille ainsi au devant des critiques et des ennuis en ne démissionnant pas du Conseil, il est possible que ça fragilise le Conseil constitutionnel, mais ça crédibilise plutôt ce qu’elle vient nous dire. Donc on l’écoute. Avec ses colères. Avec ses bafouillements. On l’écoute parce qu’on l’écoute. Ceux qui sont revenus de là-bas, on écoute chacun de leurs mots comme autant de trésors. C’est la seule raison ? Oui. Tu la fermes, et tu écoutes. Après, tu pourras penser ce que tu veux. Tu auras le droit de ne pas être d’accord. Ce n’est pas parce que c’est Simone, que tu dois la considérer comme le gourou d’une secte. Mais au moins quand elle parle, tu la fermes. Tu la fermes, parce qu’elle porte l’histoire en elle.
Mais c’est là que les choses se gâtent.
Que vient-elle nous dire ? Elle aussi, comme Jacques, nous crie : "ils vous mentent". Ce ne sont pas les mêmes mensonges. Par exemple, au micro d’Elkabbach, elle engueule ceux qui répandent des mensonges sur l’avortement. Mais c’est de la blague, cette accusation de remise en question du droit à l’avortement, que colportent les ouistes sur les noniens, pour bien convaincre de leur vilénie. Ce serait évidemment un mensonge si les noniens disaient vraiment celà, comme les en accusent les ouistes. Mais aucun nonien ne dit celà. Toute l’affaire repose uniquement sur un borborygme de Mélenchon chez Ruquier, que nous avons rediffusé dans Arrêt sur images de cette semaine. Il faut bien écouter et réécouter, c’est subtil. En fait, Christine Bravo demande à Mélenchon : "Et le droit des femmes ?" Un temps de silence. Et dans le brouhaha, elle poursuit : "et le droit à l’avortement ?". Et Mélenchon : "il n’y est pas. Mais le droit à la vie y est". Rires. On ne sait pas à quelle question répond Melenchon. S’il veut dire "le droit des femmes n’y est pas", ou "le droit à l’avortement n’y est pas". En tout cas, il n’a pas dit que le TCE remettait en cause le droit à l’avortement. Il a simplement, pour faire un mot, dit qu’il n’y était pas.
Bon. Mélenchon n’aurait pas dû aller chez Ruquier. Aucun homme politique ne devrait aller chez Ruquier. Mais tout de même, ce borborygme noyé dans les rires de chez Ruquier ne justifiait pas à lui seul l’entrée en campagne de Simone Veil.
Evidemment, Simone ne dit pas que celà. Evidemment, comme toujours, elle parle de là-bas. De l’Expérience. Qui parle ? lui demande d’emblée Elkabbach. Et elle : "c’est la jeune fille de la sortie des camps."
Nous y sommes. Le message est clair. Voter non, c’est prendre le risque du retour des camps.
Elle argumente. L’Europe est victime de son succès, dit-elle. C’est l’Europe qui a empêché pendant soixante ans le retour de la barbarie. Dire Non à la Constitution, c’est dire Non à l’Europe. Et c’est prendre le risque, même lointain, même aléatoire, d’un retour des camps.
Voilà. Simone a pris son congé sabbatique et maintenant, si je veux voter non, il va falloir que je vote contre Simone. Je peux le faire. J’ai le droit. Il n’y a pas d’obligation légale d’écouter les vieilles charrues. Simplement, il va falloir que je trouve les mots pour le lui dire. Moi, petit journaliste, 47 ans, qui ai toujours vécu dans le confort douillet de la paix continentale. Moi qui n’ai jamais dû faire la queue pour un quart de beurre. Moi qui n’ai jamais dû me cacher dans le double fond des armoires quand on cognait à la porte à six heures du matin. Moi qui n’ai jamais dû abandonner la maison pour le froid des nuits du maquis. Moi. Eh bien moi, j’ai raison contre vous, Simone Veil. Je sais mieux que vous. Asseyez-vous, Simone, et je vais vous expliquer pourquoi.
Je m’entraine. Je veux bien essayer de m’entrainer.
Je veux même bien essayer de répéter avec la bande de Judith, dans l’Est parisien (mais sans les bruitages qui attirent les lascars ce ne sera pas nécessaire). Alors voilà, tu te poses là, au centre de la scène. Simone est là, sur sa chaise. Pose ta voix. Je vais vous expliquer, Simone. Ca n’a rien à voir. Rien à voir. Les camps ne reviendront pas, Simone, vous pouvez dormir tranquille. Non, reprends. Plus calme, la voix. Plus assuré. Mais pourquoi tu trembles ? Arrête donc de trembler. Je vais vous expliquer, Simone. Les. Camps. Ne.
Bon. il faut me rendre à l’évidence : je ne le sens pas, ce texte que je dois dire à Simone. Je n’y crois pas. Eh bien oui. En fait, je crois parfaitement que les camps, ou autre chose, pourraient revenir. Aujourd’hui. Ou demain. Ici, en Europe. N’importe où.
Et sur la deuxième étape de la démonstration, est-ce que j’y crois davantage ? Allez, dis-le aussi à Simone. Je vote non, Simone, mais ce n’est pas pour casser l’Europe. Je veux une autre Europe. Meilleure, plus juste. Je. Ne. Veux. Pas. Casser. L’Europe. Mais je vote non.
Non plus. Ca ne passe pas non plus. Ces deux textes, que je pourrais dire avec ma tête, le corps refuse de les prononcer. Et je n’ai rien à répondre à Simone Veil.
Bizarre. Pourquoi donc ?
Parce que je n’arrive pas à dire que l’on puisse être favorable à la construction européenne et voter non. Le scénario d’après-non, qui permette d’aller vers une meilleure Europe, rien à faire, je ne le vois pas. Je ne vois ni comment la renégociation pourrait se faire, ni avec qui, ni sur quelles bases, ni qui pourrait la mener en France. Le vote non, c’est un vote qui (au mieux) va ralentir la dynamique européenne. Ne disons pas "souverainiste". Evitons les gros mots. Disons seulement qu’il va casser la dynamique. Et une dynamique, quand on la casse...
Et dans cette impossibilité de trouver les mots pour répondre à Simone, quelque chose m’apparait. Si je n’arrive pas à dire que l’on peut vouloir l’Europe et voter non, si je ne "sens" pas ce texte, c’est donc que je pense que vouloir l’Europe impose de voter oui.
Et tout d’un coup, il me semble que celà éclaire les données de l’impossible choix dans lequel je me débats depuis près de deux mois. Parce que ce choix, comme tous les choix, se ramène à un arbitrage entre des priorités. Voter oui, c’est faire passer la construction européenne avant tout le reste. Avant la répulsion que peut inspirer un texte imparfait, partial, hypocrite, technocratique, timoré, compliqué, tordu, pas lyrique, tympannisé jusqu’à l’envi par les medias. Avant la peur de l’horreur économique. Parce qu’on a décidé que la poursuite de la construction européenne devait passer avant tout le reste.
Voter non, c’est décider de faire passer autre chose avant. Autre chose, mais quoi ? Ca dépend des noniens. Son envie de crier. Son refus de ce système économique inhumain. Son envie de dire merde à Chirac et Raffarin. Et Hollande. Et Sarkozy. Et tous les autres. Son perfectionnisme constitutionnel. Ses convictions économiques. C’est dire par exemple : "la possibilité théorique de décider un jour de changer de système, de sortir du système libéral, d’aller vers un système d’économie dirigée, qui ne soit pas basé sur la concurrence libre et non faussée, passe à mes yeux avant la construction européenne".
Je n’ai pas encore définitivement décidé ce que je voterai. Mais au moins, maintenant, les éléments du choix sont clairs à mes yeux. Je voudrais que les ouistes cessent de me vendre ce texte, ses magnifiques avancées, son élaboration hautement démocratique, etc. Voter oui, c’est voter pour la construction européenne malgré ce texte foutraque, qui ne ressemble à rien, et le vacarme de tous ceux qui le défendent si mal. De l’autre côté, je voudrais que les noniens arrêtent de me chanter la chanson de "l’autre Europe". Je voudrais demander gentiment à Fabius de remballer ses trouvailles de communiquants, son "Europe plus juste, plus solidaire". Voter non, c’est moins d’Europe. Ce n’est pas une autre Europe. Ce n’est pas "mieux d’Europe". C’est moins d’Europe.
Voilà. Ce sera un choix de priorité. Pas de quoi être fier, de céder ainsi à la voix des Vieux, après avoir étudié en vain le texte, alinea par alinea. Mais attendez. Je ne demande pas à être fier, moi. Je m’en fous, d’être fier en allant mettre dans l’urne le bulletin oui ou non. Je demande simplement à décider en connaissance de cause. Et s’il faut remercier les vieilles charrues, de m’avoir éclairé, fût-ce malgré elles, eh bien merci les vieilles charrues.
C’était il y a peu de temps, mais vous vous en souvenez ? C’était avant le référendum. On vous demandait : "Et toi, alors,tu votes quoi ?" Et vous répondiez : "Ben, pour moi, c’est non" (enfin, si vous faites partie de ce groupe composé de moi et de quelques autres pékins). Et on vous répliquait, parfois : "Quoi ? Toi (on ajoutait parfois : ’qui te dis de gauche’), tu votes avec de Villiers et Le Pen ?". Soupir. Yeux baissés. Envie d’expliquer, suivi du découragement devant le temps nécessaire. Alors on laissait tomber.
O joie, ô bonheur ironique de l’actualité ! Le référendum a quitté les feux de la rampe, et maintenant on parle de l’adhésion de la Turquie. Et voici qu’à l’exception de Jacques Chirac, toute la droite se dresse contre, comme un seul homme. Toute ? Oui, même les deux, là, tout au bout !
Alors, je vous en prie, chers partisans du bulletin de vote conservateur. Ne gâchez pas mon plaisir. Laissez-moi jubiler, dans un grand éclat de rire hystérico-iconoclaste. Laissez-moi vous clamer, ainsi qu’à toutes vos têtes de file, laissez moi vous le crier bien fort : "VOUS VOTEZ AVEC DE VILLIERS ET LE PEN !!!"
Ahhhh. Ca fait du bien.
J’ai l’impression de retrouver dans cette valse hésitation des positions de Daniel quelque chose qui a à voir avec un espéce de sentiment de culpabilité envers tous ces braves gens qui osent dire non. Comme si se retrouver du côté des Raffarin, Chirac et autres Sarkozy n’était pas très confortable même si l’on peut faire référence à Veil et Delors...
Mais le dernier "arrêt sur images", celui du 08 mai m’a fait entrevoir quelque chose :
J’ai été bluffé par l’intervention du journaliste du Figaro qui, contre toute attente, venant de la part d’un journal plutôt à droite, défendait la place du non dans les médias. Certes, il avait raison, le non est sous représenté dans les médias. Mais serait-il à égalité avec le oui, son attaque contre Bernard Getta à propos de sa soumission à l’idéologie dominante n’était pas loyale.
Car le concept d’idéologie dominante est plus complexe qu’il en a l’air, l’idéologie dominante n’est pas forcément celle charriée par les médias et le gouvernement, elle peut être celle d’une classe d’âge, d’un milieu culturel, familial ou professionnel. Plusieurs idéologies dominantes contradictoires peuvent interférer...
D’autre part prendre systématiquement le contre pied de ce que l’on perçoit comme étant l’idéologie dominante c’est encore une façon d’y être soumis...
Bernard Getta n’avait pas besoin de se défendre d’être du côté de l’idéologie au pouvoir, on peut avoir raison contre ses amis avec ses ennemis !
Comme le dit Daniel :"Voter oui, c’est voter pour la construction européenne malgré ce texte foutraque, qui ne ressemble à rien, et le vacarme de tous ceux qui le défendent si mal"
Pour ma part j’accepte d’être du côté du oui avec des gens que je méprise et en désaccord avec certains qui me sont sympathiques ou que je perçois comme étant vraiment intelligents et perspicaces.
Mon père était en camp de concentration à Mauthausen en 1943, et ce passé m’a toujours paru très proche. Peut être que ce qui unit tous les européens c’est la volonté d’échapper au destin tragique qui fut le leur au 20ème siècle et que tout ce qui nous en éloigne ne peut pas vraiment être mauvais.
Que ce soit ’oui’ ou ’non’, il y a 4 ans entre maintenant et les premiers effets du choix !
Car de toute façon, jusqu’en 2009, c’est le traité de Nice qui continue.
Personnellement, je respecte et J. Delors et S. Veil.
L’un, J. Delors, pour son honnêteté intellectuelle, qui tranche avec celle de sa fille (bon ... J’arrête ... Mais ça fait tellement de bien !), et Mme Veil pour le courage politique qu’elle a eu dans les années 70 à défendre le droit des femmes à un moment où cela n’était pas évident.
La présence de ces deux personnalités dans le débat pourrait m’empêcher de réfléchir, comme cela a l’air d’être votre cas, mais il me semble qu’en réalité leur entrée dans le débat correspond déjà, en grande partie, à une mauvaise interprétation concernant le non.
Explication.
Imaginez qu’on vous propose d’aller en vacances faire du camping au bord de l’autoroute et que vous deviez répondre par ’oui’ ou ’non’, sachant que depuis des années la famille a patiemment économisé de l’argent pour ce faire.
Vous aurez d’un côté ceux qui répondront ’oui’, mais qui étaient prêts à répondre ’oui’ quelle que soit la destination choisie, car ils veulent aller en vacances à tout prix et depuis toujours. Pour eux, il est probable que de répondre ’non’ aurait pu représenter le risque d’être assimilé à un refus de partir tout court, voire un manque de respect pour les parents qui se sont sacrifiés pour rendre le voyage possible.
De l’autre, vous aurez plein de ’non’ possibles : ceux qui veulent rester devant la TV à la maison (rares !), ceux qui veulent utiliser l’argent pour autre chose car ils ne supportent ni la voiture ni la conduite du chauffeur, et enfin ceux qui, tout simplement, ne se réjouissent pas à l’idée de camper près de l’autoroute ( ce qui peut se comprendre !).
Est-ce à dire que le ’non’ signifie forcément refuser l’idée d’aller en vacances ? Bien sûr que non !
Est-ce qu’il est normal qu’il puisse y avoir plusieurs motifs pour refuser de partir ? Bien sûr que oui !
N’y avait-il qu’une seule destination possible, parce que c’était le meilleur compromis à un moment donné (verdure au bord de la route + facilité d’accès, voyez comme c’est beau !) ? Et non !
Est-ce que l’idée de partir en vacances ailleurs sera devenu impossible si le ’non’ gagne ? Peut-être, mais seulement si le chauffeur est particulièrement susceptible ! Ce qui signifie que de partir avec lui en vacances n’aurait de toute façon pas été un cadeau !
Pour en revenir à Veil et Delors, c’est un peu comme ressortir les GO du club med pour qu’ils expliquent qu’aller en vacances c’est super ! Or, c’est ne pas vouloir comprendre une grande partie des raisons du refus que de penser que le problème était à ce niveau.
Le vrai problème, en tout cas pour moi, ce n’est rien d’autre que la destination choisie. Je ne suis pas anti-européen, ne suis pas d’accord avec les propos de Le Pen, et ne prône pas le replis de la France sur elle-même !
PS : depuis votre émission du 9/5 le constat est clair : le matraquage médiatique continue. Même de plus bel. N’y a t-il plus de garde-fou dans ce pays ? Est-ce cela le monde idéal aux mains de notre ’élite’ ? Une vision unilatérale des choses, revendiquée et martelée sans cesse car incarnant la seule vérité vraie valablement visionnaire (la S4V pour les intimes !) ?!?
Misère ...
Bonjour à tous
Etienne a mis sur son site la réponse de Jean-Jacques CHAVIGNÉ au professeur de science politique et droit constitutionnel M. Bastien FRANÇOIS ( fervent partisan du OUI )
C’est ici, et ça vaut le détour ...
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
Bonjour M. Schneidermann,
Permettez moi de réagir à quelques uns de vos arguments, quoiqu’ils soient pour beaucoup plus d’ordre sentimental que rationnels (cela ne me gène aucunement, au contraire : en tant que scientifique ayant un peu étudié l’histoire des sciences, je suis tout à fait d’accord pour soutenir que ce genre d’arguments a complètement sa place, aucune grande avancée même scientifique n’étant dénuée de sentiments). Si je peux avoir l’air sentencieux par moments, n’y faites pas attention, c’est un tic de langage dont je ne peux me défaire, mais ne voyez pas de vanité dans mes propos, ce ne sont que des réflexions personnelles.
Premièrement : tous les "oui" ne le sont pas pour la même raison. Ne croyez pas que tous ceux qui voteront "oui" le feront parce qu’ils sont pro-européens ou pour la paix des peuples. La plupart d’entre eux se fout de la "construction européenne", soyons bien clairs. Cet argument de la division du "non" vaut autant pour celle du "oui".
Deuxièmement : Jacques Delors, vous le croyez inconditionnellement. Vous êtes journaliste, vous n’avez pas le droit de fonder une position simplement sur le croire, heureusement pour vous que les blogs sont hors du cadre journalistique. Cependant, je suis moi-même un piètre et malheureux étudiant en journalisme scientifique, et ma première leçon factuelle, c’est celle de ne croire personne, jamais, sans une variété de sources, et si jamais je fais vraiment confiance de ne pas forger une opinion publique simplement là dessus. Or le texte est là : les services postaux et ferroviaires font partie des SIEG, et sont donc libéralisables "au delà" des dispositions votées par les États membres dans la Constitution. Par ailleurs Jacques Delors n’est pas le seul citoyen désintéressé (l’est-il ? qu’importe ? c’est son discours, pas sa position que l’on doit étudier), et parmis eux beaucoup d’autres sont pour le non, et se trouvent insultés par les mots de Jacques Delors, dont la parole n’est pas évangile.
Troisièmement : la paix en Europe a-t-elle besoin de la Constitution ? Croyez-vous vraiment que parce que nous voterons non, nous retournerons à la barbarie sanguinaire ? Croyez-vous que parce que nous voterons oui, nous éviterons des guerres extérieures à l’Europe ? Le traité impose l’augmentation du budget de la défense de chacun des États, ou bien non ? Pourquoi ? Parce qu’une bonne guerre est excellente pour l’économie de marché, cela permet de faire du keynésianisme sans en avoir trop l’air, ne dites pas que vous ne le savez pas. Cette politique militaire a d’ailleurs montré son inanité : les États-Unis d’Amérique ont de loin le premier budget mondial militaire, et perdent guerre sur guerre, sans compter que la polymorphisation des menaces terroristes rend les moyens de défense traditionnels caducs - sur le plan politique c’est une catastrophe, mais sur le plan économique, c’est juteux. Soyons clairs, c’est la paix qui a fait l’Europe, pas l’inverse. Votre humilité face à Simone Veil est louable, mais elle ne justifie en rien une position de soumission à sa pensée. Tout être humain, quelles qu’aient été ses expériences, est faillible, d’autant plus que lorsqu’on a un marteau dans la tête, on voit tout sous la forme de clous. Ce n’est pas un reproche, c’est naturel, c’est du bon gros bon sens, de la logique nécessaire. Mais cela n’est qu’un point de vue, et devant des boulons à visser, le marteau est souvent inutile. Je ne comprends pas ce qui fonde l’opinion selon laquelle cette Constitution nous protège du retour des camps. Si c’est parce que Mme Veil l’a dit, cela ne me suffit pas.
Dernièrement : la "construction de l’Europe" est un nom, ne faite pas l’erreur sémantique courante de confondre le nom qu’on lui donne (qu’elle se donne) et sa nature réelle. Regardez les faits : une succession de traités d’accords commerciaux, une déresponsabilisation des institutions monétaires et judiciaires, et avec cette Constitution une confusion des pouvoirs où l’éxécutif nomme les commisaires, vote les lois, les fait appliquer et nomme les juges qui les feront respecter. On peut appeler cela une construction, moi j’appelle ça une déconstruction systématique de la démocratie.
Comme vous concluez, c’est une question de priorités. Que penser de Bachelard quand il dit qu’il faut avant tout détruire l’opinion avant d’accéder à la connaissance ?
Quoiqu’il en soit, je vous souhaite de très agréables méditations, et une très belle journée.
Guillaume Andrieu, étudiant.
1° Il ne suffit pas d’affirmer que "La plupart d’entre eux [les partisans du OUI] se fout[ent] de la "construction européenne", soyons bien clairs." pour que ça soit vrai (ni clair d’ailleurs).
2° Il ne suffit pas de prétendre qu’il faut une variété de sources (la première source devrait être le texte) pour fonder une opinion, encore faut-il citer les siennes et ne pas se contenter de rabâcher les mêmes approximations sur les SIEG.
3° Ce n’est pas l’Europe qui a fait la paix mais la paix qui a fait l’Europe, la formule est belle... mais fausse ! La paix l’Europe l’avait connue après une guerre meurtrière en 1918, mais le traité de Versailles semait les germes de nouveaux conflits. Ce qu’Aristide Briand n’a pu faire entre les deux guerres, quelques pionniers - Monnet, Schumann - l’ont mené à bien après 1945 : la réconciliation Franco-Allemande qui est le fondement de notre paix européenne.
