Je ne sais pas si j’ai rêvé.
Je vous raconte mon rêve. On était en campagne électorale sur les institutions européennes. La télévision publique avait invité à sa grande-émission-politique-en-prime-time-que-c’est-l’honneur-de-la-télévision-publique-d’avoir-une-émission-pareille le président de la Commission Européenne. Mais le président de la République française n’était pas content de cette invitation. Il le faisait savoir. Et quelques coups de fil ou quelques échanges télépathiques plus tard, devinez quoi ? L’émission était annulée. Et le président européen en question décommandé.
Mais le plus fort du rêve, le plus incroyable, c’est que personne ne protestait. Ni l’opposition politique ouiste (celle qui se prend des boules de neige). Ni les oppositions nonniennes, à droit, à gauche et au centre. Ni les forces vives. Ni Reporters sans Frontières, attentif à toutes les entraves à la liberté de la presse dans toutes les dictatures et les démocraties approximatives, qu’on aurait pu imaginer prendre la défense d’un Mazerolles baillonné. Ni les journalistes (les journalistes de la chaine en question se fendaient d’un vague petit communiqué alambiqué, mais rien de plus). Ni sur ce Blog, d’ailleurs. Le standard du BBB n’a pas explosé sous les messages, ni des nonniens outrés par cet acte de censure commis par un despote ouiste, ni des ouistes outrés par cette censure d’un président européen ouiste.
Si ce n’est pas un rêve (et je crains bien que ce n’en soit pas un), risquons une hypothèse : cette censure arrange tout le monde. Elle arrange les ouistes, bien contents que soit dissimulé aux foules un épouvantail ultra-libéral ouiste. Et elle laisse les nonniens indifférents. De toutes manières, les nonniens sont décidés à voter non. Ils savaient d’avance ce que l’épouvantail ouiste allait dire. On aurait certes pu imaginer que quelques stratèges nonniens soient secrètement satisfaits de voir un épouvantail ouiste créer par répulsion de nouveaux nonniens. On aurait pu l’imaginer. Mais des nonniens prendre la défense d’un ouiste ? Vous n’y pensez pas !
Quant aux futurs abstentionnistes, aux "tout ça est bien trop compliqué", aux "de toutes manières moi je les laisse se démerder entre eux", ils sont par définition indifférents.
En fait, il n’y a qu’une catégorie de citoyens que cette affaire puisse révolter : ceux qui, comme moi, sont bien décidés à voter. Et ne savent pas encore quoi voter (car je le répète, je ne le sais pas encore. Je me fiche bien que ce soit un ouiste ou un nonnien qui ait été censuré. Ce qui me met en rage, c’est que l’on m’ait privé d’un élément d’information). Ceux-là auraient été bien honorés d’avoir cent minutes pour essayer de voir ce que le fameux épouvantail avait dans le ventre. Mais c’était manifestement trop demander à un Système sophistiqué, huilé, rôdé, qui vient dans cette affaire de montrer à toute l’Europe hilare sa nature bananière.
Cher Daniel Schneidermann,
Je commencerai ma contribution à votre web-log en réagissant à votre article : la déprogramation de M. Barrosso à l’émission 100 minutes pour convaincre. Si j’ai bien suivi l’affaire (et je vous prie de me corriger dans le cas contraire), il aurait déplu à M. Chirac suite à une déclaration disant grosso modo "Ecoutez les enfants, c’est bien joli de nous demander de pas parler de Bolkenstein devant vos électeurs, mais on a du boulot, nous, on va pas s’arrêter de bosser à chaque fois qu’un pays de l’Union a une élection".
Et je lui donne tout à fait raison : faire semblant de se scandaliser sous prétexte qu’on a élection est particulièrement hypocrite. Si la politique de la commission est libérale, soit, qu’on l’accepte, mais qu’on ne la cache pas sous une jolie couche de double-langage sous prétexte que les français sont alergiques au libéralisme économique.
Tiens donc ... nos gouvernants manieraient-ils le double langage en matière d’Europe ? C’est vrai que lors des dernières élections, en 2002, il était question de sécurité, de retraites, mais pas de politique européenne. Pourtant, MM. Chirac et Jospin, alors président et premier ministre, étaient aux premières loges ... Rafraichissons-nous la mémoire avec un article (assez ancien déjà), de Bernard Cassen (présentement partisan du non)
http://www.monde-diplomatique.fr/2002/04/CASSEN/16407
Je me rend compte maintenant que j’ai opéré un léger glissement ... du président de la commission faisant campagne pour le oui, j’en suis arrivé à la manière dont sont prises les décisions en Europe. Tant pis, je vous propose, Daniel Schneidermann, de continuer dans cette voie, et d’explorer les articles de la constitution. Aujourd’hui : les institutions.
Parlons donc du Conseil Européen, ou conseil des chefs d’Etats et de gouvernements (à ne pas confondre avec le Conseil, qui est le Conseil des ministres). Art. I-21 : "Le Conseil Européen se prononce par consensus, sauf dans les cas où la constitution en dispose autrement". Les partisans du "non" diront que le consensus est précisément le règne du "je serai d’accord avec ton projet de directive si tu veux bien m’accorder une dérogation à tel règlement", bref, du manque de transparence et du double langage. Les partisans du "oui" diront que le Conseil Européen siègerait en public (je ne retrouve plus l’article, pouvez vous m’aider, svp) si la constitution était adoptée, ce qui augmenterait la transparence.
