Après Barroso, la Turquie.
Les sujets tabous se multiplient sur France 2.
Reprenons cette affaire turque. France 2 avait prévu une émission "un oeil sur la planète" consacrée à la Turquie.
Ce n’était pas un secret. Thierry Thuillier, chef du service international de France 2, nous l’avait annoncé, après l’enregistrement d’Arrêt sur images, quand il était venu participer à notre émission sur le traitement médiatique de la Turquie. Il était tout content de consacrer une de ses prochaines émissions à la Turquie. La Turquie, ses contrastes, ses communautés méconnues, comme celle des Alevis, quinze millions de musulmans dont les femmes ne sont pas voilées, et dont les medias étrangers ne parlent jamais, parce qu’ils ne correspondent pas à l’image du musulman, telle que l’aiment les medias étrangers. La Turquie, pays trop complexe pour les petits formats du 20 Heures, pour les sujets en une minute trente. Avec cet "oeil sur la planète", on allait voir ce qu’on allait voir. L’information télévisée du service public allait pouvoir traiter, avec la longueur requise, un beau sujet complexe.
Là-dessus, Sylvain Attal annonce l’autre jour sur son Blog que Chirac a demandé à France 2 de surseoir à la diffusion de cette émission jusqu’au 29 mai. Je ne sais pas si Attal dit vrai. Je présume seulement qu’il a quelques sources. Attal présentait naguère sur France 2 "Argent public", la seule émission qui aît tenté de faire, sans angélisme ni poujadisme à la Pernaut, la pédagogie de la dépense publique à la télévision. On peut supposer que Attal a gardé quelques accointances à l’intérieur de la maison France 2. Et la page de Guy Birenbaum, dans VSD de cette semaine, reprend l’information du Blog d’Attal (je signale que Birenbaum a été l’éditeur de Sylvain Attal. Cela joue-t-il un rôle dans cette affaire ? Je n’en sais rien. Par ailleurs Birenbaum a aussi été mon éditeur chez Denoël, pour autant il ne m’a pas appelé pour me signaler le Blog d’Attal. Je le signale seulement parce que si je ne le faisais pas, Guy pourrait appeler ça un "délit d’initié").
Alors nous, à Arrêt sur images, on appelle Thierry Thuillier. C’est Maja Neskovic qui l’appelle. Et Thuillier explique à Maja : "oui c’est vrai que la direction de la chaine nous a demandé de ne pas faire cette émission sur la Turquie avant le 29 mai." Maja, fine mouche : "et la direction vous a donné des raisons ?" Thuillier : "oui, elle m’a donné des raisons, que je ne peux pas vous répéter".
Mais Thuillier ne croit pas que ce soit Chirac qui ait demandé cette annulation ; "on n’est pas aussi émblématiques que l’émission de Mazerolle".
Bigre ! On se perd en conjectures. Quelles peuvent bien être les raisons d’Arlette Chabot, directrice de l’information de France 2, de ne pas vouloir diffuser "Un oeil sur la planète" consacré à la Turquie, avant le 29 mai ?
Quelles peuvent bien être les raisons de cette chaine, qui a déjà accepté de décommander le président de la Commission Européenne, Manuel Barroso, après que Chirac ait piqué une grosse colère ?
Vraiment on ne voit pas.
Pour en avoir le coeur net, Maja appelle Arlette Chabot. Qui lui répond franchement : c’est elle qui a décidé de reporter cette émission sur la Turquie. Sans appel de l’Elysée, ni de personne (Maja raconte tout ça dans l’émission de ce dimanche). "Si cette émission était passée en mai, tout le monde nous serait tombé dessus. Les oui, les non, tout le monde. Ce n’est pas l’Elysée qui gère la rédaction, et on est assez grands pour se rendre compte tout seuls qu’on aurait eu tout le monde sur le dos." "Mais la pédagogie ?" demande Maja. Et Arlette : "je m’en fous".
Dont acte. Personne n’a demandé à Arlette de cacher la Turquie sous le tapis, jusqu’au 29 mai. Simplement Arlette, il faut le croire, aimerait tellement que plus personne ne parle de la Turquie. Comme tant d’autres. Les ouistes, qui sont un peu au fond du trou en ce moment, ne veulent pas entendre parler de la Turquie. Ils aimeraient tellement effacer la Turquie sur les atlas, jusqu’au 29 mai. A la place de la Turquie, il y aurait une grosse tache blanche. Sans nom. Ou une espèce de trou noir. On aimerait tellement effacer des dictionnaires l’expression "fort comme un Turc". Oublier le café turc. Et les bains turcs. Et faire interdire La marche turque à tous les élèves des conservatoires, et à tous les standards téléphoniques. Jusqu’au 29 mai.
J’estime Arlette Chabot. La première fois que je l’ai rencontrée, j’étais étudiant au Centre de Formation des Journalistes, et j’avais insisté pour que nous invitions Arlette à venir nous parler de journalisme.
Elle présentait à l’époque le journal de 9 heures du matin sur France Inter, et avait réussi à donner à ce journal un ton qui décoiffait. Il y avait un je-ne-sais-quoi, une liberté de ton, une impertinence, qui tranchait sur la grisaille ambiante. Il y avait une touche Chabot.
Arlette était venue. Elle avait parlé du journalisme. Après la conférence, on avait bu un verre (peut-être deux). Et je me souviens d’Arlette nous quittant, sur le pas de la porte, un peu grisée (elle avait dû boire deux coupes. Peut-être trois, maintenant que j’y pense) et nous criant sur le palier : "ne vous laissez pas faire, les petits jeunes, surtout ne vous laissez pas faire !"
Depuis cette soirée, je suis chabophile.
Quelques années plus tard, on s’est retrouvés à Noumea, en 1984, pour couvrir le soulèvement des kanaks contre les caldoches. Elle pour TF1, moi pour Le Monde. Je me souviens d’Arlette au piano du Surf Hotel. Je me souviens de ses imitations des caldoches et des kanaks. Je me souviens de ce qu’elle disait sur le député RPR Jacques Lafleur, homme fort du Territoire. Ma chabophilie s’en est encore renforcée, même si je regrettais parfois de ne pas retrouver dans les reportages le ton de la Arlette du piano. Et encore dans Mots Croisés, de temps en temps, moi qui la connais, je devine que la Arlette du Surf Hotel n’est pas morte, qu’elle palpite encore sous l’écorce de la grande pro irréprochable. Je pense que si un jour Arlette "se lachait" à l’antenne, on aurait trouvé un vrai successeur à Coluche.
Alors, aujourd’hui !
Penser qu’on lui dit : Arlette, tu ne veux pas planquer Barroso ? Et elle planque Barroso. Ou au mieux, elle ferme les yeux pendant que ses patrons planquent Barroso, à la dermande de Chirac.
Et la semaine suivante, toute seule, Arlette planque la Turquie. Sans voir que ce report de programmation est une prise de position politique. Parce que tout de même, il n’a pu échapper à Arlette qu’il y a débat. Les ouistes affirment que la nouvelle constitution est totalement indépendante du processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Mais au contraire, les noniens soutiennent que la Constitution ouvre largement à la Turquie une porte pour l’instant fermée par le traité de Nice. Et de toutes manières, ajoutent-ils, on ne peut pas signer le contrat de mariage sans savoir avec qui on se mariera. Déprogrammer au mois de mai une émission qui nous permette de dépasser nos clichés sur les Turcs, ce n’est pas seulement un non-sens professionnel : c’est une prise de position ouiste. Bêtement ouiste, d’ailleurs (parce qu’une émission permettant de dépasser les clichés sur la Turquie pourrait aussi être reçue comme intelligemment ouiste).
Moi, j’ai seulement envie de lui dire : Arlette, tous ces turcs...euh pardon, tous ces trucs sous le tapis, ça va finir par se voir. Et quand ça sera bien visible, quand tout le monde te demandera "Arlette, pourquoi as-tu caché tout ça sous le tapis, toi qui es directrice de l’information, et dont le rôle est plutôt de tout montrer ?" tous tes chefs te lacheront. Tu sais comme les types sont courageux, Arlette.
Alors ne te laisse pas faire, Arlette. Surtout, ne te laisse pas faire.
Pour ceux qui regrettent de ne pas avoir pu se faire une opinion plus tôt, J.M. Barroso sera l’invité de France Europe Express le 14 juin... en français dans le texte !
A bientôt pour vos réactions.
Au vu du phénoménal bond en avant du non, contrarié ce matin par un grave recul de ce même non, tandis que demain... Alors que même un étudiant en socio moyennement doué connait la valeur des sondages :
" Le sondage d’opinion est dans, dans l’état actuel, un instrument d’action politique ; sa fonction la plus importante consiste peut-être à imposer l’illusion qu’il existe une opinion publique comme sommation purement additive d’opinions individuelles [... Or la ] compétence politique n’est pas universellement répandue. Elle varie grosse modo comme le niveau d’instruction. Autrement dit, la probabilité d’avoir une opinion sur toutes les questions supposant un savoir politique est assez comparable à la probabilité d’aller au musée. On observe des écarts fantastiques : là où tel étudiant engagé dans un mouvement gauchiste perçoit quinze divisions à gauche du PSU, pour un cadre moyen il n’y a rien. Dans l’échelle politique (extrême-gauche, gauche, centre-gauche, centre, centre-droit, droite, extrême-droite, etc.) que les enquêtes de "science politique" emploient comme allant de soi, certaines catégories sociales utilisent intensément un petit coin de l’extrême-gauche ; d’autres utilisent uniquement le centre, d’autres utilisent toute l’échelle. Finalement une élection est l’agrégation d’espaces tout à fait différents ; on additionne des gens qui mesurent en centimètres avec des gens qui mesurent en kilomètres, ou, mieux, des gens qui notent de O à 20 et des gens qui notent entre 9 et 11. La compétence se mesure entre autres choses au degré de finesse de perception (c’est la même chose en esthétique, certains pouvant distinguer les cinq ou six manières successives d’un seul peintre)".
P. Bourdieu,"L’opinion publique n’existe pas". Questions de sociologie, Les Éditions de minuits p. 226-227.
Une chose est sûre : Le seul sondage valable ce sera celui du 29 mai !
Bon, je ne suis pas spécialiste mais il faudrait trouver un autre moyen de modéliser les sondages car la vision en pourcentages de gens qui se sont prononcés n’est pas très fiable même si elle est la plus spectaculaire. Sinon, ce que l’on ne montre presque jamais c’est le pourcentage de gens qui ne se prononcent pas et qui est pourtant un indicateur important de la pénétration d’une idée dans la population. De plus, un sondage considéré comme étant une photo instantanée ne vaut pas grand chose, il faut le voir dans une suite de sondages (avec la même méthode d’échantillonnage et analysé par le même analyste). C’est pour cela que personne n’a vu la montée de Le Pen le 21 avril 2002.