4° L’Europe n’est pas un nom mais une lente et souvent difficile construction d’une Union d’Etats souverains : union dans la mesure où tous ces états ont accepté de lui donner des compétences, mais ces états ne se fondent pas dans une fédération. Contrairement à ce que vous affirmez le Parlement Européen va gagner en pouvoirs avec le TCE : il l’a en quelque sorte anticipé en retoquant un commissaire italien, alors que, en principe il ne pouvait donner qu’un avis, mais avec le TCE la commission est soumise à son approbation et un vote de défiance - une fois nommée - peut la faire chuter. Le Parlement vote les lois et lois-cadres qui doivent aussi être approuvées par le Conseil, représentant les états souverains. Faut-il rappeler au passage que les représentants des états dans ce conseil sont les chefs d’état ou de gouvernement démocratiquement élus et non d’anonymes "puissants" ? Le "moi j’appelle ça une déconstruction systématique de la démocratie", outre le côté "MOI JE" un peu étonnant pour quelqu’un qui donne des leçons de journalisme, est une contre-vérité.
JF Launay
Bonjour M. Launay.
Merci beaucoup pour votre réfutation.
Premièrement : certes, et il ne suffit pas de le réfuter pour que ce soit faux. Je vais reformuler : si tout le monde s’accorde à dire qu’il faut une "construction européenne", personne ne met derrière ces termes la même signification, ni les mêmes enjeux. Encore une fois ne confondons pas le nom et la chose qu’il désigne - nombreux sont ceux qui veulent une construction politique, qui auraient souhaité une constitution dépouillée de la compilation des traités antérieurs pour permettre de remettre à plat la construction du droit communautaire - qui n’a jamais été soumis aux peuples. Nombreux sont ceux qui veulent une construction économique dans lequel le politique jouerait un rôle d’arbitrage, d’autres une construction sociale qui sera permise par les bénéfices d’une économie de marché. Ceux qui veulent celle-ci refusent celle-là. J’admets que mes propos tardifs aient été exagérés, cependant il n’y a pas plus de consensus sur la manière de construire l’Europe au sein des partisans du oui que chez ceux du non.
Votre zèle à me corriger, dont je vous remercie, est cependant injustifié dans votre modification grammaticale de ma citation : "la plupart" étant un singulier, le français admet d’accorder le verbe au singulier tout autant qu’au pluriel.
Deuxièmement : sur ce point, je pense que vous pourriez être un peu plus courtois en argumentant vous même, me sortant ainsi de ces approximations qui me sclérosent l’esprit. Qu’importe, je vous renvoie pour ma part aux articles 122, 166 et 167. Le 166 particulièrement est intéressant puisqu’il dit clairement que les SIEG sont soumis aux lois de la concurrence, dans la mesure où cela ne fait pas échec à leur mission. Cela ne semble pas faire échec à la mission de la SNCF ni à la Poste de fermer des bureaux en zone rurale, puisque c’est ce qui se fait et que la Commission chargée de faire appliquer l’article 166 ne dit rien. Par ailleurs je refuse qu’on oblige la France à ouvrir ces domaines à la concurrence "libre et non faussée" dans une Constitution. Faites-le dans des lois si les peuples le décident démocratiquement (selon les modalités qui leur plaisent), pas dans une Constitution : cela n’a rien à y faire.
Troisièmement : vous oubliez que le sortir de la guerre en Europe n’avait rien d’une affaire purement européenne, et que d’autres y avaient des intérêts (et les États Unis d’Amérique nous y ont bien aidé). Qu’importe, admettons. La réconciliation franco-allemande serait-elle remise en cause par un refus de ce texte de Constitution ? Je ne vois pas en quoi. Vous me faites l’impression de ces adorateurs médiévaux d’Aristote qui ne juraient que par ses écrits, même si l’expérience leur montrait le contraire. Schumann et Monnet auraient-ils été pour ce texte de Constitution sous prétexte que la paix serait encore à construire ? La paix a été instaurée, on a réussi à bâtir l’UE, pas à pas, grâce à elle. Cette réconciliation ni cette paix ne sont remises en cause, par personne dans le camp du "non" (exceptés peut-être quelques allumés peu recommandables dont je ne me sens pas proche). Cet argument du souvenir des camps est un argument-épouvantail, rien de plus, qui était valable au sortir de la guerre, qui ne l’est désormais plus. Les horreurs, les atrocités existent partout ailleurs. La France et d’autres pays européens ne s’enrichissent-ils pas de la vente d’armes ? Quelle paix voulez-vous ? Seulement celle qui ne bouscule pas trop notre économie ?
Quatrièmement : la démocratie, c’est aussi et surtout de la part des dirigeants de respecter les mandats pour lesquels ils sont élus. Le peuple leur prête des pouvoirs temporairement. Dans les institutions européennes, les pouvoirs vont être mélangés : vous n’avez pas encore réfuté ces arguments, je vous prie de me rassurer à ce sujet. Les commissaires sont révoquables par le Parlement ? Et alors ? Ce n’est pas le Parlement qui écrit les lois, ce n’est pas une assemblée de représentants directs du peuple qui écrit les lois. Les représentants directs du peuple ne peuvent que dire "oui" ou "non". Ce sont des membres de l’éxécutif au niveau des États qui nomment ceux qui sont chargés d’écrire les lois, puis les covalident, avant de les faire appliquer dans leurs États respectifs, j’ai déjà décrit tout cela. Que le Parlement gagne en pouvoir par rapport à ce qu’il avait avant ne me suffit pas : je souhaite une construction démocratique, pas une construction "plus démocratique" que ce qu’elle était avant, où elle ne l’était pas. En ma qualité de citoyen, détenteur d’une parcelle du pouvoir du peuple, je refuse d’accepter que des institutions soient aussi mal agencées pour servir les intérêts du peuple, je refuse que par un chantage du "c’est mieux qu’avant" on m’arrache un acquiescement à la dépossession de mon pouvoir.
Le "moi j’appelle ça une déconstruction systématique de la démocratie", outre le côté "MOI JE" un peu étonnant pour quelqu’un qui donne des leçons de journalisme, est une contre-vérité.
C’est une réaction personnelle qui est hors du cadre journalistique, je vous remercie de m’accorder autant que j’accorde à M. Schneidermann dans son texte - par ailleurs je ne donne aucune leçon je fais état de celles que j’ai reçues. Vous avez droit comme quiconque de la contester. Par ailleurs vous pêchez par là où vous m’accusez : vous réfutez sans argumenter. J’ai donné mes raisons à une déconstruction démocratique apparente, notamment celle de la confusion des pouvoirs.
Pour terminer, rien ne me ferait plaisir autant qu’une vraie constitution européenne. Présentez-moi un texte lisible, reconnaissant la responsabilité des institutions européennes et la séparation des pouvoirs, dépouillé d’un cadre immense de l’ordre de la législation plus que de la constitution, et j’accepterai le texte. En l’état, il est pour moi irrecevable, du simple fait que la plupart des européens concernés n’aura (ou n’auront, comme vous voudrez) même pas eu l’occasion de le lire de manière à le comprendre - et j’avoue que moi même je n’ai pas pu tout lire ni comprendre malgré des efforts largement supérieurs à la moyenne. Raison de plus pour voter contre.
Très bonne journée à vous,
Guillaume Andrieu,
étudiant.
L’argument, celui qui affirme que le TCE serait une protection supplémentaire contre de futurs conflits, par le fait même d’intriquer plus étroitement les économies nationales, les rendant plus dépendantes les unes des autres, mérite en effet quelques réflexions.
Merci de ne pas prendre la suite de ce texte comme une reprise d’arguments lepénistes contre le traité. Il s’agit seulement d’une interrogation, légitime me semble-t-il, sur ce que peuvent être les conséquences néfastes de la construction européenne. Un scénario apocalyptique en quelque sorte.
Parmi les nombreuses causes possibles de guerre (environnement extérieur, structure interne, ...), il ne faut pas, d’après moi, négliger les réactions suscitées par un sentiment (réel ou pas) de perte d’identité culturelle.
Même si l’on croit à la construction européenne, les attentes sont énormes. Il est probable que, par un retour de bâton que certains ouistes auront eux-mêmes préparé avec certains arguments un peu trop optimistes, l’Union ne soit rendue responsable de certains revers politiques (que ce soit justement ou injustement peu importe). La moindre crise ne viendra-t-elle pas alimenter un courant nationaliste, beaucoup plus fortement qu’aujourd’hui ? D’autant plus que certains hommes politiques n’hésiteront sans doute pas, pour ne pas mettre en cause leur propre responsabilité, à rejeter l’échec de leur gouvernement sur les directives de la Commission.
Ne peut-on pas envisager, qu’à plus ou moins long terme (avec ce risque de "déception européenne") n’apparaisse de plus en plus une peur d’être absorbé (que cette sensation soit fondée ou pas) qui se transformerait en sentiment d’agression ? Ce dernier ne risque-t-il pas alors de favoriser, plus encore qu’aujourd’hui, l’émergence de forces de "résistance", qui prendraient, peu ou prou, des formes extrêmistes, avec des visions du monde à tendance xénophobes, voire racistes (avec une idéologie du sang et du sol qui reprendrait une nouvelle vigueur) ?
Ainsi le paradoxe serait celui-ci : en transférant plus de pouvoirs à un niveau supérieur, on transfère également plus de responsabilités et donc un risque plus grand de rejets et d’insatisfactions, et une envie d’autant plus grande de se replier sur soi-même. La sensation de perdre la capacité à prendre son propre destin en main peut à mon avis contribuer à faire émerger de nouvelles formes de conflits. Des sortes de vélléités d’indépendance ( !), cette fois aux niveaux nationaux, même s’il est difficile de dire si, en dernier recours, la lutte prendrait la forme d’une guerre civile (peu adaptée me semble-t-il parce que dépassée par le contexte), ou inventerait de nouveaux moyens d’action.
J’ai l’impression que mon cœur balance vers le non...et que mon cœur ne veut pas écouter ma tête..parce qu’il a l’impression que ma tête se laisse embobiner par les gens "qui savent" et qui essaient de la manipuler... Alors, mon cœur qu’est-ce que tu as à dire d’intéressant ?
D’abord, mon cœur a ses têtes et il a tendance à vouloir être dans le camp des bonnes têtes. Et là, il est clairement dans le camp des mauvaises..pas toutes, gardons-nous de la généralisation, mais quand même, imaginer le sourire satisfait des fachos, des souverainistes, des alter mondialistes à la noix et des extrême-gauchistes à côté de la plaque...ça lui donne la nausée à mon coeur...il va lui falloir prendre un médicament... Il a toujours eu besoin d’un référent fort dans ses choix..et là...d’un coup...il n’y en a pas.. il faut assumer tout seul...même DS tourne sa veste !!... Bon, supposons qu’il surmonte la mauvaise compagnie.. Il doit comprendre pourquoi il n’accroche pas à l’argumentaire des ouiistes, pourtant en provenance de tant de personnalités charismatiques.. il devrait aimer tous ces référents potentiels !!..
En fait, les arguments lui semblent surannés. Simone a peur de la Shoah. Mais la Shoah ne reviendra pas sous cette forme là...et soit on aura droit à une catastrophe similaire mais ailleurs, soit elle prendra une nouvelle forme qui sera compatible avec le nouveau contexte. On voit bien, par exemple, sans comparer ce qui ne l’est pas, qu’en France, les juifs d’aujourd’hui vivent une forme d’ostracisme et qu’il a été écrit qu’on ne peut plus mettre un enfant juif dans n’importe quelle école publique en France sous peine de l’exposer physiquement. Je sais bien que c’est un prémisse dont personne ne peut savoir s’il en restera à ce niveau ou pas...mais le fait est, que la TCE comme la constitution française actuelle n’y peuvent rien.
Quand Jacques (le grand) nous parle de paix...ça ne touche personne...car peu de gens se sentent menacés par la guerre. S’il ressentent une oppression sécuritaire, c’est plutôt le terrorisme qui en est la cause. Et sur ce point, l’Europe n’a rien prouvé. Avec un Schengen poreux, une Londres bienveillante envers les allumés islamistes de tous poils et une frontière à l’est qui apparaît illusoire, aucun ouiiste ne viendra m’expliquer que l’Europe a oeuvré dans le sens de plus de sécurité. Avec l’entrée d’encore plus de pays et notamment influencés par les EU, la prise de décision sur ces sujets semble se complexifier. Bref, à l’est, rien de rassurant !!...
Alors, on nous parle d’économie. Et là, ça sent le foutage de gueule grave !!... L’Europe que l’on constate, n’a pas su anticiper les importations chinoises annoncées 10 ans plus tôt, et essaie de balbutier une riposte dérisoire contre une catastrophe annoncée. Elle émet de grands et beaux principes mais ne semble pas avoir les moyens de les appliquer. On ne peut pas envisager, compte tenu de la diversité existante, qu’elle ne desserve pas plus le libéralisme que le social. C’est une intuition, je sais, mais elle s’appuie sur un constat simple : Quand une chose est faisable, il y a toujours un petit malin pour la faire. Et dans l’Europe qu’on nous prépare, personne n’empêchera la perte des emplois les moins qualifiés dans les pays attrayants au profit des pays en difficultés. Et par exemple, chez Mammouth, pour le poste de caissière à qui on demande de savoir compter, dire bonjour et merci, personne n’empêchera la gentille polonaise de postuler, d’avoir le poste et de se contenter du salaire le plus minime en oubliant ses droits sociaux. Et le jour où elle revendiquera, parce que mieux installée dans ses nouveaux habits occidentaux, et bien, Mammouth en prendra une autre, toute fraîche, en direct ou via uns société écran, un intérimaire quelconque, un malin...avis aux amateurs.. Et pareil pour le nettoyage, les conducteurs routiers, etc.. bref...une pagaille monstrueuse sur les petits métiers, ceux avec lesquels on a déjà tant de mal.... N’oublions pas de remarquer que cela bénéficiera aux grands groupes, qui, non contents de voir arriver de nouveaux marchés potentiels, vont voir également se desserrer l’étau social. On le voit déjà, les entreprises du CAC 40 ont fait des bénéfices record...ce n’est pas un hasard. Résultat d’un lobbysme ou opportunisme malin, la conjoncture mondiale profite aux grandes entreprises qui peuvent profiter pleinement des réglementations et des déréglementations. Je n’en dirais pas de même pour les PME. Maltraitées localement et pas organisées ou pas assez riches pour saisir les opportunités. Bref, on a l‘impression que cette Europe est fortement influencée par ceux qui ont les moyens de l’influencer. Et qu’un effet de taille devient structurant et déterminant dans la relation entre les entreprises et l’état. Bien sûr, il y aura toujours les malins qui iront chercher les aides et les subventions. Mais ceux-là ne m’intéressent pas. Je parle des gens qui bossent et qui croient encore que le travail doit amener la réussite. Face à un mastodonte, cela peut ne plus devenir vrai.
L’Europe des peuples fait peur aussi... On voit bien qu’il n ‘existe pas de ciment européen, d’identité forte. On sent que c’est plutôt un intérêt matérialiste qui attire en Europe tous ceux qui pensent pouvoir en retirer un confort supplémentaire. Et c’est normal. Mais jusqu’où peut on traire la vache ?..surtout quand on nous répète jour après jour, que la vache est en train de se faire bouffer par les dragons venus d’Orient.
Bref, l’Europe fait peur, et on sait pourquoi. L’Europe, pas le TCE...on s’en fiche un peu du TCE. Je crois que le non, c’est un non à cette Europe là...pas à un traité plein de bonnes intentions mais qui semble inadapté à une conjoncture qui a amené les peuples à se poser les vraies questions...un peu tard, soit, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Salut les loulous !!!
Une fois de plus votre émission ce midi m’a fait du bien !!
Sans rire, en moins d’une heure, vous m’avez mis en situation de devoir réviser certains de mes préjugés fondamentaux : Non, tous les journaliste du figaro ne sont pas des êtres obtus à la solde du pouvoir quand celui-ci est à droite. Eric Zeimour en a apporté la juste preuve : on peut écrire dans ce journal " bourgeois, de droite" (vous savez, un peu comme dans la réplique sur le toit de la maison du personnage de Gérard Lanvin dans "mes meilleurs copains" ... comprenne qui pourra) et possèder un esprit particulièrement construit en finesse, à la solde d’aucun pouvoir, suceptible de percer avec beaucoup d’accuité le sens tronqué du mot "idéologie". Non, Bernard Guetta (pour qui, par ailleurs j’ai toujours eu une sincère admiration), ne détient en lui aucune autre vérité que celle qui lui ait propre, celle d’UN être appartenant à UNE génération, UNE histoire, donc UNE conscience individuelle, dont la vision est l’héritière comme pour chacun d’entre nous de peurs, de fractures, d’illusions, mais aussi d’espoirs et d’ambitions.
Ambition, idéologie : le débat entre les deux hommes était particulièrement intéressant (j’ai faillis écrire censé ...).
Du censé au sens il n’y a presque qu’une lettre. Mais, n’est ce pas justement là où le bas blesse ???
Je m’explique : jusqu’à preuve du contraire, ce sont bien les mots qui sont à l’origine de notre construction, tant individuelle que collective. Quand B. Guetta et E. Zeimour s’affrontent, nous les voyons tous deux faire preuve de grande finesse à manier des mots qui font sens chez la plupart des personnes qui regardent votre émission. J’y ai personnellement appris que l’expresion "idéologie" était presque insuportable à assûmer pour l’un tandis que pour l’autre, elle était neutre. Le glissement du "sens" entre les deux êtres y était manifeste. Alarmant ? je ne sais pas. Cependant, cela a fait écho en moi avec un autre dialogue qui a eut lieu il y a quelques jour entre Alain Finkielkraut et Tarik Ramadan. Finkielkraut, visiblement désapointé (en bon philosophe) devant T. Ramadan (brillant orateur), a brièvement pointé du doigt " la chute du langage", comme l’un des points les plus inquiètants de la crise civilisationnelle à laquelle nous sommes confrontés.
Or, si l’on admet bien le rôle précédement établi des mots dans la construction, il semble bien qu’au moins entre Guetta et Zeimour, il y ait eu un "glissement" dans le sens des mots. Notez que de façon très spontannée, Bernard Guetta y vit un problème générationnel, ce qui fit sourire Zeimour.
Observer cette "joute" entre deux esprits construits était plutôt amusant. en y mettant une distance suffisante, elle était même instructive. Elle n’était cependant peut-être pas que cela. En la remettant en mémoire avec l’émission opposant A. Finkielkraut à T. Ramadan, en ajoutant à cette perspective première la dichotomie dans les désirs de chacun qui fait qu’à l’heure à laquelle vous êtes diffusés, d’autres, nombreux, font le choix de regarder Karl Zero sur Canal+, il m’est venu une hypothèse et des questions.
Et si tout cela, si l’ensemble de ces comportements était bien plus lié qu’on ne pouvait le croire ?
Guetta et son clivage relatif face à certaines expressions, Zeimour et sa finesse en contradiction avec le journal dans lequel il écrit, Finkielkraut et ses doutes (fondés) de philosophe impuissant face à l’indéniable talent d’orateur d’être investi, que peut représenter Tarik Ramadan 9 pour ce qu’il a de religieux) aux yeux de certains, baignent les uns et les autres dans un espace clos à l’intérieur duquel les mots, les idées n’en finissent plus de perdre leur sens. Les logorhées contradictoires sont portées par des personnalités qui se succedent chez Karl Zero et d’autres, au nom pourtant évident, il me semble, de leur propre conception du Monde, sans malheureusement que leur propres public, leurs supporters, leurs groupies, aient parfois le recul critique nécessaire que leur permettrait d’avoir une conscience élaborée sur telle ou telle idée.
Supposons que le "oui" l’emporte. Supposons (et rien ne pourrait aujourd’hui nous permettre d’en douter), que la "casse sociale" continue à s’accentuer telle qu’elle s’est engagée dans notre Pays. Supposons (dans les mêmes termes) que s’accentue aussi la "chute du langage", donc, la chute de la construction individuelle et sociale d’une proportion toujours croissante d’individus, de moins en moins capables de pouvoir trouver une inscription solide dans le réel.
Qui, ou quoi, dans ce cas, serait facilement stigmatisable comme la source de tous les maux auxquel le peuple serait soumis ? Qui, de personnages héritiers supposés de Guetta, de Zeimour, de Karl Zero ou ses invités, d’Alain Finkielkraut ou de Tarik Ramadan, tireraient alors le mieux leur épingle du jeu - au nom ubuèsque d’une supposée et rassurante vérité ?
En désespoir de cause, je pense toujours que je vais voter "oui" à la Constitution, tout en continuant à me demander si je ne suis pas en train de nous tirer une balle dans le pied. Dans tous les cas, va falloir être sacrément vigilant, je crois, dans notre exercice citoyen pour les années à venir.
P.S. : Je ne me suis jamais pris pour Jeanne d’Arc : je suis laïc, Athée. Gnostique, sans doute, c’est différent (ca n’a pas du tout le même sens - justement) !!!
Chouard a répondu aux arguments de Veil et Delors, je recopie ici le morceau concerné.
« Guerre militaire ou guerre économique ?
Les vieux de la vieille, nos chouchous, à qui on donnerait le bon dieu sans confession, ceux qui ne peuvent pas mentir (mais qui peuvent se tromper), Jacques Delors et Simone Veil, montent au créneau pour défendre, l’un cette Europe-là quels que soient ses dangereux rouages, et l’autre la paix pour éviter le retour aux camps nazis.
Mais je ne comprends pas pourquoi ces deux personnalités formidables ne donnent aucun poids à l’argument des méfaits prévisibles de l’institutionnalisation de la guerre économique, du recul de l’État providence et donc des solidarités.
La concurrence, c’est la compétition. En en faisant une « valeur », on institutionnalise la guerre économique, chacun pour soi et contre tous...
"La concurrence est un alcali : à dose modérée, c’est un excitant, mais à forte dose, c’est un poison" (A. Detoeuf, vers 1933).