Mais d’après notre expérience, pouvons nous dire que nos chefs d’Etat et de gouvernement ont eu une démarche transparente dans leurs démarches et négociations européenne ? Et j’en veux pour preuve précisément la répugnance toute récente de M. Chirac vis à vis de la directive Bolkenstein, alors même qu’il siège au Conseil des chefs d’Etats et de gouvernements, et que ses ministres siègent au Conseil des ministres européens — il aurait donc du être parmis les premiers informés du sujet.
Voir : http://www.legrandsoir.info/article.php3 ?id_article=2140
Pour les partisans du "non", ce n’est qu’un manquement démocratique parmis d’autres : la séparation des pouvoirs, disent-ils, n’est pas garantie, puisque la Commission est la seule à avoir l’initiative des lois, art. I-34 : "Les lois (...) sont adoptées, sur proposition de la Commission, conjointement par le Parlement Européen et le Conseil [des ministres]" : c’est la co-décision. Le même article précise : "Dans les cas spécifiques prévus par la constitution, les lois (...) peuvent être adoptées sur proposition (...) du parlement européen". Après une rapide recherche du mot "proposition" dans la partie III, j’ai seulement vu l’art. III-332 : le parlement européen peut demander à la commission (et à la majorité) de proposer une loi sur un sujet, mais la commission dispose (elle peut refuser).
Les partisans du "oui" disent qu’il s’agit d’un progrès indéniable : le nombre de sujets où la co-décision devient la règle est largement étendu, les sujets où le parlement européen est consulté aussi. C’est vrai, et celà rend certainement le fonctionnement de l’Union plus démocratique qu’il ne l’est. Mais pas assez, disent les partisans du "non", car il reste bien des sujets sur lesquels le parlement n’est que consulté, voire n’a pas son mot à dire (*). De plus, la commission et le conseil des ministres — organes exécutifs — s’introduisent dangereusement, disent certains, dans la sphère législative (le Conseil des ministres a le même rôle dans le vote des lois et lois-cadres, que le parlement).
Voir à ce sujet, l’article : http://www.legrandsoir.info/article.php3 ?id_article=2190, article très partisan pour le non, mais pour ceux que celà gêne, faites quand même un détour sur les notes de bas de page 15 et 16.
On ne peut donc qu’admettre que l’Europe actuelle souffre d’un "déficit démocratique" (pour parler pudiquement). La question posée au référendum, je pense, est essentiellement : "Acceptons nous un léger mieux en échange d’une caution populaire à cette démocratie imparfaite, ou refusons nous de cautionner un régime non démocratique, même si celà doit mettre en pause la poursuite de la construction européenne pour quelques temps.
A ce point, je pense que chacun aura deviné que je suis partisan du non. Et pourtant, je cherche, je cherche des arguments pour le oui, autres que "Je suis pour l’Europe, donc je vote oui". Mais c’est difficile : la plaquette du PS contre-argumentant les propos du "non" peut assez bien se résumer à "On vous dit que la constitution n’est pas bonne : c’est faux, car les traités disaient déjà la même chose avant".
Pour la plaquette : http://www.ouisocialiste.net/IMG/pdf/Vrai-Faux_actu21-02.pdf
Mais c’est promis, je lirai d’autres argumentaires (j’ai découvert le lien vers le site de Lipietz sur ce blog, je prendrai le temps de lire les arguments), et à chaque fois que je participerai à ce blog, je prendrai soin de séparer ce que je considère comme de l’information objective sur la constitution de mes opinions — ma lecture du texte.
Bien à vous,
LeGnome
(*) Recherchez dans la partie III : "le Conseil, sur proposition de la Commission", vous aurez une liste de sujets sur lesquels le Conseil décide seul pour édicter ... des réglements — et pas des lois, qui sont elles votées en codécision !
Ben, moi, en tout cas je sais ! il suffisait de regarder la 5, ce dimanche 03 avril à 18h00, dans l’émission de Serge Moati : " Ripostes" pour assister, enfin ! à un vrai débat, où les Non-niet, ont eu l’occasion, face aux Oui-oui, pour une fois, de donner leurs arguments ( même Monsieur De Villiers, en enlevant sa quincaillerie habituelle : l’europe chrétienne, le refus de l’entrée de la Turquie, et autres poncifs du genre, avait un non-presque-sympathique).
Le top : les “pondeurs-participateurs-rédacteurs”, du « maltraité à la con » à savoir Messieurs Moscovici et Duhamel, étaient bien en peine de justifier leur oui, face à des Y. Salesse et autre Max Galo, qui, apparemment avaient lu leur texte -“eux”-“mieux-qu’eux”-. Le summum ? quand, à force d’insistance Monsieur Salesse, après avoir martelé par trois fois : “le traité constitutionnel, une fois ratifié, permettra-t-il de revenir sur les directives sur l’énergie, et de re-nationaliser ?” par deux fois Monsieur Moscovici a éludé, jusqu’à la troisième fois où il craqua, avouant : “vous savez bien que nous sommes contre les monopoles !” - la messe était dite - ! " l’aveu était avoué ! " Les traités précédents ( Nice, Amsterdam, Barcelone .. ) contre la nocivité desquels, “ils” ( les PS Jospinien-Strauskasien ) recommandaient, en pis-aller le "oui" , ces traités ils les avaient ratifiés, en leur temps, bras-dessus-bras-dessous, avec l’actuel président de la république, en connaissance de cause, et non pas à leur « coeur » défendant ! Aveu suprême de Monsieur Moscovici, à un moment, où égaré, il ne savait plus où donner du "oui" de la tête : “Vous savez, parmi les 25, il n’y a pas que des socialistes, il faut tenir compte des autes pays, ce traité est un compromis !” - magnifique non ? traduit en français courant : " ce qu’on a pas réussi à faire, à 15, voir à 6, du temps où on pouvait le faire, on le fera après, quand on ne pourra plus le faire !!!! " - De là, à en tirer “un trait hâtif” sur les monopoles que constituent « la poste, l’éducation nationale, la sncf, en bref les services publics à la française » il n’y a qu’un pas, que je franchis allègrement. C’est sans-aucun-doutes pour ça qu’ils disparaissent de la langue française, par le maltraité interposé !