Face à face, émission de débat créée sur Public sénat à l’occasion du référendum. Le débat est donc censé être entre le OUI et le NON...
Hier, et rediffusée aujourd’hui, un face à face entre julien Dray et François Baroin, donc face à un OUI...un OUI...Il faut le voir ; à un moment on aborde la question du tutoiement et de la photo Hollande -Sarkozy sur Paris Match !
J.P .Elkabach est toujours dans la pédagogie, et sa chaîne parlemenataire remplit amplement sa mission citoyenne et civique.
Au fait cette émission est animée par Sylvain Attal...Oui, celui qui a révélé la censure turque sur F2.
A. Chabot nous cache la Turquie ; mais lui que nous cache-t-il ?
Attendons pour voir, dans son émission, un face à face entre Emmanuelli et buffet...
Moi aussi, cela me gêne énormément qu’on mette la question de la Turquie sous le boisseau. ce problème est tout à fait lié au débat constitutionnel sur l’Europe.
En effet, la Turquie comporte neaucoup d’habitants. Donc de deux choses l’une :
soit on lui donne un poids proportionnel à son nombre d’habitants, ce qui revient à lui donner un poids prépondérant
soit on lui donne un poids très inférieur à son nombre d’habitants, mais alors, on sera très mal venus, si un jour ce débat se rouvre, à demander, pour la France, un poids plus conforme à l’idée qu’une personne doit valoir un vote
En fait, on s’interdirait durablement la possibilité de revenir à cette idée républicaine fondamentale : one man, one vote
Je continue mes réflexions à la seule intention des indécis.
Les états sont souverains et pas l’Europe ; mais comment s’organise le pouvoir entre les deux niveaux ? C’est le propos
DE LA SUBSIDIARITE
Un mot peu courant, remis au goût du jour par un pape (Pie XI ,1931). On voudrait nous dégouter ! Je suppose que l’on n’a pas voulu utiliser un mot plus courant pour éviter la comparaison avec quelque pays particulier.
"La Communauté repose, ... , sur le principe de subsidiarité : elle n’intervient que lorsqu’il est incontestable que l’action de la Communauté apparaît comme plus efficace qu’une action menée isolément par un ou deux pays."
Ce mode de répartition du pouvoir est opposé à la tradition politique française (le jacobinisme), où une collectivité territoriale ne peut agir qu’en application des lois votées par le parlement. Il ne nous est pas inconnu pour autant, les syndicats fonctionnant de fait sur ce système : les syndicats d’entreprise définissent de façon autonome leur action, dans le respect des valeurs définies au niveau des confédérations.
La répartition, trés simplifiée, des domaines respectifs est actuellement la suivante :
l’Europe est responsable des politiques agricoles, commerciales, de concurrence et monétaire ;
les états sont responsables du reste, et en particulier de l’éducation, de la culture, de la formation, de la recherche, de la santé, de la protection sociale et de l’emploi.
Comment peut-on s’étonner de ce que la partie III du TCE, contenant les politiques déjà définies, soit centrée sur les domaines de compétence de l’Union. Il est légitime de vouloir que l’Union ait plus de domaines de compétence ; beaucoup avancent l’idée que la protection sociale devrait en faire partie.
Mais qu’est la protection sociale ? Elle découle du fait que seuls les actifs ont des revenus. Les enfants, les vieux et les chomeurs sont sans ressource ; à moins que la société ne trouve un moyen de leur en procurer. Le problème est exactement le même pour chaque pays, riche ou pauvre. Les solutions possibles sont aussi les mêmes. Laisser le cadre familial résoudre le problème est insuffisant ; dans les pays n’ayant que cette solution, l’espérance de vie dépasse rarement les 50 ans. Les solutions vont de l’assurance privée a la caisse d’état obligatoire. Selon mes lecture, et de mémoire, les assurances privés reverseraient 75% des cotisations en prestations contre 92% pour la sécurité sociale. Le système d’état est bien moins couteux ; c’est logique, a l’économie d’échelle s’ajoute les économies de recherche de clients et de versement de dividendes !
Comment pourrait-on harmoniser au niveau européen entre un service de santé service public au Royaume Uni, libéral en France ? Des systèmes de retraite ou la pension est égale pour tous (Pays-Bas ?) et ceux dépendant de la durée d’activité et du niveau de salaire comme en France ? Et pour ceux qui voudrais quand même une politique sociale unifiée, je leur demande de signer la pétition suivante :
« Je souhaite que le système social français soit abandonné aussi vite que possible et remplacé par un système défini au niveau de l’Union européenne » Moi, je ne la signe pas !
Le mot "incontestable" garantit que jamais l’Europe ne décidera de tout. Bien sûr, la politique étrangère et la défense ont vocation à être transférés à l’Union, mais celà prendra du temps.
"La Communauté repose, ... , sur le principe de subsidiarité : elle n’intervient que lorsqu’il est incontestable que l’action de la Communauté apparaît comme plus efficace qu’une action menée isolément par un ou deux pays."
Décortiquons un peu cette phrase. L’efficacité est une notion subjective en politique ; il n’y a pas de métrique universelle pour la mesurer. Du coup, on ne peut pas requérir que cette efficacité soit "incontestable" : comment une appréciation subjective pourrait-elle être rationnellement incontestable (ou alors, une variante serait de dire qu’elle l’est toujours) ?
Conclusion : ce critère d’incontestabilité est un miroir aux alouettes car il ne veut rien dire.
Voici ma réponse au texte de propagande du Pr Chouard. Celui-ci
a beau enseigne le droit, il ne connaît visiblement pas le droit communautaire
et son texte est truffé d’erreurs grossières. Voici ses cinq idées
chocs :
La Constitution
doit être un texte lisible
La Constitution est partisane
La Constitution est un texte verrouillé
Une Constitution qui n’organise pas
la séparation des pouvoirs
La Constitution est établie par le peuple et pour le
peuple
La Constitution doit être un texte lisible
Voilà une belle idée reçue pour commencer et qui procède d’une illusion selon laquelle plus un texte est simple, plus sa signification est claire. Déjà, au XVIIIème siècle, l’abbé Siéyès recommandait aux constituants français d’adopter une rédaction simple afin de rendre la Constitution « obscure » et d’en favoriser le caractère malléable. Napoléon retiendra les leçons de l’abbé multicartes. La lisibilité, corollaire de la simplicité, n’est certainement pas un gage de démocratie. Elle est source d’arbitraire. Soyons sérieux trente secondes : quel citoyen français connaît la Constitution de 1958 ? Qui, à part des spécialistes, peut prétendre la maîtriser sur le bout des doigts ? Par exemple, le fameux article 16, qui donne des pouvoirs spéciaux au Chef de l’Etat en cas de crise, est étonnant de simplicité. Il ne définit aucune procédure. Ce sont quelques lignes dont l’application pratique ne laisse pas d’interroger. Et le fameux domaine réservé du Chef de l’Etat, sur quoi se fonde-t-il en droit ? Et le fameux article 37 qui réduit le domaine de la loi à la portion congrue au profit du règlement en l’enserrant dans des domaines limités (art.34) ? Et le fameux article 49-3 qui permet au gouvernement de passer en force un projet de loi sans tenir compte du Parlement ? Il a fallu attendre la première cohabitation pour que l’on mesure pleinement les insuffisances de ce texte pourtant si « clair et simple ».
Benjamin Constant, quant à lui, affirmait que les procédures étaient les divinités tutélaires du droit. Un texte constitutionnel doit être exhaustif, long, ne pas reculer devant l’exigence du détail lorsque les dispositions touchent des points cruciaux. Les procédures permettent d’endiguer toute manifestation d’arbitraire qui, pour cette dernière, a justement besoin de s’émanciper du cadre rigide des formes.
Dès lors, le professeur Chouard serait bien inspiré de se préoccuper de la Constitution française au lieu de se complaire dans une critique du projet de Constitution européenne. Sans doute se rendrait-il compte que le maximalisme de la simplicité, dont il fait sa vulgate personnelle, n’est certainement pas un gage de démocratie. A trop vouloir chercher l’arbitraire ailleurs que chez soi, on finit par dire n’importe quoi.
La Constitution est partisane
Voilà une autre idée reçue qui serait même comique si elle ne prenait pas place dans un débat grave et solennel. Voilà un autre mirage. Naturellement, citoyens, soyez convaincus qu’un texte constitutionnel doit être neutre. C’est un professeur de droit, agitant sa qualité comme argument d’autorité, qui vous le dit. Bien entendu, le préambule de 1946, réaffirmé par la Constitution de 1958, qui consacre « les droits sociaux particulièrement nécessaires à notre temps », est un vibrant témoignage de neutralité ! Bien entendu, toutes les Constitutions démocratiques qui se réfèrent aux instruments internationaux et régionaux de protection et de sauvegarde des libertés fondamentales sont neutres... De qui se moque-t-on ? Oui, le projet de Constitution européenne est partisan, non seulement parce qu’il garantit la libre initiative dans le domaine économique mais aussi parce qu’il consacre une charte des droits fondamentaux, qui englobe l’ensemble des droits sociaux et offre des garanties et des protections juridiques à l’ensemble des citoyens européens. Une Constitution neutre, ça n’existe pas. Car toute Constitution est un acte politique fondamental.
La Constitution est un texte verrouillé
Bien entendu, comme les points précédents, cet argument est inepte. Il va de soi que toute Constitution prévoit des mécanismes de révision contraignants pour éviter justement que les lois fondamentales ne soient modifiées au gré de la versatilité des majorités qui se suivent sans toujours se ressembler. L’auteur de ce texte ferait mieux de s’interroger sur les mécanismes de révision de la Constitution de 1958. Il verra que les mécanismes de révision n’y sont pas simples. Idem en ce qui concerne la Constitution belge dont les procédures sont encore bien plus contraignantes eu égard au paysage sociopolitique de ce pays. Et pourtant ! que ce soit en France et en Belgique, il arrive souvent que la Constitution soit modifiée. L’argument de la complexité comme anticipation d’un verrouillage est inepte et ne démontre rien. Le projet de Constitution européenne appartient à une autre division : c’est un jeu qui va se jouer à 25 Etats et il est normal de prévoir des mécanismes contraignants afin de garantir un équilibre au texte, afin d’éviter des révisions intempestives, afin d’assurer l’efficacité du texte et, par conséquent, la stabilité politique ! A moins, bien sûr, d’opter pour des mécanismes de révision simples et, donc, susceptibles d’être mis en œuvre en dépit du bon sens... C’est peut-être ce que l’auteur souhaite dans son for intérieur, sans doute par « rigorisme » juridique...Le bordel à 25 comme c’est le cas actuellement.