Alors je trouve paradoxal qu’on nous vende le traité qui organise la guerre économique (la concurrence libre et non faussée) entre les États via leur fiscalité et leur droit social, la guerre économique qui monte les peuples les uns contre les autres (exemple de la directive des services avec cette règle du pays d’origine), qu’on nous vende la guerre économique érigée en système au nom de la lutte contre la guerre militaire...
Oui vraiment, c’est paradoxal. »
La concurrence, c’est la compétition, la compétition c’est la guerre économique et la guerre écomique c’est la porte ouverte à la guerre tout court !
Ah, il est fort le Chouard !
Sauf que les guerres, les vraies elles se nourrissent d’abord et avant tout d’idéologique et de religieux (voir tout prêt de nous l’ex-Yougoslavie où la rationalité économique n’était certainement pas le moteur des conflits, ni la rationalité pure et simple d’ailleurs).
Mais vraiment la force argumentaire de ce brave homme laisse pantois !
J. F. Launay
Le fabuleux III-166 !!!! et ses SIEG....
Rappel : Comme nous l’a expliqué M. Breton avec son fameux « petit livre bleu », celui avec les parties I et II à lire absolument. La partie III du traité, c’est pas la peine de la lire vu que c’est tous les autres traités d’avant ( une pile de textes de 70 cm d’épaisseur ) en mieux, vu que simplifiés avec moins de pages et moins épais...
Pour avoir une ’vue’ de ce qui nous attend, càd une juridiciarisation pour un "oui" pour un "non " ...
Il suffit de
> 1 ) prendre la partie III du fumeux traité, lire le texte, rien que le texte ( dites « je le jure » ) :
« Les règles applicables aux entreprises Article III-161
1. Sont incompatibles avec le marché intérieur et interdits tous accords entre entreprises, toutes décisions d’associations d’entreprises et toutes pratiques concertées, qui sont susceptibles d’affecter le commerce entre États membres et qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence au sein du marché intérieur, et notamment ceux qui consistent à : a) fixer de façon directe ou indirecte les prix d’achat ou de vente, ou d’autres conditions de transaction ;.... »
« Article III-166
1. Les États membres, en ce qui concerne les entreprises publiques et les entreprises auxquelles ils accordent des droits spéciaux ou exclusifs, n’édictent ni ne maintiennent aucune mesure contraire à la Constitution, notamment à l’article I-4, paragraphe 2, et aux articles III-161 à III-169.
2. Les entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux dispositions de la Constitution, notamment aux règles de concurrence, dans la mesure où l’application de ces dispositions ne fait pas échec à l’accomplissement en droit ou en fait de la mission particulière qui leur a été impartie. Le développement des échanges ne doit pas être affecté dans une mesure contraire à l’intérêt de l’Union.
3. La Commission veille à l’application du présent article et adopte, en tant que de besoin, les règlements ou décisions européens appropriés. »
« Les aides accordées par les États membres
Article III-167
1. Sauf dérogations prévues par la Constitution, sont incompatibles avec le marché intérieur, dans la mesure où elles affectent les échanges entre États membres, les aides accordées par les États membres ou au moyen de ressources d’État sous quelque forme que ce soit qui faussent ou qui menacent de fausser la concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions. »
> 2 ) prendre un exemple concret : l’électricité
> 3 ) un pays
« neutre » : La Hollande
> 4 ) les traités précédents ( avant ou après 1996 )
> 5 ) secouez le tout
..... ..... et avant même que le fumeux traité soit ratifié, vous
obtenez....un extrait d’attendu de la Cour Européenne de
Justice :
CONCLUSIONS DE L’AVOCAT GÉNÉRAL MME CHRISTINE STIX-HACKL présentées le 28 octobre 2004 (1)
Affaire C-17/03 5. ....la libéralisation des marchés de l’électricité visée par la directive soulève de manière générale des questions de transition, dont certaines sont complexes.... ....Aux Pays-Bas, une entreprise fondée par quatre producteurs d’électricité régionaux - à savoir SEP - régnait sur le marché de l’électricité jusqu’à son ouverture. Cette entreprise était chargée de la gestion de services d’intérêt économique général, parmi lesquels la mission de garantir la sécurité d’approvisionnement. La production nationale étant inférieure aux besoins et un accroissement des capacités nationales de production étant impossible à imposer sur le plan politique, SEP a conclu des contrats pluriannuels de fourniture d’électricité avec des fournisseurs étrangers. La durée de ces contrats s’étendait également à la période postérieure à l’ouverture du marché. Les capacités d’interconnexion étant, aux Pays-Bas - comme dans d’autres États membres -, limitées, le législateur national a, après l’ouverture du marché, assuré à SEP des droits prioritaires en ce qui concernait l’allocation des capacités d’importation. C’est sur cette allocation prioritaire après l’ouverture du marché que porte la procédure au principal. Les nouvelles entreprises de distribution analysent en effet la réglementation nationale en cause comme une distorsion de la concurrence à leur détriment et une violation du principe d’égalité de traitement énoncé dans la directive.... »
Moralités de la Fable :
> Un état, ne peut, par principe, imposer de "barrières"
au marché, dans la mesure où il y a distorsion de concurrence, même pour des
missions de SIEG.
> Une
entreprise si elle estime avoir été lésée peut très bien ester contre les
décisions d’un état auprès de la CEJ, qui est seule souveraine de sa décision
même s’il s’agit de la sûreté énergétique d’un pays !!!!
> Alors toujours pas convaincu ?
Intégrale des attendus sur le site de la CEJ : http://tinyurl.com/56dt9
Je trouve que cette contribution contient une foule affolante de faussetés.
Commençons par le commencement :
1/ contrairement à ce qu’affirme Electricfigher, la Cour n’a rendu à cette date aucun arrêt dans l’affaire qu’il cite. Aucun arrêt. Aucun attendu.
Le texte qui est cité est celui des conclusions de l’avocat général. Elles peuvent être comparées (vaguement j’en conviens) à un réquisitoire de procureur. Elles n’engagent nullement la Cour.
2/ De plus, les passages cités par Electric fighter ne représentent même pas la position de Mme l’avocate générale, mais l’exposé des griefs des plaignants !
3/ ... et encore, même pas en entier. J’invite tout le monde à lire le point 24 de ces conclusions (celui qui concerne les SIEG). Il dit : " 24. Dans ce contexte, le College a soumis à la Cour les questions ci-après pour être tranchées à titre préjudiciel :
I. a) Peut-on invoquer l’article 86, paragraphe 2, CE pour justifier qu’une entreprise anciennement chargée de la gestion d’un service d’intérêt économique général et qui avait pris certains engagements à ce titre, se voie encore conférer après l’achèvement de cette mission particulière qui lui était confiée un droit particulier pour lui permettre de s’acquitter de ces engagements ? "
Il ne s’agit donc pas de savoir si une entreprise a le droit d’avoir des capacités réservées lorsqu’elle est chargée d’un SIEG (ça, personne ne le conteste), mais de savoir si, dans le cas où elle se verrait relevée de ce SIEG, qui serait attribué à quelqu’un d’autre, elle pourrait conserver ces avantages.
C’est un peu différent, non ?
Eh bien
4/ En plus, Mme l’Avocate Générale estime que, dans ce cas particulier, oui, l’entreprise peut garder ses avantages. Bien sûr, comme je le disais ci-dessus, celà n’engage pas la Cour.
5/
Pour finir, personne n’a "esté" dans le cas d’espèce devant la CJCE. Le litige était présenté devant une Cour hollandaise, seule juge du fonds. La CJCE n’intervient que parce que la Cour hollandaise lui a demandé son avis, comme c’est son droit (on appelle ça une procédure de "question préjudicielle").
Holla le Burt et le Jean-François ! on se calme .....
Je trouve que cette contribution contient une foule affolante de faussetés.
Outre que du propre aveu de l’auteur
“Outre” le fait qu’un peu de courtoisie n’a jamais fait de
mal à personne, “parler” de quelqu’un à la 3ème personne, en sa présence,
on va où là ?
>
« aveu »
>
« fausseté »
Je crois entendre les « ouistes » qui coupent systématiquement la chique à MJ Buffet dès qu’elle ouvre la bouche, ou l’éditorialiste de France Inter à ASI dimanche 08 mai.
Je passe au tribunal ou quoi ?
1) je n’ai pas la prétention (moi) d’avoir la science infuse et la parole d’évangile
2) que je sache, « le juge est seul souverain » - donc les « péroraisons d’auxiliaires de justice » le juge les interprète « selon son intime conviction »
3) je constate « amusé » qu’une fois de plus, comme les « ouistes » dès qu’on cite le texte du traité, ça part dans les « accusations de l’arbre qui cache la forêt » - on polarise sur le détail, pendant ce temps-là, le fond on laisse couler !
4) je ne suis pas juriste, mais le domaine « électrique » je suis assez branché
5) les dérégulations « à cause » des directives gauches et droites, et tutti quanti, je maitrise, à peu-près, itou !
6) mon propos est une « illustration » de ce qui nous pend au nez, pas « le jugement dernier » et pour cause, parceque le "jugement in fine" de c’t’affaire, il est introuvable sur le site de la CEJ because :
" Avertissement : La version électronique des textes de la Cour est disponible gracieusement sur Internet à des fins d’information du public. Cette version est susceptible de modification. La version définitive de ces textes est publiée dans le "Recueil de la jurisprudence de la Cour et du Tribunal de première instance" qui seule fait foi et prime en cas de divergence avec la version électronique. "
Mille (euros d’)excuses, j’ai pas les moyens ( je suis un citoyen ( à petits ) moyen(s) ) de me procurer la "chose" - effectivement, mea-culpa, j’ai pas mis les 25 pages sur le "blog à Daniel" mais une partie des conclusions de l’avocate, pour le reste voir le lien précédent ou en pied de ce message .
7) Daniel Schneiderman avait posé une question sur les SIEG, à laquelle j’apporte « une » réponse
8) Merci pour la démonstration « éclairante » le public appréciera, on parle de service public, pardon de SIEG, avec les catastrophes à venir, la juridiciarisation patente, et vous en faites la démonstration « éblouissante » digne du « tribunal des flagrants délires »
Nonobstant, revenons au fumeux maltraité, avec la réponse du berger à la bergère, ou dans la série, "t’avances, t’es tué, tu r’cules, t’es mort" . Le texte, rien que le texte, etc... :
Article I-29
3. La Cour de justice de l’Union européenne statue conformément à la partie III : b) à titre préjudiciel, à la demande des juridictions nationales, sur l’interprétation du droit de l’Union .... c) dans les autres cas prévus par la Constitution.
Article III-163
Ces règlements ont pour but notamment :
d) de définir le rôle respectif de la Commission et de la Cour de justice de l’Union européenne dans l’application des dispositions visées au présent alinéa ;
e) de définir les rapports entre les législations des États membres, d’une part, et la présente sous-section ainsi que les règlements européens adoptés en application du présent article, d’autre part.
Article III-164 Jusqu’à l’entrée en vigueur des règlements européens adoptés en application de l’article III-163, les autorités des États membres statuent sur l’admissibilité d’ententes et sur l’exploitation abusive d’une position dominante sur le marché intérieur, en conformité avec leur droit national et l’article III-161, notamment son paragraphe 3, et l’article III-162.
Voir l’article III-165, pas triste non-plus !!!
Article III-362 1. Si la Cour de justice de l’Union européenne reconnaît qu’un État membre a manqué à l’une des obligations qui lui incombent en vertu de la Constitution, cet État est tenu de prendre les mesures que comporte l’exécution de l’arrêt de la Cour.
Article III-369 La Cour de justice de l’Union européenne est compétente pour statuer, à titre préjudiciel sur : a) l’interprétation de la Constitution ;
TITRE III PROCÉDURE DEVANT LA COUR DE JUSTICE Article 35 Les délibérations de la Cour de justice sont et restent secrètes.
Article 43 En cas de difficulté sur le sens et la portée d’un arrêt, la Cour de justice l’interprète, à la demande d’une partie ou d’une institution de l’Union justifiant d’un intérêt à cette fin.
Explications Article 52 (1) Portée et interprétation des droits et des principes
Cour de justice : « ... selon une jurisprudence bien établie, des restrictions peuvent être apportées à l’exercice des droits fondamentaux, notamment dans le cadre d’une organisation commune de marché, à condition que ces restrictions répondent effectivement à des objectifs d’intérêt général poursuivis par la Communauté et ne constituent pas, par rapport au but poursuivi, une intervention démesurée et intolérable, qui porterait atteinte à la substance même de ces droits » (arrêt du 13 avril 2000, aff. C-292/97, point 45).
Dans « mon » texte hollandais disponible sur le "oueb" - je constate, avec plaisir, cher Burt, que vous l’avez consulté et en tirez ce qui vous intéresse, laissant de côté, le reste ( pas inintéressant, mais qui ne vous intéresse pas :-) : « 61. ....le traitement privilégié de SEP ... pourrait en effet être justifié .... du fait qu’il sert l’exécution des contrats pluriannuels de fourniture d’électricité en cause, lesquels ont été conclus afin de pouvoir assumer des obligations d’intérêt général. Dès lors, une telle justification suppose toutefois que le droit communautaire ne fait pas obstacle au maintien des contrats pluriannuels en cause après l’entrée en vigueur de la directive 96/92 et que le traitement privilégié n’excède pas la mesure de ce qui est nécessaire (pour atteindre l’objectif qu’il poursuit).... »
Le « machin » n’est pas encore « adopté » mais on s’y prépare dare-dare à la CEJ. Tant que c’est pas passé, chaque pays fait avec ( en l’occurrence « sans » ) mais surtout « comme-si » - la preuve une SA "traîne" bien " quelque part" un pays en justice ....
Conclusion : demain ( en fait déjà aujourd’hui, et encore plus demain ) - Les contrats à long terme ( pour l’électricité-gaz) c’est fini, bienvenu dans le monde merveilleux des marchés ! ( libres et non faussés ) - vous pourrez spéculer en bourse votre m3 et votre kwh - prévoyez, à tout hasard, un groupe électrogène ( éolien, parce que le pétrole ... ) Bon allez, sans rancune ( de ma part ) ....
Outre que du propre aveu de l’auteur de ce long texte les articles qu’il cite s’appliquent déjà, il aurait dû ne pas se contenter de survoler le texte qu’il feint de citer, puisqu’au terme d’un long argumentaire la conclusion est exactement l’inverse de ce qu’il essaie de faire croire.
"72. L’article 86, paragraphe 2, CE énonce une dérogation aux dispositions du traité plus particulièrement en faveur des entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général. Ce texte permet aux États membres de conférer à ces entreprises des droits exclusifs contraires au traité (32) . Dans ses arrêts sur les monopoles d’importation et exportation d’électricité et de gaz (33) , la Cour a explicité que l’article 86, paragraphe 2, CE peut aussi être invoqué pour justifier des infractions à des dispositions du traité qui s’adressent aux États membres - dans lesdites affaires, l’article 31 CE (34) . 73. La condition en est cependant que ces dérogations aux dispositions du traité soient nécessaires à l’accomplissement de la mission particulière d’intérêt économique général confiée à l’entreprise."
Il est donc bien dit que la mission d’intérêt économique général (en l’occurence la fourniture d’électricité à tous) donne droit à dérogations et tout le jugement porte sur la seule question : est-ce que les contrats pluri annuels d’importation d’électricité sont liés ou pas à cette mission ? Donc loin d’être nié, le SIEG est reconnu.
"88. Concernant la proportionnalité de l’allocation prioritaire de capacités d’importation, il nous semble enfin d’importance que l’allocation prioritaire de capacités de transport sur le réseau de transport prévue est limitée dans le temps - et échelonnée - en fonction de la durée des contrats pluriannuels à exécuter -, ce qui permet de conclure que la réglementation en cause est proportionnelle aux objectifs poursuivis - à savoir de garantir l’exécution de contrats qui ont eux-mêmes été conclus en vue d’exécuter des obligations de service public. 90. C’est en tout état de cause le juge national qui doit procéder à l’appréciation finale de la proportionnalité des mesures nationales en cause, prenant en considération toutes les circonstances du cas concret."
Il n’y a donc pas eu condamnation de la SEP.
Les SIEG sont bien reconnus y compris dans la jurisprudence.
J. F. Launay
Un petit extrait de son passage à 100 minutes pour convaincre face à sarkozy devrait vous rafraichir le mémoire : "HENRI EMMANUELLI : J’alerte les femmes de ce pays, il y a dedans, respect du droit à la vie, ça paraît comme ça sympathique, sauf qu’il faut se souvenir que c’est la formule qu’emploient tous les mouvements anti avortement aux Etats-Unis pour justifier leur opposition à l’avortement. C’est au nom du droit... /NICOLAS SARKOZY : Vous n’avez pas le droit de dire...Monsieur Emmanuelli... Un homme comme vous n’a pas le droit d’employer un argument comme ça. /HENRI EMMANUELLI : Comment je n’ai pas le droit ? /NICOLAS SARKOZY Je vous respecte, écoutez, vous n’allez pas faire croire... /HENRI EMMANUELLI : Moi aussi je vous respecte. /NICOLAS SARKOZY : ... qu’il ne faut pas voter la constitution parce que ça remet en cause le droit à l’avortement. /HENRI EMMANUELLI : Je dis qu’il y a certaines phrases... /NICOLAS SARKOZY Il n’y a personne qui peut vous croire."
Voilà, c’est encore plus clair que Mélanchon chez Ruquier, non ?
Bonsoirs à tous
Je cite ce passage extrait d’un article diffusé par Rezo.net-le portail des copains : ( un site excellent )
[« Le bien se diffuse tout seul, il n’a pas besoin de pub. » Le matraquage qu’on nous impose prouve une chose et une seule : la cause est mauvaise.]
Et le matraquage sur tous les forums, blogs, courriers des lecteurs... avec ce jeu perpétuel de la victimisation, ces courriels balancés, comme le pape balance ses bénédictions, urbi et orbi, ce n’est pas du matraquage ?
JF Launay
Une réflexion, gratuite...
Pour "matraquer" sur le web, les blogs, les mails...il faut du temps, de la volonté, du travail individuel non rémunéré, et de la technologie maîtrisée...
Pour "matraquer" à la télé, en publicités ou autres, il suffit d’avoir de l’argent, pour payer les "journalistes", les espaces, les graphistes et les publicitaires.
N’est-ce pas étonnant que le OUI utilise les moyens qui peuvent s’acheter, et que le NON utilise les moyens des bénévoles ???
Un avis intéressant de Jacques Delors sur la constitution. A l’époque il était visiblement plus libre de dire ce qu’il pensait ...
(extraits d’une interview disponible à l’adresse http://www.non-2005.org/index.php ?action=article&id_article=147325)
Thierry Guerrier : Une Constitution, ça a une valeur symbolique aussi forte qu’une monnaie.
Jacques Delors :Ne me parlez pas d’une Constitution à propos de ce traité ! Il faut quand même être franc ! C’est un traité ajouté constitutionnellement... Vous savez ce que c’est qu’une Constitution ? Une Constitution, c’est quelque chose qui fait qu’ensuite la Cour de Justice de cet ensemble constitutionnel a tous les droits. Vous êtes prêt à accepter que la Cour de justice européenne s’occupe de tout, y compris des problèmes demeurés nationaux, et tout cela au nom de la charte des Droits fondamentaux ? Est-ce que vous êtes prêt à accepter cela ? C’est un abus du terme de l’appeler Constitution. D’autant plus qu’une Constitution nationale, on peut la changer à la majorité, mais là, on a une Constitution qui doit être acceptée par les vingt-cinq, et ensuite faire l’objet d’une approbation nationale. Non, on se moque du monde ! Il ne fallait pas appeler ça une Constitution !
TG : Donc vous êtes pour le référendum, mais vous votez non ?
JD : Comment ? Ah, je voterai oui ! Je voterai oui. Je ne veux pas que l’Europe s’arrête. Mais j’ai beaucoup de critiques contre ce texte.
La première, c’est la « clause de révision ». Comment peut-on accepter ça alors que si un jours, dans quinze ans, la Turquie adhère , quatre-vingt millions d’habitants, le système de décision n’irait pas du tout, déséquilibrerait le système .
Deuxièmement, on a ajouté dans ce texte, dit « Constitution », une troisième partie intitulée « les Politiques ». C’est comme si, dans la Constitution française, chaque fois qu’on changeait de gouvernement, on changeait la Constitution pour dire qu’on allait faire telle ou telle politique sociale. Une politique que vous appliquez au jour le jour, ce n’est pas du ressort de la Constitution !
Troisièmement : l’Union économique et monétaire doit être rééquilibrée dans le Traité . C’est un point extrêmement important.
Et quatrièmement, sur la politique sociale : même avec les réserves que j’ai dites, on peut avoir un texte amélioré. Comme par hasard, les deux groupes de travail, là, qui n’ont pas fonctionné à la Convention, c’est celui sur l’Union économique et monétaire et celui sur le social.
Mais sur ces quatre points-là, il faut revenir en arrière. Il faut revoir les textes.
(...)
Le 3 mai 2005, blop - oh ! ces horripilants pseudos - sortait sous le titre "Jacques a dit..." une longue citation de la même eau et l’on sait, qu’avec la même spontanéité improvisée que pour les écrits de ce brave M. Chouard, tout ce que la toile compte de sites plus ou moins branchés sur le débat européen est inondé par ce type de citation !
Alors, à même cause, mêmes effets, je reprends mon message du 3 mai :
"Excellente idée que de citer les doutes et les critiques de Jacques Delors ! Car elle montre toute la différence entre par exemple un Badinter - si peu aimé par DS - ou un Delors et, disons, un Chevénement ou un Emmanuelli.
Du côté de ces derniers, aucune nuance : le TCE c’est l’abomination de l’abomination, un champ de turpitudes ultra-libérales.