Certes Michel,
le(s) débat(s) sur “Ripostes” sont, parfois, vifs, voire virulents, souvent passionnés, brouillons, hâchés, etc.. Pour ’para-chanter’ Jacques Higelin dans une de ses chansons : c’est " la vie quoi, le bordel ! ".
Je n’apprécie pas, systématiquement, tous les sujets abordés, ni, toutes les émissions.
Je n’en conclue pas pour autant que les dits sujets, et les dites émissions ne sont pas “appréciables” ou “pas intéressants” .
Pour tout vous dire, lors de précédents Ripostes, sur le sujet qui nous ’mobilise’ à minima, jusqu’au 29 mai, il m’est arrivé de ’fulminer’ contre « ’ Le Moati ’ » ne serait-ce que par le choix de ses invités... Je me rappelle, particulièrement l’une des émissions sur le “Non” qui avait succédée à une précédente sur le “Oui” dont les invités, 5/6, le N° 6 en l’occurence était Monsieur Guillebaud ( Inspecteur du Travail et accessoirement, membre du PS ) étaient, à mon avis, “ franchement ” ( c’est une image ! ) pour le " OUI " et comme-vous, la partialité ( apparente ) m’a chauffé la bile !!!!. Mais, après réflexion, dans un débat, il y a échange, pas forcément avec des gens qui pensent comme vous, sinon...
Parmi ceux qui disent "Non" tous ne pensent pas forcèment " Non-Non " il y a des " Non-Mais" sans compter les "OUi-Mais-Non" etc, comme le "Non" de Monsieur le Vicomte Devillers, également invité, ne sonnait pas " Non-à-l’Europe-des privatisations " mais plutôt "Non-à-la-Turquie".. Pour encore plus vous dire, dans l’émission dont je cause de ce dimanche 3 avril, j’ai trouvé que Serge Moati était trop « dur » avec Yves Salesse qu’il “rappelait à l’ordre” régulièrement, quand celui-ci coupait la parole d’un Pierre Moscovici ou d’un Olivier Duhamel empêtrés dans leur “Oui-on peut pas faire autrement parceque ” , car on voit plus souvent les éléphants ( et éléphentaux ) du PS s’exprimer dans le fenestron, que des Salesse, Halimi et autres Jennar.
Il n’empêche, Y. Salesse était sur le plateau, il a pu argumenter sur le fond, d’égal à égal, en “direct-live”.
Concernant l’animateur, Serge Moati, qui mène le débat, vu le nombre et le style des invités, il relève plus, parfois, du « dresseur de fauves » que du numéro d’illusionniste d’Olivier Mazerolles et de son discours consensuel et bien léché des « 100 minutes pour convaincre » ou d’autres reality show...
Les politiques, et les pros de l’audimat de fait, ne peuvent, à Ripostes, maîtriser intégralement leurs propos ( car difficile d’anticiper et de préparer des réponses convenues, quand ça part dans tous les sens ) vous pouvez y voir du « lynchâge », j’y vois plutôt du « à brûle pourpoint ». Dans un autre domaine, cela me fait penser aux « réunions de communication de Directions d’entreprises », les salariés doivent, quinze jours à l’avance poser leurs questions, pour que lors du show tout soit bien rôdé ; par-contre, lors des entretiens individuels d’évaluation de ces mêmes salariés avec leur hiérarchie, pas question qu’eux en aient connaissance par avance.
Pour mon compte, il n’y a qu’à Ripostes, que je vois ( les expressions des visâges sont souvent révélatrices ) et entends à la Télé-Vision, ne serait-ce que sur le traité constitutionnel, autre chose que de la publicité ( mensongère )...
Vu ainsi cela peut effectivement avoir de l’intérêt mais je regrette tout de même que la faconde de certaines personnes et la facilité qu’elles ont parfois à injurier l’autre (de manière polie ou non) ne soit pas plus contenu. Ce n’est pas forcement parce que l’on a pas la meilleure prestance à l’écran que nos propos sont pour autant faux et dans ce genre de débat, la forme dépasse souvent le fond. Je suis peut être un peu trop critique et j’admets que des personnes publiques devraient savoir réagir à brûle pourpoint sur n’importe quel sujet mais je remarque également qu’il est souvent très difficile de répondre à une personne qui mélange divers sujet pour aboutir à une conclusion qui n’a aucun rapport avec ce qu’il a précédemment dit. Il est bien plus facile d’attaquer un argument vrai qu’un argument faux, car le faux en général n’étant pas astreint à des bases peut fort bien avoir été pensé de manière à faire un effet psychologique alors que le vrai est assujetti à son référentiel. Et lorsque quelqu’un vous renvoie à la lecture d’un rapport ou d’une expérience pour vérifier que ce qu’il dit est vrai, il a déjà perdu car personne ne vas le lire. Comment pourrait-il prouver qu’il a raison autrement ? En employant des comparaisons et autres métaphores qui sont autant de chances qu’il tend à son adversaire de trouver une faille dans ses propos. C’est déjà bien compliqué quand il est clairement défini que l’un est vrai et l’autre est faux, mais la difficulté s’accroît lorsque les deux partis ont des des vérités tout à fait valables qui au final s’opposent...Comment déterminer qui a raison ?