Une Constitution qui n’organise pas la séparation des pouvoirs
Le triangle institutionnel communautaire appartient à un genre de nouveau qui ne cadre pas avec la séparation (ou l’équilibre des pouvoirs) décrite par Locke et Montesquieu : Commission, Conseil et Parlement européen. Ce triangle institutionnel est à l’image d’une Union d’Etats n’ayant pas les mêmes institutions, les mêmes traditions politiques, la même langue, etc. Sans doute que les choses eussent été plus dans la lignée des principes politiques hérités du XVIIIème siècle si l’Europe avait été à l’image des Etats-Unis d’Amérique. Mais l’Europe est un vieux continent morcelé en plusieurs nations. C’est ainsi. Il faut lire la Constitution de la défunte Yougoslavie qui, si l’on fait abstraction de son communisme, organisait un système institutionnel complexe destiné à fédérer des nations qui, depuis, se sont émancipées en se tapant dessus. Et ne parlons pas de la Constitution suisse qui, sans doute, donnerait des boutons à l’auteur !
Depuis 1978, le Parlement européen gagne en puissance. De Parlement « fantoche », celui-ci s’est imposé dans le paysage institutionnel européen au fur et à mesure des traités constitutifs (Acte Unique de 1984, Traité de Maastricht, Traité d’Amsterdam, Traité de Nice). Il participe à l’élaboration des normes communautaires (procédures de codécision, procédure de coopération, etc.). Il avalise toute nouvelle Commission. Il peut la destituer. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit avec la Commission présidée par le luxembourgeois Jacques Santer suite à l’affaire Cresson (et encore ! la procédure de censure n’est pas allé à son terme puisque la Commission en avait anticipé les effets en démissionnant). Les antieuropéens avaient ironisé à l’époque alors qu’ils auraient dû justement se réjouir de cette première institutionnelle qui témoigne de la vitalité du parlementarisme au niveau européen.
Et puis, soyons clairs et refusons l’hypocrisie. Trop souvent, les hommes politiques d’envergure nationale considèrent le fait de siéger au Parlement européen comme une sorte de « déshonneur » ou de « placard doré ». Ils vivent Bruxelles ou Strasbourg comme un exil qui les éloignent de leurs ambitions nationales alors que le travail parlementaire au niveau européen est réellement enthousiasmant. La plupart des lois nationales procèdent désormais des règlements et directives. Si l’on est attaché à la démocratie et au parlementarisme, on devrait s’en réjouir et ne pas considérer les élections européennes comme des élections croupions. L’espace public européen y gagnerait. L’auteur du texte devrait donc plutôt s’inquiéter du travail de l’Assemblée nationale et du Sénat méprisés par la Constitution de 1958.
La Constitution est établie par le peuple et pour le peuple
Nous nageons là en plein romantisme politique qui confine au mensonge et à la manipulation honteuse ! Le projet de Constitution européenne a été préparé par des conventionnels désignés par les chefs d’Etats et les gouvernements nationaux, eux-mêmes élus démocratiquement. Ce travail s’est fait au nom des citoyens européens pour les citoyens européens. Ce processus n’est absolument pas choquant car c’est ce qui se produit au niveau national ! Comment croyez-vous qu’une Constitution nationale naît ? Par des assemblées constituantes ! Croyez-vous que le peuple français a eu son mot à dire en ce qui concerne l’élaboration de la Constitution soumise à referendum en 1958 ? Par qui a-t-elle été élaborée si ce n’est par des hommes politiques qui ont pu bénéficier du concours et de l’avis de juristes ? L’élaboration du projet de Constitution européenne s’inscrit donc pleinement dans le cadre de la démocratie représentative.
C’est bien dommage que je sois tombé sur ce message, j’aurais bien voulu parler de la Turquie...pour dire que bien qu’étant "nonien", je m’en contrefiche de la Turquie par rapport au référendum. C’est un pays où certains de mes amis vivent, que je veux visiter un jour, et à qui je souhaite tant de bien que je préfererais que eux non plus n’aient pas à subir cette constitution...
A la place, je vais répondre à notre pourfendeur de Pr. Chouard.
1- La Constitution doit être un texte lisible
Nous réclamons de la clareté, pas du simplisme. Merci de ne pas nous prendre pour de complets imbéciles. Vous semblez avoir des références culturelles, vous en étalez plein votre texte. J’en ai moins et vous vous doutez bien que l’immense majorité des gens ignorent aussi qui sont l’abbé Siéyès ou Benjamin Constant. Pour la lisibilité du texte, on aurait pu (et du) se passer de la partie 3, ce qui aurait divisé par deux le volume à ingurgiter (en plus de tout un tas de bonnes raisons qui s’opposent à la présence de cette partie). "Dès lors, le professeur Chouard serait bien inspiré de se préoccuper de la Constitution française au lieu de se complaire dans une critique du projet de Constitution européenne" C’est fort quand même ! Pour se prononcer sur la constitution européenne, il faut s’interesser à la constitution française plutôt que de critiquer le TCE. Un monument de logique et de cohérence...
2- La Constitution est partisane
"Bien entendu, le préambule de 1946, réaffirmé par la
Constitution de 1958, qui consacre « les droits sociaux
particulièrement nécessaires à notre temps », est un vibrant témoignage
de neutralité !"
En
quoi n’est-ce pas neutre ? Ca semble tomber sous le sens pour vous. Pas
pour moi. Si c’est l’humanisme de la constitution française que vous
caractérisez comme partisan, il est grand temps de vous inquiéter : ce
n’est pas une idéologie. Les libertés et droits fondamentaux des êtres
humains ne se discutent pas. En théorie, seuls les régimes autoritaires les
considèrent avec méfiance.
Je suis soulagé de vous entendre dire que le TCE est
partisan, contrairement à ce qu’affirme notre cher premier ministre. C’est
bien ce que monsieur Chouard lui reproche. Le propre de quelque-chose qui
est partisan est que certaines personnes y adhèrent et d’autres non. En
l’occurence, en ce qui me concerne, c’est non. Désolé de n’être qu’un
citoyen, persuadé qu’un texte de constitution doit être neutre. Décidément,
quels cons ces citoyens...
3- La Constitution est un texte verrouillé
Vous avez complètement évacué le mot "unanimité" de ce paragraphe, alors que c’est bien ce dont il est question, au profit de "mécanismes contraignants". Quel bel euphémisme. Dites-moi : quel est donc ce système qui permet à tout pays, même représentant une partie infime de la population européenne, de bloquer une réforme de la constitution ? La démocratie donne le pouvoir à la majorité. La majorité n’a pas toujours raison, c’est vrai, mais c’est comme celà que nous avons décidé de marcher car nous n’avons pas su mettre mieux en place. Un tel mécanisme de réforme de la constitution n’est pas simplement "contraignant" : il est anti-démocratique, au sens propre.
4- Une Constitution qui n’organise pas la séparation des pouvoirs
Vous n’avez pas démontré que cet argument était faux, ce que vous avez dit, c’est que c’était comme ça, et qu’on ne faisait pas ce qu’on voulait, en Europe. Je suis peut-être bête, mais je ne comprend pas en quoi une démocratie réellement parlementaire ne respecterait pas la diversité des états européens. Quelle meilleure représentation d’un patchwork de cultures, de langues, de traditions politiques qu’une démocratie parlementaire ? Un parlement, après tout, c’est aussi un patchwork. Loin de moi l’idée de défendre ces députés européens qui désertent les bancs du parlement, mais il faut bien reconnaître le manque d’interêt qu’il y a à sièger dans une instance qui n’a qu’un rôle consultatif. Et puis, comment interesser plus des hommes politiques qu’en leur donnant plus de pouvoir, justement ? "L’auteur du texte devrait donc plutôt s’inquiéter du travail de l’Assemblée nationale et du Sénat méprisés par la Constitution de 1958."-> on vous y reprend, décidément ! Encore cette bizarrerie : pour se prononcer sur le TCE, il faudrait s’interesser à la constitution française plutôt que de s’entêter à s’interesser à la constitution européenne. Etrange.
5- La Constitution est établie par le peuple et pour le peuple
Là encore, je trouve votre argumentation tordue. D’un côté, vous dites que la constitution française n’a pas été écrite par le peuple : "Croyez-vous que le peuple français a eu son mot à dire en ce qui concerne l’élaboration de la Constitution soumise à referendum en 1958 ?" Elle a été établie par des hommes politiques français et des juristes. C’est la même situation pour ce TCE. A ce point, la logique voudrait que vous concluiez que le TCE n’est donc pas établie par le peuple et pour le peuple. Mais non : "L’élaboration du projet de Constitution européenne s’inscrit donc pleinement dans le cadre de la démocratie représentative." Et en sous-entendu (quoique, votre première phrase sur le romantisme politique est plus qu’explicite), le Pr. Chouard est un paranoïaque qui a tort sur ce point.
Merci de bien vouloir revoir votre copie.
Je vous sais gré de m’inciter à revoir ma copie mais je crains de vous décevoir en n’infirmant pas mes propos. Que du contraire. Vous me donnez ainsi l’occasion de les compléter.
1. Nous réclamons de la clarté, pas du simplisme.
Vous m’accusez, semble-t-il, d’avoir une argumentation tordue. Je dois avouer que sur ce terrain là, vous ne vous défendez pas mal non plus. Le professeur Chouard (de l’Université d’Aix-Marseille ?) réclame de la clarté au nom d’une analyse fausse et tronquée du processus de construction européenne. Alors, libre à vous de ne pas en tenir compte comme vous demeurez libre de m’accuser de prendre les lecteurs de ce blog pour des imbéciles (à moins bien sûr que vous ne preniez votre cas pour une généralité, ce que je n’ose croire). Désolé de me montrer abrupt mais, après tout, je ne fais qu’exercer mon droit de réponse car vous me prêtez des intentions que je n’ai pas dans le simple but de dénaturer le sens de mes propos. Gardez votre sang froid cher ami. Je pense que vous valez bien mieux que cette piteuse diatribe. Pour ce point, je ne ferai donc que confirmer ce que j’ai écrit dans mon précédent message. Oui, effectivement, quand on a la prétention de gloser pour la généralité et, surtout, d’émettre de sérieuses réserves sur un projet de Constitution qui, visiblement, n’a pas été lu, je crois qu’il est important de considérer aussi ce qui se passe au niveau national. C’est donc cohérent. Et c’est d’autant plus nécessaire que nombre de partisans du non revendiquent volontiers une « exception française ».
2. La Constitution est partisane
Evitez de jouer le petit citoyen incompris. Ce genre de rhétorique trouve rapidement ses limites. Oui, le fait d’affirmer dans un texte constitutionnel, national ou européen, la valeur juridique de libertés et droits fondamentaux relève d’un choix volontariste, donc partisan. Il en est de même pour une Constitution qui affirmerait la primauté de Dieu dans les affaires publiques (comme c’est le cas en Iran). Pour le reste, il n’y a rien d’autre à vous répondre. Vous êtes libre de ne pas adhérer à l’approche volontariste initiée par le texte soumis à référendum et notamment de ne pas vouloir que l’on donne une force juridique contraignante à la Charte des droits fondamentaux.