Nos "vieilles charrues", elles, savent bien qu’un texte de compromis marque un point d’équilibre à un moment donné. Et, avec Jacques Delors, on peut regretter que ce texte n’aille pas plus loin.
D’un côté donc un discours, sans faille, où tout fait ventre du moment que c’est pour la bonne cause (celle du non, bien sûr).
De l’autre, des hommes politiques qui essaient d’expliquer que, tout bien pesé, le TCE amène un progrès significatif dans la construction de l’Union Européenne sans essayer de nous faire croire qu’il est parfait.
C’est toute la différence !"
J. - F. Launay
Plus d’Europe, moins d’Europe.
C’est quoi, au juste, l’Europe ? Ca se mesure en litre, en kilometre carre, en centaines de pages de reglementation ? En tout cas c’est unidimensionnel : soit on avance, soit on recule. Un cheminement qui nous mene inexorablement, teleologiquement autant que telegeniquement, de la soupe primitive, en passant par l’homo sapiens, jusqu’à ce chef d’oeuvre de l’evolution : l’homo europeensis. Inexorablement... s’il n’y avait pas les Menteurs ! Mais laissons les Menteurs de côté.
Illumination soudaine :on ne peut pas être contre la constitution sans être contre l’Europe ! Ca c’est fort. Etre contre l’Europe... dur dur ! Vous imaginez ca ? Vous causez tranquillement et on vous balance ca : mais alors, vous etes contre l’Europe ? Damned, je suis refait ! Imaginez un peu qu’on vous dise comme ca, de but en blanc : mais alors, vous etes contre la France ? Difficile a imaginer, faudrait remonter, je sais pas moi, au procès de Léon Blum... ou aller trainer ses guêtres du côté de l’école d’été du FN... Mais, ’vous êtes contre l’Europe’, c’est parfaitement dicible. Ni mieux ni pire somme toute que ’Ils vous mentent’...
Europe, ca serait pas devenu un de ces mots à décerveler ? Comme onze septembre, pédophile, que sais-je encore ? Rassurez-moi, c’est quoi l’Europe deja ?
Mais alors il sert à quoi ce blog ? Vous posez une question sur les services publics. Des gens (même pas moi) vous répondent, de manière documentée, et là, paf, vous sortez Delors et le Nouvel Obs du chapeau. « Alors oui Delors on le croit, il est vieux, il peut pas nous mentir ». Mais c’est inoui ! Je ne pensais pas que vous, Daniel, soyez si sensible aux arguments d’autorité. Je ne parle même pas de celui concernant Veil et les camps, qui est lamentable. Delors, il a été président de la comission, il a été un éléphant du PS, que pensez-vous qu’il aille voter ? Vous vous posiez vraiment la question avant qu’il sorte de l’ombre, vous vous demandiez vraiment ce qu’il allait voter ? Et alors, pourquoi ne pas attendre l’avis de Robert Hue ? « Alors lui, il a vraiment plus rien à perdre, il peut pas nous mentir. Ah tiens ? Il est contre ? Ca alors, il doit avoir raison. »
On peut continuer comme ça à l’infini, à écouter tout le monde. L’autre jour, quelqu’un me disait : « il faut voter oui, regardez tous les gens respectables (il me cite une liste de gens ayant exercé le pouvoir) qui appellent à voter oui ». Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’ils pensent mieux que nous ? Que, par leur action publique, ils ont une plus grande légitimité que nous même pour notre délibération ?
Je croyais que, contrairement à tant d’autres, vous étiez ouverts à ces « experts d’en bas », qui décortiquent, qui analysent, et pas si facilement séduit par les sirènes de nos élites, qui partent dans des grandes envolées humanistes parfaitement inappropriées. Je suis déçu.
Les SIG (sans E : c’est-à-dire les services publics non marchands. financés par l’impôt : Santé , Education, Justice, police, défense... ), correspondent bien à nos services publics. Les SIEG, services "économiques" (services publics marchands : énergie, communication, par exemple) sont soumis aux règles de la concurrence - belle découverte, ce n’est pas d’aujourd’hui que des services de messageries privées font concurrence à la poste, la SNCF n’a jamais eu quelque monopole que ce soit dans le transport des passagers ou des marchandises, etc. - sauf lorsqu’ils remplissent une mission que nous appelons de "service public" que l’Europe appelle d’Intérêt général.
Autrement dit, ce n’est pas le TCE qui fera que tel bureau de poste sera fermé ou pas, que telle ligne ou arrêt SNCF non rentable sera fermé(e) mais des décisions françaises, de même que ce n’est pas l’Europe qui décidera de la fermeture ou non d’une école à classe unique... et sur ces sujets il y a aussi, peut-être matière à réflexion (dans notre petite ville, il y a tout un débat sur certains services de l’hôpital public : faut-il raisonner comme dans les années 50 où des hôpitaux de relative proximité étaient indispensables ou se dire qu’une certaine rationalisation ne nuirait pas à l’efficacité des soins ? mais là le débat n’a rien d’européen et TCE ou pas continuera de se poser).
L’Education à ce sujet offre chez nous un autre type de réflexion sur la notion de service public puisque le privé sous contrat est reconnu comme exerçant une "mission de service public", bien qu’il ne soit guère astreint à participer à son universalité (sauf dans nos régions occidentales, et particulièrement en Vendée, où c’est plutôt le service public qui doit se battre pied à pied, mairie par mairie, pour essayer d’avoir un réseau un peu moins squelettique) et sur des marges de plus en plus larges se développe un secteur privé marchand (cours particuliers, FOAD...). Mais cet exemple, comme celui de la Santé, montre que "service public" et "administration ou établissement public" ne coïncident pas obligatoirement, sauf dans les fonctions proprement régaliennes.
J. F. Launay non "expert" mais du bas(-Poitou)
* Les SIEG ont été introduits lors du traité d’Amsterdam . Ils sont même reconnus comme valeurs de l’Union et les états membre veillent à ce qu’ils puissent exercer leur missions.
Le problème avec vous, Daniel, c’est que vous êtes fondamentalement pessimiste. Comme dans ces couples un peu fragiles où l’on n’ose pas dire non à l’autre de peur qu’il ne s’en aille et où l’on finit par abandonner peu à peu les choses essentielles, vous croyez qu’un non à ce texte va casser "la" dynamique...Quelle dynamique ? Si cette dynamique-là est mauvaise, si elle conduit à mettre en place un système politique qui n’obéit plus que de loin aux populations qu’il gouverne, alors...qu’elle casse ! Mais le désir de construire l’Europe ensemble sera toujours plus fort, et une nouvelle dynamique renaîtra. Voyez-vous, il ne faut pas confondre la dynamique d’un simple modèle de construction avec celle de la construction elle-même.
Vous ne voyez pas comment une renégociation pourra se faire : moi je ne vois pas comment elle ne pourrait pas se faire. Vous figurez-vous vraiment les européens remballer leur Union en se disant tant pis, c’est foutu, remettons les frontières et on en reparle dans 50 ans ? Je crois que, comme tout un chacun, vous manquez un peu d’imagination, et surtout de confiance. Moi non plus, je ne sais pas comment se fera la renégociation : personne, je crois, n’est vraiment capable de se l’imaginer aujourd’hui. Mais je sais qu’elle se fera forcément, et au fond la question du "comment" n’a que peu d’importance.
C’est ce désir d’Europe, c’est cette foi en l’Europe que vous ne voyez pas, Daniel. C’est cette confiance qui fait que l’on accepte, en disant non, de faire prendre ce risque à l’Europe ; parce que nous avons confiance en elle, bien plus que vous apparemment, et que nous savons qu’elle s’en relèvera plus forte. Le 29 mai, nous ne voterons pas contre les camps, ni pour construire une Europe d’il y a 50 ans ; le 29 mai, nous voterons pour décider de la forme que prendra notre avenir, et rien d’autre.
"moi je ne vois pas comment elle ne pourrait pas se faire. Vous figurez-vous vraiment les européens remballer leur Union en se disant tant pis, c’est foutu, remettons les frontières et on en reparle dans 50 ans ?"
Notons qu’il y a déjà un précédent : en 1954, le Parlement Français a refusé la ratification du projet de Communauté Européenne de Défense qui émanait pourtant de notre pays (au passage certains de nos partenaires ne dénonçent-ils pas ce TCE comme trop "français"). En 1955, la RFA entre dans l’OTAN et 50 ans plus tard il n’y a toujours pas d’armée européenne. Il faut voir que de même un certain nombre de pays n’étaient pas très "chauds" pour faire une Constitution européenne, un Non Français serait une aubaine pour mettre se projet au panier. Tout simplement.
Même en imaginant le cas très optimiste où le projet de Constitution demeurerait, nous l’avons négocié à 15 et nos dirigeants pouvaient s’estimer satisfait d’avoir arraché des garanties sociales dans la partie I aux pays les plus libéraux. C’est une chance que nous n’aurons pas deux fois : nous sommes désormais 25 et les 10 nouveaux pays ne sont pas vraiment des fanatiques du socialisme à la française (c’est un euphémisme). Avec une France en position de faiblesse, une majorité de pays très libéraux, c’est clair qu’on arriverait ouachement à un nouveau TCE hyper progressiste, fraternel, solidaire, anti-capitaliste et tout et tout...
C’est terrible ! Moi qui étais à peu près sûr d’avoir le droit de vivre, voilà qu’une partie non négligeable de la classe politique (et pas quelques nazillons, des gens biens sous tous rapports) hurle parce qu’une constitution rappelle "le droit à la vie" ! Pour savoir comment on en est arrivé là, quelques rappels s’imposent.
Que sont les "droits fondamentaux" ?
Ce sont des droits que tous les êtres humains ont eu, ont et auront, du début jusqu’à la fin de l’humanité, en tous temps, en tous lieux et en toutes circonstances.
Qui donne ces droits fondamentaux ?
Les Polonais auraient bien voulu faire figurer son nom dans le préambule (en 4 lettres, commençant par D) mais les Français trouvaient que ça ne faisait pas très laïc. Du coup, on parle d’un "patrimoine spirituel et moral".
Quelles obligations cela donne-t-il aux états ?
Tout d’abord, celui de les respecter, sous peine de condamnation. Voilà de quoi faire réfléchir ceux qui voulaient inscrire le "droit d’avoir un emploi". Au moindre chômeur : condamnation ! C’est sérieux, des droits fondamentaux, pas une suite de bonnes intentions.
Ensuite, celui de faire en sorte que les citoyens les respectent au mieux. Pour cela, il peut utiliser l’éducation et la prévention, il peut aussi utiliser la répression. J’ai bien dit il PEUT, il n’y a pas de "charia" des droits fondamentaux, où tout entorse à ce code moral enverrait en prison. On opère une distinction entre la morale et la légalité. Par exemple, il y a 15 ans, on n’était pas condamné si on proférait des propos racistes ; celà ne signifiait pas pour autant qu’il y avait un "droit au racisme". De la même manière qu’il n’y a pas aujourd’hui de "droit à l’homophobie".
Y a-t-il un "droit à l’avortement" ?
Non, non et non ! Le droit à l’avortement, à la femme de disposer librement de son corps, n’existent pas. D’ailleurs, s’ils existaient, pouvez-vous m’expliquer pourquoi on réduirait arbitrairement ce droit à 12 semaines ? Pourquoi on voudrait empêcher une femme d’avoir un garçon et pas une fille ? Aux yeux bleus et pas aux yeux marrons ? Elle aurait bien le droit de disposer de corps pour être enceinte que d’un garçon aux yeux bleus, s’il elle en avait envie, non ? Ou d’avorter à 8 mois de grossesse parce que finalement, être enceinte, ça la gave.
Et la loi Veil, alors ?
Si vous lisez attentivement la loi Veil, elle commence par rappeler que "la loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie" dès l’article 1. Ici, le commencement de la vie, ce n’est pas la naissance (sinon Simone serait hors-sujet) mais bien la conception. Après avoir mis au placard les anciennes lois dans l’article 2, le reste de la loi, par conformité avec l’article 1, interdit l’avortement. Si, si, si, la loi Veil interdit l’avortement !!! Elle interdit aux femmes d’avorter après 10 semaines (12 maintenant), et interdit la pratique de l’avortement à ceux qui ne sont pas médecins, ceux qui n’auraient pas informé les femmes des possibilités offertes pour ne pas avorter, etc ... Et comme la loi, ce n’est pas la charia (pas d’équivalence droit-morale pour les simples citoyens), elle laisse un trou pour des avortement dépénalisés (fait par un médecin, avant 12 semaines, etc).
Ben oui, c’est pas très beau, on est obligé de faire des réserves sur certains textes comme la convention internationale des droits de l’enfant, mais bon, comme l’article 1 de la loi Veil a permis de passer l’obstacle du conseil constitutionnel, personne ne pourra faire machine-arrière (puisqu’il l’a rendu de facto conforme à la convention européenne des droits de l’homme dont est tiré cet article du TCE) ! A condition, bien sûr, qu’un imbécile ne décide de faire un jour une loi super-moderne qui abroge la loi Veil et qui le remplace par un droit à l’avortement : l’abrogation passera le conseil constitutionnel, le droit à l’avortement, non ! Et là, on aura l’air malin !
On n’aurait pas vu une partie de la classe politique remettre en cause le droit à la vie (y compris votre propre droit à vous) si on avait su garder un discours cohérent sur la loi veil : ce n’est pas un droit, mais un trou laissé après avoir constaté l’échec de la répression et avoir souhaité mettre fin à la boucherie des avortements clandestins.
Juste pour rigoler, et voir que les nonistes n’ont pas lu le traité consciencieusement jusqu’au bout : il y a dans le TCE une ligne qui défend explicitement le droit à la vie pour les enfants non encore nés (rassurez-vous, ça ne concerne pas les françaises). Saurez-vous la retrouver ?
Si l’on comprend bien, juste après une émission sur les experts d’en bas, Daniel se retrouve à nouveau ébloui par les vieux sages et redevient ... sage comme une image. Retour au politiquement correct, au discours convenu et moralisant, aux élans grégaires de la gauche bobo.
On croirait presque revoir Chirac dire à ces jeunes "vous me faites de la peine ..." Et alors que le grand n’avait ému personne avec ses larmes de crocodiles, les vieilles icônes Jacques et Simone ont ramené DS au bercail que je n’ose nommer "raison" tant l’affectif et le coeur semblent prendre le pas sur la réflexion. Ou pour être juste, la réflexion vient ensuite mais seulement pour rationaliser l’intuition fulgurante née du malaise : comment faire de la peine à nos proches ? Et pourquoi ?
Mais fi de la psychologie de comptoir, je vous comprends totalement. Et pour tout dire je partage votre point de vue. ce que vous n’auriez peut-être pas imaginé en lisant mon préambule. J’ai comme beaucoup de sympathisants du PS imaginé dire Non à tous ces technocrates qui nous dirigent, j’ai été énervé par cette fichue directive Bolkestein, ces salaires ou retraites de PDG indécents, cette montée du chômage, J’ai été révulsé par ce patron alsacien qui proposait un salaire de misère à ses salariés ...
Et puis je me suis revu en 2002 juste avant la présidentielle où chaque semaine, un fait divers sur la sécurité, une agression d’un candidat de la majorité plurielle au premier rang desquels Jean Pierre Chevènement venait plomber le vote Jospin. Bonnet blanc, blanc bonnet. Tout çà pour disperser les votes, perdre de vue l’essentiel et au final produire le résultat que l’on sait.
Alors parallèle avec l’histoire des camps, toutes proportions gardées, je me suis dit "plus jamais çà". Je ne me reconnais pas dans la tribu et les tribuns que sont Emmanuelli, Melenchon et Fabius au sein du PS et penaud mais mieux dans ma peau, je rentre au bercail. Ma tribu est partout en Europe, pas au Puy du Fou ou à Saint Cloud.
Je laisse de côté mes tentations de coup de balai et je redeviens à mon tour sage comme une image ... car quoiqu’on fasse, on n’est plus des enfants pour tout vouloir tout de suite.
Ah oui juste un mot pour terminer : votre texte dégage une image de sincérité que seuls les adeptes du billard à trois bandes voudront déformer. Continuez.
Amicalement.
Votre article m’éclaire enfin sur l’enjeu du referendum :
Si le oui l’emporte :
- à court terme : c’est la catastrophe sociale (dans laquelle on est déjà : millions de chômeurs, de précaires de travailleurs pauvres...).
- à long terme : c’est le parachèvement d’une Europe au fonctionnement harmonieux et certainement démocratique (je ne crois pas vraiment au caractère anti-démocratique du TCE) où prévaudra avant tout et pour toujours... le marché.
Si le non l’emporte :
- à court terme : c’est la catastrophe sociale (dans laquelle on est déjà) doublée d’une catastrophe politique à l’échelle française et européenne. L’Europe est en panne et il n’y aura pas de renégociation sur un nouveau traité (pas à court terme).
- à long terme : C’est l’inconnu. La France ne sortira pas de l’Europe c’est certain. Les utopies sont permises mais le marché peut aussi bien prendre le dessus (c’est le plus probable).
Je voterai non simplement parce que dans ce cas l’utopie est possible.
Voilà que certaines choses s’éclaircissent.
Je parcourais jusqu’à aujourd’hui les blogs sur le TCE pour m’aider à m’en faire une opinion. Mais je n’ai pas honte de le dire, je n’arrive pas à lire le traité (enfin si, mais je n’y vois souvent qu’un vague charabia) et j’ai souvent bien du mal à comprendre les contradictions des analyses qui en sont faites ici ou là.
Et voilà qu’en lisant ce texte de Daniel Schneidermann, je viens de prendre une décision : je voterai OUI ou NON, mais je ne répondrai pas à la question posée « Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l’Europe ? ». Mais plutôt à : « Bon on vous a bien eus, le TCE est imbitable, ses interprétations sont assez multiples, et ses conséquences plutôt imprévisibles ; donc pensez-vous que sa ratification aurait plus de conséquences positives que de négatives sur la vie des Européens ? ».
Moi je suis assez joueur, je veux bien répondre à cette question...mais je n’aurai jamais LA réponse. On ne tentera la ratification que si la majorité est optimiste.
Et ça change un peu mon point de vue : nettement attiré par le NON (les propos d’Etienne Chouard par exemple ne semblent pas pour l’instant clairement contestables), on ne peut pourtant pas dire que les noniens me donnent beaucoup à rêver sur les conséquences de ce NON. Au mieux, les choses ne changeraient pas pendant quelques années. Et on peut vaguement espérer établir un meilleur TCE plus tard. Chouette alors... Au pire, à terme, l’Europe régressera, faute d’élan européen (indispensable). Et pour les conséquences d’un OUI, ils émettent des craintes sur des « dérapages » (je résume, hein !) possibles, mais pas assurés.
Les ouistes, eux, sont évidemment très forts pour nous vanter les « possibles » avancées d’un OUI pour l’Europe. Il faut juste décoder leurs propos en se disant qu’eux non plus ne connaissent pas exactement les conséquences de la ratification, et ne font qu’établir des hypothèses. Avec un argument en filigrane, jamais dit clairement : « De toute façon, le bien-être des Européens ne passe que par une Europe forte face aux Etats-Unis et la Chine ; et pour cela on n’a plus le choix de la politique économique... ». Je ne parle pas de leur évaluation des conséquences du NON, elle est juste ridicule.
Alors voilà, j’écouterai dorénavant mieux les vieilles charrues et les autres en essayant de recenser les conséquences envisagées par la ratification ou non, et je me déciderai comme ça.
Z’avaient qu’à être plus clairs...
PS : merci de ne pas me lire dans mes propos que j’aurais vu dans le texte de M.Schneidermann une volonté (alors déculpabilisante) d’abandonner la réflexion sur le fond du TCE... ;-)
Je suis plutôt d’accord sur ce point ; j’ajouterai qu’il serait naïf de croire qu’une constitution empêcherait une nouvelle guerre européenne.
Sans me hasarder à des comparaisons stériles, rappellons-nous que la constitution américaine n’a pas pu éviter la guerre de sécession. Encore une fois rien à voir entre les deux cultures, les époques, et les textes, mais je veux souligner que lorsque les gens veulent se mettre sur la gueule, aucun texte ne peut les en dissuader.
Je reste convaincu qu’aucune guerre européenne ne nous pend au nez, mais cette remarque fait mirroir à cette pauvre allusion qu’un non nourrirait un risque de conflit.
Plus rien à dire.
Ce n’est ni Simone ni Jacques qui m’ont décidé. Mais mon sentiment est le même. Il y a trop de trucs, dans ce traité, et on s’y perd à tout étudier.
La révolution, on ne la fera pas sans auparavant s’être donné une chance qu’elle aboutisse. Pas avant de voir si l’alinéa machin du paragraphe truc du titre bidule vire ou non à l’Europe que j’abhorre.
Après, la révolution. En 2007, par exemple. Mais il reste encore deux ans, et deux ans, c’est long. Alors tant pis, faut assumer. Assumons, votons, il sera toujours temps de casser après. Faut juste laisser une chance à la démocratie.
A bientôt,
Jean
Qu’est-ce que c’est que cet argument d’autorité ? Mme Veil saurait ce qui est bon pour nous parce qu’elle a souffert dans les camps ? Et moi je me suis coincé le doigt dans la porte la semaine dernière, ça me donne combien de points de légitimité ?
Après tout, forcer à vivre ensemble des gens qui n’en n’ont pas envie à n’importe quel prix, et qui traînent parfois de vieux contentieux, peut se révéler un bien mauvais calcul. Ça peut même fournir d’excellents motifs de guerre, voir l’ex Yougoslavie par exemple.