Je pense que lorsque l’on écoute quelqu’un parler un certain temps on a tendance à résumer intérieurement ce qu’il a dit, à simplifier la trame, exactement comme vous le precisez pour M. Devillier qui serait plutôt un "Non-à-la-Turquie", il est évident que vous pourriez me citer ce qu’il a dit en y réfléchissant, mais ce que vous avez retenu est la synthèse de son discours. Cela est très efficace avec un discours clair et net, mais quasiment impossible à faire avec un discours brouillons et hachés. Comment voulez-vous synthétiser un ensemble d’information contradictoires, de phrases utilisé dans un but oratoire, et de gestuelles ? Tout ce que l’on peut faire est se fier à l’apparence des intervenants et à certains points qui nous plaisent particulièrement ou nous déplaisent particulièrement dans ce qu’il dit : Tel ou tel invité à l’air vraiment à l’aise c’est que ce qu’il défends doit vraiment être valable ! On en arrive à une association de l’idée avec ce que la personne représente. C’est le danger le plus grand de tout débat qui devrait normalement être évité par des rappels du meneur de débat sur le sujet et une très grande impartialité. Lorsque ce n’est pas le cas, l’intérêt des propos disparaît et l’on en arrive à un pugilat de mots et d’expressions qui sont là pour mettre l’autre à terre. Ce qui compte ce n’est pas d’avoir raison, c’est de détruire l’autre et de paraître vainqueur. Si on les analysait dans l’ensemble nous verrions combien ce type de discours est creux mais emporté dans la flamme de la discussion, ce n’est pas ce qui nous vient en premier à l’esprit. Nous n’en sommes plus à cela, nous observons une lutte entre des hommes, et non plus une lutte entre des idées... Des équipes se forment malgré les disparités afin de mieux terrasser l’ennemi commun, cela m’évoque la guerre, ce qui au fond comme vous le faisiez remarquer est quelque chose de profondément humain... Malheureusement.
Il est bien plus facile d’attaquer un argument vrai qu’un argument faux, car le faux en général n’étant pas astreint à des bases peut fort bien avoir été pensé de manière à faire un effet psychologique alors que le vrai est assujetti à son référentiel.
Je lis cette discussion avec beaucoup d’intérêt, et je suis impressionné par la qualité de l’analyse de Michel.
Mais quelle conséquence en tirer, sinon qu’un débat "impartial" ou simplement "véridique" est complètement impossible à la télévision ? Que par définition c’est la plus grande gueule qui l’emporte ? Qu’en effet la persuasion est l’élément principal de la communiquation politique, et qu’à moins d’avoir une croyance style platon en la visibilité intrinsèque du vrai (hum), ce sont les sophistes qui l’emportent toujours - et les pragmatiques qui habillent les discours argumentés ou "vrais" de formules toutes faites destinées à "faire passer le message".
Donc qu’est ce qu’on fait maintenant ? on supprime les émissions de débat ? On demande à ce qu’ils soient encadrés par des meneurs impartiaux comme vous le proposez - mais ceux-là sont d’abord payés pour faire du spectacle... Je suis pessimiste mais je ne crois pas qu’on puisse faire triompher les échanges d’idées, souvent d’ailleurs techniques et un peu chiants, surtout à l’oral, sur les joutes des personnes qui incarnent ces idées.
De toute façon nos opinions sont souvent construites a priori, et nous ne cherchons dans les débats que la confirmation de nos penchants. (on atteint quand même la limite de l’habitude face a l’approche du referendum, puisque les vieux reflexes ne peuvent s’appliquer automatiquement, d’ou les angoisses de Daniel S. que je comprends bien)
A Michel et Guillermo ( coup-double ) Pour revenir à “Ripostes et son Mentor en Scène” - je persiste et signe - ( je vais finir par créer un “fan-club” ) à minima, l’émission suscite le débat. Il n’y a que sur la 5 ( à ma connaissance, il est vrai que je suis assez restrictif dans les choix de mes visions de télé..) et à Ripostes, que l’on voit ça.
Que Daniel Schneidermann me pardonne, « Arrêt sur Images » est une excellente émission - à postériori - “de dissection et d’autopsie” au scalpel - par opposition à « Ripostes » - à priori - “d’opération à vif” au bistouri et sans anesthésie .
Pour le sujet précis, de l’émission du 03 avril, sur le référendum : Dommage Michel, que vous ne l’ayez pas vue... Je suppose que, comme-moi, vous avez, sinon lu l’intégralité, zappé sur le texte ? ( je parle de sa version informatique qui permet de faire des recherches précises sur des mots, comme : grève, code du travail ( inexistant dans le traité ) concurrence, marché ( pléthoriques ) etc.. Car au fameux N° azur : 0810.20.05.25, où l’on est sensé pouvoir obtenir la version papier en avant première, j’attends encore ..et ne suis pas le seul.
Dans le cadre de l’émission du 03 avril, effectivement, celui (celle ) qui n’aurait aucune idée du contenu du texte ; pourrait en conclure ; à première vue ; au premier degré ; que c’est celui qui crie le plus fort qui, s’il n’a pas forcément raison, a gagné. Encore que : selon sa “sensibilité auditive”, vous auriez pu entendre un cri de hargne, moi, un cri du coeur, un autre, un aveu d’impuissance - de là en conclure que vous avez tort ou moi raison - ou l’inverse - chacun y trouve sa propre réponse. Comme vous le soulignez, ainsi que Guillermo, on a tendance à synthétiser en fonction de son propre vécu et de sa propre histoire, parfois de ce que l’on veut bien entendre, et de conforter ainsi son choix initial !!!!