3. Le texte est verrouillé.
Oui, il faut le principe d’unanimité et c’est heureux. C’est un gage de stabilité politique du texte ainsi que du respect de la souveraineté des Etats qui doivent s’entendre et trouver un consensus pour toute modification majeure. Une majorité qualifiée semble une procédure hasardeuse. Les pays de moindre importance en population et en PIB ne l’auraient pas acceptée car ils y auraient vu un moyen de pression inacceptable en faveur des Etats plus importants (France, Espagne, Allemagne, etc.). En droit international public, les Etats sont égaux en droit quelle que soit leur taille. La Constitution ne fait que pérenniser ce principe au niveau européen. Je ne vois pas ce qui est antidémocratique au sens propre du terme comme vous le prétendez. A moins que vous ne pensiez que le citoyen belge ou letton doit avoir moins de droit que le citoyen français ou allemand.
4. Séparation des pouvoirs.
Comme vous ne m’avez pas lu correctement, il est inévitable que vous pensiez que je n’ai rien démontré. Relisez donc ce que j’ai écrit. J’ai dit que le système institutionnel européen est d’une nature particulière, « sui generis » comme nous le disons entre juristes spécialisés en droit européen. On pourrait dire qu’il s’agit d’un système de transition qui veut passer des simples relations interétatiques à un système fédéral à plus ou moins long terme. Par conséquent la comparaison du système institutionnel européen avec celui d’un Etat, qu’il soit fédéral ou centralisé, est inopérante. On aboutit à des confusions d’interprétation. Par ailleurs, la construction européenne s’est opérée par strates, c’est-à-dire par une succession de traités qui ont apporté progressivement des aménagements institutionnels dont le moindre n’est pas la montée en puissance du Parlement européen (cf. mon précédent message). Vous parlez de désertion des députés mais qu’en est-il au niveau national ? A moins que vous n’ayez aucune sympathie pour la démocratie parlementaire. Ce qui est un autre problème. Par ailleurs, le Parlement européen n’a pas qu’un rôle consultatif. Il participe, comme je l’ai écrit, à l’élaboration de la norme. Merci donc de ne pas dire n’importe quoi afin de brouiller le débat et les enjeux.
5. Elaboration par le peuple et pour le peuple.
Je n’ai fait état que d’une réalité pratique. La démocratie directe, vous la trouvez à titre théorique dans le Contrat social de Rousseau. Libre à vous de croire qu’elle s’est appliquée pour toute autre constitution dans le monde.
In fine, je n’ai jamais dit que le professeur Chouard était un paranoïaque mais que son raisonnement était truffé d’erreurs, d’approximations et d’oublis curieux de la part d’un professeur de droit.
Mmh... j’avais lu le plaidoyer de M. Chouard mais à aucun moment je ne l’avais pris pour une exactitude ou des règles juridiques immuables, mais comme un idéal vers lequel on peut tendre. Le texte permet donc de mesurer ses propres aspirations pour une Constitution avec celles exprimées, et aide donc à faire un choix.
Je suis personnellement d’accord avec ces aspirations, et constatant que le TCE ne s’en approche guère, mon opinion est partiellement définie selon cet axe. C’est aussi en se positionnant par rapport à des avis émis par d’autres qu’on se place soi-même. Le texte de M. Chouard est exemplaire en cela, et j’aurai aimé plus de déclarations de ce type y-compris dans le camp du oui pour m’aider à parfaire ma propre position (qui pour le moment tend beaucoup vers le NON et de plus en plus).
Cher Fabrice qui n’aime pas les profs de droits,
Peut etre aimez vous les citoyens qui font du parapente ? Ou peut etre que non... Mr chouard est tres clair, il me semble, il n’est pas prof de droit. Il propose des idees et invite a les discuter, les debattre, les accepter ou les rejeter. Point n’est besoin d’etre agressif, il suffit d’opposer des contre-arguments.
Pour repondre a vos arguments : j’ai bac +9 et je ne comprends pas grand chose a ce texte... Mais je comprends tres bien la constitution francaise, et suis tout a fait capable d’y lire le fonctionnement de l’etat francais. Je peux y voir qui elit qui, qui vote les lois, qui les applique, quels sont les pouvoirs de chacun, tres facilement sans avoir a naviguer entre une multitude de paragraphes ou d’exceptions. Prenons la commission europeenne : c’est la croix et la banniere pour comprendre dans le TCE qui la nomme... et pour cause : en definitive, elle est nommee par une bande de technocrates.... Aux etats unis, ce serait impossible un tel systeme.
Une derniere interrogation : vous, dont la reponse est tellement empreinte de culture, eclairez moi ! J’ai le souvenir de debats houleux quand a l’adhesion du Danemark ou d’autres pays. Il me semble qu’il y a quelques annees, c’etait tres long de faire rentrer un pays dans l’europe. Or nous voila, pres a partager une "constitution" avec des pays dont je ne sais RIEN (lituanie, etc.. je ne suis meme pas sur desquels). Comment se fait il que ces pays aient eu un acces aussi facile a l’europe ? Serait ce pour contrebalancer l’influence russe ?
Je ne comprends pas. Pendant 30 ans on a construit et partage l’europe entre une douzaine de pays, sans reussir a mettre en place une europe politique. Tout a coup, c’est le reveil, et on nous fait croire que c’est l’europe politique a 30 qui est entrain d’apparaitre ????? Pourquoi ne pas mettre en place un vrai systeme entre les pays qui se connaissent ? (fr, de, be, nl, uk, sp, it etc....)
Ma conclusion est que ce texte, constitution a 30, enterre l’espoir d’une europe vraiment politique. Autrement, il s’agirait d’une constitution a 12, voire moins.
Et si cette constitution est adoptee, quel besoin aurons nous d’aller de l’avant ?
On n’a pas à nous cacher des trucs. Partisan du vote non au référendum sur le PGCE (projet Giscard de constitution européenne), je considère que l’escamotage de M. Barroso est une canaillerie visant à empêcher les gens d’avoir l’avis d’un responsable autorisé, de haut niveau et très impliqué dans le projet... bref, d’accéder à une part non négligeable de la vérité sur ce dernier.
Et si j’étais pour le oui, je penserais certainement le même genre de choses. Prémisses opposées, mais conclusion identique : qu’on l’aime ou pas, pourquoi planquer JMDB ?
Alors je propose qu’on fasse une pétition pour réclamer qu’il l’aie, son émission. Qu’il puisse y étaler, jusqu’à plus soif, les détails du fond de sa pensée. Qu’on n’en ignore plus rien. Evidemment, Arlette Chabot, qui a prouvé son expertise dans ce genre d’art, va nous dire que non, que les décisions prises, dans tous les cas, sont toujours les meilleures qui étaient possibles, et que si "on" veut nous priver de Barroso, c’est qu’ "on" a de très bonnes et très solides raisons.
N’empêche... On peut essayer... ?
C’est gênant. Oui, là, ça devient gênant. Cette impression que tout est fait pour offrir un boulevard au "non", c’est insupportable. L’Europe est un idéal. Pour atteindre l’idéal, presque l’Utopia de Rousseau, il y a des marches. Ces marches, il faut les monter. Ce traité, qui n’a rien de vraiment époustouflant, et qui ne recèle pas tous ces tours de serpent que l’on veut bien nous faire accroire, est une marche. Comme les autres. Il est tout à fait loisible aux gens du non de dire que nous arrêtons de gravir cet escalier. Mais alors, nous nous éloignons de fait de ceux qui gravissent cet escalier. Pourquoi les tenants du "oui" ont-ils tellement peur de gueuler, de hurler que la France sans l’Europe ne sera plus tout à fait la France ? Je sais bien que la politique est affaire de compromis. Ce traité en est un exemple criant. Mais de grâce, messieurs du oui, excitez-vous un peu, que diable, énervez-vous ! Arrêtez de vous reposer sur les médias serviles qui vous servent la soupe. Monsieur Borrell affirmait sur Fr2 qu’en tant que président de ce Parlement européen que d’aucuns décrivent comme une simple chambre d’enregistrement -notre Parlement n’est pas meilleur...-, il ne pouvait pas dire ce qu’il pensait de Monsieur De Villiers. Mais c’est justement ce qu’on attend, aujourd’hui. Que les gens en place disent ce qu’ils ont sur le coeur ! Qu’ils s’expriment ! Qu’ils arrêtent, dans cette posture catholique bon teint, de retenir leur élan. Allez-y, que diable, rentrez-leur dans le lard, merde !
Ce qui fait la force des tenants d’un non à la question du 29 mai, c’est leur sincérité. Ils ont tort, ils ont raison, peu importe ! Ils sont sincères. Il y a des gens qui pensent sincèrement que D-ieu existe... Soyez sincères, messieurs du oui ! Soyez hors de vous, énervez-vous, gueulez, hurlez, enfin réagissez... Malheureusement, la plupart des arguments du non, étayés par une lecture stricte du texte du traité, paradoxe des paradoxes, sont infondés. Mais à la limite, peu importe ! On n’en est plus là ! On a l’impression que ceux qui ont lu ce texte abscons ne sont que ceux qui n’en veulent pas. Que ceux qui voteront oui, voteront parce que c’est comme ça, qu’on obéït aveuglément au chef. Ca ne se passe plus comme ça. Ceux qui voteront oui auront eu l’impression d’aller dans le sens de l’Histoire. Comme ce conclave que nous vivons en ce moment. C’est une part de l’Histoire de l’Humanité qui se joue entre la Chapelle Sixtine et la Chapelle Sainte-Marthe. Eh bien, il en est de même pour ce Traité. Rappelons aux tenants du non, qu’en droit international public, on apprend cela en troisième année de droit, tout traité est révocable. Donc l’argument du marbre ne tient pas. C’est un traité. Qui entérinera une Constitution. Plus tard.
Ce qui me perturbe le plus, c’est de voir le décalage croissant entre les gouvernants, ou ceux susceptibles de l’être, et les autres. Cette impression grandissante et effrayante que tous les conseillers, qu’ils soient du président ou des ministres, qu’ils soient des chefs de partis ou de syndicats, ont répété à l’envi à leurs chefs respectifs que jamais ce texte ne passerait en l’état, me remplit d’effroi. Souvent, les conseillers, ceux qui ont l’oreille des gouvernants, sont bien souvent largement plus intelligents, au fait des mouvements sociétaux, que leurs chefs. Ils leur ont fait comprendre par maintes et maintes études que ce référendum allait cristalliser toutes les peurs, les angoisses des Français, du plus bas de l’échelle sociale, au plus haut. J’ai déjà dit ici que ce non était structurel. Or, ces décideurs pensent que ce non n’est que de conjoncture. Ils se trompent. Ce non est structuré par le texte même. Pas du tout par les épouvantails que peuvent secouer les Villiers et consorts. Bolkenstein, Turquie, tout cela n’est que l’arbre qui cache une forêt luxuriante de refus pur et simple. Monsieur de Villepin a commencé à le reconnaître, en service commandé peut-être, mais enfin le fait est là, le 30 mai, Monsieur Raffarin ne sera plus, de facto, premier ministre. Mais c’est un cautère sur une jambe de bois.