Quand à Jacques Delors, le technochrate par excellence, libre à vous de le trouver convaincant, mais s’il va dans le sens de l’Histoire je ne suis pas sûr d’avoir envie de cette Histoire là.
Outre la toute petite différence de degré qui existe entre vos deux malheurs respectifs, je crois que l’argumentation de M. Schneidermann tient surtout par le fait que l’Europe s’est faite précisément dans le but de mettre un terme aux horreurs de la seconde guerre mondiale et non dans celui d’en finir avec les coinçage de doigts.
Maintenant, bien sûr, on peut être d’accord ou non avec la conclusion du raisonnement lui-même.
Concernant la Yougoslavie, je trouve particulièrement intéressant le fait que la Slovénie, qui était précisément une des premières républiques de la Yougoslavie à se séparer du groupe, a cherché (et réussi) à rejoindre l’Union le plus vite possible. La Croatie, qui elle a connu la guerre contrairement à la Slovénie il est vrai, est d’ailleurs elle aussi candidate.
Il me semble donc qu’on peut dire que ces peuples ont vu la différence entre les deux types d’union.
Charmant argument. Et on fait comment quand ces "gens qui ne veulent pas vivre ensemble" habitent le même village/ville/région, comme souvent en ex-Yougo. Du moins dans les zones où il y a eu guerre. On les sépare comment hein, qui a le droit de rester, de partir ou de mourir ? C’est pas mieux de tenter de réconcilier, non ? De plus, l’UE génératrice de conflit est votre sous-entendu ? Charmant, j’insiste.
Moi l’Histoire dont j’ai envie, c’est précisément celle là, de vivre ensemble, avec les portos, les yougos, les polacks, les bulgos et j’en passe. Ca m’enrichit que voulez vous cette diversité. Je ne parle pas de finance, là hein, mais d’humanité, de culture, de musique, de sensualité. J’envie mes enfants si on parvient à la finir, cette construction Européenne. Et je remercie et ça reste trop faible et béta, mais bon je remercie Jacques et Simone (et bien d’autres) d’avoir contribué de cette Histoire. Vraiment.
Justement.
On n’a jamais réconcilié quiconque on disant que c’était pas bien de se taper sur la gueule. Ca n’a jamais empêché le moindre massacre dans le monde les bons sentiments.
Par contre se servir du levier economico-financier pour lutter contre les nationalismes et les guerres est, de mon point de vue, une idée brillante car on attaque directement les racines du mal. Plus de conflits entre voisins car les économies des différents membres sont devenus trop largement interdépendantes pour que quiconque puisse prendre le risque d’un affrontement.
Vous croyez vraiment qu’on peut mettre la culture, l’éducation en tant que seules forces génératrices ? Non, c’est évidemment un "package". L’argent ça parle à tout le monde. Katsansakis pas nécessairement.
« Qu’est-ce que c’est que cet argument d’autorité ?
Mme Veil saurait ce qui est bon pour nous parce qu’elle a souffert dans
les camps ? Et moi je me suis coincé le doigt dans la porte la semaine
dernière, ça me donne combien de points de légitimité ? »
Si vous ne le savez pas encore, votre parole d’illustre inconnu d’internet a moins de valeur que celle de Mme Veil. Tenez par exemple, prenez l’argument choc d’Etienne Chouard (autre illustre inconnu d’internet devenu célèbre), qu’il a répété sur ASI, selon lequel le TCE serait anti-démocratique voire contiendrait de l’arbitraire. Mme Veil, je pense, ne peut pas être prise pour quelqu’un qui défend la tyrannie, est-ce que vous êtes d’accord avec moi sur ce point ? Hé bien voyez-vous, de ce seul fait, je disqualifie la position de M. Chouard sur le TCE.
Ah oui, la dernière émission d’ASI avait des airs de "Tout le monde en parle" sans Ardisson mais avec Meyssan. Bravo à Daniel pour s’en être tenu strictement au phénomène médiatique et pour ne pas avoir laissé les 2 interlocuteurs débattre sur le fonds et exposer leurs théories (dont celle du complot pour l’un des 2)
Je qualifierais bien les pontifications joffriniennes de "bouillie pour les chats", mais j’aime trop les chats pour leur proposer une telle pitance.
A l’heure où la "complexité" est devenue un mot de passe pour pseudo-intellos médiatiques, permettant de disqualifier aisément et rapidement leurs opposants quels qu’ils soient, on s’étonne de voir un éditorialiste de grand média revendiquer avec autant d’aplomb une pensée simplistissime.
Que je résume :
tous les médias alternatifs, et Internet en particulier,
sont pour le "non"
sur
Internet, on ne respecte pas les normes du travail journalistique, et ça
donne des Meyssan et des "affaires Baudis".
Bien sûr, bien sûr.
Sauf que :
Meyssan n’a pas été propulsé par de petits sites perso,
mais par un "réseau militant" assez important, comme ceux à qui Joffrin
accorde, par exception, un brevet d’honorabilité (et il peut, car il n’y a
pas que des élucubrations complotistes sur le site du Réseau Voltaire)
...et de toutes façons, ce
n’était pas grand chose avant un certain passage télé. Sur France 2.
Les prétendues orgies
sado-maso de Dominique Baudis, c’est le Web qui les a inventées ?
N’ont-elles pas trouvé un micro secourable auprès de quelques reporters
télé ?
On peut
trouver pas mal de rumeurs conspirationnistes sur Internet. Mais
l’internaute moyen, en général, les flaire assez rapidement.
Bon. Meyssan, Baudis... C’est tout ? OK, à moi maintenant. Bagagiste de Roissy. Fausse agression du RER D. Incendie "antisémite" du Centre culturel juif. "Réseau" pédophile d’Outreau. Voilà, déjà, en matière de délires, les grands médias qui nourrissent L. Joffrin battent Internet 4 à 2. Et je ne me suis pas beaucoup forcé pour faire monter le score.
Alors, tout le monde, répétez après moi : "Laurent Joffrin est à côté de la plaque. Laurent Joffrin..."
Ce qui m’effare dans cet édito de Laurent Joffrin, c’est qu’il revendique, tout naturellement, le fait que les journalistes ne fassent pas leur boulot : ils sont pour le "oui", le crient haut et fort, et c’est normal selon lui. Et s’il invite à laisser parler les nonistes, ce n’est pas par souci d’équité, mais par stratégie puisque, toujours selon lui, les medias à sens unique pour le "oui" servent le "non" !
Impressionnant.
Voilà donc deux mots dont on devrait songer à envoyer la définition aux médias et au CSA : équité et déontologie. Histoire de ré-activer leur mémoire, sait-on jamais...
Lapsus ( ?) ou plutôt raccourci révélateur dans l’édito de Joffrin :
"Bien sûr, chaque journal a droit à ses préférences et il a le devoir de les afficher - ce que nous faisons ici. Mais il doit aussi, au moins en contrepoint, laisser s’exprimer le non."
En clair : chaque journal préfère le oui. Il est pas beau mon pluralisme ?
Cher Daniel, je vous trouve très peu sévère à l’égard de Mélenchon. Depuis le début du TCE, il ne fait que proférer des contre-vérités et procède la plupart du temps par insinuations, ce en quoi vous semblez le « défendre » contre les critiques qui lui sont adressées par Delors notamment, alors qu’il me semble au contraire qu’il s’agit là purement d’une stratégie de sa part... Je m’explique. La question du droit à l’avortement n’en est qu’un exemple. J’en ai trouvé un autre l’année dernière, lors d’une intervention au Congrès national du Parti socialiste consacré au référendum interne sur le TCE (9 octobre 2004), à propos de l’Allemagne :
« Chers camarades, nous n’avons été en guerre avec les Finlandais, les Suédois, les Lettons, les Estoniens que de manière indirecte en relation avec une autre guerre, celle qui explique les motivations de ceux qui ont fait le choix de la paix et de l’Europe : c’est la guerre avec les Allemands. » Jusque-là, pas d’erreur : éviter le retour de la guerre avec les Allemands, tel était bien le principal motif d’union invoqué par les Pères fondateurs dans les années 1950. Mais l’argumentaire se corse par la suite. Pour Mélenchon, « il n’y a qu’une manière de se rapprocher pacifiquement, c’est d’augmenter les coopérations renforcées avec les Allemands. », en leur permettant d’intégrer davantage dans différents domaines. Suit alors un laïus sur les blocages indépassables dans le processus de décision : « On a rendu d’une difficulté extrêmement extraordinaire toute tentative de rapprochement d’intégration politique plus grande avec les Allemands. Ceci est un mauvais coup donné à la paix et à la fraternité avec les Allemands. » Mais le meilleur est à venir : « Tout ce qui contribue à l’union avec les Allemands est bon, tout ce qui nous sépare des Allemands est mauvais. Tout ce qui ralentit notre rapprochement avec les Allemands est mauvais, tout ce qui nous oblige à leur tourner le dos est mauvais. » Sur le même thème, mais avec une petite variante rhétorique, dans l’émission Bibliothèque Médicis de la chaîne Public Sénat (« L’Europe, La Constitution, La Turquie », vendredi 22 octobre 2004) : « Quand vous mettez tant d’obstacles, quand vous mettez dans la main d’autant de pays la décision de savoir si oui ou non nous pouvons nous rapprocher des Allemands, on joue un mauvais tour à la paix. »
Mélenchon aurait pu mettre les pieds dans le plat : pourquoi ne pas affirmer simplement que l’Allemagne s’apprête à mobiliser ! Mais non, cela serait trop brutal... D’où cette rhétorique insidieuse, qui consiste à faire dire au texte ce qu’il ne dit pas, ou bien à laisser entendre qu’il ne constitue pas un rempart suffisant pour préserver une paix fragile, à cause du réveil toujours possible des vieux démons germaniques. (Quel anachronisme ! On croirait entendre le communiste Duclos à l’époque de la CED en 1954.) De la même façon, Mélenchon aurait pu dire franchement que la Constitution remettait en cause le droit à l’avortement. Mais non, il procède par insinuation, préférant dire que ce droit n’est pas inscrit dans le TCE, et qu’il pourrait éventuellement être aboli. S’il ne le dit pas ouvertement, j’y vois une seule explication possible : c’est que cet argument ne tient pas la route, et que Mélenchon est assez intelligent pour ne pas totalement se décridibiliser en disant ce qu’il pense franchement (mais le pense-t-il vraiment ?...). Pour les nonniens, je crois qu’il y a suffisamment de sujets à critiquer dans le TCE pour ne pas tomber si bas et lui chercher des poux là où ils n’existent pas.
(Précision : l’alinéa 1 de l’article II-62 dit, et je souligne : « TOUTE PERSONNE a droit à la vie » ; or, l’embryon n’a jamais été défini juridiquement comme une « personne », à ma connaissance...)
Mélenchon est un irréductible Jacobin franchouillard. Il est prêt en toutes occasions à chanter la Marseillaise, même les pieds dans la m... (Qu’il se rappelle simplement ces paroles : « Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! » Qui ne voit dans cet extrait de notre chant sacré la caution du plus sanglant racisme, s’il était vraiment pris au sérieux ? Il faut juger les textes - quels qu’ils soient - sur ce qu’ils disent, et non l’inverse...)
J’en assez dit sur Mélenchon. Il n’en vaut vraiment pas la peine, bien qu’il y ait un certain intérêt pédagogique à souligner le caractère ultra-démago de ses discours. Ceci dit, je suis d’accord avec vous pour dire que Delors va très vite en besogne en mettant dans le même sac tous les partisans du non, résumant grossièrement leurs positions en invoquant les seules bêtises assenées par un irresponsable.
Nicolas, tu écris : "(Qu’il se rappelle simplement ces paroles : « Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! » Qui ne voit dans cet extrait de notre chant sacré la caution du plus sanglant racisme, s’il était vraiment pris au sérieux ? Il faut juger les textes - quels qu’ils soient - sur ce qu’ils disent, et non l’inverse...)"
Je ne suis pas un expert de la révolution française. S’il y en a dans la blogance, qu’il se désigne et vienne renforcer mon propos (ou l’infirmer, mais ça me ferait un peu mal quand même).
Je ne suis pas un expert mais je pense pouvoir affirmer que ce "sang impur" n’a rien de raciste, et on ne peut pas accuser quelqu’un d’être raciste s’il chante la marseillaise. Ce passage sur le sang impur était, me semble-t-il, un renvoi direct à l’argument du "sang pur" avancé par la noblesse pour justifier son rang et tout le reste dans l’Ancien Régime. Dire "sang impur", c’est donc se moquer de cette noblesse, renverser son vocabulaire pour la ridiculiser.
Dans le même ordre d’idée, il me semble que l’abbé Sieyès (Siéyes ? Sieyes ? Siéyès ? je sais pas) avait lancé par écrit aux nobles qui commençaient à se prévaloir de leurs (prétendues) origines franques (prétendument aussi) supérieures aux (prétendues) origines gauloises du tiers état, que lesdits nobles n’avaient qu’à retourner en Franconie. On le voit, renverser les arguments adverses pour les ridiculiser et révéler leur incongruité était une pratique présente dans la révolution française.
Enfin bref, j’étale mon peu de culture (et je n’en garantis pas la teneur, je ne suis pas de taille à lancer des arguments d’autorité), mais l’affirmation entendue parfois que chanter avec vigueur la marseillaise est une manifestation de racisme m’agace, car elle est un contresens historique majeur.
J’ai écrit : par opposition au « sang bleu » des nobles.
Je voulais dire « par allusion » au « sang bleu » des nobles.
Sorry.
Nicolas.
De retour du chat sur Libé.fr, je lis ça. Et paf, je pleure. J’ai pas honte de le dire, vous m’avez fait pleurer. Faut dire, je suis le gars sensible, qui chiale pour un rien. L’Abbé Pierre, la Simone, le Jacques, ça vous a une autre fibre. Au fond de nous, nous savons que ce texte doit passer. La question n’est pas là. Juste, on voudrait que les minables, ceux qui sont à la cave, pendant que la Simone, le Jacques sont aux étages nobles, ceux-là qui décident pour nous, nous écoutent un peu.
Quand Villepin me dit qu’on fera de la politique autrement le 30 mai, je ne le crois pas. J’ai même une furieuse envie de lui décocher... mais je m’emporte.
J’ai cette faculté d’être bien avec tout le monde. Je me sens même mieux avec les "petits". Dimanche, ma femme de ménage m’a invité pour son anniversaire. Elle est brésilienne, et ne parle que trois mots de français. Ses tantes sont en France depuis plus longtemps, donc les échanges sont plus faciles, je ne parle pas portugais. D’ailleurs, il y avait dans la fête un fils d’immigré portugais. Il me disait qu’il ne nous comprenait pas. Que la France est le plus beau pays du monde, que ses institutions, la Sécu, les médecins, l’école, la justice, aussi imparfaites pouvons-nous les décrier, sont le symbole de l’Eden pour des gens comme lui.
Le problême de la France, en ce moment, c’est qu’elle est en pleine dépression. Elle est malade. Ce n’est pas grave, elle ne va pas devenir folle, mais quand on est dans cet état, eh bien, on a besoin d’aller voir un psychiatre (par pitié, pas les charlatans psychologues machin-trucs, qui vous conseillent plein de tests à la c..., et vous ordonnent de dire non à tout), un vrai psychiatre, un médecin psychiatre. Avec qui on entame une psychothérapie (je ne sais que trop comment ça fonctionne). Ce que vient de faire Madame Veil, c’est d’entamer avec la France une psychothérapie. Elle s’est mise à notre écoute, on a pu lui raconter nos angoisses, nos réveils brusques dans la nuit, en sueur. Nos visions obsédantes de sauter d’un pont dans la Seine, par exemple. Et puis, elle nous a raconté qu’elle aussi, elle a connu, ça, la peur. Qu’on n’est pas les seuls à être déprimés. Sauf que nous, rien de raisonnable ne peut expliquer cette peur. Nous vivons une ère d’irrationnalité.
Petit-fils de rescapé, j’ai eu la chance de passer le mur de la honte d’être vivant. Ca m’a pris vingt ans de psychothérapie, justement. Et ce n’est pas fini. Mais au moins, j’espère que je ne connaîtrai pas le destin tragique de Mike Brant. Je veux juste qu’on m’écoute, c’est tout. Et les Français, même si beaucoup ont moins morflé que moi, ont besoin d’être simplement rassurés. Ce n’est pas un caprice, c’est très sérieux, très sérieux. Avec un médecin psychiatre aussi prévenant que Madame Veil, la France va sortir de ce cauchemar, et nous pourrons avancer, pour que ses petits-enfants ne connaissent pas la peur physique de mourir par la main d’un bourreau.
Me permettez-vous un petit copier/coller ? Allez, trois fois rien, juste une interview de Delors lors d’un colloque de l’Institut François Mitterrand (27 avril 2004)
"Jacques Delors : J’ai beaucoup de critiques contre ce texte. La première, c’est la "clause de révision". Comment peut-on accepter ça alors que si, un jour, dans quinze ans, la Turquie adhère, quatre-vingt millions d’habitants, le système de décision n’irait pas du tout, déséquilibrerait le système. Deuxièmement, on a ajouté dans ce texte, dit "Constitution", une troisième partie intitulée "les Politiques". C’est comme si, dans la Constitution française, chaque fois qu’on changeait de gouvernement, on changeait de constitution pour dire qu’on allait faire telle ou telle politique sociale. Une politique que vous appliquerez au jour le jour, ce n’est pas du ressort de la Constitution ! Troisièmement : l’Union économique et monétaire doit être rééquilibrée dans le Traité. C’est un point extrêmement important. Et quatrièmement, sur la politique sociale : même avec les réserves que j’ai dites, on peut avoir un texte amélioré. Comme par hasard, les deux groupes de travail, là, qui n’ont pas fonctionné à la Convention, c’est celui sur l’Union économique et monétaire et celui sur le social. Mais sur ces quatre points-là, il faut revenir en arrière. Il faut revoir les textes.
Journaliste : Comment expliquez-vous qu’on en soit là, aujourd’hui ?
Jacques Delors : Nous en sommes là parce qu’il n’y a pas de vision de l’Europe chez la plupart des chefs de gouvernement. Deuxièmement en ce qui concerne la France et son Président, il y a beaucoup d’incompétence. Et ça, ça joue un rôle. On ne gouverne pas l’Europe comme ça. Il faut parfois peu pour corriger le tir. Tenez, si la France disait : "l’Union économique et monétaire telle qu’elle est ne nous va pas, nous ne siégerons pas s’il n’est pas possible d’obtenir le renforcement du pallier économique de l’Union économique et monétaire", nous l’obtiendrions. Il faut quand même voir que la légèreté est toujours regrettable. Rappelez-vous en 1997 : le président de la République a accepté le pacte de stabilité dont on lui avait expliqué qu’il était trop limité, et il a fait ajouter "et de croissance". Alors si vous voulez conduire les Français avec des mots et des songes, continuez comme cela. Si vous voulez les conduire avec des réalités, il faut absolument changer de comportement et ne pas se moquer des gens ! Parce qu’agir comme cela, c’est se moquer des citoyens et c’est donc donner un mauvais coup à la démocratie.
Journaliste : (....) pour le référendum, vous votez non ?
Jacques Delors : Comment ? Ah, je voterai oui ! Je voterai oui. Je ne veux pas que l’Europe s’arrête"
Excellente idée que de citer les doutes et les critiques de Jacques Delors ! Car elle montre toute la différence entre par exemple un Badinter - si peu aimé par DS - ou un Delors et, disons, un Chevénement ou un Emmanuelli.
Du côté de ces derniers, aucune nuance : le TCE c’est l’abomination de l’abomination, un champ de turpitudes ultra-libérales.
Nos "vieilles charrues", elles, savent bien qu’un texte de compromis marque un point d’équilibre à un moment donné. Et, avec Jacques Delors, on peut regretter que ce texte n’aille pas plus loin.
D’un côté donc un discours, sans faille, où tout fait ventre du moment que c’est pour la bonne cause (celle du non, bien sûr).
De l’autre, des hommes politiques qui essaient d’expliquer que, tout bien pesé, le TCE amène un progrès significatif dans la construction de l’Union Européenne sans essayer de nous faire croire qu’il est parfait.
C’est toute la différence !
J.- F. launay
Quand des socialistes defendent les idees partagees il y a un an par l’ensemble du parti (faut-il rappeler les 5 ou 7 points sur lequels le PS avait annonce qu’il ne transigerait pas pour adopter une constitution ?) et que Delors les traite de "menteurs", effectivement, la hauteur d’esprit du personnage m’impressionne.
Ca devient consternant.
Evidemment, le camp du oui est pur : pas de gros mensonges sur les services publics, sur le droit de lock-out, sur la culture, sur la portee de la partie II ? Non, non.
Pas de tentative de dramatisation non plus : FN, guerre, arret de l’Europe, pas de plan B. Ni de dedramatisation d’ailleurs : ce traite ne fait que reprendre et simplifier les precedents, n’ayez pas peur. Faut pas etre schizophrene.
Allez, moi aussi je peux sortir des conclusions a 2 balles.
D’un côté donc un discours, sans faille, où tout fait ventre du moment que c’est pour la bonne cause (celle du oui, bien sûr).
De l’autre, des hommes et des femmes qui essaient d’expliquer que, tout bien pesé, le TCE amène un progrès significatif dans la liberalisation de l’Union Européenne sans essayer de nous faire croire qu’il en est la seule cause.
Gros mensonges sur les services publics ?
Lesquels ?
Sur l’IVG, quoiqu’en dise DS : il n’y avait pas un gros (et assez odieux) mensonge des nonistes ?
Sur la laïcité il n’y a pas toujours un gros mensonde des nonistes ?
Et cette TCE gravée dans le marbre pour 50 ans ?