Pourtant, dans “l’histoire”, parmi les orateurs, il y a en qui mentent, certains par conviction ( ce ne sont pas forcément les plus dangereux ) d’autres sciemment ( ceux-là, il faut les craindre ) - et les auditeurs ( électeurs ) qui les croient, en sont les victimes.
Alors comment séparer le bon grain de l’ivraie ?
L’émission du 03 avril, pour quelqu’un qui a lu le texte, sâchant que les partisans du "oui" qui participaient à l’émission ont également participé à la rédaction du traité.
Les réactions “outragées” de Messieurs Moscovici et Duhamel, faisaient pâle figure face à la “vindicte” argumentée de Messieurs Salesse et Galo ( je vous laisse le soin de reformuler selon votre désir, la phrase ci-dessus ... ;) .
Sans être juriste, ni expert dans le jargon eurocrate, quoiqu’à l’avenir cela risque d’être nécessaire, le sens des articles du traité ne ( me ) laisse pas de doutes sur le sens réel de ce que l’on propose aux citoyens de ratifier ( une première depuis 50 ans, qui nous en ferait prendre pour 50 ans, autant dire perpétuité ! ) .
En conclusion ( provisoire ) pour se forger son opinion, il faut multiplier ses sources d’information ( de plus en plus difficile avec la concentration des médias de la presse écrite, mais en cherchant bien ... )
Citation d’un grand-homme états-uniens :
« On peut tromper le peuple une partie du temps. On peut tromper une partie du peuple tout le temps. Mais on ne peut tromper tout le peuple tout le temps. »
(A. Lincoln - Président anti esclavagiste des Etats-Unis)
Si vous souhaitez entendre, dans un climat plus serein, les argumentaires d’Yves Salesse, entr’autres, allez sur le site web de l’émission de radio « Des sous et des hommes » de Pascale Fourier sur Alligre FM, les interviews sont téléchargeables gratuitement au format MP3.
Honnêtement, moi non plus. Chais pas. Et je ne vais pas détailler ici les méandres de ma gamberge citoyenne au gré des arguments des uns et des autres, un vrai tango, deux pas en avant, un côté, deux arrière, sur cinq temps, oui, non, oui, à donner le tournis, plongé arrière, on repart, avant, côté, arrière, chassé-croisé, piqué, hop là, retour à la case-départ : chais pas.
Mais là, comme une envie, va savoir pourquoi, de poser une petite question-bombinette (rapport au contexte de la Grande Communion post-papale) : l’alinéa qui stipule très explicitement que notre belle Europe garantira désormais le "droit à la vie", il rime à quoi ? Une telle évidence, pour quoi faire ? Pour soutenir les luttes des européens anti-avortement de tous poils qui n’en finissent pas d’arguer de ce "droit à la vie" pour priver les femmes du droit de disposer de leur corps ? Pour étayer le discours de ceux qui jugent la contraception contre-nature, atteinte au sacro-saint "droit à la vie" ? Chais pas.
Disons que jusqu’à il y a quelques jours, je ne m’inquiétais pas trop ; je me disais, c’est une formule, ça fait joli, c’est une petite banalité d’usage, rien de bien méchant, ne va donc pas voir le mal partout.
Mais après des jours et des nuits d’hagiographie papale, toutes larmes d’admiration dehors, qu’il est grand-courageux-digne-et-progressiste, mon Dieu, quel homme, quel grand homme, et le spectacle obscène de ces milliers de genoux à terre, de pays en pays, visages embués de foi, paupières closes sur la révélation de sa grandeur, yeux fermés sur le monde, toute mémoire abolie... je commence à frémir, et je me souviens.
Pour mémoire, donc : fidèle et rigoureusement immobiliste porte-parole du dogme catholique, le Saint Homme s’est prononcé contre : la contraception, l’avortement, la prévention du SIDA grâce au préservatif. Ce n’est pas seulement criminel pour tous, et dévastateur pour la condition des femmes ; c’est complètement idiot. Entre autre formules pour justifier sa position anti-contraception : "il apparaît blessant pour la dignité humaine et donc moralement illicite de développer la prévention par des moyens qui violent le sens authentiquement humain de la sexualité". Alors que l’espèce humaine se distingue précisément du règne animal en ceci qu’elle s’est rendue capable de séparer la sexualité de la procréation, reconnaissant au passage les valeurs de l’amour, du plaisir, de la tendresse, de l’érotisme, et de toutes sortes de bricoles que nos amis les animaux ne pratiquent guère, on appréciera la pertinence de l’expression "sens authentiquement humain de la sexualité" (mais il n’était pas spécialiste, reconnaissons-le à sa décharge).
Je m’éloigne du sujet ? Oui j’avoue. Revenons-y : juste pour dire que ce traité a le sens que les Européens voudront bien lui donner ; et que quand je découvre les Européens tout uniment recueillis dans le culte papal, et leurs médias leur emboîtant le pas dans ce vaste embrasement mystico-amnésique, je blêmis, je relis cette formule anodine, ce petit "droit à la vie" de rien du tout babilant comme un nourrisson dans son constitutionnel couffin, et je me demande : que va-t-on en faire, en quelles mains va-t-il échouer, quel monstre peut-il devenir ? Il y a des soirs, comme ça, où les petites flammes des cierges vacillant de concert avec les grands flambeaux des veillées funèbres me font un peu craindre pour les Lumières. Et où j’ai bien envie de laisser tomber le tango pour de bonnes vieilles danses païennes.