Les Français sont désormais adultes. On ne peut plus lui faire la réclame de jours meilleurs. Ils ont adopté Maastricht. Rien n’a changé. Quand bien même les tenants du oui seraient sincères aujourd’hui, et je les crois, ils ont menti il y a treize ans, pourquoi ne recommenceraient-ils pas aujourd’hui ? Voilà ce que pensent les Français.On ne doit plus se poser la question de savoir si les Français ont tort. Il n’est que de constater. Ce constat est terrible : les tenants du oui n’ont plus de crédibilité. Emmenés par un Président qui freine des quatre fers toute évolution positive de l’Europe, ils font paradoxalement confiance en leur lui. Puisque lui n’y croit pas, a fortiori, pourquoi nous y croirions-nous ? Et nous, à la base, quand on essaye de convaincre famille, amis que ce traité est bon pour le pays, on se trouve en porte-à-faux.
Le camp du oui cherche un challenger dans le camp du non. Il n’y en a pas ! C’est bien ce qui fait aujourd’hui sa force ! Le non n’est pas partisan, il est transversal, transgénérationnel, structurel. tandis que le oui a un chef, Jacques Chirac, complêtement discrédité aux yeux de l’opinion. Un chef sur qui se concentrent toutes les critiques. On peut blâmer Jean-Pierre Raffarin, mais sur sa loyauté et son engagement, personne ne pourra lui reprocher quelque chose.
Alors on cite comme hommes providentiels Messieurs Sarkozy et Jospin. L’un est un traître, l’autre déclara en son temps qu’il se retirait de la politique. Les deux rêvent de se payer le chef du oui. Il est là, le sauveur du oui ? Arrêtons de nous raconter des histoires. Le oui est aujourd’hui ringardisé, vilipendé. Il ne crée aucune vague, aucun souffle. Il n’y a nulle part dans le camp du oui de la férocité, de l’envie d’en découdre. Personne ne veut aller dans la tranchée. On assiste bien à un abandon de poste, à de la désertion. En temps de guerre, c’est passible des tribunaux militaires, peu tendres avec leurs accusés. Aujourd’hui, il est heureux que nous soyons en paix. Cela n’empêche que les urnes feront office de fusils.
Mon ancien directeur me disait toujours que l’avenir était au réseau. J’en ai - je pense - trouvé confirmation dans les livres de Negri et Hardt : les structures monolithiques ont du plomb dans l’aile. La crise des partis politiques, incapables de représenter qui que ce soit face à un monde changeant, des individus unis non plus pour des idées mais pour des causes, est une bonne illustration. "Suivez le chef" est une formule qui a perdu son sens en même temps qu’a grandi la méfiance instinctive des peuples par rapport à ces mêmes chefs. Il faut dire, ils ont tout fait pour se rendre minables, à force de mesquineries, de coups bas, de compromis sordides et cachés.
J’ai regardé 10mn, hier soir, mais je n’ai pas pu faire plus. Face à un Coppé d’une arrogance tout à fait habituelle et un Borrel d’un paternalisme et d’une condescendance irritante, il y avait un Villiers dont on sait ce qu’il vaut... Un débat bien pauvre que seul Gallo arrivait à relever (et en citant les textes, s’il vous plaît).
Argument principal répété par Coppé pendant ces 10mn (mais j’imagine pendant tout le reste de l’émission) : "tout ça, ça existait déjà avant, la constitution ne fait que confirmer ce qui existe depuis des années". Ah ? Vraiment ? Et le fait qu’il faille maintenant l’unanimité pour modifier ce texte n’est sans doute pas un changement assez important ? Etait-ce déjà le cas avant ? Et quand bien même, si tout existe déjà, pourquoi dire encore une fois "oui" ? Pour pouvoir une fois de plus pointer le peuple du doigt et dire "ah mais c’est pas nous : c’est vous qui avez voté oui" ? Un peu comme "on a élu Chirac en ne votant pas utile" ?
Depuis des années, j’ai l’impression que les politiques se réfugient derrière cette structure lointaine qu’est l’Europe. Car si nos dirigeants sont éloignés de nous d’un facteur n, ceux de l’Europe sont à n+1. Quand on connaît la qualité d’information du média le plus populaire, ce "+1" représente une sacré distance. Alors il est simple de dire "les mesures de rigueur nous sont imposés par Bruxelles" ou "nous ne pouvons pas diminuer la TVA à cause de l’Europe". Mais depuis le début, les oui-istes nous serrinent que le gouvernement français reste fort, même avec la constitution. Ah ? Mais bien sûr "c’était déjà comme ça jusqu’à présent"...
Les arguments pour le oui sont délicieusement abscons. Voilà que subitement, les "petites phrases" ne semblent plus suffire. Les arguments de "confiance", les grandes "idées d’union" semblent ne plus faire recette... Et ça, c’est nouveau. Ca c’est un changement. Il faudrait aussi que l’Union s’adapte à ce changement, plutôt que de vouloir faire changer les gens en leur imposant un texte à signer.
Chirac Academy
Je n’ai pas regarde le Chi faire son eternel numero de cirque. J’ai entendu et lu les commentaires le lendemain sur internet et a la machine a cafe. De toute facon tout ca me gave j’en viens meme plus a me justifier de voter Non, au pire j’espere trouver une bonne raison de ne pas voter mais je respecte ceux qui sont morts pour me donner ce droit donc acte. Par contre j’ai toutes les raisons de voter Non car en plus j’ai lu le texte, pas en detail mais presque surtout les passages economiques et sociaux (hum !). Au pire je voterai Non parce qu’il n’y a plus de papier cul au chiottes. Treve de vulgarite, comme 99% des gens j’en ai marre de ce personnel politique suranne et pontifiant. Vive la quille !
Marcel. http://marcelconsultinggroup.blogspot.com
Peut-être le problème n’est-il pas la suppression de l’émission (après tout, on finit par trouver ici, dans ces commentaires, suffisemment de justifications intelligentes) mais : pourquoi une telle émission n’a-telle jamais été proposée *avant* ?
A force de coller de trop près l’actualité sociale et politique, à force de ne réagir qu’au contexte immédiat, les choix journalistiques passent pour démagogiques ou politisés. Du contenu ciblé, marketé. J’imaginais la "culture de l’information" autrement : plutôt comme un bagage, une curiosité inutile, dont on dispose déjà, avec un recul suffisant, quand tombent les questions, les choix, les décisions.
A l’évidence, je confond journalisme et culture, information et connaissance... Deux temps, deux intelligences qui devraient pourtant être complémentaires.
Cher Monsieur Perrineau, Vous décrivez le non comme l’alliance de deux pôles, l’un d’extrême-droite, l’autre d’extrême-gauche. Malheureusement, vous êtes complètement hors du sujet, à l’image de Monsieur Chirac. Je trouve de farouches partisans du non chez une directrice des études de l’Ena, chez un ancien président du Cercle Franco-Allemand, qui a fait toute sa carrière dabs une grande entreprise du cac40, une entreprise française et européenne, mondiale. Un autre homme qui a travaillé dans quelques pays africains chez Elf, puis a créé et fait prospérer une entreprise de travaux d’intérieurs semi-publics. Son frère qui occupe un poste important à la Chambre de commerce franco-paraguayenne. Un jeune quadra qui fut l’un des pionniers du web français. Le non aujourd’hui est transversal. Ma mère va voter non. Une fille de Polytechnicien ! Mon jeune frère, promis à une grande carrière d’avocat fiscaliste, votera non. Je veux vous faire comprendre, Cher Monsieur, que vous êtes complêtement dans l’erreur à propos des tenants du non. Et c’est ce genre d’erreur, sciemment distillée dans l’opinion pour faire accroire que les tenants du non ne sont que des nazis ou des fachistes. Il en est tout autrement. Vous écouter me donne envie de voter non. Vraiment, vous êtes d’une stupidité confondante.
Peu cordialement, Raphaël *******
Remettons les pendules à l’heure. Le niveau d’éducation ou la classe sociale n’a jamais épargnée quelqu’un de commettre un mauvais choix, sinon pourquoi autant de personnes "éclairées" continuent de rejoindre les rangs de mouvements sectaires (pour prendre un exemple extrême).
Ceci étant, je ne peux que déplorer chez la plupart des français l’incapacité chronique de reconnaître qu’un intérêt général supérieur prime quelques fois sur leurs intérêts particuliers. Je cite à cet égard le père fondateur de l’Europe Jean Monnet qui toute sa vie a eu comme objectif "Faire travailler les hommes ensemble, leur montrer qu’au-delà de leurs divergences ou par dessus les frontières ils ont un intérêt commun".
Cet intérêt général européen conduit forcément à des concessions, ce qui est dans la nature même d’un texte de consensus entre autant de pays. A chercher absolument à imposer le statu quo européen, le "Non" risque fort de continuer à faire le jeu du libéralisme sauvage qui s’accommode très bien de l’absence de règles (et donc de constitution). Pas besoin de sortir de HEC ou de l’X pour comprendre cela. Dans ce cas, le "Non" est un choix politique délibéré en faveur du modèle économique actuel.
Enfin, pour les utopistes, l’idée même du succès d’une renégociation du texte relève du fantasme pour 2 raisons de bon sens. La première est qu’aucun porte parole du "Non" ne ressort aujourd’hui en France. La seconde est que plusieurs pays profiteront de l’occasion pour renégocier des articles qui présentent de réelles avancées politiques (plus de démocratie, politique de défense commune etc...).
En France, comme ailleurs, il est toujours plus facile de se liguer "contre" que "pour", c’est connu... mais pas forcément très constructif...
Euh... je ne suis pas sorti de l’X mais j’ai un doctorat en physique des particules, ca marche quand meme ?? Alors je n’ai pas compris le raisonement specieux qui consiste a dire que pas de Constitution = plus de liberalisme. Que je sache, l’absence de Constitution n’impliquera pas une dissolution des Etats existants ni une disparition de toute regle au niveau europeen !!
Quand a une renegociation qui serait fantasmatique :
1. pourquoi est-il possible de renegocier la directive Bolkestein aujourd’hui et pas la Constitution demain ?
2. meme le figaro le dit : il y a des plans B
Blob, il y a une différence cruciale entre une directive et la Constitution : pour renégocier la directive, il suffit que les 3 institutions concernées (Commission, Parlement et Conseil) soient d’accord. Pour renégocier un traité comme la Constitution, il faut que 25 Etats soient d’accord.