J. - F. Launay
Arrêtez Daniel, je vous en supplie arrêtez... C’est la deuxième fois que vous nous dites céder au oui, et cette fois comme la précédente, la raison est mauvaise. Ratzinger c’était complètement à côté de la plaque, vous l’avez reconnu, n’y revenons pas. Vous avez maintenant de nouveaux arguments : les services publics, que la constitution n’interdit pas. Quelqu’un vous a répondu : ce n’est pas interdit mais l’état devra en assumer la charge quand ils ne sont pas rentable alors que les entreprises privées pourront faire du fric là où ils sont exploitables. Qu’un socialiste soit d’accord avec ça (Delors je veux dire) ça me sidère.
La suite est attérante. Désormais il ne sera plus question du texte, puisque décidément, il est indéfendable. Et qu’est-ce qu’on peut faire alors quand on ne peut pas convaincre ? On peut faire peur, on peut culpabiliser, mieux encore : les deux à la fois. Alors on prend un air grave et sentencieux comme pour dire quelque chose de très sérieux et... on invoque le diable. Le nazisme, Hitler, les camps. Génocide, massacre, barbarie. Ils sont là qui nous regardent tous ces morts, les survivants sont là pour nous les rappeler. On les connaît tous si bien ces corps décharnés, torturés, dans leur habits rayés, dont le regard mort nous accuse sur fond de fumée sortie des crématoires.... Alors, on fait moins les malins là hein ? Qui osera leur dire non ? Qui leur jettera la première pierre ?
Alors on cesse de réfléchir. On devient comme un enfant qui a peur du noir et des monstres dans le placard et sous son lit. On veut des voix qui rassurent, des voix qui consolent, des voix de gens que l’on connaît, qui nous sont familières et en lesquelles on a confiance : les voix de nos parents, celles de J.Delors et de S.Veil.
J’ai un immense respect pour S.Veil, et je lui voue une reconnaissance éternelle pour ce qu’elle a fait pour les femmes en France. Mais ce n’est vraiment pas la question. Des survivants des camps, des vétérants de la résistance qui vous diront qu’il ne faut pas adopter ce traité vous en trouverez aussi, mais ce n’est pas non plus la question. Ce qui fait mal dans votre texte Daniel, c’est que vous ignorez totalement le sort de ceux qui souffrent aujourd’hui. Puisque vous avez du coeur, posez-vous plutôt cette question : qui sont les victimes dans notre présent ? Et qui sont les bourreaux ? Vous n’avez pas eu à craindre les rafles, mais apparemment vous n’avez pas eu non plus à compter vos sous pour pouvoir nourir vos mômes, ni à sursauter à chaque coup de sonette de peur que ce soit les huissiers... Comprenez moi bien, je ne cherche pas ici à établir des équivalences, et il est sans doute maladroit d’utiliser le vocabulaire de la guerre pour parler de notre présent pacifique au regard du passé de nos grand-parents. Mais nous vivons aujourd’hui et nous avons à régler les problèmes d’aujourd’hui. Si nous ne résistons pas fermement à l’horreur économique comme vous dites, nous laisserons s’accumuler du malheur et de la souffrance. Et puisque vous aimez l’histoire et ses leçons, convenez que le peuple n’est vraiment dangereux que quand il est malheureux...
Nous avons a lutter contre toute forme de haine, et nous le ferons, avec ou sans Europe. Nous avons à lutter pour le bonheur des peuples et nous ne le ferons pas avec cette Europe là. Le oui est celui d’une peur d’enfant, du fatalisme, de la résignation. Le non est celui de l’espoir, de la confiance en l’avenir malgré tout, et de la résistance. Alors arrêtez Daniel avec ce chantage insupportable. Les morts des camps méritent plus de respect. Depuis quelques années on les invoque à tout propos, on les utilise pour justifier tout et n’importe quoi. Et ça m’écoeure un peu plus à chaque fois. Cessez d’avoir peur de votre ombre, cessez de vous méfiez de vos contemporains. Il n’y a pas de complot contre nous, mais il y a des intérêts divergents qui s’affrontent, c’est ça la politique. En matière économique, rien de nouveau sous le soleil : les riches contre les pauvres (au rique de passer pour simpliste) Et ça me fait mal de l’écrire, mais dans cette guerre là, notre guerre, J.Delors et S.Veil sont du côté des bourreaux. (je ne dis pas ça pour choquer. Mais vous utilisez des arguments faits pour pétrifier, alors la réaction est un peu violente, au moins dans son expression)
bonjour,
vous reprochez à Daniel de sortir les corps décharnés des camps, et c’est vrai que ce geste est un peu "touchy", même si moi je crois aussi que ça a franchement à voir.
Néanmoins, vous faites la mêem chose avec de "nouvelles victimes". Vous reprenez le mythe intemporel de l’âge d’or. non il n’y a pas de nouvelles victimes. Oui le chomâge est fort en France aujourd’hui, mais la France n’est pas un pays qui allait bien et qui va mal aujourd’hui. La pauvreté n’est pas une nouveauté. L’échec des politiques des ces 20 ou 30 ou 15 (en fait j’m’en fout je suis trop jeune pour juger ça) dernières années, on peut en faire le constat.
Mais on ne peut pas dire qu’il y a des "nouvelles victimes", des "nouveaux bourreaux". Pire, on peut croire comme vous qu’il y a des salauds qui nous, vous, les ?... exploitent, mais je ne vous donne pas le droit de juger ceux qui vont voter oui car ils croient que ce oui donnera plus d’Europe, plus de démocratie, plus de social, à l’Europe, puis au monde (on peut voter oui aujourd’hui avec des idéaux, en tout cas moi je le fais). Vous ne pouvez pas me traiter de bourreau car je vais accepteer cette constitution, ni de traître ou de lâche, car je ne me renie pas et mes objectifs sont différents.
De même, vous ne pouvez pas vous prévaloir de vous trouver du côté des victimes, et appeler Mme Veil et M. Delors des bourreaux. Ce n’est pas du respect, ce n’est que de la démagogie, du jeu sur les peurs.
Bonjour Johnkeats,
Je crois que vous ne m’avez pas bien lu. Je n’évoque aucun âge d’or perdu, ni aucunes "nouvelles victimes". Au contraire, j’indique qu’en matière de guerre économique il n’y a "rien de nouveau sous le soleil". Je voulais juste faire remarquer que la lutte contre le fascisme, le maintien de la paix et la lutte contre la pauvreté sont trois choses différentes, qui sont toutes importantes, mais qui n’appellent pas les mêmes réponses. Evidemment, parler de victimes et de bourreaux, c’est excessivement simpliste et réducteur, et donc démago, vous avez raison. Ca m’ennuie beaucoup d’en arriver là. Seulement je n’ai ni le temps ni l’espace (et peut-être même pas la capacité) de développer un raisonnement subtil, construit et exaustif pour expliquer mon point de vue. Alors j’essaye de faire passer l’essentiel, en laissant plus parler mes tripes que mon cerveau... C’est dommage je suis d’accord. Cela dit je tiens à préciser que je respecte parfaitement les avis contraires, et que je n’accuse pas tous les ouistes d’être des bourreaux. Je les invite seulement à essayer de reconnaître ceux qui le sont. (ça y est je recommence à démagogiser...bon j’arrête)
Une dernière chose. La pauvreté ne date pas d’hier c’est certain. Ce n’est pas une raison pour laisser les pauvres dans la merde. (encore une fois vous pouvez penser que la meilleure chose à faire est de poursuivre la construction européenne dans cette voix : c’est bien de ça qu’il est intéressant de discuter, et pas de fantômes ou de revenants) D’autant que l’aggravation de la pauvreté depuis 20 ans ne fait pas de doute. Allez faire un tour par exemple sur le site de l’observatoire des inégalités, ou bien sur celui du BIP40. Vous y apprendrez que cet indicateur a battu l’année dernière tous les records depuis qu’il existe (c’est à dire depuis 83) et que le niveau de vie relatif des salariés est aujourd’hui comparable à ce qu’il était il y a 50 ans...
je comprends bien les difficultés à écrire sans apparaître froid brusque ou démagogique. on peut toujours enrober l’écrit de précautions "oratoires", l’écrit est toujours abrupt, il n’est jamais asoupli par un sourire, un geste équivoque des mains...
La lutte contre la pauvreté est naturellement une lutte qu’il faut mener, mais les indicateurs sont difficiles à évaluer. Vous trouverez toujours des indicateurs qui contrediront toutes les thèses, des gens qui vont diront qu’aujourd’hui moins de gens n’ont pas de quoi manger...
Je crois aussi que le problème de fond, entre des sensibilités "européennes de gauche" ouiste ou nonienne (ouienne ou noniste) s’inscrit dans le fait de mettre ou pas sa confiance dans l’avenir. Pour moi le monde actuel n’est pas rose, mais il progresse et je veux participer de sa progression. J’y crois alors je voterai oui.
Je ne pourrais pas croire que les choses empireront.
Des vieux, dont certains faisaient partie du Conseil national de la Résistance. Lequel CNR a vu son programme mis en place, au lendemain de la guerre, alors que le pays était exangue : institution de la Sécurité Sociale, nationalisation des grands groupes de l’énergie, du transport et du crédit, loi sur l’assurance-vieillesse, Constitution de la IVe République, loi sur les Comités d’entreprise, sur les conventions collectives, sur le salaire minium vital, etc.
Ces pauvres vieux ne comprennent pas pourquoi, alors que nous n’avons jamais été aussi riche, il faudrait remettre tous les acquis sociaux en cause, appeler les contre-réformes des réformes (merci Chabot et Ockrent d’inviter si régulièrement les renégats de 68 devenus ultra-libraux pour nous en convaincre !)
Décidément, Daniel, votre sentimentalisme ne nous éclaire guère. Tous ces vieux ne valent-ils pas la vieille Simone, que vous placez sur un piedestal ? On peut en parler, de sa moralité, à Simone, qui n’a pas été gênée d’héberger sur la liste qu’elle conduisait aux Européennes le collabo Hersant, pour le protéger de la justice !
Votre naïveté nous éclaire encore moins (croire encore, à votre âge, que Delors est de gauche. Pourquoi pas sa fille, tant que vous y êtes ?)
C’est drôle comme les choses changent sans vraiment changer, c’est le constat que je peux faire après avoir suivi le débat de loin, comme le papillon survolant les fleurs sans se décider sur laquelle se poser. J’étais entrain de penser que le débat sur l’Europe manquait d’un quelque chose, je n’arrivais point à définir ce "truc" manquant, et puis je suis tombée en dépoussiérant ma bibal sur un vieux livre , le seul que je possède sur la politique internationale : " Après la détente", un livre qui réunit des analyses et des rêflexions d’experts occidentaux des relations Est-Ouest. Ce bouquin date de 1982. A l’intérieur, un texte de Dominique David, intitulé "Défense Européenne : du phantasme au réel commence ainsi : " l’idée d’Europe n’est plus neuve en Europe. et un plus loin :" Hors des phantasmes politiques, des rêves culturels et des fresques de poésie historique, il n’existe aujourd’hui qu’une définition de l’Europe et une seule. Elle est le seul espace géographique du monde où se font face, sans intermédiaire, les zones d’influence directe des deux plus formidables puissances militaires qu’ait jamais connues la planète." De même, j’ai retenu la dernière phrase de son exposé qui est : "Le désir d’Europe produit des institutions mythiques et non des solutions pour l’avenir. Léon Bloy fermait au seuil de ce siècle un livre de son journal sur l’apostrophe : " J’attends les cosaques et le Saint Esprit." Les pays de l’Europe peuvent-ils se contenter de balancer sans cesse entre leur angoisse et l’attente passive d’antiques mythes rédempteurs."
Nous revenons donc, avec les intrusions de Simone et de Jacques au définition de l’Europe, comme si finalement, les socles fondateurs existent au delà des désirs de chacun, et sont les seuls à disposer de l’avenir d’une association.
Puisqu’il y a comme vous le dites des textes qu’on peut dire avec la tête mais que le corps refuse de suivre... Alors, commençons par le corps : leçon n°1, désautomatiser. Déverrouiller l’automate, quoi. Par exemple, quand vous placez vos deux mains, paume contre paume à hauteur du coeur, dans la position du plongeur débutant, et puis que vous faites l’essuie-glace de gauche, à droite (toujours dans ce sens-là, d’ailleurs) pour bien marquer qu’il y a un "avant", et un "après", pour bien séparer "l’info" de "l’intox", ou bien les "détracteurs" et les "défenseurs", et bien sûr le "camp du oui" et le "camp du non" avec ce geste en avant des épaules et l’écarquillement des yeux qui va avec...
Regardez bien chaque numéro d’ASI, l’un après l’autre, surtout au début de l’émission - c’est toujours dans les débuts que l’automate est le plus fort : à chaque fois, vous le faîtes.
Alors, quand vous parlerez à Simone, ce conseil : ne le faîtes pas. Les automates ne sont pas convaincants ; le monde que dessinent vos mains, bien tranché, séparé, clivé, Simone n’y croira pas. Elle y croira d’autant moins que vos mots disent autre chose, et que le monde est plus complexe, comme les enjeux du référendum, au delà du oui ou du non...
Voilà, c’est un tout petit début bien sûr, un petit cours particulier en public - d’ailleurs je vous laisse libre de décider si on le publie ou pas. Je n’irai pas le publier moi-même : répéter en public n’est pas chose aisée, n’y revenons pas. Bien sûr, les lascars ne sont pas là, mais ce plaisant farceur de David pourrait bien passer mettre son nez, et décider à votre place... Allons, tentons le diable !
Vous dites "Parce que je n’arrive pas à dire que l’on puisse être favorable à la construction européenne et voter non. Le scénario d’après-non, qui permette d’aller vers une meilleure Europe, rien à faire, je ne le vois pas. Je ne vois ni comment la renégociation pourrait se faire, ni avec qui, ni sur quelles bases, ni qui pourrait la mener en France. Le vote non, c’est un vote qui (au mieux) va ralentir la dynamique européenne. Ne disons pas "souverainiste". Evitons les gros mots. Disons seulement qu’il va casser la dynamique. Et une dynamique, quand on la casse..."
Vous avez cette sensation parce que ceux qui posent là question font tout pour que vous ressentiez cela, et je ne trouve pas cela normal. Ils posent une question et non seulement ils diabolisent une réponse, mais ils nous disent d’avance qu’ils ne voudront pas en tirer les conséquences en prétendant qu’on ne peut pas. S’ils posent la question, ils doivent prendre la responsabilité des conséquences de toutes les réponses et ne pas nous accuser d’avance du résultat. D’accord, comme le non est multiforme (le oui aussi d’ailleurs), il est difficile de dire si le non gagne ce que les gens qui ont vôté non veulent. Mais c’est aux politiques de mettre en place les dispositifs pour connaître ce que l’on veut et non pas de nous l’imposer en nous faisant peur. C’est eux qui décident des questions même si nous pourrions et à mon avis devrions faire pression pour que la ou les questions soient posées comme nous le souhaitons : pourquoi ne pas poser plusieurs questions, au moins deux, par exemple : "souhaitez-vous que l’Europe se dote d’une constitution" et "souhaitez-vous que l’Europe adopte cette conxitution" et éventuellement d’autres questions sur la suite. Le fait de ne poser qu’une question leur permet de confondre les arguments de la nécessité d’une constitution et de la continuation de l’intégration européenne avec l’adoption de cette constitution-là. Je ne veux pas accepter que ma réponse soit prise en otage par leur refus d’en tirer les conséquences et leur volonté de nous faire peur en rejetant sur nous la responsabilité des effets d’une des réponses : c’est tout simplement de l’inconséquence (au mieux) de leur part et nous n’avons pas à l’accepter. La question qui est posée et le choix qui nous reste à faire est : voulons-nous de cette constitution ? Les questions annexes sont en premier lieu de leur ressort car c’est eux qui peuvent éventuellement nous les poser (même si un camp du non qui serait sincère militerait pour que d’autres questions soient posées). Chacun des camps modifie la question comme ça l’arrange (la vraie question c’est ceci cela...), répondons à celle qui nous est posée et faisons pression pour les conséquences soient tirées de la manière que nous souhaitons. La question porte sur la constitution, trouvons la réponse dans le texte de cette constitution, les autres questions portent sur la gestion politique de la réponse (quelqu’elle soit) et nous y apporterons notre contribution par nos choix politiques (des dirigeants). Reste que les deux camps font tout pour troubler notre réflexion sur la seule question qui est posée et que ceux qui devrait nous aider à y voir plus clair en éclairant et décodant les discours des uns et des autres, je veux parler des journalistes, ne jouent pas leur rôle et relayant tels quels les messages les plus faux de la même manière que les plus justes. Par exemple aucun ne rappelle que le parti socialiste avait déterminé, avant la rédaction de la constitution et surtout sa modification par le conseil européen, les conditions nécessaires pour que ce parti soutienne la constitution et que ces conditions ne sont pas réunies. Ce parti qui prétend avoir un fonctionnement démocratique parce qu’il a fait voter ses adhérents, oublie de dire qu’il s’est dédit (sur les conditions élaborées par ses militants et donc les a trahi). Il y a d’autres contradictions dans les autres partis et dans tous les camps, c’est aussi pourquoi je pense qu’il faut se concentrer autant que possible sur le texte, se demander "qu’est ce que je veux voir ou ne pas voir dans la constitution de l’europe ?" et se dire qu’on a le droit de répondre sincèrement sans se laisser perturber par la menace d’éventuelles et hypothétiques conséquences. Si une réponse peut avoir de si terribles effets il est complètement irresponsable de nous poser la question (c’est d’ailleurs avouer qu’elle aurait peut-être du être posée avant, qu’on aurait du être consulter avant son élaboration).
Cordialement, D. D-B
Votre intervention exprime également mon opinion. A quel moment les hommes politiques se sont-ils dit "nous vous demandons votre avis pour légitimer nos décisions" au lieu de "nous faisons ce que demande le peuple car nous sommes élus par lui" ?
On m’a toujours dit qu’en démocratie représentative, les hommes politiques se doivent d’appliquer le programme pour lequel ils ont été élus. De tout faire pour. Or, on est tombé depuis longtemps dans l’habitude des "promesses de campagne". Tout le monde s’accorde à dire qu’elles ne sont pas respectées et qu’il faut pas tout prendre pour argent comptant. Et pourtant, c’est sensé être la base de notre système.
La seule parade trouvée à cet état de fait, ce sont les manifestations, les grèves et les protestations devenues la norme.
Or, il est bien entendu que si le peuple français dit non, nos hommes politiques élus doivent appliquer cette décision, et pas chercher à la contourner. Sinon, effectivement, rien n’a plus de sens. Et c’est un appel très net à une nouvelle révolution, ce que personne ne souhaite à moins d’y être contraint.
Ca revient à voter non pour "punir" la classe politique française. Celle qui depuis des années se cache derrière l’europe pour faire passer les réformes qu’elle n’ose pas assumer. Pour moi le vote pour ou contre la constitution n’est pas le lieu de la sanction de la classe politique francaise. On devrait avoir amplement eu le temps de le faire avant, sauf qu’on a sans doute les homme politiques qu’on mérite. Comment peut on avoir des hommes politiques présent aussi longtemps ?? Comment a-t-on pu élire Chirac en 95 ? Comment imaginer que Fabius et Lang soit toujours présent ? Et pasqua réelu au Sénat ?
Alors oui les homme politiques (beaucoup d’entre eux en tout cas) nous prennent pour des benets. Mais là on vote pour ou contre une constitution. On a pas à faire subir aux autres pays notre incapacité à se débarasser de nos fossiles politiques.
La constitution donne plus de pouvoir au parlement. En meme temps elle oblige la comission à informer les parlements nationaux beaucoup plus tot. Pour moi ça comble en partie le déficit démocratique de l’europe.
Alors si après on a encore des hommes politiques qui nous diront c’est po ma faute, c’est l’europe, charge à nous de ne pas les réélir.
Cher Daniel,
merci pour ce point de vue rafraichissant.
je crois que, en fin de compte, c’est a une crise d’enthousiasme et de sens que nous faisons face, nous francais, face a l’europe et face a nous-memes.
Qui sommes-nous ? Ou allons-nous ? D’ou venons-nous ? Que faut-il faire ?
Ce sont les questions que je crois percevoir de maniere subliminale a chaque debat sur cette constitution europeenne.
Et j’ai bien l’impression que les debats infinis sur les diverses interpretations possibles que l’on peut donner de chaque article de la constitution marquent un desir profond des citoyens de se reapproprier le sens de leur identite et de leur citoyennete franco-europeennes.
Dans votre quete eperdue du sens, Daniel, il me semble que vous avez defini le coeur de votre identite europenne : celle qui consiste a faire barrage a la barbarie humaine.
D’autres, moins chanceux, ne parviennent pas (plus ?) a associer l’europe a la memoire et a la preservation de la dignite humaine. Ceux la iront chercher du sens ailleurs, parfois avec succes, parfois avec depit.
Ce qui est en train de se construire au travers de cette campagne, c’est tout simplement, a l’echelle collective et individuelle, dans les fracas et parfois dans la chaos, l’avenement d’une veritable identite europeenne des Francais et de la France.
L’accouchement est certes douloureux, collectivement pour la societe, et individuellement pour chacun d’entre nous, mais il etait necessaire, car nous l’avions jusqu’alors sans cesse differe.
Le 30 mai, nous contemplerons tous ensemble notre bebe, et il faudra alors le faire grandir pour qu’il parvienne a l’autonomie et a la maturite. Pour l’instant, nous sommes encore dans un etat de fusion passionnelle avec lui, refusant de le laisser partir et vivre en dehors de nous.