Bonjour, je ne sais pas quoi voter moi aussi... Mais bon... Y’a une pétition papale "Habemus ras la mitre" qui tourne sur les blogs... Pour info : http://gponthieu.blog.lemonde.fr/gponthieu/2006/04/emptition_ouver.html#comments
Bonne soirée ;-)
Cher Hrundi, Avec votre joyeuse pétition vous détournez l’attention du vrai problème. Cette situation n’est typiquement pas un problème de média asservis sous le contrôle de l’église catholique. Les média sont boulimiques de sensationnalisme de préférence morbide. « le 11/09 », « la guerre en Afghanistan », « presque la même en Irak », « les cadavres de soldats américains floutés », « les cadavres de soldats irakiens non floutés », « la mort d’Arafat » , « Le Tsunami », « le duplex de 600 m2 de Gaymard » et depuis jeudi l’agonie et la mort du Pape.
Sur TF1 et France 2 il fallait faire durer le journal car ils espéraient bien avoir le Scoop en direct. Et quand ils attendent le scoop, ils sont grave monomaniaques dans les rédactions et ils ne parlent plus que du sujet qui les intéresse. Il faut trouver de la matière alors on sort les images d’archives. Autant dire que les images d’archives dans ce cas là elle étaient prêtes depuis bien longtemps.
Ca donne presque en vrac l’enfance du Pape, le Pape contre les nazis, le Pape se fait élire, le Pape en voyage, le Pape en vacances, le Pape asphaltophile, la tentative d’assassinat du Pape, le Pape et les jeunes, le Pape abat les communistes, le Pape fustiges les capitalistes et je dois sûrement en oublier. Malheureusement tout ça monté bout à bout ça ne fait guère plus de 5 minutes. Donc on boucle et on meuble au fur et à mesure avec des détails. Par exemple, les micro-trottoirs de Paris à Varsovie en passant par Rome. Vous voulez faire une pétition qui vaille le coût alors il faut interdire les micro-trottoirs dans les JT. Ca c’est une aberration et cela n’apporte aucune information.
Tout est prétexte à parler du Pape. En ce moment, quand on va sur http://news.tf1.fr/news/ on voit qu’ils parlent même du Pape dans les rubriques les plus inattendues comme « multimédia » ou « sciences ». Quand on voit cela devant son poste de télévision ou devant son ordinateur on se dit que c’est de l’idolâtrie même si s’en est pas et cela devient dérangeant. Mais malheureusement pour les catholiques, les médias sont versatiles et dans quelques jours et voir même dans quelques heures à peine les média vont lâcher (lyncher ?) le Pape pour le sensationnalisme.
Tout cela parce qu’il faut toujours faire plus fort que la concurrence. Ca serait pas mal que le spécialiste du cerveau d’ASI nous fasse un petit laïus sur ce qui se passe dans la tête de Carole Gaessler quand elle annonce un événement planétaire au flash spécial de France 2 samedi soir ? Je trouve dommage que vous fassiez une overdose pour la mort de Karol Wojtyła alors que vous auriez tout aussi bien pu la faire pour la chute de la statue de Saddam Hussein (elle est tombée des centaines de fois pendant une bonne semaine) ou même pour le 11 septembre (ce jour là le worldtrade center s’est pris de plein fouet des milliers de 747 sous tous les angles) et je ne parle même pas du tsunami et du soulagement évident des commentateurs lorsqu’ils ont enfin commencé à rentrer des vidéos amateurs exclusives de plus en plus impressionnantes de la vague scélérate du 26 décembre. Les pauvres jusque là ils n’avaient que très peu de bonne matière à nous montrer.
Malheureusement, le temps médiatique à la télé n’est pas infini. Pendant ce temps là, on ne parle pas de la constitution et Daniel et vous même ne savez toujours pas pour qui voter (c : !
Bonjour,
L’affaire Barroso dévoile beaucoup de choses. On veut que les Français puissent comprendre ce qu’est l’Europe et puis quand le président de la commission est invité, on le censure. Ceux qui sont à l’origine de cette décision ne sont pas démocrates, ne font pas confiance au peuple, veulent imposer un vote et enfin, confirment l’idée fondamentale d’une Europe qui est dirigée selon des principes dictatoriaux et non pas démocratique. On parle de directive, de discipline européenne. Langage militaro-administratif.
Daniel, pour éclairer ton vote, ce texte sur un blog de campagne citoyen, texte qui a eu un impact notoire chez DSK lorsqu’il fut mis en commentaire. Ici, il prendrait trop de place
Tout le monde dans ce blog, ouistes ou noniens (ces derniers semblant être les plus représentés) part du principe que M. Barroso aurait été à son insu un avocat du non.
Or je suis persuadé que la plupart n’ont jamais vu M. Barroso s’exprimer en public.
Je trouve cet a priori déjà en lui-même assez triste (qu’il vienne des ouistes comme des noniens), et assez caratéristique d’un certain dédain français pour les points de vue étrangers.
Mon dieu. Le journalisme des chaînes publics serait en partie inféodé au pouvoir politique. Comment est ce possible :)) ? Il n’y a pas que le pouvoir de l’argent dans la vie ? TF1 n’est pas seule coupable ? :))
J’ai trouvé Barroso très bien lorsque qu’il rappelle les hommes politiques français à leur devoir propre. J’ai le sentiment que c’est cette déclaration qu’"on" lui a fait payer. Autant qu’un éventuel rôle d’épouvantail "ultra-libéral". Ou alors un épouvantail de la classe politique française incapable d’assumer un message pro-Européen cohérent.