Pour la directive Bolkestein, c’est encore plus simple : cette directive n’est même pas encore adoptée. Elles est en plein dans le processus de navette parlementaire. La modifier est donc d’autant plus simple qu’on n’a même pas à relancer de procédure.
Quant aux plans B mentionnés par le Figaro, je vous invite à les lire en détail. Vous constaterez qu’il ne s’agit nullement de renégocier le traité, mais bien de le couper en petits bouts pour faire passer ce qui est le moins douloureux (ce qui sera déjà assez difficile car il faudrait encore savoir déterminer exactement ce qui ne plait pas aux français dans tout cet ensemble).
En plus, ce qui est qualifié de "techniquement récupérable" par le Figaro est précisément ce qu’il y a de moins intéressant dans la Constitution (pas étonnant, d’ailleurs, puisque les parties les plus consensuelles d’un compromis sont souvent les moins importantes) .
En particulier, à la trappe la partie II, la généralisation de la codécision avec le Parlement, la double majorité au Conseil et la réduction du nombre de Commissaires.
Dans les petits morceaux, il suffit de garder ce qui a sa place dans une constitution. Et retirer les éléments qui visent à figer un certains type de politique, ces éléments n’ont rien à faire dans une constitution. Une constitution ne doit pas faire des centaines de pages et doit être neutre. Voilà, c’est simple, non ?
Je suis sûr que si l’on commence par ce nettoyage, le oui redeviendra majoritaire.
A moi aussi, ce plan B me convient tout à fait. Comme j’en ai délà discuté avec Burt (sous le pseudo "Pierre", que j’ai précisé car je n’étais pas le seul à l’utiliser), je ne tiens pas à la partie II qui laisse trop de liberté aux juges, et je suis contre là partie III, qui reprend les politiques existantes, qui sont précisément celles qu’il faudrait changer. S’il ne s’agit de ne garder que des innovations institutionnelles qui me semblent plutôt positives, ça me va bien. Quand à la perte du rôle moteur de la France et de l’Allemagne, à moins d’exiler les Français et les Allemands en Antarctique et de nationaliser les donneurs d’ordres industriels pour les faire gérer par la Commission, ça ne m’inquiète pas trop...
Burt, ou peut-on lire le plan B plus en détail que dans Le Figaro ?
P.S. : de toute manière, ce qu’on garde de cette constitution importe peu, le principal intérêt de ce vote est de dire STOP à la logique de Grand Marché, dont l’agrandissement et le fluidification sont des sauts de kangourous dans la mise en concurrence des salariés et la destruction de notre environnement que tous les projets de pas de fourmis mis en avant par les institutions ne compenseront certainement pas (DS, désolé de paraître un peu têtu).
Attention, Pierre, relisez bien le "plan B" en question ! (en tout cas celui que présente le figaro. Je conviens que c’est une source peut-être insuffisante).
Certes, il abandonne la partie II, ce qui vous
convient. Mais la partie I, celle des innovations
institutionnelles, il ne la garde pas non plus. Pas en entier en
tout cas. Les innovations les plus importantes, celles qu’il a
fallu se battre pour obtenir, savoir
la nouvelle définition de la majorité
qualifiée, infiniment plus démocratique parce que fondée pour
moitié sur la population réelle des pays,
la Commission réduite,
donc "déparalysée",
ça, on ne le garderait pas.
Quant à la partie III, elle serait sans doute abandonnée sur le papier. Mais n’oubliez pas que le traité de Nice continuerait de s’appliquer. Cette partie III, dans sa plus grande partie, en tout cas celle qui vous déplait (le marché unique), continuerait donc de s’appliquer sous le nom de traité CE. ... et dans le traité CE, le Parlement n’a de rôle de codécision que dans certains cas.
Ce plan B n’est donc pas aussi joli joli qu’il n’y parrait.
Cédric, c’est du second degré ? L’article III-117 ne sont que des déclarations d’intention.
Dans les avancées mises en avant par Burt, la nouvelle définition de la majorité qualifié me semble intéressante, mais il ne s’agit que d’un rapport de force entre état qui serait un peu moins délirant en faveur des paradis fiscaux, mais ça n’est pas du tout décisif pour moi. Pour ce qui est le la déparalysie de la commission européenne, ça m’indiffère : qu’attend-on pour la sous-traiter à Ernst&Young ?
De toute manière, c’est bien le propre d’une démocratie défaillante proposer une fausse alternative entre deux mauvais choix. C’est à cela ausi qu’il faut dire Non.
De plus, on ne sais pas ce que pensent les autres européens, puisque le débat n’a lieu qu’en France, et qu’on voit qu’il fait évoluer les opinions.
Enfin, on sait bien qu’un Non ne changerait pas les choses du jour au lendemain, mais il marquerait un coup d’arrêt. Il faudrait continuer après pour vraiment changer les choses.
P.S. : DS, c’est la troisième fois que je répond, et mes posts n’apparaissent pas. Y-a-t-il des règles qui m’auraient échappé ?
Mais la différence entre l’Union qu’on vit et vos exemples, Antonio, c’est que les 25 pays de l’Union ont fait le choix de construire paix ensemble, plutôt que de se la voir imposer par un envahisseur ou un despote.
Cela fait la force et la faiblesse de l’Union.
Vous avez raison cependant de dire qu’aucune paix n’est assurée de vivre 1000 ans. Je dirais même surtout lorsqu’elle n’est que choisie par les peuples eux mêmes.
Et au risque de m’attirer une volée de bois vert, je dirais que moi, à chaque fois que je vois le sentiment antieuropéen monter, je ne peux m’empêcher de penser que le naturel revient tranquillement au galop.
Alors bien sûr on pourra convoquer des scénarios à la Lorenzaccio, expliquer que les opposés peuvent bien faire un boût de chemin ensemble, dès lors qu’on peut bien distinguer les motifs de chacun.
J’aimerais bien en être sûr.
Moi, j’ai bien peur qu’une fois que le boût de chemin sera parvenu à son terme, un bon nombre de ceux qui l’auront suivi choisiront tout simplement de continuer dans vers où le naturel nous porte depuis toujours : dans le sens de la plus grande pente...
Et au risque de m’attirer une volée de bois vert, je dirais que moi, à chaque fois que je vois le sentiment antieuropéen monter, je ne peux m’empêcher de penser que le naturel revient tranquillement au galop.
Ca ne mérite pas une volée de bois vert ;) Je ne vois pas la même chose que vous. Il n’y a pas de sentiment antieuropéen qui monte. Loin de là, même. Personne n’attaque l’Europe ou la construction européenne en tant qu’idéal à atteindre. Il n’y a pas d’un coup 55 % de sympathisants FN. Et la tentation d’assimiler les noniens à des FN est une grave erreur politique.
Vous avez raison, Antonio. Certes, tous les électeurs du non ne sont pas des électeurs FN ! ls sont même apparemment une minorité si on compte le non à environ 60% sachant que le Pen fait un peu moins de 20% aux présidentielles (il faudrait cependant normaliser par l’abstention).
Ce que je trouve inquiétant est plus sournois : c’est de retrouver, noyé dans le discours du non de gauche, des arguments dont j’aimerais bien que l’exclusivité soit laissée à l’extrême droite ou à M. de Villiers.
Combien de fois a-t-on lu par exemple, y compris sur ce blog, de théories colportant la sempiternelle accusation d’influences occultes sur les technocrates de Bruxelles (toutes institutions réunies d’ailleurs).
Parfois, ça vire même à la théorie du complot. Voir les nombreux posts sur les brevets logiciels, qui forment un sommet du genre. (je passe les posts où l’on compare les institutions à l’Empire de Star Wars. Ceux là, je n’ai pas encore réussi à décrypter à quel degré il fallait les lire. Peut être que si je brandissais le néon que j’ai dans mon bureau, je comprendrais mieux.)
Dans le discours national, les accusations de corruption des institutions et de "tous pourris", c’est un thème bien marqué politiquement.
Je vois dans cette confusion, qui n’existe pas au niveau des hommes politiques mais qui existe clairement chez certains sympatisants (en tout cas ceux qu’on voit parfois sur le net) le signe d’une tranquille diffusion des thèmes de l’extrême droite dans la société. Ca arrive sur de nombreux sujets, mais c’est la première fois que cela touche celui de l’Europe, qui est particulièrement sensible à cet égard à mon avis.
Je ne dis pas que la grande majorité des partisans du non ont voulu cette diffusion. Je crois même qu’elle leur déplait à eux aussi. Simplement, je constate avec dépit qu’elle existe. C’est un symptome inquiétant. Nous devrions tous le combattre.
Parfois, ça vire même à la théorie du complot. Voir les nombreux posts sur les brevets logiciels, qui forment un sommet du genre.
Pourquoi est-ce un "sommet du genre" ? Sortirez-vous de votre tour d’ivoire pour argumenter un jour ?
Microsoft a officiellement utilisé le chantage à l’emploi dans sa lutte pour les brevets logiciels. Est-ce une théorie du complot que de pointer cela ?
Bonjour,
Je vous invite à regarder les épisodes précédents du feuilleton de Daniel Schneidermann. Vous y verrez que je suis "sorti de ma tour d’ivoire", comme vous dites, à de nombreuses reprises, en particulier dans post sur Pascal Lamy, par deux fois, le 31.3.2005.
Le concept d’argumentation est certes assez subjectif, mais j’ai vraiment l’impression de n’être pas celui des intervenants de ce blog qui avance le moins d’arguments ni celui qui étaye le moins ses interventions.
Parfois, ça vire même à la théorie du complot. Voir les nombreux posts sur les brevets logiciels, qui forment un sommet du genre. Dans le cas du logiciel il y à convergence d’intérêts des industriels classiques qui veulent protégé leurs inventions industrielles de plus en plus basées sur du logiciel (Qui est à mon sens légitime car répondant aux exigences du brevetage classique - exploitation commerciale d’une idée pendant 20 ou 25 ans) et des éditeurs de logiciels qui veulent s’engouffrer dans la brèche (Eux sont déjà protégés par le droit à la propriété intellectuelle (le droit d’auteur avec l’entrée dans le domaine public 70 ans après la mort du dernier des auteurs). Il y a donc bien nécessité de faire une lois sur les brevets logiciels mais pas n’importe quoi !
Dans le discours national, les accusations de corruption des institutions et de "tous pourris", c’est un thème bien marqué politiquement. C’est l’arme préférée du populisme. Le populisme n’est malheureusement pas le privilège des extrêmes loin de là.
la sempiternelle accusation d’influences occultes sur les technocrates de Bruxelles (toutes institutions réunies d’ailleurs). Le lobbying est une activité qui est tout à fait assumé dans les pays anglo saxons mais en France on considère (peut être à tord) que c’est du trafic d’influence car on a eu plus tendance à subir la corruption et ce qu’il se passe avec le procès des marchés publics truqués ne me rend pas aussi optimiste que toi dans la nature humaine. D’ailleurs le scandale « M.Barroso prend des vacances payées par un ami milliardaire » montre que la frontière risque d’être mince.