L’idee europeenne a ceci de paradoxal qu’elle est a la fois plus jeune et plus grande que nous, qu’elle est a la fois notre enfant et notre maman.
bien a vous,
steve
Oh bah alors, qu’est-ce que j’ai tout soudain ? Ce matin, j’écrivais à David que j’étais tout guilleret, et puis paf, je me remets une deuxième fois à pleurer comme une Madeleine trempée. Peut-être que c’est ça, que c’est la douleur et les larmes churchiliennes. Que cette histoire d’amour entre la France et l’Europe nous fait passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, en supposant qu’il y en a même qu’on ne voit pas, de notre prisme franco-franchouillard.
Un arc-en-ciel, c’est le mélange de la pluie et du soleil. Des larmes dans le bonheur. Parions. On ne peut plus faire que ça, d’ailleurs. Alors parions que le bonheur est possible. Que ce bébé, ton bébé, Steve, va vivre. Qu’il n’aura besoin d’une couveuse que très peu de temps. Je ne pense même pas qu’on aura besoin de l’intuber. C’aura été un bébé de l’amour, celui-là. Parce que les Français ne sont plus raisonnables. Je suis sûr que si les gens votent oui, ce sera un oui affectif. Un oui pour l’Europe. Un oui, qui passera au-dessus de la rue de la Loi à Bruxelles.
Heureusement quand même que Madame l’infirmière Veil nous aura mis sous péridurale... Parce que l’accouchement va être difficile.
On a beau tergiverser, la seule façon de se faire une opinion est de lire le traité avec les moyens dont on dispose, d’en discuter avec nos amis (si on en a), et surtout d’éteindre la télé (je sais que vous en avez une) par exemple avec le TV B Gone de David.
Ce choix est de notre responsabilité individuelle. On a le droit de se tromper, mais on ne peut pas blamer untel de nous avoir abusé par ses mensonges. On connait trop bien nos politiciens, on sait qu’ils pratiquent à la perfection le billard à trois bandes.
La responsabilité est le fondement de tout acte démocratique. Et ce référendum, qui entraîne tant de conséquences pour tant de gens, ne mérite pas un tel traitement.
Alors ne vous laissez pas hypnotiser par des gens aussi charismatiques soient ils, et c’est bien cette leçon du passé que je préfère retenir de Simone Veil.
Il y a dix ans, lors de la célébration de la fin des Camps Nazis, Simone Veil était invitée avec un de ses compagnons de camps au journal télévisé de France 2 pour témoigner de l’évacuation des camps organisée par l’armée allemande lors de l’avancée des troupes soviétiques. Ce compagnon était Henri Krasucki. Je n’ai pas le souvenir que le son statut d’ancien déporté ait empêché de railler ses positions, ni politiques, ni syndicales. De plus d’autres anciens déportés ont des positions différentes de celle de Simone Veil sur la Constitution ( lien ci-dessous). Comment serais-je capable de peser les légitimités de chacun et de voter à la lumière de ce que tous représentent. Daniel, comment le faites vous ? J’avoue que je ne l’ai pas compris.
Quant aux services publics, l’Europe n’oblige pas à les éliminer. Simplement, le système qui permettait, par exemple, à La Poste de financer ses activités non rentables par les usagers des activités lucratives ne sera plus possible, puisqu’elle sera concurrencée sur ces marchés. Ce manque à gagner pourra être compensé par des subventions, mais, outre que ces subventions seront surveillées (et cette bureaucratie a un coût), elles devront venir du budget de l’état pour qui elles représenteront une charge supplémentaire.
La concurrence fiscale que cette constitution aggrave encourage-t-elle l’état français à prendre ce surcoût à sa charge ? Pas vraiment !
On peut ajouter que les exigences de désendettement conjuguées à la concurrence fiscale encouragent l’état à déléguer des investissements à des entreprises privées pour que ces emprunts n’apparaissent pas dans ses comptes. La pérennité des activités est donc moins assurée. C’est en partie pour cela que les taux d’intérêts de ces emprunts sont plus élevés que les taux auxquels l’Etat Français emprunte. De plus, l’appel au système financier privé enrichit des intermédiaires en grande partie étrangers, et donc finance la City. C’est sympa avec nos amis anglais.
Evidemment, des socialistes qui ont encouragé EDF à investir chez nos voisins sans aucune logique industrielle (en Angleterre, hors de la plaque continentale), ou en pure perte (en Italie, sans les droits de vote) n’ont pas besoin d’injonction européenne pour démanteler le service public.
Daniel, je suis attristé par votre texte...
Premièrement, qui vous dit que Jacques et Simone n’ont rien à nous vendre ? qui vous dit que Jacques ne nous vend pas un soutient au PS (qui serait probablement dans meilleur état en cas de victoire du oui que du non) ?
Deuxièmement, je crois que nous sommes d’accord sur un point : le referendum est perdant / perdant. En cas de oui, nous aurons accepté un texte
et nous aurons validé le procesus de construction européenne. C’est à dire que nous aurons donné un blanc sein à nos élites : "vous pouvez nous imposer tout et n’importe quoi, par voix législative ou referendaire ou autre tant que c’est au nom de la sacro sainte construction de l’europe".imparfait, partial, hypocrite, technocratique, timoré, compliqué, tordu, pas lyrique, tympannisé jusqu’à l’envi par les medias
En cas de non, nous sommes aussi perdants pour plusieurs
raisons :
Nice continue
de s’appliquer
Si il y a
renégociation ce sera l’équipe chirac qui en sera chargée, ce seront ceux qui
ont signé Nice qui renégocieront...
S’il n’y a pas renégociation tout de suite, effectivement
ce sera un frein à l’intégration européenne.
Donc de toutes façons, nous sommes perdants. Reste le choix que vous êtes en train de faire : celui du pragmatisme contre l’idéalisme. Vous allez peut-être la mort dans l’âme renoncer à tout un tas d’idéaux (plus d’europe, une véritable Europe politique supra nationale démocratique...) pour ne pas avoir un temporaire "moins d’europe"...
Et bien moi je reste idéaliste, à 31 hivers il me reste encore quelques idéaux. Très peu... Et je crains que ce referendum ne soit mon dernier combat politique. S’il passe, je ne vois vraiment pas a quoi servira mon buletin de vote à l’avenir au delà des scrutins locaux... Je crois encore en la démocratie, je veux croire que mon buletin de vote sert à quelque chose, et je refuse d’approuver un texte instituant un fonctionnement bien peu démocratique, et un procesus de construction qui l’est encore moins !
petit rappel : on nous impose Nice sans referendum en nous tartinant que c’est génial, une grande avancée et tout ça. et quelques mois plus tard, le même on nous demande d’approuver le TCE paske en fait Nice est tout pourri et que le TCE c’est un peu mieux... quel beau procédé
Comme vous Daniel, je veux plus d’Europe. Pas plus de celle qui nous est proposée, mais plus d’Europe. Seulement la question qui me sera posée le 29 mai n’est pas "voulez vous plus d’Europe ou moins d’Europe"...
Qu’on me prenne pour un con manipulable passe, mais qu’en plus on me demande de signer une reconnaissance du fait, c’est trop ! ça me rappelle la phrase de coluche
ils voudraient qu’on soit intelligents et ils nous prennent pour des cons, ben comment on ferait alors ?
Ah l’affreuse anathème... "porter un coup d’arrêt à la construction européenne".
Raoul Marc Jennar est un affreux. Un désenchanteur. Il vous colle le nez dans les fleurs, et là, vous ne voyez plus que les chenilles qui y rampent. Ca fait un peu mal.
L’Europe, pour moi, jusqu’à maintenant, c’était le gazouillis extatique de L’Hymne à la joie, les étoiles sur fond bleu, des initiatives culturelles, des échanges, la paix sur le continent...
Je viens de finir son bouquin Europe, la trahison des élites. Bien sûr, ce bon Raoul a profité de la réédition pour en rajouter un paquet sur le TCE. Mais ce n’est pas ça qui m’a le plus frappé.
Notre homme, ONGiste acharné, colle aux basques des forums mondiaux depuis quelques années. Et il y a entendu des choses. Je cite de mémoire ce que lui a déclaré le représentant d’un pays du tiers-monde en marge de l’un de ces sommets :
Les Américains et les Européens veulent obtenir de nous à peu près les mêmes choses. Ce qui distingue les Européens, c’est qu’ils les demandent plus poliment. Mais finalement, les Américains sont plus honnêtes, et avec eux, on sait où on va.
Voilà. Ca c’est l’Europe au jour le jour, celle qui se manifeste réellement face au reste du monde. Elle ne ressemble pas particulièrement à l’image au grand coeur qu’on peut en avoir, défendant les pays pauvres face aux exigences affameuses des Etats-Unis et de leurs instruments. Non, elle est là pour le business, la concurrence libre et non faussée. Comme tout le monde, elle veut fourguer sa camelote. C’est donc ça qu’ "on" construit.
Vous n’avez jamais voté pour ça ? Moi non plus. Mais peu importe. Le mode de désignation des délégués européens à ce genre de sommets, dont chaque mot engage l’Union, relève plus de la cooptation technocratique que du contrôle citoyen. C’est comme ça.
Voilà pourquoi je sais maintenant que je voterai "non". Même si une Commission particulièrement bien disposée à l’égard de nos services publics par exemple (ha ha ha !) peut choisir de les laisser vivre, je sais que le TCE signifie que la politique européenne pratiquée jusqu’à maintenant va continuer sur cette lancée ; que ce sera "plus de la même chose". Non merci. Ou tout au moins : pas en mon nom.
Parce que je commence de plus en plus, au fil des retournements de tendance, à penser que c’est le oui qui l’emportera. Et je vous convie dès aujourd’hui à un petit exercice. Collationnons les assurances rassurantes, les promesses et les belles paroles qu’on nous sert. Attendons la proclamation des résultats. Et revenons dans quelques années pour faire la comparaison. Comptons les haussements d’épaule, les moues désabusées, les professions de fatalisme, les larmes de crocodile, les exhibitions de mains liées, les "c’est pas moi, c’est la faute à l’Europe". Peut-être qu’on comprendra des choses...
Sur les services publics, si vous m’aviez posé la bonne question (est-ce que l’exemption est gardée ?), et non pas qu’est-ce que la différence entre services publics et SIEG, je vous aurais donné la bonne réponse, qui es teffectivement celle de Delors (une exemption est clairement fixée, et ce sera à l’Etat de prouver qu’il sert bie un intérêt général) ! M’enfin, passons.
Sur l’avortement, celà va plus loin que la feinte ignorance de Mélenchon chez Ruquier. Emmanuelli rappelle souvent l’article sur "le droit à la vie", en faisant un parallèle douteux avec les mouvements anti-avortements. exemple : "Il parle également de « droit au respect de la vie », exactement la formule qu’utilisent les anti-avortement aux États-Unis," (le journal de saône et loire, 30 mars), ou des formules de ce genre. pas une citation directe, mais une référence assez explicite et complètement indigne ! L’argument comme quoi le droit à l’avortement est absent du texte (ce qui est normal, je me répète) est très utilisé, notamment dans un quizz complètement honteux d’Attac (qui ose dire avoir un but d’éduication après ça ?) : http://www.local.attac.org/attac91/quizz/ ou bien dans des discours de meetings et arguments. A quoi sert de toujours resservir cet argument de l’asbence ? A entretenir l’idée qu’il pourrait partir, si on votait oui ! Et ça marche ! Nous avons reçu de très nombreuses questions, sur Publius, nous demandant si le traité remettait en cause le droit à l’avortement, s’il allait permettre à des Etats d’abuser de la force dans des manifestations, si la peine de mort allait revenir... très nombreuses, et certainement pas agitées par le camp du oui, vous me le concéderez. Je comprends que Simone Veil se sente insultée par la bêtise de ces arguments.
Sinon, je partage l’option prise !
Oh, l’habile homme ... Et comme il mène bien son monde en bateau, depuis le début, en ayant l’air de chercher la vérité à tatons, de peser au trébuchet les arguments des uns et des autres !
On approche du port, il est temps de jeter le masque, avant l’ancre. On savait depuis longtemps où il allait nous mener, le Daniel. Après l’argument du pape, celui des vieilles charrues, ben voyons ! Des gens qui n’ont rien à vendre, rien à gagner. Surtout sainte Simone, qui a forcément raison, puisqu’elle a vécu l’enfer des camps ! Quel argument ...
En cherchant bien, un D.S. honnête trouverait des floppées de gens du même âge, et au moins aussi désintéressés que Mme Veil, qui ont connu les camps, se sont battus dans les maquis, sont passés par les mêmes épreuves et qui, justement au nom de tout ça, disent "non", vous ne croyez pas ?
Cela dit, bravo quand même pour ce blog, bien intéressant à fréquenter. B.L.
Donc c’était vous, Bernard. Vous qui exploriez des recoins de mes arrière-pensées, inconnus de moi-même. Vous qui saviez avant moi ce que je ne savais pas moi-même. Vous qui savez maintenant où je vais quand je ne l’ai pas encore décidé moi-même. C’était vous, que je sentais bouger en moi, explorant à la frontale les coins sombres. Je respire.
Que vous répondre ? Rien. Je laisse parler les textes. Je laisse les lecteurs décider s’ils sont sincères ou pas. Mon vieux truc, la sincérité. Evidemment, vos mots font mal. "L’habile homme". "Il mène son monde en bateau". "Un DS honnête". Etc. Ils font mal, parce qu’ils touchent au coeur du projet. Je peux tout admettre. Qu’on me dise que je suis inconséquent. Incompétent. Exhibitionniste. Léger. Que je panique. Mais la sincérité, c’est le coeur du projet, depuis le premier article. Donc ça fait mal. Mais enfin, je crois aux textes. Donc je compte sur ceux-ci, pour se défendre tout seuls. De toutes manières, je n’ai pas le choix. Bonjour chez vous.
"Vos mots font mal ..." Diable, je ne te savais pas si sensible, cher Daniel (je laisse le "vous" au vestiaire, il me semble qu’on se tutoyait, jadis, non ? Détail).
Bon, ce n’est pas à l’homme de culture que tu es que j’apprendrai que "quand nous délibérons, les jeux sont faits." C’est justement pare que je ne te crois ni "inconséquent", ni "incompétent" ("exhibitionniste" oui, sûrement, comme tous ceux qui passent dans les lucarnes, ou y sont passés ... "Léger", à tes heures, j’espère pour toi) que je te trouve "habile". Ou si tu préfères, expert en maïeutique. Quoi de mieux que ce long cheminement dialogué pour finir par accoucher du "oui" que, d’évidence, tu portes en toi ? Bien plus malin que d’asséner d’entrée des arguments qui ferment la porte à la discussion.
Est-ce incompatible avec ton "vieux truc, la sincérité" ? Peut-être pas, après tout. Peut-être que tu te sens (que tu te sentais, avant ces "vieilles charrues" providentielles) sincèrement hésitant.
Mais, vois-tu, même si tu joues, avec talent, ta partition à la marge du concert, tu fais partie de ce "clergé politico-médiatique", comme tu dis fort bien, tout entier tendu dans le but de faire rentrer les moutons noirs au bercail, dans ce "cercle de la raison" dont ils sont les gardiens fidèles.
Tu fais cela plus intelligemment que les autres, voilà tout. Prends le pour un compliment ! Et bonjour chez toi ! B.L.
On voit beaucoup de gens dans ce blog se plaindre de ce que Daniel Schneidermann ferait semblant de ne pas savoir ce qu’il va voter tout en étant en réalité un crypto ouiste.
Ce sentiment semble venir principalement de tenants du non.
Sans vouloir trancher sur le fond (ne sait-il vraiment pas ce qu’il va faire en réalité ou s’agit-il d’un argument rhétorique pour maintenir l’intérêt du blog - peu m’importe en fait), je voudrais juste signaler que, pour ma part, la lecture de ses textes me donne plutôt l’impression qu’il penche vers le non.
Comme quoi tout est relatif, et le plus probable à bien y réfléchir est sans doute plutôt que, étant donné le degré de polarisation de cette campagne, nous avons tous (ouiste et nonniens confondus ) la tentation de tomber dans le "ceux qui ne sont pas avec moi sont contre moi".
Je n’ai pas beaucoup de certitudes sur ce débat, mais voilà bien une pensée qui pourrait en tenir lieu : Tout indécis est en fait un tenant du non qui hésite. C’est l’essence même du scrutin référendaire qui le veut.
Evidemment, les réponses oui et non ne sont pas équivalentes en terme d’investissement personnel, en tout cas pour ce qui concerne les votes réfléchis, par exclusion des votes instinctifs pour ou contre un gouvernement. Voter oui - sans jugement de valeur pour ce référendum là - c’est peu ou prou adhérer à une proposition déjà faite. Voter non, c’est s’engager à dire : l"intérêt général n’a pas bien été pris en compte et en tant que citoyen, je prends le risque d’une crise".
Donc les citoyens, moi compris, sont plutôt enclins au oui par respect de la démocratie représentative. C’est l’analyse contradictoire et la réflexion personnelle qui fait glisser, d’un coup ou plus progressivement jusqu’à ce qu’on s’en aperçoive, versle non. Attention, je n’ai pas dit que les ouistes n’ont pas eu de parcours de reflexion personnel.
Alors oui, en cela, DS n’est pas différent d’un autre.
COmme toujours les arguments qu’on vous renvoie sont les mêmes. ou différents. Europe du fric, europe des élites technocratiques... quand je lis lointaine bruxelles, ça m’effraie un peu. Comme toujours on entend qu’on ne décide plus rien, qu’on est des jouets dans les mains de technocrates qui s’en foutent plein les fouilles, et comme toujours on va avoir un taux d’abstention à en pleurer dans tous les pays autoritaires du monde, comme toujours on va avoir des hommes politiques qui se rejèteront la faute de cette défection les uns sur les autres,... on ne décide rien, mais on vote mal au premier tour en 2002 (moi le premier). on ne décide rien mais les jeunes ne votent pas et sortent dans la rue contre le pen. on ne décide rien mais on réagit comme des moutons en élisant des régions socialistes partout. Comme ça m’a fait mal (moi qui vote toujours à gauche) de voir ce basculement aux régionlaes : les français sont des moutons qui ne savent que taper sur ceux qui les dirigent. Le processus d’écriture dru TCE était simple, transparent. La société civile pouvait proposer, les débats ont eu lieu. Aujourd’hui l’homme du peuple écoute ceux qui brandissent les peurs, et l’intellectuel refait ces débats sur le net. Prenons nous en main, informons nous, continuons de nous poser des questions aussi APRES le vote. Si nous le ratifions, cherchons la transparence partout, ne laissons pas ces "maudites élites bruxelloises" décider sans nous. la société civile peut reprendre le pouvoir, mais pas sans chacun de nous, pas en une fois, mais dans la durée. Et à mon avis, pas en le rejetant, mais en l’acceptant.
Je suis surpris qu’on ne vous ai pas encore accusé de tout avori comploté depuis le début, de vouloir faire pencher la balance en ayant orchestré avec vos pôtes jacques et simone un message d’indécis qui se convaint pour emmener tout le monde avec vous. On vous l’a déjà fait le coup du méchant comploteur.
Moi je suis depuis longtemps pour le OUI. Vous soulevez de manière intéressante la question de l’argument d’autorité. C’est très problématique parce qu’il y a des choses qu’on ne comprend pas dans ce texte, et comme internet permet de trouver tout et n’importe quoi comme info, il est très difficile de ne pas s’en remettre à l’argument d’autorité. Je ne sais pas trop comment le dépasser.
Toutefois, comme tous je lis, je m’informe et je décide en mon âme et conscience. Mais avec optimisme. sans croire que les mots sont plus dangereux dans un TCE que dans une constitution française...
"L’optimisme est l’opium des cons, le pessimisme est l’excuse des salauds"
et hop, M. Bernard Langlois répond enfin à mes attentes en sous-entedant que vous aviez tout préparé. Vous n’auriez pas des actions dans le pétrôle américain, Daniel ? Moi je crois que vous êtes un de ces salopards qui nous jettent de la poudre aux yeux pour s’en mettre plein les fouilles avec georges dabeulyou...
ce n’est pas parce qu’on n’est pas paranoïaque que l’on n’est pas en danger.
Je vais vous dire, monsieur. je ne sais pas si je réponds à vos attentes, mais vous, vous êtes complètement à côté de la plaque.
L’idée que Daniel S. pourrait être un pourri, acheté par je ne sais qui ne m’effleure pas un instant. C’est un confrère que j’estime, qui fait très utilement un bon boulot de décryptage des médias (encore aujourd’hui, dans sa chronique de Libé, sur les petits cadeaux pré-référendum). Mais ça ne m’empêche pas de penser qu’il roule pour le "oui", plus ou moins consciemment.
En fait, la question intéressante est de savoir, bien au-delà du cas D.S., pourquoi la quasi-totalité de notre profession commune s’est laissée enfermer, une fois pour toute (en fait, depuis 1992, Maastricht) dans ce "cercle de la raison" qui n’imagine même plus qu’on puisse être rebelle à cette société du tout fric, tout marché, dont la construction européenne est une parfaite illustration. Pourquoi, en toute bonne conscience, elle se fait la propagandiste de cette Europe-là, sans même réaliser comment elle a abdiqué tout esprit critique.
Daniel a gardé un fort esprit critique (comme cette rigolote Mme Judith qu’on trouve aussi en ces lieux), et c’est ce qui fait son charme et l’intérêt de son travail. Il pratique, mieux que beaucoup, ce "devoir d’irrespect" du journaliste, comme disait Claude Julien. N’empêche qu’on voit bien qu’il a le cul entre deux chaises et comment il hésite à rompre vraiment avec cette classe politico-médiatique qui l’accepte encore en son sein (dans un rôle de poil à gratter) ... B.L.