Sur l’indépendance réelle ou supposée des journalistes je ne sais pas trop. Je ne voudrais pas sombrer dans une espèce de beauferie dénonciatrice. Mais bon : la première façon de d’établir son indépendance, n’est elle pas sa compétence ? Souvenons-nous du clonage humain des Raeliens. Un coup de fil à un scientifique aurait suffit pour montrer le caractère très hautement improbable de la chose. La "nouvelle" aurait alors fait l’objet d’une brève interrogative, tout au plus . Non le coup de pub de Rael a parfaitement fonctionné, c’était sidérant à observer. Le manque de recul des journalistes sur l’affaire Bolkstein est également épatant. Il a été raconté absolument n’importe quoi et de façon parfaitement illogique. Les quelques extraits de l’ASI d’hier sont particulièrement éloquents à cet égard. On s’en fout : un Jennar a gagné le combat médiatique et il peut maintenant se montrer beaucoup plus prudent face à un contradicteur. Son message est définitivement passé, qu’importe donc qu’on lui démontre après coup qu’il est erroné.
Le champ lexical journalistique a ainsi déjà évolué en conséquence. DS évoque, sans doute ironiquement quoique..., un épouvantail ultra-libéral en la personne de Barraso. Ah ? Il y a quelques années on aurait dit de lui que c’est un homme de droite, mais européen convaincu. Je savais ne pas être en accord avec lui, mais il y avait néanmoins un langage commun. Mais ultra liberal ? Quelle horreur (économique) ? A vue de nez, dans ce contexte, je dirais libre-échange et repli de l’état sur ses fonctions régaliennes ? Oullla ça fait peur ça, dis donc, le complot Reagan/Tatcher/Hayek dénoncé par S. Halimi est à nos portes. Allez expliquer dans ce contexte, dans un pays ou le vote protestataire dépasse fréquemment les 30%, que de tenter d’ouvrir un peu plus les frontières n’est pas du libre-échangisme vendu au grand Kapital dans le but secret (mais heureusement démasqué à temps par Jennar) de détruire notre protection sociale. Que c’est précisément un des objectifs même de la construction européenne. Que si on écrit une directive et en discute c’est justement pour éviter les dérapages. Nan c’est être ultra-liberal, le journal télé l’a (dé)montré. Et ultra-libéral ça signifie donc alors forcément que notre gentil état protecteur, il va disparaître. Vous cherchez une logique, un discours politique ou économique ? Ne soyez pas naïf, on est dans le glissement sémantique, on fini par accepter des termes mal défini comme seul signifiant.
Faire de la "pédagogie" ? C’est, à moitié, traiter l’ecteur de con. Autant y aller pour de bon. Alors le choix fait par les politiques est de faire comme si Bolkstein et autres c’est effectivement le diable. C’est pas très courageux mais les erreurs journalistiques lui ont miné le terrain au politique. Il va vers ce qui lui semble le plus efficace. Alors faut il s’étonner que les vieux réflexes refassent surface. Que le téléphonse sonne "N’invitez pas ce crètin de Barroso, c’est un idéaliste qui va nous foutre à l’eau notre plan de communication. Vous nous devez bien ça vu votre approximation précédente sur cette affaire".
Je ne cautionne pas, hien, j’essaye de comprendre. Et je pense sincèrement que le camp du Oui a tout à perdre de ce genre de manip peu glorieuse. Ca ne permet que de renforcer les théories du complot qui fleurissent chez certains. De facto, ce repli sur un discours à teneur franco-française est déjà une victoire des détracteurs de l’UE. Et c’est sans doute cela qui me préoccupe le plus.
En tout cas vous manquiez un peu de voix pour parler Europe sur le plateau d’ASI...
Bon rétablisement !
Pour tout dire, nous y avons pensé. On en a même discuté entre nous, lundi dernier. C’est sûr, ce serait un "coup". Mais Arrêt sur Images n’est pas une émission de "coups". Donc pour inviter Barroso, on voudrait êtres sûrs qu’il ait un regard sur les images de télé, et on n’en sait rien.
On a donc opté pour une solution de compromis : nous lui avons demandé une interview, pour qu’il réagisse à sa déprogrammation de "100 minutes". Mais il a refusé, par manque de temps.
Vu "arrêt sur image" cet aprés-midi, bonne qualité des arguments du nonnien et du ouiste de service, on a l’impression d’avancer, d’entendre des arguments intelligents de part et d’autre, on va peut-être y comprendre quelque chose à la directive "service" ou "Bolkestein"...
...et puis patatras, le débat finit dans le mur, avec à ma gauche Mr Jennar qui assure que les patrons étrangers pourront s’affranchir complétement du droit du travail Français en envoyant leurs employés ici, et à ma droite Mr Dickinson qui lui répond que non, pas du tout, le patron étranger ne pourra pas descendre sous le minimum salarial communautaire (tiens, il existe un minimum salarial communautaire, qu’est ce que ça représente exactement ?), que les inspecteurs du travail pourront enquêter et poursuivre les contrevenants.
Alors qui arbitrera ces deux visions du texte ? Quel juriste ou docteur en droit constitutionnel viendra nous dire "Mr Jennar a raison" ou " Mr Dickinson est dans le vrai" ?
On continue à attendre.
Les deux invités, Jennar et Dickinson avaient sur ce point une
interprétation différente. Fallait-il en mettre cette opposition sur le
compte d’une inextricable complexité du texte ? La réalité n’ est pas
toujours indécidable, et en l’ occurrence les deux invités avaient sans
doute d’ autres raisons qui expliqueraient cette différence d’
appréciation : leurs opinions politiques, leur niveau respectifs de
connaissance du texte, leur volonté ou pas de prouver leurs dires, ...
Ce n’ est pas parce que la vérité n’ a pas surgit de façon incontestable
sur ce point qu’ elle n’ existe pas quelque part.