Ca me fatigue, cet argument de la vox populi qui ne serait plus une vox dei.
Vous élisez un Président qui fait partie du Conseil Européen.
Vous élisez un Parlement Européen
Vous élisez un Parlement qui ratifie des traités Européens.
Ne venez pas me dire que vous n’avez pas eu le choix.
Ainsi donc, l’Europe pacifique remonte a Charles Martel... No comment.
Ainsi donc, quelques lecteurs du BBB ont le privilege de tenir le volant : He Daniel, t’as Barroso comme lecteur !!
Ainsi donc, la Constitution permet d’amener des filles libres dans son lit. Si quelqu’un peut me confirmer ce dernier point, promis, je vote oui...
Bon, c’est un peu hors-sujet mais je ne savais pas où poster...
On nous serine avec le 21 avril 2002, mais suis-je le seul à trouver que la situation est plus proche de l’avant-décembre 95 ? Souvenez-vous : la majorité de la classe politique (y compris le PS et la CFDT) ainsi que des grands journaux était pour le plan Juppé, et insultait les premiers grévistes en des termes d’une violence rare ("privilégiés", "archaïques", "corporatistes"...).
J’ai l’impression qu’on retrouve, à l’occasion de ce référendum, le même mépris fondamental, la même prétention à donner des leçons de "modernité", à mieux savoir que le peuple ce qui est bon pour lui. Et, bizarrement, à la stupéfaction générale ( !), une partie du peuple décide de ne pas se laisser faire...
Vous écrivez, et vous avez raison :
"Les ouistes affirment que la nouvelle constitution est totalement indépendante du processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Mais au contraire, les noniens soutiennent que la Constitution ouvre largement à la Turquie une porte pour l’instant fermée par le traité de Nice."
De deux affirmations qui s’opposent, l’une d’elles au moins est fausse. Donc il y a bien au moins un des deux camps qui est en train de mentir. On parle souvent du devoir d’information des journalistes. N’est-il pas de leur devoir de dénoncer lequel des deux camps ment sur ce sujet ? Il n’est pas difficile de trouver des spécialistes en droit constitutionnel ou en droit européen pour avoir un avis qui fait foi. Ces spécialistes peuvent être aussi bien français que membres d’autres pays de l’union. Idéalement on pourrait demander l’avis des membres de la Cour de Justice des Communautés Européennes, puisque ce seraient ceux-ci qui garantiraient l’application du texte. Quels journalistes sont allés demandés à ces juges ce qu’il en est de la véracité des arguments de chacun des camps (dont l’un au moins ment effrontément !) sur les liens entre la Turquie et la Constitution ? Avec une réponse claire, les journalistes pourraient dénoncer et cesser de relayer complaisamment au moins un des mensonges qui courrent actuellement.
Coucou, c’est Guy Birenbaum. Effectivement j’ai repris l’info de Sylvain Attal, dont j’ai été l’éditeur, dans VSD en citant son blog dont je suis un lecteur assidu. Je suis désormais aussi un heureux lecteur du tien. Mais je ne pense pas que cela constitue un délit d’initié !
Pour ma part, je souhaite faire connaître mon lien éventuel avec les personnes que je cite dans VSD lorsque je les connais, mais le boss du journal, Philippe Labi, pense que cela n’est pas nécessaire car "le lecteur s’en fout !".
Pour le coup, si tu veux être complet sur le "délit" potentiel repéré là tu dois rajouter que j’ai travaillé à la direction de l’information de France 2 avec...Arlette Chabot en 1995-1996.
Il faudrait aussi dire qu’elle est fâchée contre moi depuis que j’ai révélé les liens entre B. Schönberg et J.-L. Borloo. Ce qui m’attriste beaucoup car je la respecte comme toi.
Voilà, comme ça tout le monde sait tout.
D’ailleurs, au sujet de l’émission présidentiellle, ce qui m’a frappé, et que je ne vois repris nulle part, c’est que, justement, pour défendre le casting de son émission le Président et son entourage n’ont pas cessé de répéter qu’ils voulaient sortir des "débats d’initiés" et que cela ne constitue pas un "délit" (dixit Jacques Chirac) !
Si c’est eux qui le disent...
Il suffirait donc de boire deux ou trois verres avec vous (vous êtes sûr que c’est pas quatre ?) pour être copains comme cochons ad vitam eternam. Ça fait des années qu’Arlette Chabot organise des faux débats, qu’elle présente avec morgue, qu’elle fait la propagande du gouvernement et vous ne vous en êtes même pas rendu compte ? Mieux, vous osez louer ses qualités professionnelles ! C’est beau le sens de l’amitié poussé à ce point. Non, j’exagère, vous avez fini par vous rendre compte de ce que valait cette dissimulatrice. La preuve, vous la balancez aujourd’hui. Dissimulatrice parce qu’elle a réussi à vous en faire accroire en dehors des plateaux de télé. Peut-être a-t-elle profité du respect candide que le jeune homme que vous étiez avait tendance à porter aux "grands professionnels de la profession".
Les télespectateurs n’en ont rien à foutre de l’Arlette au piano. Ils ne connaissent que la propagandiste, la reine des ménages (après Christine, tout de même), la mégère qui a toujours l’air de faire la gueule, surtout lorsqu’on s’avise, dans ses émissions, de poser une question qui sort du cadre qu’elle a cadenassé avec soin. Ils connaissent aussi et surtout la réactionnaire tatchériste qui ne peut pas voir les syndicalistes en peinture (encore moins à la télé). Pour avoir subi la dame plus que de raison, je ne peux qu’être en accord avec Antonio Malfese lorsqu’il dissèque une des émissions de cette clone de Bernadette Chirac.
Quel plaisir d’enfin trouver un écho sensé dans ce commentaire à ce sentiment qui me tord les boyaux à chaque ’Mots Croisés’, où Arlette Chabot, par un mécanisme intellectuel et professionel bien huilé, caricature les positions de gauche, pour offrir l’espace verbal aux communicants du pouvoir ou de l’establishment politique conservateur, sommant certains interventants de simplifier leurs propos à l’excès, puisque, justement, les téléspectateurs sont réputés si bêtes qu’ils ne comprennent pas dès qu’on évoque plus de deux idées à la fois. Nous avons une belle illustration de celà dans un autre commentaire de ce post.
C’est l’un des arguments que j’entends le plus, dans ce débat oui/non : combien de fois entend-on les tenants du oui, au fil des ondes, ignorer le fond et asséner que ceux qui ne veulent pas voter comme eux sont soit bêtes, soit mal informés, soit de mauvaise foi.
Il est aussi très drôle, à force, de voir cette quantité d’hommes de droite, qui passent leur vie politique à nous vendre le marché, le fait que les services publics sont un poids économique insuportable, qui cassent les modes d’organisation collectifs au profit des modes privés, venir maintenant, en défendant le oui, nous expliquer, grosso modo, qu’il faut voter oui à cette consititution parce nous sommes tous à gauche. C’est fascinant. J’aimerais bien, quand même voir un véritable argument de droite au oui, un argument assumé de droite un jour avant le vote. Car en effet, si je ne sais pas encore quoi voter, je dois dire que je suis très perplexe, à entendre les arguments pour le oui qui sont avancés par tous, face à la question : mais alors, pourquoi la droite vote-t-elle oui ?
Cavada, au dernier Mots Croisés, était fascinant à cet égard, et illustrait bien cette esprit des gens du pouvoir des médias : morgue, mépris ("on n’est pas à la poste ici !"), bêtise, mauvaise foi (ce fameux Cavada de la ’Marche du Siècle’ scandaleuse de la grève de 1995, dont vous devez vous souvenir M. Schneidermann). Quel plaisir quand Besancenot, dont je ne suis pas un zélot, je vous assure, mais dont j’aprécie la faculté à ne pas se laisser impressionner par le statut médiatique de ses interlocuteurs, l’a proprement remis à sa place et exposé cette attitude infecte.
Ce que je ne comprends pas, notamment chez vous M. Schneidermann, qui êtes sensé savoir décoder les messages, les attitudes à la télé, c’est votre aveuglement, notamment devant Arlette Chabot : vous ne voyez pas ce parti-pris de droite, de servante des intérêts dominants, dans la façon dont Arlette Chabot conduit ses débats ?
Peut-être faites-vous maintenant vous-même partie de cet establishment, même en tant que minoritaire et victime occasionnelle, et vous côtoyez trop d’entre eux autour d’un piano, d’un verre, vous vous laissez séduire, et vous adoptez, petit à petit, leur façon d’organiser le débat, leur idéologie communicante.
Peut-être cette dernière phrase est-elle excessive, ou prématurée, mais certains signes et certains aveuglements sont inquiétants.
M. Schneidermann a certes des souvenirs privés et professionnels de Mme Chabot, d’une Mme Chabot compétente, enjouée et professionnelle ! ça lui appartient (il en éprouve peut-être de la nostalgie !).
Par contre,Mme Chabot, qu’on connaît nous, correspond plus à ce que vous en dites vous, Dusquenoy et acrimed...Et c’est celle-là qu’on voit tout le temps à l’oeuvre...
Le titre original n’était-il pas "Arlette Chabot décide de cacher la Turquie jusqu’au 29 mai" ? Ce qui expliquerait que des réponses figurent sous le même titre ainsi que le titre de ma précédente réponse.
Peut-être avez-vous eu un remord après avoir chargé votre vieille copine et permis de montrer au grand jour l’animosité (pour ne pas employer un mot plus fort) que peut susciter l’adjudante en chef de France 2 ? Croyez-bien que je ne suis pas le seul, parmi les fidèles d’ASI, à partager les sentiments que provoque celle dont vous louez le professionnalisme.
Hé, Duquesnoy, où avez-vous vu que je "loue le professionnalisme" d’Arlette, je veux dire la Arlette d’aujourd’hui ? J’ai connu il y a plus de vingt ans une journaliste non conformiste, talentueuse, et drôle dans les tablées de confrères. La Arlette qui n’était pas encore chef. Depuis ce temps, je m’empresse de vous rassurer, Duquesnoy, mon amour du piano et mon culte des souvenirs ne m’ont pas poussé à maintenir une fréquentation amicale, et sur ses choix de patronne aujourd’hui, je pense être assez clair dans l’article...