Mouais... Si Delors le dit...
Shneidermann :
« Delors, lui, détient une réponse claire, enfin, sur les postes des villages et sur les lignes secondaires de la SNCF. »
Delors :
« Je cite le texte : “Les services [d’intérêt général] fonctionnent dans des conditions, notamment économiques et financières, qui leur permettent d’accomplir leur mission.” C’est clair . »
La Constitution.
« Article III-122 Sans préjudice des articles I-5,III-166,III-167 et III-238,et eu égard à la place qu’occupent les services d’intérêt économique général en tant que services auxquels tous dans l’Union attribuent une valeur ainsi qu’au rôle qu’ils jouent dans la promotion de sa cohésion sociale et territoriale,l’Union et les États membres,chacun dans les limites de leurs compétences respectives et dans les limites du champ d’application de la Constitution,veillent à ce que ces services fonctionnent sur la base de principes et dans des conditions,notamment économiques et financières,qui leur permettent d’accomplir leurs missions.La loi européenne établit ces principes et fixe ces conditions,sans préjudice de la compétence qu’ont les États membres,dans le respect de la Constitution,de fournir,de faire exécuter et de financer ces services. »
C’est toujours aussi clair ?
Dommage que ce ne soit pas Delors qui ait rédigé l’article...
Certes, un "non" produirait une petite crise en Europe, mais, et alors ?? Même s’il faut plusieurs années pour renégocier un autre texte, je ne vois pas où est le problème. Il n’y a pas le feu au lac. Je ne comprends pas cette envie de foncer à tout prix vers ce "plus d’Europe". Que seraient ces quelques années au regard de l’Histoire du continent ? Et puis, on est pressé, mais pour aller où ?
La paix ?
Franchement, je ne crois pas que cette "constitution" empêcherait quoi que ce soit si de nouveaux bruits de bottes devaient se faire entendre en Europe. Elle a une démonstration à nous fournir, Simone ?
Ce n’est pas non plus grâce à la construction européenne qu’on ne voit pas revenir les camps tous les 20 ans ! Comment pourrait-on prouver qu’il y a un lien de cause à effet ? (c’est d’ailleurs peut-être le pire argument que les ouistes ont pu trouver ; plus j’y pense, et plus je trouve ça indécent ; utiliser la peur des camps comme épouvantail !). Pour l’instant, l’horreur de la Shoah et le travail de mémoire qui est effectué suffit à nous éloigner d’un recommencement de l’Histoire. J’espère bien qu’on s’en rappellera suffisamment pour que ça ne recommence jamais plus. Mais comment peut-on affirmer que cette "constitution" nous protége des matins bruns ? Ça me paraît d’un optimisme béat...
DS : "Je suis athée, athée jusqu’au trognon," et "L’Histoire qui m’a bercé. Une histoire de charité et de persécutions, dont je suis le très lointain descendant, et l’héritier"
C’est du Woody Allen, ça ! "Dieu n’existe pas, et je fais partie de son Peuple Élu..."
Bien à vous,
OL
On parle bien de memes ?
Le Jacques qui dit (je cite de memoire mais quelqu’un trouvera bien la depeche AFP correspondante) : "Si la France vote non, comme il n’y a pas de plan B, il faudra probablement revoter" ?
La Simone qui dit (idem) : "On aurait pas du faire de referendum, c’est trop dangereux" ?
Ces grands democrates qui n’acceptent le peuple que quand le peuple vote comme il faut ?
C’est eux qui t’impressionnent ?
Et Line Renaqud, elle ne t’a pas convaincu, Line Renaud ? Hier a la radio elle disait "autrefois quand j’allais aux USA je disais a mes amis "quand est-ce que vous venez en France ?" et maintenant je me surprends a dire "quand est-ce que vous venez en Europe ?""
C’est un argument beton, ca non, ca devrait te convaincre definitivement qu’avec la Constitution on sera tous des freres, les guerres seront finies, etc.
Allez, sans rancune. Juste un peu de depit.
C’est exactement ce que je ressens, Daniel. Lorsque les partisans du NON sont représentés par des gens à "fort déficit d’image" (en vrac Le Pen, De Villiers, Buffet...), le OUI est soutenu par des mastodontes de l’image et de la communication (Veil, Delors, Badinter, Delanoé...) qui viennent avec leur verbe habile, et le poids de l’Histoire qu’ils incarnent. Mais je ne vote pas pour une image ! Je ne vote pas pour Veil ou Delors ! Je participe à un référendum pour l’adoption d’une constitution ! Or je crois en une constitution européenne, et plus encore en l’Europe, mais pas en ce TCE ! Alors je m’oppose à ces belles images qui ne seront certainement plus là dans 20 ans pour voir ce qu’est devenue la constitution qu’ils soutiennent. Je regarde au delà du miroir et ce que je vois ne me plait pas !
Alors, avec tout le respect que je vous dois Simone, Jacques, Robert et les autres, ce sera NON ! Et je ne suis pas sûr, Daniel, que ce qui est vrai pour les marmites l’est pour les charrues.
"Il faudrait analyser, disséquer, quantifier, décomposer. Mais il n’y a plus personne pour le faire." Même Daniel Schneidermann est en proie à la panique...
Je suis un ouiste convaincu qui n’aime pas les arguments d’autorité et agacé par la propagande qui sévit dans les média.
Pour que votre argument de la paix en Europe soit validé, il faut aussi que vous montriez en quoi signer un traité tel que le TCE nous garantit que la guerre sera moins possible demain qu’aujourd’hui.
Sur Usenet, vous auriez, avec votre article, gagné ce qu’on appelle un point Godwin.
La discussion sur ce blog devrait donc en toute logique être terminée, parce qu’il faudrait pour vous répondre utiliser le même genre d’arguments (du style accords de Munich)...
Avant de linker la définition du point Godwin, aller la relire ferait pas de mal. On y est pas.
Sinon il a déjà été expliqué par ici en quoi la construction européenne éloigne les risques d’un conflit armé à l’intérieur de l’Europe : avec des économies de plus en plus interdépendantes et peut-être demain des coopérations militaires renforcées, les hypothétiques guerres intraeuropéennes quittent progressivement le camp des guerres entre états pour se diriger vers celui des guerres civiles, qui est passablement moins founi.
Il me semble bien qu’Emmanuelli a dit clairement que la constitution reprenait les termes ("droit à la vie") des anti-IVG américains et que donc le droit à l’IVG était menacé.
Et, si c’est une illusion, elle était partagée par Alain Duhamel posant à peu près cette question à Jospin : les partisans du non disent que l’IVG serait menacée que répondez-vous ? Et Jospin de répondre à la fois sur le divorce et sur l’IVG par le nombre de pays qui ont légalisé et l’une et l’autre.
Il aurait pu se contenter de rappeler que, comme pour les prétendues menaces sur la laïcité, le texte du TCE reprenait celui de la CEDH ratifiée par la France en 1974 et qui gardera force légale quelque soit le résultat du 29 mai.
Alors les borborygmes de Mélenchon, avec l’air entendu de la questionneuse, voulaient peut-être bien dire ce qu’ils laissaient fortement sous-entendre : un mensonge assez infâme qui fait de l’article qui fonde la condamnation de la peine de mort, une menace pour l’IVG !
J. -F. Launay
Mais enfin DS. Melenchon ne l’ pas dit parce qu’il sait que c’est faux. Il l’a lourdement sous-entendu. C’est encore peut être moins honnête comme procédé. Il savait que ça pouvait marcher.
Et l’argument a parfaitement fonctionné, repris par (certains) noniens d’en bas (pour causer comme vous). Ca a été un vraie foutoir, sur le net et dans les discussions de café. Même Judith quelque part ici, dans les commentaires ou sur le forum ASI (je ne retrouve pas), s’en est inquiété du "droit à la vie". Et moi qui suis un fervent admirateur de Judith, hein...
Donc, non on ne peut dédouaner ainsi les hommes politiques qui ont ainsi susurré une telle énormité (et il semble bien qu’Emmanuelli ait été explicite, au moins en meeting). Leur espoir était précisément que ce faux argument porte. Vraiment ce n’est pas digne.
... parce que Judith est très très attachée à ce droit, mais souvenez-vous, elle a juste posé la question, exprimé son inquiétude, pour solliciter des réponses et des explications. Bon j’arrête la troisième personne, ça me saoûle, n’est pas Alain Delon qui veut.
Pour cette question comme pour d’autres, j’ai consulté des avis (mes fameux collègues), je me suis documentée... et je suis allée relire le texte de la loi Veil de 1975 (disponible sur Internet, par Google, très facile). Ça peut paraître bizarre, comme méthode, d’aller consulter le texte qui risque d’être mis en péril par un autre, mais ça m’a pris comme ça, je me sentais très spéléo ces derniers temps.
Voici le premier article de la loi Veil - le premier, hein, pas le deuxième ou le douzième, le tout premier, avant qu’on cause d’avortement à proprement parler :
"La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie".
Donc voilà, le droit à la vie, dès le commencement, il est garanti même dans la loi Veil, qui le circonscrit un peu quand il entraîne une situation de "détresse" chez la mère.
Et donc j’ai fait le raisonnement suivant : en Europe, ce droit à la vie doit être un fondement, un socle inamovible, auquel chaque état peut apporter des nuances et des limites, ce que font la France et d’autres états en garantissant la possibilité de pratiquer l’IVG ; mais en gros, ce n’est pas parce qu’on garantit le droit à la vie qu’on interdit l’avortement. Puisque la loi Veil fait les deux.
Je ne me suis pas très bien exprimé. Alors je tente de me reprendre ;-).
Je comprend et partage votre attachement à ce droit. Ce qui m’a atterré est tout simplement que cet argument à l’évidence mensonger puisse vous amener à vous questionner ? Que sa véracité potentiel soit simplement examinée. Quelqu’un comme Judith !
Parce que envisager, même l’ombre d’un instant, qu’il puisse y avoir une telle clause secrète dans le TCE... Ca accrédite tout simplement l’idée que l’UE nous veut du mal : la construction se fait contre le peuple, contre nos acquis, contre notre histoire, voire donc contre l’émancipation des femmes. Ils nous mentent. C’est très Jennar, hein : "La trahison des élites". J’ai simplement eu l’impression que vous cédiez, pour une toute petite part certes, mais quand même, à un début de "il y a des forces obscures qui nous manipulent et veulent notre mal ".
Sans rancune, Judith ?
Chère Judith, Vous me faites douter de mes yeux. Je crois voir écrit sous votre plume :
Donc voilà, le droit à la vie, dès le commencement, il est garanti même dans la loi Veil, qui le circonscrit un peu quand il entraîne une situation de "détresse" chez la mère.
N’y aurait-il pas la un léger raccourci ?
Puisque je tiens le crachoir, j’en profite pour rappeler que les droits et principes énoncés dans la partie II doivent être interprétés à la lumière des ’explications du praesidium’ sur lesquelles nous serons appelés à nous prononcer aussi.
On y lit notemment, au sujet du ’droit à la vie’ :
c) pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurrection."
Bien à vous
Concernant Melenchon et Emanuelli, je pense que ça les
arrange beaucoup de ne pas se demander si ce qu’ils disent est
faux...
L’avantage et le piège quand on est dans le camp du non,
c’est qu’on peut jouer sur la provoc et la peur. Je trouve ça
irrespecctueux envers ceux qui défendent le non d’une manière honnête et
en essayant de confronter leurs arguments.
Par rapport à l’IVG, la question à se poser est de savoir
à partir de quand on considère que la vie commence et que cette forme de
vie constitue un individu.
C’est une question philosophique dont la
réponse peut évoluer en fonction du changement des mentalités dans la
société.
Concernant le fait que l’IVG et le divorce ne soient pas explicitement définis comme des droits, cela n’implique pas forcément une volonté de supprimer ces droits. Cela montre plutôt une volonté de respecter les différentes législations des Etats membres ainsi que la diversité des opinions religieuses.
Il faut se rappeler qu’aucun droit n’est immuable et que les droits ont toujours progressés (abolition de l’esclavagisme, droit de grève, droit de vote pour les femmes...), portés par les revendications des hommes et des femmes.
Je crois qu’on ne peut réellement trancher pour le oui ou pour le non sans avoir introduit un minimum d’histoire, de philosophie, d’économie, de sociologie et de droit dans les débat.
Pour ceux qui cherchent des discussions intéressantes, il y a des débats bien argumentés sur le forum de science po.
Gérard.
A moi, la constitution, que j’ai lue, me parait dangereuse pour le droit à l’IVG.
Certes, elle se contente de parler de "droit à la vie". Cette phrase n’est pas une remise en cause directe du droit à l’avortement, et elle ne sera peut être jamais utilisée comme telle, mais peut-être aussi qu’elle se sera.
On ne peut pas savoir.
Le problème, avec les phrases obscure, c’est qu’il n’y a qu’une seule autorité qui pourra les éclaircir de façon efficace, à savoit la Cour de Justice de Luxembourg, quand elle sera saisie.
Donc, chaque obscurité de la Constitution (et en particulier celle sur le droit à la vie, mais d’autres aussi) s’analyse comme un chèque en blanc à un juge non élu, qui jusqu’ici a montré une certaine tendance à élargir ses pouvoirs et à préférer les interpretations ultra libérales.
Mar ailleurs, quel que soit le respect que j’ai pour Mme Veil, elle n’avait pas à entrer dans le débat, ou bien elle devait démissionner du Conseil Constitutionnel
Juste pour recadrer le débat : vous connaissez beaucoup de juges élus ?
A ma connaissance, le seul cas où des juges sont élus en France est celui de la Haute Cour de Justice, qui juge les hommes politiques pour des faits accomplis dans le cadre de leurs fonctions. Le moins qu’on puisse dire est que cette institution ne fait pas l’unanimité.
Bon, cette histoire d’IVG. Je suis a fond pour le non, mais je crois honnete de dire qu’a mes yeux c’est un faux debat.
Le droit a la vie existe dans la déclaration universelle des droits de l’homme. Ca ne signigie pas qu’elle interdise l’IVG. La meme chose vaut pour le TCE, il me semble. Effectivement, on n’est pas a l’abri d’un glissement conceptuel : si pour une raison ou une autre on decide que l’embryon est une personne, l’article en question entrera en conflit avec le droit a l’IVG. Ce n’est pas absolument inconcevable, mais je doute que ce soit l’intention des redacteurs et la menace me semble pour le moins lointaine.
Mais surtout voir en la partie II une menace contre l’IVG ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs serait lui faire trop d’honneur ! En fait l’IVG ne risque pas grand-chose du fait de la partie II, pour la bonne raison que la partie II est quasiment inopérante. Et c’est la le reproche que je lui fais. La partie II n’est qu’un cache-misere. Telle qu’elle est redigee, elle ne peut proteger les citoyens que contre les eventuels abus de l’application du droit europeen.
Ca peut arriver a un politicien partisan du non de dire une betise. Ca peut arriver aussi a un partisan du oui, je crois. C’est peut-etre pas la peine d’en faire un plat.
Je pense que si cette constitution passe, les femmes vont essentiellement morfler, oui, mais au meme titre que les hommes.
Juste peut-etre un bemol a ca : imposer des normes uniformes sur tout le domaine europeen, meme bien intentionnees, peut se retourner contre les personnes qu’on est cense proteger. Je pense, par exemple, a la suppression de l’interdiction du travail de nuit pour les femmes, au nom de l’egalite des sexes (suppression qui a ete imposee au gouvernement Jospin par une directive europeenne). C’est une bonne idee dans un pays ou l’egalite des sexes est deja bien etablie par ailleurs, comme dans les pays nordiques ou tout est fait pour que le pere et la mere puissent reellement se partager les soins aux enfants (assez typiquement, la mere prend un conge de maternite d’une duree de 6 mois a 1 an, puis le pere prend le relai, et il amene le bambin a sa femme sur son lieu de travail pour qu’elle puisse l’allaiter !). Mais en France, on n’en est pas la, on n’a pas ces conges de maternite/paternite dignes de ce nom, et de nombreuses femmes se voient obligees de travailler la nuit alors qu’elles ont des gamins, ce qui met la femme et les gamins dans une situation infernale.
Moi aussi j’ai reçu hier le "paquet électoral". J’ai repris pour la deuxième fois la lecture du traité, en surlignant les points qui me dérangent toujours. Oh, avec une telle lecture attentive, j’en ai pour deux semaines !
Mais régulièrement je pose mes stylos et je me demande. Bigre. Où est donc passée la politique ? Où sont passés les rêves de progrès ? Ce qui me dérange le plus dans toute cette affaire, ce n’est pas le choix, c’est le non-choix.
Ainsi, nous n’avons pas le droit de voter non. De toute façon, ça ne changerait rien ? Mais que décidons-nous encore, en ce monde ? L’uniformité des médias nous interdit de choisir nos informations. Dans les centre-villes, les mêmes enseignes nous renvoient vers de mêmes produits. Dans la politique, tous les messages semblent se valoir. Et surtout, nos pitoyables choix ne changent rien.
Le traité n’est pas renégociable ? Ah... Et c’est donc ce genre d’europe qu’on essaie de me vendre... Une Europe où un non national (quand même, "représentant" 60 millions de personnes, même s’il est évident que le non ne l’emportera pas à la majorité), et ça ne servirait à rien ? "Causes toujours, tu m’intéresses". Tiens, ça ressemble quand même fort au droit de pétition déjà évoqué, qui n’engage à rien. Allez, soyons gentils, donnons des jouets à nos citoyens.
Ne vous inquiétez pas, nous nous occupons de tout. Visiblement, vous venez de prouver que vous êtes dangereux. Certains d’entre vous rêvent encore autrement que devant la ferme. Aïe. Alors les ouiistes nous proposent le rêve européen. Annexé par la lointaine Bruxelles, ce rêve a fait long feu. L’arrivée des polonais (épouvantail commode mais pourtant montré du doigt par les médias) nous propose un avenir où la France se cantonne à des rôles très précis. "La haute technologie", nous dit-on, restera notre apanage. Bigre, 60 millions d’informaticiens, de nanotechnologues, ... Tu parles d’un rêve (et je dis bien ça parce que je suis informaticien).
Qu’est ce qu’il reste, comme argument ? La peur. Bien, à tout prendre, c’est un argument primal, un argument qui marchera toujours. Dans les deux camps, mais l’un des deux seulement semble avoir réellement la parole. Bah. C’est aussi ça, notre démocratie, et nous n’avons que ce que nous méritons, avec nos 3h22 de TV quotidienne. Le glissement de la politique a déjà eu lieu, il ne nous reste plus que les yeux pour pleurer.
Hier midi, encore, je déjeunais au restaurant universitaire. On nous distribue des serviettes en papier. Dessus, un message de la communauté européenne et un slogan : "Une constitution pour l’Europe". Jusque dans nos plateaux repas on nous le dit : hors de la constitution, pas d’Europe. Jamais compris pourquoi la politique n’était règlementée que dans un sens, dans un établissement public...
Alors face à tant de fatalité, que voulez-vous donc faire ? Rentrer. Regarder la télévision. Et y attendre, aux infos, les signes d’un vrai mouvement de pensées. Comme on surveille un encéphalogramme en espérant un mouvement.
C’est assez facile d’être pris d’une peur panique aujourd’hui, à trois semaines du référendum européen. Pourtant notre questionnement sur la construction européenne aurait pu se poser bien plus tôt : tous les cinq ans, nous élisons nos représentants au Parlement européen. Régulièrement, ces mêmes eurodéputés tiennent des permanences en région pour expliquer ce qu’ils font à Strasbourg. Qui les écoute ? Il n’y a qu’à voir le taux de participation à ces élections plus faible de scrutin en scrutin.
En tant que journaliste passionnée par les questions européennes, je regrette que ce débat arrive si tard alors que la plupart des sujets (libéralisme économique, représentation nationale...) sont prévisibles depuis longtemps. Alors, je dis "Heureusement que JC organise ce référendum !".
Je comprends bien la remarque, et effectivement, j’ai un peu honte. Aux dernières élections européennes, j’avais à peine le droit de vote. Je n’ai pas vu de débat à ce moment là. Les médias ne semblaient pas passionnés et n’avaient donc pas envie de passionner les foules.
Et surtout, l’influence de l’Europe était encore à ce moment cantonné dans la tête des gens aux échanges transfrontaliers et à des secteurs précis entre pays "qui se connaissent". Aujourd’hui, nous constatons réellement que l’europe est puissante à imposer des règles, et impuissantes à prendre en main les problèmes. C’est maintenant seulement que le débat a lieu, mais hélas, j’en conviens, c’est tard.
Quand je parle de l’oubli des rêves, c’est simplement que l’europe telle qu’elle existe maintenant (et telle qu’on nous demande de la voter) est décalée par rapport à l’europe idéalisée qu’on nous a vendu durant des années. Une europe qui n’apporte que des bénéfices. Or, nous savons que ce genre d’affirmation est aussi mensongère que l’affirmation que l’europe ne nous a apporté que des ennuis.
Mais cela ne change rien à ma première intervention : j’estime qu’il vaut mieux tard que jamais. Et si cela doit précipiter l’Europe dans une crise à court terme, je veux prendre le risque, car j’ai l’espoir qu’à long terme, elle sera meilleure.
A DS :
Comme vous, j’admire et je respecte Simone Weil et Jacques Delors. Mais...
Bertrand Russell, je crois, conseillait "n’admets rien pour vrai que tu n’aies pu vérifier par toi-même".
Alors, je relis le texte de la "constitution".
Et ce qui ne passait pas ne passe toujours pas.