Pour revenir aux
arguments : Jennar a parlé du fait que même si le droit du travail n’
était pas explicitement remis en cause dans la directive, un certain nombre
d’ obligations et d’ interdictions faites à l’ administration empêchait de
fait d’ en vérifier l’application. Par exemple, Jennar dit qu’ il serait
fait interdiction à un Etat de demander des documents sociaux à un
fournisseur appartenant à un autre pays membre.
La proposition de
directive Bolkestein est disponible
sur le site de l’ UE
Ce n’ est ni facile, ni limpide , mais
quand même lisible. Bien sûr, si on n’ a pas l’ expertise suffisante, on ne
peut pas en tirer de conclusion définitive avec une lecture superficielle,
mais on peut quand même repérer les articles litigieux. En ce qui concerne
le point soulevé par Jennar, je suppose (j’ attends d’ autres avis) que l’
extrait suivant a un rapport avec ce problème :
Section 3
Détachement des travailleurs
Article 24
Dispositions spécifiques concernant le détachement de travailleurs
1. Lorsqu’un prestataire détache un travailleur sur le territoire d’un autre Etat membre afin de fournir un service, l’Etat membre de détachement procède, sur son territoire, aux vérifications, inspections et enquêtes nécessaires pour assurer le respect des conditions d’emploi et de travail applicables en vertu de la directive 96/71/CE et prend, dans le respect du droit communautaire, des mesures à l’encontre du prestataire qui ne s’y conformerait pas.
Toutefois, l’Etat membre de détachement ne peut pas imposer au prestataire ou au travailleur détaché par ce dernier, pour les questions visées à l’article 17, point 5), les obligations suivantes :
a) l’obligation d’obtenir une autorisation auprès des ses autorités compétentes ou d’être enregistré auprès de celles-ci, ou tout autre obligation équivalente ;
b) l’obligation de faire une déclaration, sauf les déclarations relatives à une activité visée à l’annexe de la directive 96/71/CE qui peuvent être maintenues jusqu’au 31 décembre 2008 ;
c) l’obligation de disposer d’un représentant sur son territoire ;
d) l’obligation de tenir et de conserver des documents sociaux sur son territoire ou dans les conditions applicables sur son territoire.
Tout ça pour dire que si les journalistes voulaient, ils pourraient donner des éléments d’ information, - si possible contradictoires - au public. Le problème, c’ est qu’ ils ne veulent pas aider à faire comprendre mais plutôt donner des conclusions prêt à penser. Quand ils ont des conclusions toutes faites, ils les assènent au public au nom de leur hypocrite "pédagogie", et quand ils n’ en savent trop rien, encouragés en cela par leur paresse, leur inculture et leurs préjugés, ils préfèrent pratiquer la politique de la terre brulée en assurant que de toutes façons "c’ est compliqué".
Quand j’en ais eu ras le bol de me faire prendre pour un con, je suis allé chercher la directive sur le site de la commission. On peut aussi la trouver sur le site du Monde. Quelques extraits suffisent à s’en faire une idée.
« La présente directive s’applique aux services fournis par les prestataires ayant leur établissement dans un Etat membre. ... "service" : toute activité économique non salariée visée à l’article 50 du traité consistant à fournir une prestation qui fait l’objet d’une contrepartie économique ; "prestataire" : toute personne physique ressortissante d’un Etat membre ou personne morale qui offre ou qui fournit un service ; .... Les Etats membres veillent à ce que les prestataires soient soumis uniquement aux dispositions nationales de leur Etat membre d’origine relevant du domaine coordonné. ... L’article 16 ne s’applique pas : 5) aux matières couvertes par la directive 96/71/CE ; .... Lorsqu’un prestataire détache un travailleur sur le territoire d’un autre Etat membre afin de fournir un service, l’Etat membre de détachement procède, sur son territoire, aux vérifications, inspections et enquêtes nécessaires pour assurer le respect des conditions d’emploi et de travail applicables en vertu de la directive 96/71/CE et prend, dans le respect du droit communautaire, des mesures à l’encontre du prestataire qui ne s’y conformerait pas. »
Ce que j’en déduis :
le prestataire est ce que l’on inscrit sur le chèque qui
paye son service "A l’ordre de". En aucun cas ce ne peut être un
salarié ; le chèque est à l’ordre de la socièté, pas de son pdg.
les salariés sont soumis à
une directive qui a plus de 8 ans et continue de s’appliquer. Dans la
présentation de cette directive (car il y a des limites à la lecture de
textes juridiques !) il est dit que le droit du travail applicable est
celui du pays ou le travail est fait au moins pour le salaire minimum, le
temps de travail, les règles applicables aux mineurs et aux femmes
enceintes.
Si Mr Dickinson a vraiment dit que c’était un minimum communautaire qui s’appliquait au salaire, ce serait un fiéffé incompétent ; je préfererais que vous ayez mal compris, pour la qualité de notre information.
Par ailleurs beaucoup semble croire que la directive Bolkestein était nécessaire pour que des services soient fournis par des étrangers. Ils n’ont donc jamais vu un restaurant chinois ! Dont bien des gérants n’ont certainement pas fait l’école hotelière.
Je partage avec vous une chose : la stupeur devant le fait qu’une chaîne publique puisse couper le sifflet à un personnage qui représente aujourd’hui l’Europe, et cela dans l’indifférence générale.
Quant aux motifs de cette indifférence... Il semble que nous soyons arrivé à un stade tellement dépressif que le verrouillage, chaque jour plus évident, des antennes de télévision par une oligarchie seulement représentative d’ele-même, ne suscite, ici ou là, que quelques ricanements et soupirs entendus. A quoi bon ? A croire que les anticorps démocratiques se sont épuisés, et que l’ensemble du corps politique est aux abonnés absents.