Quant au titre, oui, je l’ai changé, entre la mise en ligne vendredi soir et samedi matin. Le Blog permet ces repentirs. Comme il m’arrive souvent de revenir sur mes articles après publication, d’en atténuer les lourdeurs, d’en couper des passages, voire d’en rajouter. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il faut être très prudent quand on reprend des passages d’articles en ligne dans des journaux papier. Les articles en ligne ne "manent" pas, comme d’autres "scripta". Même publiés, ils continuent d’appartenir à leurs auteurs, qui en font ce qu’ils veulent (ainsi Etienne Chouard, par exemple, qui après avoir reçu des correctifs, a largement remanié son texte sur la Constitution, ce qui n’empêche pas les versions erronées de continuer à circuler). Pourquoi je l’ai changé, ce titre ? Pour deux raisons. D’abord, oui, je l’ai trouvé, la nuit ayant porté conseil, trop personnellement violent. Et l’épisode justifie davantage une mise en cause de l’institution, que de la personne. En outre, je pense que d’avantage de lecteurs (y compris parmi ceux du Blog) connaissent France 2 que Arlette Chabot. Plusieurs lecteurs du Blog, non journalistes, à qui j’ai demandé d’aller y faire un tour, m’ont répondu : "c’est bien ton truc, mais il y a plein de noms qu’on ne connait pas". Donc, je tente de travailler à l’accessibilité de l’ensemble.
Monsieur Schneidermann,
Mis à part le fait que je me serais bien passé des détails de vos sauteries avec Arlette, au CFJ ou à Nouméa ; je pense que si vous étiez un peu moins prompt à cracher votre venin sur les gens que vous prétendez aduler, il vous resterait quelques amis...
Voilà plusieurs semaines que les médias se livrent à un joyeux amalgame, entre Bolkestein, la Constitution, la Turquie... et le tri sélectif ! Tout le monde le leur reproche. En choeur, les politiques, les téléspectateurs, et les gens comme vous.
Face à cela, Mme Arlette a eu la sagesse de dire "stop". Stop aux amalgames !!
Parce qu’il est de notoriété publique que les gens sont bêtes et qu’ils regardent beaucoup la télé, qui est bête. Et Mme Arlette ne veut pas se laisser faire par la bêtise des gens !
On leur dit : "la constitution va mettre fin au droit à l’avortement", et les gens ont la bêtise de le croire. On leur dit "la constitution va mettre fin à la laïcité", et les gens ont la bêtise de le croire. On leur dit "M. Chouard est un prof de droit, il a donc raison" et ces gens ont la bêtise de le croire encore !
Quid de la Pédagogie ? Me demandrait votre Maja.
La meilleure pédagogie à laquelle puissent se livrer les médias, n’est-elle pas de commencer par arrêter de tout mélanger.
Parce que les gens sont bêtes, et qu’il regardent trop la télévision. S’ils voient un reportage sur la Turquie, juste après un reportage sur la Constitution, ils vont penser que l’un et l’autre sont liés. Comme ces gens bêtes sont contre la Turquie (en soi), ils seront contre la Constitution.
C’est bête mais les sondages montrent que nous sommes bel et bien bêtes !
Nous ne savons pas de quoi il s’agit mais nous sommes contre. L’exemple le plus énorme est l’émission-débat diffusée jeudi soir dernier sur TF1, la chaîne des gens bêtes, mais la chaîne préférée des français. J’ai d’abord eu des frissons, puis des nausées en constatant la bêtise et l’ignorance crasse de ces jeunes !
Alors au lieu de parler de la Turquie maintenant, si on parlait plus du traité et de ce qu’il contient vraiment ?
Je crois que c’est à cela que Mme Arlette a pensé en déprogrammant son émission. Parce que Mme Arlette est la journaliste professionnelle que vous admirez tant.
Et bien sûr, les gens bêtes votent "non", tandis que ceux qui sont illuminés par la grâce de la compréhension votent "oui"... Ben voyons !
De votre point de vue, il est sans doute impossible que les "gens bêtes" se fassent manipuler par la propagande actuelle et votent "oui". Pas si bêtes finalement, ces gens-là !
Ah pardon, j’ai dit "propagande", oups, c’est vrai, c’est de la pédagogie. Puisqu’on a bien compris qu’il n’y avait qu’une seule réponse intelligente possible à ce référendum.
Il faudrait arrêter avec ce mot de pédagogie. "Enseigner c’est répéter", certes, mais il ne s’agit pas de répéter uniquement ce mot, hein ? Il faudrait peut-être songer à commencer à en faire de la pédagogie, au lieu de cette langue de bois ambiante.
Apparement, Envoyé spécial a aussi annulé la diffusion de
"Tchernobyl, un mensonge d’état ..."
de jeudi soir ....
Devinez qui était premier ministre a l’époque ?
Cher DS, vous devriez vous rendre compte qu’une bonne partie de l’élite journalistique dirigeante est toute simplement CORROMPUE ....
Vous dites : "une émission permettant de dépasser les clichés sur la Turquie pourrait aussi être reçue comme intelligemment ouiste".
Qui vous dit que Arlette Chabot ne s’est pas fait cette réflexion ? Penser qu’elle ne se l’est pas faite serait une belle insulte envers son intelligence. Dans ce cas l’argument de la déprogrammation car Mme Chabot est ouiste ne me semble pas acceptable.
Il est vrai que les tenants du oui ont tendance à évacuer beaucoup de sujets. Dans ’ouiste’, il y a ’ouste’. Dans ’rouste’ aussi d’ailleurs... Du coup, ça va être dûr de meubler le bon mois qui nous separe du jour fatidique. D’autant que les ouistes ne lachent pas le crachoir, mais que vont-ils bien pouvoir crachouiller ? Il faudrait une bonne diversion... Un mariage princier ? raté. Un décès papal ? Caramba ! encore raté ! Un camerlingue qui tourne dingue et qui dézingue une quinzaine de cardinaux à coup d’encensoir ? Hélas peu probable.
Je ne vois qu’une chose. Oui, ça aurait de la gueule. Chirac déperissant, agonisant... Chirac qui, deux jours avant le scrutin, sur son lit de mort, confie ses dernières volontés à une France éplorée : ’Mes enfants, votez oui, faites le en mémoire de moi !’... Chirac qui, le lendemain de la victoire triomphale du oui, reparaît et nous annonce que merci, ça va déjà nettement mieux...
Le report de cette émission sur la Turquie est probablement une mesure de précaution prise par Marc Tessier ou par l’un des maillons de l’organigramme de France 2 qui dépend de la survie de Marc Tessier.
Je me dis que Tessier, ses collaborateurs font tout pour éviter d’irriter l’Elysée avec des émissions susceptibles d’augmenter le non au referendum.
Car si Tessier saute en août prochain c’est tout l’organigramme de France Television qui risque de se modifier, avec des cadres perdant leur poste, un mini big bang si le successeur de Tessier veut se façonner sa télé à lui en écartant un maximum d’anciens collaborateurs de Tessier.
Bon c’est peut-être un roman que je suis en train de me faire sur les moeurs de la télé publique mais je ne vois pas d’autres explications à ces récents événements étranges ( Barroso annulé, Delarue/Fogiel sur TF1 et maintenant la Turquie reportée )
rhaa c’est dans ces moments là que j’aimerai une puissante chaine privée faisant un peu contrepouvoir à l’Etat ( un TF1 à l’envers avec des capitaux qui ne dépendraient pas des commandes immobilieres de l’Etat )
sinon merci pour ces anecdotes interessantes sur Arlette Chabot
Thierry Thuillier, un des rares journalistes connus de France2, à s’intéresser à l’actualité internationale et à oser venir à Arrêt sur images...
ça lui en fait deux qualités...
Une autre victime de la série du syndrome Bolkestein, Barosso, Turquie...
Ce référendum fait désormais beaucoup de dégâts collatéraux !
Du pain béni pour le NON ; il en sortira encore conforté et T.Thuilier viendra renforcer les rangs.
Ces emissions n’ont plus leur place a la TV a part peut etre sur Arte. Notre epoque a change, Geopolis faisait appel a une ouverture d’esprit qui s’efface devant l’audimat. Un exemple de cette baisse de qualite et d’ouverture d’esprit, on ne peut plus exprimer une opinion sans etre insulte de la pire maniere qui soit, a la TV passe encore mais surtout et aussi sur Internet. Ainsi j’ai vu defiler des pots agressifs sur mon blog de la part de gens qui n’ont rien a dire si ce n’est baver sur autrui gratuitement. Ces gens se reconnaitront tant ils reproduisent ce que Pavloff a teste il y a longtemps. Pavloff etait lui un vrai savant.
Marcelconsultinggroup.blogspot.com
Arlette Chabot est certainement une grande professionnelle de la profession et il convient de lui cirer le pompes avant de dire ce qu’on en pense dont acte. Mais quand je vois que pour illustrer une emission sur le chomage et les delocalisations elle invite des experts bedonnants et des politiques archi vus et revus en plateau alors que les 1er concernes sont juste filmes sur leur lieu de travail ou sur un parking a la sortie de l’usine on se dit qu’il y a 2 France(s). Celle des mediatiques d’en haut qui ont tout vu tout compris et nous prennent le choux a longueur d’antenne avec des argumentaires pre-fabriques sans aucune connaissance du terrain et ceux qui en prennent plein la gueule sur le terrain mais qui ne peuvent jamais s’exprimer sauf en contrepoint pour une emission de gens d’en haut facon troupeau de chomeurs gueulards d’en bas tres valorisant comme image. Ainsi on voit que meme un grand professionnel se fait avoir et propage inconsciement par imitation des usages de sa profession une tendance lourde, le rejet des soi disant elites bavardeuses (la pire illustration en est BHL a mon avis). Alors comme les gens commencent a comprendre qu’on ne les ecoute jamais et que voter Le Pen n’est pas vraiment la solution, et bien ils ne votent pas ou quand manifestement on se fout de leur gueule ils votent NON a cote de la question surtout si la question est incomprehensible et qu’ils ont mille problemes concrets a resoudre dans un quotidien de plus en plus dur a 10000 lieux des spheres politiciennes friquees de Chirac et consorts. Personne n’a songe a demander a Chirac s’il avait lu ces 852 pages, idem Hollande et Sarko. En plus voter pour un texte de 852 pages qui risque d’arnaquer les gens facon AGCS ou AMI (facile de noyer quelque lignes fondamentales dans 852 pages) les gens ont de legitimes raisons de s’en mefier. Vous remarquerez que je dis les gens, pas les Francais... Les mediatiques disent tout le temps "les Francais ceci...Les Francais cela..." comme s’ils etaient depositaires de ce que pensent les Francais, quelle mascarade ! Des tartuffes en goguette ! La realite et la complexite de la societe FR ne se reduit pas a "les Francais" mais plutot a des gens simplement. Retombons les pieds sur Terre. Car voter NON est encore la moins pire des solutions a tout dire. Je veux bien du iberalisme si j’en ai quelques avantages avant d’en subir les inconvenients a la sauce Franchouille Seilleire (c’est hier). Ou alors il ne restera plus que les peintures de guerre et le fusil...Doit on en arrier la ? En attendant la TV parle de la TV qui parle de la radio qui parle de la presse qui parle des medias qui parlent de la TV qui parlent....bla bla...fin des emissions dodo ron zi..a la prochaine.
Marcel Consulting Group inc. ltd. for ze people.